Ce n'est même pas un politicien, mais un technicien et un mordu du travail et des résultats. La politique est peut-être sa plus grande faiblesse. Car les affaires de la cité ne peuvent se régler par la seule bonne foi et les compétences du patriote. Nous sommes au pays des coups bas. Il faut, coûte que coûte, manier le jeu des intérêts sur l'échiquier tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de sa famille politique. Pourtant sa popularité et l'affection que lui témoignent citoyens anonymes et collaborateurs font peur aux aspirants gouvernants. On voit en lui un potentiel adversaire. Pourtant, il aurait décidé de prendre du recul après cette première expérience de gestion directe de la chose publique. Mais les vieux démons ne sont pas pour autant rassurés.
Laurent Lamothe fait son entrée sur la scène en 2011 à la faveur de l'élection de son ami et collaborateur Michel Joseph Martelly, en qui il a placé sa confiance et son engagement dès le début. D'aucuns parlaient déjà du risque qu'il encourait quant à son avenir politique en acceptant le poste de Premier Ministre. Car le pays a tellement de problèmes structurels ; on peut facilement confondre l'avenir de quiconque ayant servi l'Etat. Et c'est le premier réflexe des adversaires de Lamothe après sa démission. Comment le confondre autour de sa gestion, dans ce pays mangeur d'hommes, quoique qu'on est unanime à admettre qu'il a été des plus rigides et des plus transparentes. Le pays n'a jamais connu un tel élan auparavant.
Pour se faire, c'est le fougueux député Bélizaire qui prend la tête du peloton accusateur. Mais cette règle de destruction, non plus, ne pourra s'appliquer dans le cas de Laurent Lamothe. Car, n'ayant d'intérêts que la satisfaction d'un travail bien fait et apprécié par la communauté, Laurent Lamothe avait choisi la transparence à outrance tant dans la gestion des Fonds de PetroCaribe comme dans la gestion du PSUGO. A ce point de vue, l'ancien international haïtien de tennis représente un casse-tête pour ses adversaires politiques, les contrebandiers et les bandits de tout acabit.
Prenons pour exemple atypique le PSUGO et PetroCaribe parce que ce sont les deux cas les plus cités et repris par le député de Delmas dans sa tentative de ternir l'image du « Leader innovant de l'année 2014 » pour l'Amérique Latine.
Pour le PSUGO, il suffit de visiter hier comme aujourd'hui le site du CONATEL, l'organe régulateur des télécommunications pour voir au centime près les fonds prélevé des appel téléphoniques destinés au financement de la scolarisation gratuite. Et quant au transfert d'argent, toutes les traces sont là à la BRH qui les encaisse au nom du programme.
En plus de cette limpidité, l'organe de lutte anti-corruption ULCC est impliqué dans la supervision directe de l'utilisation de ces fonds et a déjà sévi contre tous les cas de malversations repérés. Déjà en mai 2013, 121 écoles bénéficiaires ont été indexées pour irrégularités et 72 directeurs d'école inculpés grâce à l'œil ouvert de l'ULCC avec le support actif de la Primature et du chef de l'Etat.
Pour les fonds PetroCaribe, tout est également disponible au détail près sur le site du Bureau de Monétisation des Programmes d'Aide au Développement (BMPAD). Cette structure, créée entre décembre 2007 et janvier 2008, a remplacé le Bureau de Gestion PL-480/Titre III avec pour mission de veiller, en liaison avec les organismes nationaux et internationaux intéressés, tant publics que privés, à l'application des conventions, protocoles d'entente, accords de don et/ou de prêt conclus entre le Gouvernement haïtien et un donateur ou bailleur de fonds dans le cadre des programmes d'assistance au développement d'Haïti et dont la gestion lui est confiée.
A cet effet, le gouvernement Vénézuélien a publiquement avoué que la gestion haïtienne des Fonds PetroCaribe est irréprochable. Elle est l'une des plus efficaces et des plus transparentes. La satisfaction du pays donateur est la preuve de cette transparence matérialisée qui caractérise toute l'action gouvernementale au temps de Laurent Lamothe.
Je suis de ceux qui ont toujours souligné l'excès de communication au niveau de la Primature. Car, à trop communiquer, on devient inaudible. Mais il m'a fallu attendre ce jour pour comprendre le choix de celui qui a désormais changé les donnes de la communication gouvernementale en Haïti avec la mise en place d'une machine de fonctionnant vingt quatre heures sur vingt quatre. Objectif : la transparence. L'Etat est devenu soudainement lisible et limpide et les données toujours disponibles. Une menace pour le statut quo ante. La transparence via la communication du genre livre ouvert est la marque de fabrique de celui qui organise ses Conseils de gouvernement en direct à la télé. On doit se demander si en fait, on n'avait pas affaire avec un vrai politicien conscient des réalités haïtiennes et qui avait choisi de jouer carte sur table dans tous les secteurs afin de préserver son image à l'avenir.
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