C'est un sentiment d'honneur, de fierté que d'être associé au plus haut niveau à cette quête de changement pour le peuple haïtien prôné par le président Michel Joseph Martelly. Voilà déjà deux ans que j'exerce les fonctions de chef de gouvernement après un passage à la chancellerie comme ministre des Affaires étrangères où j'ai initié le concept de diplomatie d'affaires en Haïti.
A l'heure du bilan, je voudrais simplement m'adresser à mes concitoyens.
Il était très difficile d'accepter le climat d'insécurité qui régnait dans le pays. C'est pourquoi à la demande du président de la République, j'ai entrepris avec mon gouvernement une croisade contre l'insécurité en renforçant les capacités humaines et matérielles de la PNH. Ainsi, les effectifs de la police sont passés à près de 11000 hommes. Des efforts considérables sont faits pour améliorer les conditions de travail des policiers (prestations sociales, soins de santé..). Les résultats obtenus sont encourageants puisque notre pays a maintenant l'un des taux de criminalité les plus faibles de la Caraïbe.
Le gouvernement s'est aussi attelé à la lutte contre la corruption. Une loi de prévention et de répression de la corruption a été votée le 10 mai 2014.
Sachant que le renforcement de la démocratie passe par la consolidation des institutions et la stabilité politique, nous avons travaillé à leur restauration pour éloigner le spectre de la mauvaise gouvernance et de l'instabilité politique qui a caractérisé notre pays depuis plus de 30 ans.
Ce choix est le meilleur chemin pour atteindre les objectifs de réduction des inégalités et de création d'emplois. C'est dans cet esprit que le gouvernement a accepté la médiation du cardinal Langlois qui a abouti à l'Accord d'El Rancho, marquant sa volonté d'ouverture. Le remaniement du gouvernement s'inscrit dans cette dynamique. Le président Martelly et moi-même avons voulu ainsi conforter le consensus pour mener à bien les chantiers de la refondation et renforcer l'unité nationale en amont des élections législatives et communales. Ce rendez-vous aux urnes constitue une étape très importante pour notre pays.
Nous avons fait du redressement de l'économie l'une de nos priorités. A l'arrivée du président, tous les indicateurs macroéconomiques étaient au rouge. C'est ce qui a justifié qu'un vaste programme de réforme de l'Etat, dont celui des finances publiques, a été engagé. Aujourd'hui, des signes encourageants sont visibles. Par exemple, le PIB avait chuté de près de 5,4%. La reprise est aujourd'hui au rendez-vous, avec une croissance portée à 4,3 % en 2013 et une inflation maîtrisée. La modernisation de l'environnement des affaires a permis une augmentation annuelle des investissements directs étrangers de 20% par rapport à 2010-2011.
Pour la deuxième fois consécutive, Haïti arrive en seconde position dans le « classement des croissances économiques des pays des Caraïbes ».
Nos efforts prioritaires ont également porté sur la solidarité sociale avec de nombreux programmes pour améliorer les conditions de vie des Haïtiens les plus défavorisés. Fòk pèp la jwenn. Grâce à des initiatives innovantes la pauvreté a reculé : 122 000 personnes bénéficient de Ti manman chéri, 246 restaurants communautaires ont été créés dans les quartiers les plus vulnérables, 31 000 étudiants bénéficient du programmes Kore Etidyan, 80 000 kits de semence et 14 000 kits de pêche ont été distribués dans le cadre du programme Kore Peyzan, 250 000 bons de solidarité ont été octroyés aux plus démunis. Le gouvernement vient de lancer, il y a trois jours, le programme social le plus ambitieux de l'histoire d'Haïti.
Bien que l'éducation gratuite soit inscrite dans la Constitution haïtienne, aucun gouvernement ne l'avait appliquée. Nous sommes fiers de constater que 1,5 million d'enfants sont scolarisés dans le cadre du programme PSUGO, 150 000 personnes ont été alphabétisées et un million d'enfants profitent du programme de cantine scolaire gratuite. C'est l'occasion de remercier la diaspora pour sa contribution à travers le Fonds national d'éducation.
Pour satisfaire le besoin de santé de la population, un réseau national se met en place à travers tout le pays: hôpitaux, dispensaires et centres de soins.
Plus de 700 kilomètres de route ont été construits ou rénovés et 6 400 lampadaires ont été installés.
Mais le succès d'un gouvernement ne se limite et ne se mesure pas seulement avec des chiffres. C'est aux citoyens d'exprimer leur satisfaction et je peux vous affirmer que je suis à l'écoute de leurs attentes. A travers « Gouvènman an Lakay ou » ils ne cessent de faire entendre leurs cris d'espoir d'un lendemain meilleur. A cela s'ajoute les huit plans spéciaux lancés dans les îles adjacentes et les zones les plus vulnérables.
Nous travaillons jour et nuit pour redresser un pays miné par des années de catastrophes, de désordre et d'incertitudes. Nous espérons faire d'Haïti un pays émergent en 2030 en créant un climat propice aux investissements nationaux et étrangers.
Nos progrès ne doivent pas être pris en otage par l'intransigeance de quelques-uns et l'impatience des autres. Si des blocages persistaient, ils pourraient nous ramener en arrière et raviver les chaos du passé. Il nous faut aller vers les élections Tèt dwat.
Aujourd'hui, je célèbre mes deux années à la Primature de notre Ayiti chérie. Je veux encore rendre hommage au président Martelly pour sa confiance et saluer tous les membres du gouvernement pour le travail accompli et les sacrifices consentis.
Je souhaite que ce bilan soit partagé avec tous les Haïtiens.
Wè pa wè, Ayiti ap vanse, Tèt kale !
Laurent Lamothe, Premier ministre