Le temps de la décision
Les idéologues et les leaders qui façonnent les destinées de la planète répètent chaque jour que la politique est d'abord locale et ensuite perceptive. Le local signifie que toutes les mesures adoptées doivent concerner d'abord l'intérêt collectif de la population. La perception signifie que ces mesures doivent exactement être comprises comme celles qui ont justifiées le vote du souverain. Le pouvoir constitutionnel est divisé en trois branches, l'exécutif qui dirige l'administration publique et les destinées du pays, le législatif qui vote les lois pour faire marcher l'exécutif et contrôler les dépenses de l'Etat, la judiciaire qui vérifie la constitutionalité des lois et le respect de l'application des lois dans l'intérêt de la collectivité et non dans l'intérêt de petits groupes claniques. Le président de la république est élu par l'ensemble de la population, le parlementaire par une fraction localisée de la population et le judiciaire par les collectivités territoriales. La constitution de 1987 voulant consacrer l'indépendance des trois pouvoirs exige que les membres du pouvoir judiciaire soient également élus, de la base á la hiérarchie par une recombinaison d'élections indirectes issues du pouvoir décentralisé. La branche de l'exécutif qui veuille au bon fonctionnement des institutions du pays , dispose du monopole de la violence légitime ,les forces armées nationales et la police nationale d'Haïti pour faire respecter les décisions arrêtées par l'ensemble du pouvoir.
Le pouvoir Lavalas n'ayant jamais accepté les prescrits constitutionnels a tout fait pour s'approprier le législatif et réduire á sa plus simple expression celui du judiciaire. Non confiant dans les forces de sécurité nationale, il a toujours opté pour la présence et le maintien de la force d'occupation étrangère pour rester au pouvoir. Etant donné que l'institution qui dispose de la force des armes est toujours celle qui détient le pouvoir politique et économique, la communauté internationale a canalisé les fonds d'aide et de coopération vers les la MINUSTHA qui détient en dernier ressort la clef de l'exercice du pouvoir en Haïti.
Les desseins cachés du groupe GPR sont de prolonger le règne de l'instabilité et de créer un espace politique où le pouvoir apparent ne peut survivre et se perpétuer qu'en perfectionnant le mensonge et la terreur organisée. Le peuple a tranché et ne veut plus de la gouvernance des Lavalas avec l'élection de Martelly. . Il a mis Martelly á la présidence et lui a demandé de passer aux affaires á bref sans délai. Or toute décision de changer l'orientation politique du pays qui dégage une odeur putride et explosive reste aux mains de deux forces, la MINUSTHA qui détient la force des armes et de l'économie et l'exécutif qui détient la force populacière incontrôlable.. On ne peut forcer les décisions de la MINUSTHA qu'en mobilisant le souverain dont la MINUSTHA a peur. L'exécutif qui est élu par l'ensemble de la population sous le signe du changement doit en toute sérénité penser á mobiliser cette dernière sur le territoire , car le législatif pris aux pièges des élections truquées ne peut même pas mobiliser sa fraction de composante souveraine locale qui refuse de digérer le résultat des législatives .La force du législatif résulte seulement dans les stations de radio de Port-au-Prince qui lui donne droit de parole et de cité. On est en face d'un enlisement politique et la seule façon d'en sortir, si on veut en sortir est de dénouer ou de couper le nœud gordien á l'origine de cet enlisement. Le parlement haïtien et la constitution 1987 amendée en sont les nœuds gordiens.
Comment faire ? Les conseillers politiques proches de Martelly doivent demander au président de la république de suspendre les voyages utiles au bon moment mais inutiles dans une situation de blocage politique pour dépenser ses énergies dans la prise de certaines décisions qui sont les signes annonciateurs des changements promis pendant la campagne électorale. Une première décision est de changer et de nommer tous les délégués et vices délégués et de les enjoindre un message clair á diffuser dans toutes les stations de radio « Le parlement empêche le président de la république d'appliquer son programme de gouvernement et en appelle á la population pour forcer les parlementaires á assouplir leur position ». C'est le discours auquel recourt le Président Obama chaque fois que les républicains menacent avec les pressions budgétaires de « Shutdown » le gouvernement.
Le président de la république doit rencontrer le chef de la MINUSTHA, les ambassadeurs accrédités en Haïti, Mr Paul Farmer envoyé spécial adjoint des Nations Unies en Haïti et cavalier « polka » de Mr Clinton, pour vendre son projet de stabilisation de la vie politique á savoir : mettre en place un gouvernement indépendant du parlement, associer le parlement de facto á la promulgation d'une nouvelle constitution, , préparer la rentrée des classes et permettre á la CIRH de pouvoir concrétiser les différents projets étudiés pour commencer á créer du travail. Le problème des communautés vivant sous les tentes viendra après et ne devra plus être utilisé comme fond de commerce et de marchandage politique. Mr Martelly donnera á la MINUSTHA deux assurances,
-Que le principe de gestion de la CIRH ne sera pas modifié
-Que le Parlement haïtien ne sera pas dissout étant donné que celui-ci est un acquis qui a été négocié par les Nations Unies pour sauver sa gestion politique de stabilisation qui a frôlé la catastrophe le jour du 28 novembre 2011.Le parlement réintégra sa fonction normale après la promulgation de la nouvelle constitution qui ne sera aucunement liée á la constitution de 1987 ni dans la forme ni dans l'esprit.