Discours de Pamela White :
« [...]
Cela fait plus de 35 ans que je travaille dans le domaine du développement. Mes yeux sont grands ouverts.
Je sais que tout n'est pas parfait ici en Haïti.
Je sais qu'il y a trop de corruption en Haïti.
Je sais qu'Haïti a besoin d'augmenter l'accès aux soins de santé et à une éducation d'un plus haut niveau.
Je sais que nous avons trop de gens en situation d'insécurité alimentaire et que les professionnels de santé, les professionnels de l'éducation, et ceux des ministères sont trop peu nombreux.
Haïti doit également augmenter les entreprises du secteur privé et permettre à un nombre plus élevé de personnes d'avoir un emploi.
Alors oui, j'admets qu'il y a de sérieux problèmes qui doivent être résolus. Mais, y a-t-il une personne parmi vous qui ait déjà vécu dans un endroit où il y a tant de volonté à faire face aux défis, même un grand défi ? S'il y a une leçon que j'ai apprise du peuple haïtien (et je parle de ces femmes qui vendent du griot dans les rues, ces hommes qui nettoient les champs avec des outils rudimentaires, ces enfants empruntant le chemin de l'école en dansant avec leurs rubans multicolores), ces Haïtiens nous ont tous appris une simple leçon: « Rozo pliye, men li pa janm kase ». Si vous êtes durement affecté par une personne, une tempête, un séisme, vous n'avez qu'un seul choix : Relevez-vous !
Le peuple haïtien est pour moi une source d'inspiration chaque jour.
Je me relève à cause de vous.
Merci pour cela, peuple haïtien.
Je sais que ce n'est pas tout le monde qui voit les choses de la même façon que je les vois. Je pense qu'il ne s'agit pas de ce que vous regardez, mais de ce que vous voyez.
Je sais que certaines personnes voient 325,000 personnes, qui vivent encore dans des tentes, je vois 1.2 millions de personnes qui ne vivent PAS dans des tentes.
Certains regardent Haïti et voit l'analphabétisme, alors que je vois plus d'un million d'enfants qui ont été scolarisés pour la première fois l'année dernière, plus de 80% des jeunes de ce pays reçoivent une éducation pour la première fois depuis des décennies.
Certains voient un système de santé faible. Je vois 45,000 personnes qui reçoivent le traitement antirétroviral grâce au support du gouvernement haïtien. Je vois 90% des femmes enceintes infectées par le VIH qui reçoivent le traitement antirétroviral pour éviter de transmettre la maladie à leur bébé en conception. Je vois au moins 85% des enfants qui reçoivent le vaccin contre la rougeole, je vois une grande lutte qui permettra d'éliminer la filariose lymphatique dans cinq ans. Je vois des hôpitaux et des cliniques en construction et des professionnels de santé qui reçoivent des formations. Je vois 50% de la population haïtienne desservie par environ 300 sites de santé, financés par le gouvernement américain. Je vois aussi mon gouvernement qui prend en charge le salaire de 6,000 professionnels de la santé. Depuis le séisme, 20 cliniques ont été rénovées par le gouvernement américain. Et l'année dernière, 1,000 infirmières et 300 médecins ont été gradués.
Certains voient un pays détruit par des aléas naturelles. Ce qu'ils ne voient pas, c'est le système nettement amélioré avec des gens qui travaillent en collaboration avec la Direction de la Protection Civile cette dernière année pour alerter et donner des abris aux gens, ce qui a permis de sauver des milliers de vies. Onze nouvelles casernes de pompiers sont en construction, des sapeurs-pompiers et agents médicaux pour les cas d'urgences sont formés et les camions de pompiers sont équipés. Le Centre d'Opérations d'Urgence Nationale fonctionne et il existe dix centres d'opérations d'urgence au niveau départemental qui sont prêts à être remis au gouvernement haïtien et qui offriront une meilleure protection contre les événements naturelles.
Certains voient une Haïti qui n'est pas loin de faire face à la famine, je vois un pays engagé à développer son agriculture, avec le gouvernement résolu à planter 50 millions d'arbres cette année, et à doubler sa couverture forestière à partir de 2016. Depuis 2010, la production de maïs a augmenté de 300% et celle des haricots de 85%, ce qui la conséquence des interventions du programme « Feed the Future » dans la plaine du Cul-de-sac et la chaîne des Matheux.
Certains voient les difficultés à voyager en Haïti, je vois les 200 kilomètres de routes d'accès qui seront réhabilitées, un nouvel aéroport au Cap-Haïtien qui bientôt pourra accueillir des touristes venus directement de Miami, et le contrat pour la reconstruction du Port de Port-au-Prince.
Certains ne voient que la criminalité dans les rues de Port-au-Prince, sans reconnaître le renforcement de la présence de la Police Nationale d'Haïti et son professionnalisme. Actuellement, il y a plus de 1,000 jeunes hommes et femmes dévoués, qui sont formés en vue d'assurer la sécurité de la population haïtienne. Sept agents ont perdu leur vie alors qu'ils secouraient leurs concitoyens, ce sont les vrais héros de l'Haîti moderne.
Certains regardent Haïti et voient un pays pauvre. Je vois Haïti comme l'un des pays les plus riches de la terre. Regardez autour de vous, partout où vous passez vous voyez sa grande culture, sa riche histoire, sa diversité, sa beauté naturelle et son art d'accueillir.
Certains regardent Haïti et voient le désespoir. Je regarde et je vois un avenir meilleur, un avenir plus prometteur.
Les États-Unis se sont engagés à travailler avec Haïti, afin que le pays connaisse ce futur. Tout comme nous célébrons l'anniversaire de notre indépendance ce soir, il y a d'autres nuits de célébration à venir.
Nous célébrerons l'éducation des jeunes d'Haïti.
Nous célébrerons les génies d'Haïti qui prendront leur place dans les domaines de la science, l'art, la musique, la littérature.
Nous célébrerons le moment où le peuple haïtien pourra produire assez pour se nourrir lui-même grâce au travail de ses fiers agriculteurs et les riches champs d'Ha£ïti.
Et nous célébrerons le moment où le peuple haïtien sera dirigé par le gouvernement honnête et transparent qu'il aura élu.
Il y a un proverbe haïtien qui dit : « Men ale, men vini, zanmi dire ». Ce sont-là toutes les bonnes raisons que nous avons à célébrer.
E kounye-a, nan bonjan lang kreyòl–la « An nou selebre » [...] »
Source: HL/ HaïtiLibre