Depuis 18 ans, les militaires sont sur le terrain. Ils reviennent toujours avec leurs armes. Aucune opération policière ne mettra fin à cette situation.
L'erreur vient par le fait qu'on s'obstine à vouloir abandonner des hommes armés, détenteurs d'un savoir-faire militaire sur le banc de touche.
Pourtant, dans la résolution des conflits impliquant militaires ou rebelles armées sur le plan international, l'ONU adopte une autre approche.
1- Au Salvador, les rebelles du Front Faramundo Mati pour la Libération Nationale (FMLN) sont intégrés au sein de la Police Nationale.
2- Au Nicaragua, les rebelles du mouvement Sandinistes constituent le gros des forces de police.
3- Au Zaïre (République Démocratique du Congo), les anciens rebelles sont intégrés dans la force publique.
4- Au Libéria, les anciens rebelles sont membres de la force publique entraînée par la Mission de l'ONU dans ce pays.
5- En Palestine, les rebelles de l'OLP sont intégrés dans les forces de sécurité de l'Autorité Palestinienne.
6- Au Kosovo, les anciens rebelles sont membres de l'Armée régulière de la République créée par les Nations Unies.
7- Au Cote d'Ivoire, les Rebelles du Nord qui ont combattu Bagbo sont membres de la force publique et organisent la sécurité dans leur pays.
8- En Libye, les rebelles qui ont combattu Kaddaffi sont membres de la force publique de leur pays.
Dans tous ces pays membres des Nations Unies, des missions de l'ONU forment, encadrent et participent au renforcement de ces institutions nationales de sécurité et de défense composées de rebelles et de militaires.
Alors, pourquoi en Haiti, les Nations Unies exigent que les militaires haïtiens restent sur la touche, alors qu'il est prouvé que sans une institution militaire nationale, des groupes armés de type militaire continueront à menacer la stabilité? Y trouvent-elles une source de tension pour mieux justifier sa mission?
Les haïtiens doivent se poser la question.
Car, à bien suivre les prétendus plans de renforcement de la Police Nationale d'Haiti, on peut vite comprendre que nous sommes en face d'une vaste opération de manipulation internationale visant à garder Haiti dans un État d'incapacité à sécuriser son territoire et à défendre ses frontières.
Il est dit que Haiti a besoin de 40,000 policiers pour sa sécurité intérieure. L'institution policière compte actuellement 8,000 agents. Pour atteindre cet effectif, la MINUSTAH impose un plan de recrutement avec des critères bizarres - Par exemple, on rejette les postulants qui ont une hauteur de 1m50. Nous disons bizarres, parce que dans la ville du Cap-Haitien, nous voyons des Népalais membres des forces de l'ONU avec des hauteurs de 1m10, 1m20. On se demande, pourquoi on interdit aux haïtiens de 1m40, 1m50 de devenir policiers? Ne s'agit-il pas d'un prétexte pour paralyser l'augmentation de l'effectif de la Police?
Il y a aussi la fréquence des recrutements. Des promotions de 500 à 700 postulants chaque 6 mois - quand on a l'argent. Soit, 1200 nouveaux policiers chaque année. Si on prend en compte, les départs, les révocations, les policiers assassinés et ceux qui abandonnent leur poste à cause des problèmes logistiques, on peut se demander: En combien de siècle Haiti atteindra l'objectif 40,000 policiers?
Cette même mission de l'ONU qui se propose de renforcer la Police Nationale d'Haiti est à la base d'une campagne sournoise de dénigrement contre l'Institution policière. Dans tous les rapports, la mention "Police Nationale d'Haiti est corrompue" revient. Elle est répétée plusieurs dizaines de fois dans le but de mieux alimenter une opinion internationale défavorable à la PNH. Le comble, le Commandant en Chef de cette police le répéte dans la Presse "La majorité des policiers sont corrompus". Or, tout le monde sait que toutes les institutions, encore pire, les institutions armées ont dans leurs rangs des corrompus. Notre PNH est parmi les meilleures, quand on regarde la situation en République Dominicaine, en Amérique latine, en Afrique, en Asie, dans les Balkans, en Europe (Traffic humain), en Amérique du Nord (les forces frontalières et les policiers dansl ghetto).
Sans parler de cet embargo illogique sur les armes contre l'Etat haïtien, alors que les gangs s'approvisionnent en armes de gros calibre, il est clair que l'ONU applique en Haiti un projet de mise sous tutelle qui passe par la destruction de notre capacité nationale de défense (FADH) et de sécurité (PNH). Comment allons-nous sortir Haiti du sous-développement, si nous sommes incapables de garantir la sécurité des investissements sur notre territoire?
Ne devons-nous pas affirmer qu'en Matière de sécurité, la MINUSTAH est comme le VIH, c'est-a-dire un virus qui prend contrôle de notre système, qui change les codes (critères) et qui utilise tous les astuces pour paralyser notre système d'autodéfense?
Les émissaires internationaux nous racontent des histoires qui malheureusement sont reprises dans la presse locale, incapable de se démarquer des positions des missions étrangères :
"Il ne faut pas que l'aide internationale destinée aux sinistrés aille aux militaires." Comme si les fonds débloqués pour l'humanitaire ne sont pas destinés à des comptes spéciaux alimentés après des rapports et audits, sur des rubriques claires. Les perroquets de la société civile et de la classe politique répétent la bêtise, oubliant que depuis 1986, l'Aide internationale à toujours été gérée par les ONGs.
Du sophisme pour alliéner le droit des haïtiens de sécuriser leur territoire et leurs frontières dans une logique de mise sous-tutelle qui ne dit pas son nom.
Le Président Michel Martelly doit avoir le courage d'aborder avec détermination, sérieux et pragmatisme, cette question des militaires démobilisés. Avant de dire HAITI IS OPEN FOR BUSINESS, ne devons-nous pas dire HAITI IS TAKING CHARGE OF IS SECURITY?
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
Envoyé par mon BlackBerry
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"Ne doutez jamais qu'un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde. En fait, cela se passe toujours ainsi" Margaret Mead (1901-1978)