Par Joe Colas
PORT-AU-PRINCE, Haïti (HCNN) - De proches parents d'un étudiant en droit tué en Haïti, dans des circonstances tragiques, ont pointé du doigt les auteurs présumés et les complices du crime, qui continuent de circuler en toute impunité, en dépit des rapports détaillés produits par des groupes de défense des droits de l'homme et une mission de l'ONU, déployée dans ce pays des Caraïbes.
Ovil Duverseau, le père de l'étudiant défunt Frantzy Duverseau, a déclaré que son fils a été exécuté le 18 octobre 2010, lorsque plusieurs civils, accompagnés de 4 policiers, ont fait irruption dans son domicile, à la suite d'une violente dispute impliquant la sœur de la victime, Fabienne Duverseau, et son mari, Enold Florestal.
Frantzy Duverseau, qui était allé au secours de sa sœur, s'est battu avec l'agresseur qui, par la suite, a été blessé apparemment dans un échange de jets de pierres, selon des témoins.
Les Duverseau ont expliqué que Enold Florestal avait quitté les lieux avant de dépêcher plusieurs de ses alliés, parmi lesquels Josué Florestal et André Michel, pour prendre sa revanche.
«Même si la police était sur les lieux, celui qui, personnellement, est allé à l'intérieur pour attraper et commencer à massacrer Frantzy, c'était Josué Florestal, le frère d'Enold Florestal, qui était accompagné d'André Michel", a déclaré à HCNN Ovil Duverseau.
Un juge d'instruction, Lamarre Bélizaire, a émis, il y a plus d'une semaine, un mandat d'amener contre Josué Florestal, qui est actuellement en garde à vue, et contre Enold Florestal et André Michel qui sont toujours en fuite.
Duverseau a déclaré que son fils, Frantzy Duverseau, a été abattu à bout portant dans l'œil gauche par un des policiers qui tentaient de l'arrêter, tout en fermant les yeux sur la violence perpétrée contre Fabienne Duverseau qui saignait encore.
"Enold Florestal battait Fabienne qui saignait. Quand elle m'a appelé à son secours, je suis allé dire à Enold qu'il n'avait pas le droit de battre sa femme, qui est aussi ma fille», a déclaré Ovil Duverseau.
«Je l'ai bousculé, et il a soulevé une grosse pierre qu'il a jetée sur moi. Ensuite Frantzy est intervenu et l'a contrecarré," a-t-il déclaré. "Ensuite, quelques-uns des policiers et André Michel ont agi de connivence pour assassiner Frantzy", a déclaré Duverseau qui a reconnu que son fils essayait de résister à l'arrestation qu'il considérait comme illégale.
La famille de la victime a appelé les autorités judiciaires compétentes à mettre fin à l'impunité qui prévaut dans ce cas, depuis maintenant près de 3 ans.
Un des complices présumés, André Michel, également avocat et membre de l'opposition, a déclaré qu'il intervenait en tant qu'avocat d'Enold Florestal. «Je suis allé chez les Duverseau parce que c'est moi qui connaissais l'adresse et aussi parce que j'étais l'avocat de Florestal," a déclaré André Michel à des journalistes.
Mais dans un entretien téléphonique sur Scoop FM, la semaine dernière, André Michel a déclaré combien il était outragé quand il a vu les blessures qu'il y avait sur la tête de son très proche ami et partenaire politique, Enold Florestal, avant de décider d'aller chez les Duverseau avec la police et le frère de Florestal.
«C'était scandaleux de voir à quel point Florestal a été victime d'une attaque violente. A un certain moment, on a même rapporté qu'il a été tué", a déclaré André Michel au sujet de son ami.
Ces déclarations et les circonstances, entourant la mort de Duverseau, amènent beaucoup de gens à croire qu'il pourrait être question d'un crime prémédité, alimenté par une tendance à la vengeance, ce que Michel et ses alliés ont catégoriquement rejeté.
Un rapport publié par un groupe de défense des droits humains, appelé CARLI, a révélé qu'il s'agissait d'un assassinat et a appelé les autorités judiciaires à poursuivre les auteurs et complices de cet horrible crime, rejetant les informations selon lesquelles l'assassin de Duverseau agissait en légitime défense, comme le prétendent ceux qui sont visés par l'enquête du juge.
Un rapport produit séparément par les Nations Unies sur le crime est parvenu à la même conclusion. La façon dont la balle a suivi une trajectoire vers le bas, dans le visage de la victime, a révélé qu'il a été abattu à bout portant, apparemment en étant sur le sol ou sur ses genoux, ont fait savoir des responsables de la section des droits humains de l'ONU.
André Michel, qui vit maintenant dans la clandestinité, a déclaré qu'il ne comparaîtrait pas devant le juge Bélizaire, affirmant qu'il a un conflit personnel avec le juge, mais d'autres experts en droit expliquent qu'il est tenu par la loi de se conformer, étant donné qu'aucun recours à la procédure de récusation contre le juge, n'a encore abouti.
"Dans le cas contraire, André Michel restera un fugitif et cela pourrait être un facteur aggravant pour lui, plus tard dans le processus», a déclaré à HCNN, sous couvert de l'anonymat, un avocat expérimenté, familier avec l'affaire, invoquant des raisons professionnelles.
"Il existe une procédure pour récuser un juge. Vous ne pouvez pas simplement décider de ne pas vous présenter," a fait remarquer le juriste.
Caption: Ovil Duverseau, le père de Frantzy Duverseau tué en Haiti en 2010
Source: HCNN