Les leaders de la société civile d'Haiti qui aujourd'hui cherchent à refaire leur image dans le dossier de la pendaison d'un ressortissant haïtien en République Dominicaine ont toujours été contre tout projet de refondation d'une Armée Nationale, prétextant que les FADH (Forces Armées d'Haiti) est à la base des coups d'Etat en Haïti. Associés à la bourgeoisie rétrograde, aux partis politiques traditionnels et à la grande presse inféodée, ces leaders ont toujours supporté une stratégie de crises politiques permanentes en Haiti qui ternissent l'image du pays sur la scène internationale, paralysent les investissements directs et le développement économique national.
La faiblesse croissante d'Haiti vis-à-vis de la République Dominicaine est le résultat des agissements de cette stratégie folle anti-nationale de la société civile d'Haiti et des leaders politiques incapables de se comporter comme de patriotes. Embargo d'Aristide/Lavalas, tensions politiques permanentes, lutte fratricide pour le pouvoir d'Etat, anarchie, dechoukage ou violation du droit de propriété, destruction d'institutions historiques de défense, telles sont les vraies causes de cette réalité de non respect de la République Dominicaine face à Haiti. Conséquences, n'en déplaise aux altermondialistes, le capital s'est réfugié en République voisine, et la force ouvrière est condamnée à le suivre.
Aujourd'hui, en Haiti, on assiste à un coup d'Etat sans FADH. La bourgeoisie traditionnelle impose son Premier Ministre Evans Paul, son Conseil Electoral Provisoire dirigé par son représentant Pierre-Louis Opont et se prépare à stopper tous les efforts du gouvernement Martelly-Lamothe pour ouvrir l'économie haïtienne vers des capitaux étrangers par le développement des poles d'investissement dans des régions périphériques du territoire national, vierges et stables comme Ile à vache, Cote de Fer, Jérémie, Port-de-Paix, Ile de Latortue, Caracol, etc.
Les hommes d'affaire haïtiens de la bourgeoisie traditionnelle qui n'acceptent pas l'idée d'ouverture de l'économie haïtienne aux grands capitaux étrangers, investissent en République Dominicaine et possèdent des entreprises de l'autre coté de la frontière. Le journal LeMatin de Daly Valet et de Réginald Boulos était imprimé en République Dominicaine. Ces hommes d'affaire doivent commencer par rapatrier leurs capitaux en Haiti et accepter d'intensifier des échanges avec d'autres pays proches comme Cuba, Jamaïque, Mexique, Venezuela….
Si le Premier Ministre Lamothe avait eu l'initiative d'importer du riz du Vietnam, en Asie, en vue de faire baisser les prix au profit des couches défavorisées, Haiti peut renforcer ses importations de produits de la Jamaïque, du Mexique, de Cuba, du Venezuela et des Etats-Unis dans le but de faire comprendre aux Dominicains qu'ils doivent respecter un client important. Aussi, pouvons-nous aménager des facilités pour les étudiants haïtiens, à Cuba, à l'Université West Indies de la Jamaïque, au Costa Rica, au Mexique, certainement en Amérique du Nord (USA/Canada)...
(L'Université d'Etat Haiti, UEH, étant l'objet d'un plan de démolition à terme, appliqué -paradoxalement - par des étudiants qui paralysent en permanence son fonctionnement. Car, des étudiants subventionnés, qui n'apportent rien - même pas des propositions, exigent tout et transforment l'UEH en une grande organisation populaire appelée à manifester chaque jour dans la rue et à détruire tout ce qu'ils rencontrent sur leur passage).
Cette nouvelle "politique de dignité" face à la République Dominicaine devrait-être accompagnée d'une politique de défense appuyée sur la reconstitution rapide d'une armée nationale.
On rapporte que dans sa dernière lettre à Haiti, le Chancelier dominicain a précisé que "la patience de la République Dominicaine a des limites". Cette déclaration est une menace à prendre au sérieux. D'ailleurs, à plusieurs reprises, les forces de défense de ce pays se sont dites prêtes à intervenir en Haiti.Pourtant, des leaders de la société civile d'Haiti ont toujours minimisé l'ambition folle de la République voisine d'envahir et d'occuper la partie Ouest de l'Ile.
Nous leur disons attention. Car, cette campagne anti-haïtienne ne date pas d'hier. Historiquement, elle est accompagnée d'actions irrationnelles et violentes. De plus, elle traduit une réalité maladive d'un peuple en crise d'identité, qui a importé des délinquants blancs de l'Europe pour blanchir sa population et qui malgré ses grandes réalisations en termes économiques et d'infrastructures, se sent diminué faute d'avoir une grande histoire nationale comparable à celle de son voisin haïtien.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
27 février 2015
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