Thèmes de l'Emission de la semaineOrlando le 23 avril, 2010Actualités Politiques : Grandes LignesDans sa stratégie de gestion de maintien du pouvoir dans un contexte de fin de règne, Préval a perfidement jumelé, dans un même projet de loi soumis au parlement, deux éléments disparates, la création de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH) et sa demande de prolongation de la loi de l'état d'urgence. Mise à part le fait incontestable de son inconstitutionnalité , l'état d'urgence est une mesure politique adoptée par un parlement, dans des circonstances extraordinaires, qui octroie au chef de l'état les pleins pouvoirs. Tandis que, la CIRH est une commission mixte chargée de gérer les projets de reconstruction d'Haïti, pour une durée de 18 mois.
La nomination de Bill Clinton comme émissaire spécial des Nation-Unies pour la relance de l'économie haïtienne dans un premier temps et dans un deuxième temps après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, comme cogérant de la CIRH, montrent clairement la détermination des Etats-Unis de reprendre le dossier haïtien des mains des Sud-américains. La performance des Sud-américains en Haïti est une faillite totale incontestable. Ils n'ont fait qu'entretenir, pendant 6 ans, le déclin d'Haïti en ramenant paradoxalement, par le biais d'élections frauduleuses et contestées, le même régime au pouvoir au lendemain de son renversement, après une lutte insurrectionnelle sanglante qui a duré 3 ans. On n'avait pas besoin d'être grand clerc pour prédire les résultats ! Les Sud-américains ayant le monopole de la force de coercition ont toléré par laxisme et par mentalité de sous-développé , ce qu'ils tolèrent sans gêne chez eux, la violence, la corruption, l'ignorance, la misère et la pauvreté de leurs masses nègres. Pire, ils ont permis à Préval de faire en avril et juin 2009 des élections frauduleuses, au cours desquelles il a introduit des criminels notoires et des illettrés fonctionnels au sein du Sénat. A la corruption, Préval a suppléé l'intimidation au sein du parlement. Voilà les conséquences d'une action expérimentale contre-nature perpétrée en Haïti par les Nations-Unies, où la mise sous tutelle est imposée et gérée par des pays en voie de développement, sur un pays sous-développé , classifié PMA appartenant au quart-monde !
Si le dossier haïtien continue à être géré sous l'influence des Sud-américains, on n'ira nul-part. Ce sera le maintien du statu quo. Haïti sera encore victime une fois de plus de cette lutte macro-politique de reconfiguration multipolaire du monde et de ce bras de fer obsédant entre les mondialistes et les altermondialistes. Compte tenu de l'état où se trouve Haïti avant, pendant et après le 12 janvier, l'appartenance à ce camp depuis 20 ans sert-elle ses intérêts ? Le Brésil qui a des ambitions de devenir le pôle pour l'Amérique-latine et les Caraïbes, vient d'exprimer à la conférence de Cancun, avec d'autres pays de l'Amérique latine, la volonté de former une autre instance régionale parallèle à l'OEA, excluant les Etats-Unis et le Canada.
En outre, après le 12 janvier, il suffit de comparer ce qu'offre toute l'Amérique-latine à Haïti, 300 millions de dollars, alors que l'offre des Etats-Unis se chiffre en termes de milliard. D'une part, la volonté du Brésil de retenir Haïti dans sa sphère d'influence, est sous-tendue plutôt par ses ambitions macro-politiques qu'autre chose, devenir le pôle pour l'Amérique-latine et la Caraïbe, la poursuite d'un siège au conseil de sécurité des Nations-Unies (leadership à la Minustah) et last but not least ses engagements idéologiques en tant que pays qui dès le début a été le creuset de la pensée d'avant-garde et le berceau de l'altermondialisme (Porto Alegre). Position qu'il a perdue d'ailleurs grâce aux manœuvres de Chavez. D'autre part, compte tenu de la performance exécrable de la Minustah pendant 6 ans, témoigne de l'incapacité du Brésil de gérer la reconstruction d'Haïti. Préoccupé prioritairement par tous ce que le Brésil a à orchestrer pour son émergence vers un destin de puissance mondiale, Haïti ne peut pas être une priorité pour le Brésil. L'état de destruction combiné au type de gouvernants qui sont en charge pour le moment en Haïti, exigent une attention toute spéciale que le Brésil occupé et préoccupé par sa propre promotion est incapable d'offrir à quiconque.
Si la gestion de la CIRH reste au sein de l'ONU, les Sud-américains peuvent se trouver des partenaires puissants pour contrebalancer ou handicaper l'influence des Etats-Unis, tels que la France, l'Espagne et l'Allemagne. Nous avons entendu les accusations spontanées et gratuites portées par les Européens et les Sud-américains contre l'intervention musclée des Etats-Unis au lendemain du 12 janvier. Pour soustraire la CIRH du contrôle inefficace des Sud-américains, il faut lui trouver un point d'ancrage autre que l'ONU, une consécration ou une légitimation parlementaire particulièrement du pays où elle aura à remplir sa mission. Elle est avant tout une commission mixte.
Percevant le besoin de légitimation de la CIRH comme une opportunité, Préval introduit la création de la CIRH au parlement jumelée, dans un même projet de loi, à une demande de prolongation de la loi sur l'état d'urgence pour une durée égale à celle de la CIRH, 18 mois. Le projet de loi voté par le parlement et promulgué par l'exécutif, donne à Préval les pleins pouvoirs. Ce fait par lui-même change radicalement l'éventail des options politiques de Préval. L'octroie des pleins pouvoirs dans un cadre de fin de règne, présuppose un projet politique antinomique de taille qui requière une telle mesure. Le caractère antinomique d'un tel projet, augmente automatiquement la volatilité de la situation. C'est le moment de toutes les folies, de toutes les exactions et aussi de toutes les erreurs monumentales irréparables ! Préval va se dressé sur ses ergots pour s'imposer et obtenir ce qu'il convoite, la présidence à vie par le biais du remplacement de la constitution. Pourquoi former une constituante ? Préval a, avec tous les risques que cela comporte, une fenêtre d'opportunité, de maintenant à octobre 2010, pour tenter de satisfaire ses convoitises avant la mise en branle des projets de reconstruction. Le choix et la façon d'exécuter ses manœuvres politiques seront cruciaux pour sa survie et celle de son régime. C'est certainement aussi le moment idéal pour une mobilisation nationale, contre des exactions telles que, la suspension des droits civils et politiques, la suppression des libertés publiques et des libertés civiles, le remplacement de la constitution, etc. qui sont de fait des corollaires traditionnels des pleins pouvoirs. Préval veut à tout prix émuler les exemples de ses compadres latinos, Chavez, Morales et Ortega. On peut déboucher sur une période d'instabilité politique irréversible, qui risque de se transformer en mouvement insurrectionnel.
Il y a deux dates établies à la conférence des bailleurs de fond le 31 mars 2010 à l'ONU, qui ont leurs raisons d'être. Il nous faut, pour comprendre leurs significations, prendre en considération leurs échéances et voir avec quoi elles coïncident. D'une part, le Président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a proposé la tenue d'une nouvelle conférence dans six mois pour faire le point. D'autre part la CIRH ne gérera la mise en branle des projets de reconstruction d'Haïti que pour une durée de 18 mois.
Dans 6 mois on sera en octobre 2010. Si Préval veut passer l'écharpe, ou en d'autres termes, nommer son successeur, ou se succéder lui-même le 7 février 2011, il devra en octobre 2010 être en train de préparer des élections pour la fin de l'année 2010 ou pour le début de l'année prochaine. Est-il de l'intérêt de la CIRH de se trouver d'abord en plein dans une atmosphère de compétition électorale ? Et ensuite face à de nouvelles autorités fraîchement élues soucieuses de faire valoir leur légitimité politique, provoquant de la confusion en forçant des changements de personnel au sein de la CIRH, sous prétexte de compétence ou de représentativité , au moment où, pendant des mois, à partir d'octobre 2010, la Banque mondiale va concentrer ses efforts sur Haïti en train de synchroniser le flux des fonds pour établir dans le concret un calendrier de mise en branle des projets de reconstruction ? A cette période névralgique où l'avenir du pays se joue littéralement, quelles seront les priorités ?
Les 18 mois de la CIRH iront de mai 2010 à octobre 2011. Les projets de reconstruction seront déjà en cours. En novembre 2011, on aura d'une part, la totalité de la 48e législature et les deuxièmes sénateurs qui sont déjà en état de caducité depuis le 11 janvier 2010. Et d'autre part, les premiers sénateurs élus aux élections de 2006, qui seront en état de caducité le deuxième lundi du mois de janvier de l'année prochaine, soit le 9 janvier 2012. La CIRH sera à ce moment là prête à investir de ses fonctions, l'Autorité de Développement d'Haïti (ADH), dont les membres seront choisis et nommés par les nouveaux élus du nouveau gouvernement.
Le moment sera propice, en novembre 2011, pour faire, dans un premier temps sans Préval, mais avec un nouveau et dernier CEP provisoire, des élections générales libres, honnêtes et crédibles, remplaçant à la fois, le président, la totalité du parlement et des autorités des collectivités territoriales. Et dans un deuxième temps, faire des élections indirectes pour déboucher sur la décentralisation et créer finalement un nouveau CEP permanent. Ce qui a été impossible pendant les 20 ans de pouvoir lavalas. Le 7 février 2012, ce sera l'installation du nouveau président. Et nous espérons d'un nouveau régime.
Force est aussi de constater et surtout de comprendre, qu'on en soit conscient ou non. Qu'après un demi-siècle de populisme, qu'une culture populiste se soit développée. Le populisme, souffrant d'une carence doctrinale et idéologique, s'est forgé cependant une clientèle. Avec la nuance ou peut être l'avantage que ses gouvernants sont interchangeables d'un extrême à l'autre. Il y a de ces acteurs qui ont réussi cette mutation, qui maintenant font des efforts de fusionnement des deux extrêmes pour maintenir le pouvoir. La difficulté vient seulement d'une xénophobie viscérale que partagent les bases de ces deux extrêmes. Mais ne vous trompez-pas cette clientèle et ses gouvernants vont se battre du bec et des ongles pour maintenir le statu quo. Cette clientèle n'existe et ne respire que par la démagogie et le népotisme populiste. Dans les deux camps populistes, la capillarité sociale est garantie par le biais de la corruption. L'accès au pouvoir s'obtient par la capacité de violence et par le biais du radicalisme et de la militance. Cette clientèle sera prête à livrer un combat sans trêve contre la modernité. Bien qu'une bonne partie de cette clientèle soit d'origine populaire. Il ne faut pas confondre ses intérêts avec ceux des masses. Cette clientèle est une minorité bruyantes, un cercle fermé limité, népotique, qui utilise ses origines de masse pour exploiter les masses, en les maintenant intentionnellement dans la pauvreté, l'ignorance et la misère !
La question maintenant est de savoir, face à cette culture, après avoir coexisté et pataugé inconfortablement dans la médiocrité pendant plus d'un demi-siècle, prenant le népotisme pour l'égalité de chance, acceptant la corruption comme norme, gérant la cohésion sociale par la force, l'intimidation et l'internalisation de la peur ; Pourrons-nous, aujourd'hui nous comporter en citoyens verticaux capables d'agir à bon escient dans l'intérêt de l'Etat et de la Nation ? Aurons-nous la fortitude et la détermination pour saisir le moment, où la reconstruction physique du pays, la relance de son économie, l'introduction de la modernité technologique la plus avancée dans tous les domaines, et rompre avec les régimes populistes des deux extrêmes, extirper la criminalité et la corruption du pouvoir politique, introduire la compétence et le sérieux au niveau des trois pouvoirs et moderniser simultanément, la gouvernance, les institutions et l'Etat haïtien ? Que faire ? et Comment le faire ? Voilà ce à quoi le PSSN répond ! |
samedi 24 avril 2010
Thèmes de l’Emission de la semaine
Le petit-bourgeois, funambule du maniérisme et de la simulation…
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Considerations sur l'Organisation des Prochaines Elections par Stanley Lucas.
Conclusions
Kembe la!
Un peu d'Espoir pour les jeunes haitiens
Un peu d'espoir pour les jeunes haïtiens à travers cette vidéo le 16 Avril dernier à ATLANTA, USA lors de la grande finale mondiale de FIRST LEGO LEAGUE ROBOTIC COMPETITION. Consulter notre site: www.fllhaiti.org Prix Meilleur Esprit d'Équipe: Cela nous prouve que nous pouvons nous compter parmi les grands. Il suffit tout simplement d'investir dans les jeunes. James JEAN-PIERRE Administrateur FLL-Haiti 509-3780-2740 |
Haïti a perdu une bataille, mais Haïti n’a pas perdu la guerre
vendredi 23 avril 2010
Débat
Soumis à AlterPresse le 21 avril 2010
Dans l'article qui suit, l'auteur expose dans un premier temps les leçons à tirer de l'opération menée par le gouvernement Préval-Bellerive pour obtenir les majorités dont il a besoin au Parlement. Il examine ensuite les enjeux mis au grand jour par le vote de la Loi d'urgence.
Le 18 juin 1940, le général Charles de Gaulle prononçait à Londres un discours dont l'esprit résumait la situation de la France dans la guerre qui l'opposait à l'Allemagne nazie. Des semaines plus tard, à la fin du mois de juillet 1940, sera placardée sur les murs de Londres une affiche de la France révolutionnaire portant le message : « La France a perdu une bataille ! mais la France n'a pas perdu la guerre ! » Il existe dans toute lutte des moments difficiles et des coups bas. Les sénateurs qui feignaient d'ignorer que la Chambre Haute, à l'instar de la Chambre Basse, est une caisse de résonnance, un appendice de l'Exécutif présidentiel, et qui pensaient pouvoir amender le projet de loi des locataires du défunt Palais National ont été placés devant la réalité de la dictature du grand capital international et de ses associés haïtiens. Le gouvernement a montré son vrai visage. Il importe de tirer les leçons qui s'imposent. La jeunesse doit comprendre dans les détails ce qui s'est passé afin de se préparer pour les combats de demain.
Les leçons à tirer
La première leçon à tirer, c'est la déliquescence des partis politiques, incapables d'être à l'avant-garde et de donner des directives claires afin d'avancer dans la voie de la libération nationale. On savait que certains sénateurs n'étaient pas fiables et pouvaient, face aux marchandages et à la corruption, vendre leur conscience au plus offrant. Pourtant, aucune propagande n'a été faite pour prévenir la trahison de ces sénateurs. Gouverner, c'est prévoir. L'opposition n'a pas pu empêcher que le gouvernement Préval trouve le quorum au Sénat pour voter la Loi d'urgence constituant la mise à mort annoncée de la souveraineté nationale.
Depuis la fuite des Duvalier en 1986, Haïti est l'objet d'un tremblement de terre social quotidien. Les victimes se comptent tous les jours, tant les conflits sociaux se sont exacerbés. La politique des industries d'assemblage de sous-traitance a produit un prolétariat marginal qui s'est reflété dans les cartes mentales des partis politiques. Le théâtre de misère profonde et massive des bidonvilles a alimenté les théories abusives du gauchisme chrétien voyant dans le lumpen-prolétariat l'avant-garde des combattants pour le changement. Dans la course à la direction de la lutte politique, les partis traditionnels se sont retrouvés en compétition avec un gauchisme chrétien associé à un populisme de mauvais aloi. De Jean Tatoune à Amaral Duclona, les images fabriquées de toutes pièces et divulguées en coulissé sont celles de Ronald Kadav, d'Amiot Métayer, dit Kiben, Djwed Wilmé, Kolibri, Labanyè, etc. Sevrées des leçons d'instruction civique, les jeunes générations sont délaissées, sans repères pour affronter la modernité. Depuis le duvaliérisme, l'autorité du livre et du savoir a disparu devant la violence des armes.
Le discours populiste a pris le devant de la scène, au point de devenir l'élément constitutif et emblématique du paysage politique, sinon de la pratique politique tout court. Le schéma logique s'est inversé. Une certaine confusion s'est propagée et les machines politiques au lieu d'être des lieux d'élaboration de la politique sont devenues des coquilles d'indécision et d'hésitations. Les machines politiques n'ont pu apporter de réponses claires aux questions de société. C'est en allant s'exprimer à la radio que l'entreprise politique justifie son existence. En tant que medium de diffusion, la radio est devenue le message. L'un des effets positifs de cet état de choses a été l'émergence de Jean Dominique de Radio Haïti-Inter, ainsi qu'une plus grande participation du commun des mortels aux affaires de la cité. Le revers de la médaille a été le rabaissement du niveau de la pensée politique pas seulement dans le domaine de l'analyse mais surtout dans celui des dispositifs politiques, économiques et sociaux mis en place pour l'action. Pour trouver de vraies réponses à la question du blocage politique actuel, il faut commencer par faire un constat lucide de cette instrumentalisation à rebours, du règne des radios devenues des appareils politiques, puis celui de la confusion qui s'en est suivie.
La politique stérile des financiers internationaux
La corruption des parlementaires par le pouvoir exécutif ne date pas d'aujourd'hui. L'histoire du Parlement haïtien depuis le gouvernement d'Alexandre Pétion en atteste. Le pouvoir exécutif, quand il ne peut pas corrompre les parlementaires, les fait exécuter physiquement pour imposer sa volonté. On l'a vu en 1875 sous le gouvernement de Michel Domingue et surtout en 1879 sous les gouvernements de Boisrond Canal, de Lamothe-Hérissé et de Richelieu Duperval [1]. On se souviendra que les pouvoirs dictatoriaux à la solde de la politique stérile des financiers internationaux ont alors fait mitrailler les parlementaires libéraux pour maintenir Haïti dans le carcan de la dette. Sous les feux des bandits et des créanciers tenant Haïti en coupe réglée, la corruption des parlementaires par le pouvoir exécutif s'est pratiquée tout au long du XIXe siècle. Elle s'est poursuivie au XXe siècle, surtout dans le cadre des élections présidentielles tenues au second degré. Qu'on se rappelle encore comment la corruption a dominé les élections présidentielles de novembre 1930 et comment le vote des sénateurs a été acheté avec les sommes d'argent données par l'archevêque Mgr Le Gouaze et Edouard Estève, un riche commerçant de la capitale, pour faire élire Sténio Vincent contre Seymour Pradel.
La deuxième leçon est celle de la corruption de l'opposition par le pouvoir exécutif. On en revient à la corruption comme "moyen d'harmoniser les pouvoirs", conception élaborée par le Premier ministre anglais Robert Walpole en 1721. La technique classique de corruption du pouvoir exécutif est de promettre ou/et de donner un emploi dans l'administration publique à des membres de l'opposition afin de leur faire appuyer ce que pourtant leur conscience condamne. Corruption politique qui avait son pendant à l'époque dans l'économie avec la traite des esclaves. Un échange tout comme un autre qui est fait aujourd'hui à travers les prix de transfert que les firmes multinationales, contrôlant 60% du commerce mondial, pratiquent entre leurs succursales, ravissant ainsi aux pays en développement les justes impôts sur les bénéfices qui leur sont dus. Les paradis fiscaux ne servent pas uniquement à blanchir de l'argent sale. Ils constituent dans les pays en développement un mécanisme essentiel aux pratiques d'évasion ou d'évitement fiscal des multinationales.
Le plus grand acte de corruption des aspirations populaires par le pouvoir exécutif
En Haïti, les petits biscuits distribués par le pouvoir exécutif sont les munitions de la machine de guerre du statu quo qui maintient les Haïtiens dans la servitude et l'exploitation. Le plus grand acte de corruption des aspirations populaires par le pouvoir exécutif noiriste a été celui orchestré le 2 juin 1844 par Salomon jeune (futur président en 1879) en faisant nommer le leader paysan Jean-Jacques Acaau, commandant de l'Arrondissement des Cayes. [2] Il fait caser tous les lieutenants d'Acaau dans des postes politiques dans le Sud afin de les neutraliser. Depuis lors, le modèle sera rodé et appliqué dans toutes les conjonctures. Pour neutraliser les revendications paysannes d'accès à la terre et de démocratisation des structures sociales, le statu quo corrompt les dirigeants des mouvements politiques en leur donnant des postes dans l'administration publique.
La liste des victimes de cette politique de corruption est longue. On sait comment en 1946, les défenseurs du statu quo ont mis en œuvre une stratégie à la fois cynique et efficace consistant à donner, d'une main, des bourses d'étude à l'étranger aux jeunes dirigeants du mouvement de 1946, et de l'autre, des postes de ministres à des cadres d'une grande popularité. Daniel Fignolé est un exemple. Comme le font aujourd'hui le Sénat et la Chambre des députés avec le vote de la Loi d'urgence, en 1947, le Parti Communiste d'Haïti (PCH) faisait alors hara-kiri et fermait ses portes pour laisser les mains libres au gouvernement d'Estimé. Dix ans plus tard, en 1957, la corruption du statu quo n'hésitera pas à donner le pouvoir présidentiel à Daniel Fignolé pour mieux le neutraliser et l'éliminer de la scène politique. De nos jours, le gouvernement Préval est devenu expert en création de commissions bidons pour neutraliser nombre de ceux qui se veulent porteurs d'un projet alternatif, démocratique et populaire pour Haïti. Le président Préval est devenu maître dans la politique corruptrice de distribuer des petits biscuits et croit fermement que le moyen essentiel pour couper court à toute parole critique est de donner un poste gouvernemental au citoyen dissident.
Les promesses d'aide n'engagent que ceux qui y croient
La troisième leçon à retenir est le manque de confiance en soi et en ses propres capacités tel qu'exprimé par le président Préval. L'erreur fondamentale de ce dernier est de remettre l'avenir d'Haïti dans les mains de la communauté internationale. La conception dont procède ce choix est fausse. Jusqu'à la fin de 2009, l'assistance internationale n'a jamais dépassé le cap des 500 millions de dollars par année, tandis que les transferts de la diaspora étaient estimés à 2 milliards par an, donc quatre fois plus élevés. De même, ce chiffre est de loin supérieur à celui de l'ensemble des exportations haïtiennes, qui est de l'ordre d'un milliard. Pourquoi le gouvernement haïtien n'a-t-il pas pensé à faire appel à la diaspora et à lui proposer un partenariat similaire à celui que prétend vouloir financer la communauté internationale ? Pourquoi les 300 organisations haïtiennes de villes d'origine (AVO) qui existent au Canada et aux États-Unis d'Amérique n'ont-elles pas été invitées à une conférence de promesses d'aide en Haïti sur les dix prochaines années ? Est-ce parce que le gouvernement haïtien est conscient du déficit de crédibilité dont il souffre au sein de la diaspora qu'il ne cesse de berner de belles paroles en temps normal ou est-ce qu'il préfère donner libre cours au réflexe de mendicité bien connu dans le Tiers-Monde ?
Le gouvernement a raté encore une fois l'occasion de permettre aux Haïtiens de retrouver confiance en eux-mêmes et de forger leur solidarité. Pour reprendre le souffle, les Haïtiens restés au pays pourraient bénéficier d'un chita tande générateur de bouffées d'air pur et susceptible de leur offrir un salut à la hauteur des exigences du moment. Au lieu de renforcer le sentiment d'appartenance des Haïtiens en resserrant les liens entre eux, la Loi d'urgence rabaisse, nie et ignore l'État haïtien.
La manne financière de 10 milliards de dollars incluant 5 milliards et demi de dollars sur trois ans est une promesse, une carotte qui est agitée devant l'âne gouvernemental, pour l'obliger à marcher dans la direction que veut la communauté internationale. Là est tout le problème. Les Haïtiens ne doivent développer aucun complexe d'assistés vis-à-vis des donateurs. La dette de l'Occident vis-à-vis d'Haïti est lourde. Sans arrogance, les Haïtiens se doivent de faire la cartographie de leurs problèmes en indiquant les micropolitiques qui leur conviennent. Les problèmes haïtiens ont des racines profondes qui ne peuvent être surmontés en 18 mois ou en trois ans. L'aide internationale est bienvenue si elle doit aider à atténuer les dures conditions aggravées par le séisme. Mais cette aide ne doit pas renforcer les structures de la propriété ni les clans politiques qui en profitent. Cette aide internationale ne devrait en aucun cas venir renforcer la corruption économique de la clique au pouvoir, ce qui aurait pour conséquence, durant l'année électorale en cours, de lui donner une nouvelle légitimité par le biais des retombées politiques d'une atténuation de la crise actuelle.
Si les transferts de la diaspora ne représentent que 10% à 15% des revenus dont elle dispose, ne serait-il pas mieux de mobiliser cette diaspora afin qu'elle investisse 10% de plus de ses revenus en échange d'un pouvoir réel dans la gestion du pays ? Un tel partenariat ne serait-il pas plus bénéfique pour l'âme haïtienne ? L'expérience de la réalité financière internationale nous porte à douter du décaissement réel des montants de 5 milliards en trois ans pour Haïti. Comme le dit le vieil adage, les promesses d'aide n'engagent que ceux qui y croient. En revanche, la Loi d'urgence constitue un aval permettant au gouvernement de dépenser, sans avoir de comptes à rendre, non seulement les deux milliards de dollars (90 milliards de gourdes) du budget de la République mais également les quelque 40 millions de dollars mensuels alloués jusqu'ici au remboursement des dettes qui ont été annulées à cause du tremblement de terre.
L'âme haïtienne sacrifiée sur l'autel de la communauté internationale
La Loi d'urgence pour 18 mois n'a aucune justification et reflète uniquement l'acharnement et l'obstination du président Préval à perpétuer sa clique au pouvoir. C'est une nouvelle agression visant à saccager les victoires démocratiques gagnées depuis 1986. Nombre de personnalités politiques ont dénoncé cette nouvelle forfaiture du président Préval qui veut ligoter le peuple haïtien et le livrer à l'arbitraire. Quelques exemples. Le sénateur Youri Latortue a relevé nombre d'irrégularités dans le processus de ratification de la Loi d'urgence proposée par le président de la République. Dans une lettre ouverte au président René Préval, le dirigeant du GREH, Himmler Rébu, a décortiqué un abime de perplexité dans le document gouvernemental du 31 Mars 2010. En dénombrant un ensemble de choses grotesques, de contradictions et d'horreurs dans ce document, Himmler Rébu a été renversé parce qu'il ne croyait pas qu'un gouvernement aurait pu tomber si bas. Avec cette preuve d'un indéniable mauvais goût, c'est vraiment un pot de nuit rempli que le gouvernement Préval déverse sur la tête du peuple haïtien. Un autre critique de la conception, de la formulation et du libellé de la Loi d'urgence est le notaire Jean-Henry Céant qui a parlé de galimatias au sujet du texte voté. Pour Maître Céant, le vote des parlementaires est le « vote de la honte ». La Loi sur l'état d'urgence met fin aux libertés fondamentales, concentre tous les pouvoirs dans les mains du président et donne un pouvoir sans bornes au président. Enfin, pour le sénateur Andrice Riché, le gouvernement a refusé de faire appel aux forces vives de la Nation pour trouver un renouveau.
En effet, le gouvernement est resté immobile devant la catastrophe. Le silence de Préval devant le désastre du séisme n'est pas de la sobriété et de la timidité. Ce n'est pas de la modestie devant le dénuement, mais plutôt l'étalage de son incompétence propre. C'est le vide sidéral de son incapacité qui a été mis à nu. Le monde entier a assisté à la puissance de désordre d'un dirigeant qui insiste à mettre sur son orbite malsaine de ravage toute une population désabusée par le malheur. Le mélange de silence et d'impossible que propose le président Préval au peuple haïtien masque le rôle d'un projet qui demande la suspension des libertés en échange de l'argent. Comme l'explique Paul Craig Roberts, ancien assistant secrétaire américain au Trésor sous l'administration du président Reagan, la finance s'impose contre l'éthique, dans le sillage du mouvement de promotion des intérêts mesquins de la Corporate America qui fait que chercheurs, économistes, médecins et pharmaciens vendent leur âme pour un « gain répugnant ». [3]
Mais en plus du fait que la Loi d'urgence verrouille les libertés publiques et privées, les mécanismes financiers qui y sont inscrits n'envisagent pas d'autres options viables pour financer le développement d'Haïti. Nous avons déjà parlé des possibilités de financement du développement qu'offrait la titrisation pour mobiliser l'épargne de la diaspora en créant des instruments financiers donnant un effet levier aux actifs des travailleurs haïtiens à l'étranger. [4] Mais il existe d'autres instruments financiers créés par la France pour mobiliser et orienter l'épargne de la diaspora. Le premier est le compte épargne codéveloppement qui permet à tout immigré en France, de bénéficier d'une déduction fiscale dès lors que les sommes épargnées sont investies dans des projets de développement économique du pays d'origine. Le second est le livret d'épargne codéveloppement, permettant au migrant de constituer une épargne qui donne droit ultérieurement à une prime lorsqu'il contracte un prêt aux fins d'investissement.
Les démocrates se doivent d'être vigilants et refuser toute solution consistant à choisir entre la peste et le choléra. Entre la dictature et l'anarchie. Entre les gangs du narcotrafic semant la mort au Mexique, dont parle le président Clinton, et les diktats de la communauté internationale. Il faut refuser cette mauvaise alternative, ce genre de « choix catastrophique » [5] comme le nomme Álvaro García Linera, le vice-président bolivien. Contrairement à ce que pense le président Clinton, la question n'est pas le chaos ou l'occupation étrangère d'Haïti. Il n'est pas question de tomber dans ce simplisme pour trouver une solution à la crise profonde qui ronge la société haïtienne. L'opinion publique haïtienne a rejeté la Loi d'urgence votée au Parlement. La déception est sur toutes les lèvres. Le citoyen haïtien a été atteint au cœur par le coup de couteau du Parlement. Malgré sa victoire à la Pyrrhus, le gouvernement ne peut susciter aucune admiration, même distanciée. Après avoir dilapidé le présent, le gouvernement Préval détruit l'avenir en se laissant imposer la route du renouveau par la communauté internationale. Haïti a perdu son identité et sa dignité à travers le vote de la Loi d'urgence qui lui fait avaler jusqu'à sa fierté.
Nous sommes partisans de la création de structures de veille indépendantes pour gérer, exécuter, suivre et évaluer les travaux de reconstruction. Mais ces structures de veille ne peuvent en aucune façon être au-dessus de l'État. Les démocrates haïtiens n'ont aucune objection contre l'établissement par la communauté internationale de mécanismes de décaissement conditionnés par des audits indépendants réalisés par des firmes comptables internationales recrutées à partir d'appels d'offres. Mais la gestion de ces entités doit aussi faire l'objet d'audits de la part de l'État haïtien pour déterminer leur performance par rapport aux termes de référence établissant leur fonctionnement.
Pour faire échec au projet apre nou se nou
Préval fait prévaloir les intérêts économiques et politiques des étrangers. Tous ceux qui escomptaient un grand débat national ont été sidérés de voir avec quelle désinvolture le gouvernement Préval a vendu l'âme haïtienne. De plus, il n'a pas voulu descendre seul dans la fange. Il s'est arrangé pour que le Parlement l'accompagne sur les routes du manquement au devoir de résistance et de flamboyance que nos Aïeux de 1804 nous ont légué. Le gouvernement Préval se révèle une machine à humilier Haïti et les Haïtiens. Il le fait en souriant avec des gestes parfaits. Préval s'exécute avec des moments d'harmonie qui s'accommodent de la catastrophe naturelle pour devancer l'opinion et, en bredouillant les mots, participer à la récupération mercantile du désastre du séisme à son profit. Pour régner dans l'apre nou se nou.
Dans l'arrangement concocté à New York, l'État haïtien ne conserve aucune de ses fonctions, tandis que la communauté internationale accroît son influence. En imposant ses diktats, cette dernière établit une tutelle de fait sur Haïti. Pourtant, le président français Nicholas Sarkozy avait mis en garde les Haïtiens contre ce danger. Mais le gouvernement Préval est prêt à composer avec n'importe quoi pour ne pas changer les choses. Devant l'ultimatum de la communauté internationale d'annuler la rencontre du 31 Mars à New York si la Commission intérimaire n'est pas validée ultérieurement par le Parlement haïtien, le président Préval aurait dû claquer la porte. En nouvel esclave, le président haïtien n'a pas pu ressentir de la colère. Comme l'enseigne Aristote dans la Rhétorique, le président Préval a préféré ne pas répondre, s'humilier et avouer ses torts pour plaire à ses maîtres. Nos aïeux de 1804 qui ont versé leur sang pour être traités différemment par la communauté internationale et pour donner à l'Haïtien une valeur doivent se retourner dans leurs tombes. Le président Préval a profité du diktat de ses tuteurs étrangers pour ajouter ses propres desiderata en ajoutant la Loi d'urgence au projet de loi.
En guise de conclusion
Terminons en revenant à l'aveu de défaite du général de Gaulle le 18 mai 1940. Ce dernier ne s'est pas contenté de faire une constatation et des protestations verbales. Il n'a pas adopté une attitude velléitaire en attendant que les cieux exaucent ses vœux de libération. Pour changer le cours des choses, le général de Gaulle a organisé le mouvement de résistance français. Face à un gouvernement qui prétend répondre aux vœux de la communauté internationale en déclarant l'état d'urgence, qui lui permet de ne respecter aucune règle de droit, de conduite ou de morale, le mouvement démocratique ne peut pas se croiser les bras. La Loi d'urgence consacre le règne de l'irresponsabilité et la mise à l'écart de tous les mécanismes de transparence dans la comptabilité publique. Pour mettre fin aux 18 mois programmés d'anarchie et d'abus, la résistance du peuple haïtien doit s'organiser. La société civile a pour devoir d'ouvrir un débat national sur les enjeux de l'heure afin de dégager les actions à entreprendre pour contrecarrer la dérive qui met l'État haïtien au service exclusif d'une clique de combinards et foule aux pieds les aspirations les plus légitimes du peuple haïtien.
[1] Leslie J.-R. Péan, Haïti – Économie Politique de la Corruption, Tome II, L'État Marron (1870-1915), Éditions Maisonneuve et Larose, 2005, pp. 399-414.
[2] Leslie Péan, Aux Origines de l'État marron en Haïti (1804-1860), Éditions de l'Université d'Haïti, P-a-P, Haïti, 2009.
[3] Paul Craig Roberts, « Truth has Fallen and Taken Liberty with it », CounterPunch, 24 Mars 2010.
[4] Leslie Péan, « Les Transferts Financiers de la Diaspora et le Financement du Développement d'Haïti », AlterPresse, 17 août 2009
Appel aux citoyens du monde : La reconstruction d’Haïti prise en otage.
Appel aux citoyens du monde : La reconstruction d'Haïti prise en otageLa chronique de l'écrivain Lyonel Trouillot vendredi 23 avril 2010, Après la loi votée par le Parlement sur l'état d'urgence, et considérant le mépris avec lequel un exécutif sous pilotage automatique traite les opinions haïtiennes, la bataille sera rude entre ceux qui ont (pris) le pouvoir de décider et ceux qui ont toutes les chances de subir des décisions allant dans tous les sens ou ne faisant pas sens. Les « chefs » - les grands, pas les petits – ont beau parler d'une reconstruction dirigée par les Haïtiens, ce n'est pas ce qui se dessine. On a pu constater – le président Préval a lâché le morceau en révélant aux parlementaires, s'il faut les croire, que « l'international » souhaitait que la loi sur l'Etat d'urgence soit votée sans modifications – que « l'international » institutionnel et le président s'entendent sur au moins deux choses. La première : la Constitution, quand elle contrarie nos intentions, on fait contre. La deuxième : on fait ce qu'on veut et rien que ce qu'on veut. Aujourd'hui, tout haïtien responsable ne peut être que dans l'opposition. Je ne parle pas d'opposition à Préval. On sera dans la nécessité historique de s'opposer à Préval s'il veut prolonger son mandat. Je parle de l'opposition, au sens où des voix portant de véritables projets haïtiens devront se battre pour se faire entendre, se battre pour avoir une influence, se battre pour que, dans ce qu'on considère déjà comme la chronique d'un gâchis annoncé, il sorte des actions positives pour le pays, pour la transformation du pays en une société plus juste, plus riche en biens et en services, mais en justice sociale aussi. C'est de cette transformation nécessaire en une société plus juste que l'international et l'exécutif semblent se moquer. Les déclarations aussi malheureuses que précipitées de diplomates étrangers, d'ordinaire mieux inspirés, accueillant avec joie cette loi de la honte, contredisent tous les bavardages sur la souveraineté d'Haïti. Même dans l'hypothèse d'un vouloir agir bien intentionné qui craint les lenteurs, comment se réjouir de l'économie du contrôle strict et de la participation des institutions haïtiennes ? L'Etat haïtien, le Parlement haïtien se privent de tout droit de regard sur la gestion du pays, et privent ainsi la société haïtienne de tout contrôle sur sa destinée immédiate. En considérant le budget haïtien, les promesses d'aide, les dettes annulées, sur dix-huit mois c'est une somme avoisinant les 10 milliards de dollars que « l'international » et des politiques haïtiens en fin de mandat, qu'une majorité de citoyens dénonce à la radio et ridiculise dans ses conversations, vont gérer sur des projets dont ils décideront, et qu'ils appliqueront comme bon leur semblera. Le mandat du président Préval arrive à terme dans quelques mois, cette loi place son successeur dans un carcan. Que va-t-il se passer ? (On ne peut s'empêcher de penser à la vieille pratique coloniale des « engagés » ou dix-huit mois) Ce qui s'annonce ne promet rien d'une reconstruction conduite par les Haïtiens. C'est pourtant de cela pourtant dont le pays a le plus besoin, une reconstruction allant dans le sens de la transformation des rapports sociaux : vers une école pour tous, des services de base pour tous, du travail, une législation qui protège le travail et les travailleurs, une société en rupture avec ses préjugés, ses divisions. Dans la rue, chez des honnêtes citoyens, chez des intellectuels et des cadres, un sentiment d'abattement. L'impression d'avoir perdu, que se met en place du n'importe quoi, pouvant laisser beaucoup de place aux calculs privés de quelques politiques haïtiens et d'hommes d'affaires amis à eux. L'impression que quelques cadres de l'international, « experts », coopérants et o-n-gistes vont jouer aux apprentis sorciers pour justifier leurs beaux salaires. L'impression que les institutions internationales et peut-être certains Etats vont utiliser une « stratégie de choc » pour régler l'heure d'Haïti à leur propre montre, sans forcément de mauvaises intentions, mais à leur montre. Tout cela se met sans doute en place, de manière plus ou moins réfléchie, de manière plus ou moins instinctive. Dans la rue, de la colère qui monte et qu'on aurait tort de sous-évaluer. Pour une reconstruction haïtienne, il faut commencer par dénoncer le caractère impopulaire de cette loi. Etrange façon pour l'Exécutif et « l'international » de commencer la reconstruction « dirigée par les haïtiens » par une loi dont beaucoup d'haïtiens ne veulent pas. Lyonel TROUILLOT |
Les Etats-Unis choisissent Haïti pour "Nouveaux Horizons" 2010.
Haïti-USA-Armée-Humanitaire Les Etats-Unis choisissent Haïti pour "Nouveaux Horizons" 2010De juin à septembre, le commandement sud de l'armée américaine déploiera quelque 500 militaires qui offriront aux haïtiens de l'assistance médicale et effectueront des travaux d'ingénierie vendredi 23 avril 2010, Le commandement sud de l'armée américaine réalisera en Haïti les exercices d'assistance humanitaire annuels baptisés "Nouveaux Horizons" entre le 1er juin et le mois de septembre, un geste destiné à manifester le soutien de Washington au pays sévèrement touché par le séisme du 12 janvier. Annonçant l'événement à la presse américaine, le numéro deux du commandement sud, le général Ken Keen, fraîchement rentré d'une mission humanitaire de trois mois en Haïti, a précisé vendredi qu'environ 500 militaires ayant à leur tête la garde nationale de la Louisiane prendront part à l'opération. Des services médicaux et d'ingénierie seront fournis à plusieurs villes, dont Gonaïves (Artibonite, nord), sélectionnées conjointement par le gouvernement haïtien et l'Agence américaine pour le développement international (USAID). L'assistance médicale sera disponible sur cinq sites déjà identifiés où le personnel médical militaire pourra accueillir pendant dix jours consécutivement jusqu'à 700 patients quotidiennement pour des interventions en médecine générale, soins dentaires et ophtalmologie. Des médecins vétérinaires seront également disponibles pour soigner les animaux. Quant aux projets d'ingénierie, le général Ken Keen précise qu'ils concerneront la rénovation d'écoles, la construction de trois nouveaux centres éducatifs, d'infrastructures sportives et l'amélioration du système d'eau potable. Depuis les années 80, le commandement sud de l'armée américaine réalise régulièrement les exercices "Nouveaux Horizons" en Amérique latine et dans la Caraïbe. Environ 2.000 des 22.000 GI's déployés en Haïti par l'administration Obama au lendemain du séisme, dans le cadre d'une vaste opération humanitaire, sont encore sur place, plus d'un mois avant le retrait officiel des troupes américaines fixé au 1er juin. La catastrophe a fait entre 250.000 et 300.000 morts, 300.000 blessés et 1,2 million de sans-abri, a estimé jeudi Edmond Mulet, le chef de la Mission de stabilisation de l'ONU (MINUSTAH). spp/Radio Kiskeya |
Visite en Haïti de deux hauts responsables militaires américains.
Haïti-USA-Séisme-Visite Visite en Haïti de deux hauts responsables militaires américainsLe sous-secrétaire d'Etat Andrew Shapiro et le chef du commandement sud, Douglas Fraser, sont venus appuyer la "pacification" du pays et reconfirmer la présence des Etats-Unis dans le procesus de reconstruction mercredi 21 avril 2010, Le sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires politiques et militaires, Andrew Shapiro, et le chef du commandement sud de l'armée américaine (Southcom), le général de l'armée de l'air Douglas Fraser, sont arrivés mercredi à Port-au-Prince pour une visite axée sur le renouvellement du soutien de Washington à la pacification du pays. Selon un communiqué du Département d'Etat, les deux hauts responsables devaient également assurer les autorités haïtiennes de la volonté des Etats-Unis de poursuivre leur coopération dans le cadre du processus de reconstruction post-séisme. Dans la capitale haïtienne, MM. Shapiro et Fraser ont reçu de l'ambassadeur des Etats-Unis, Kenneth Merten, et de la directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), Carleene Dei, un rapport sur la situation du pays, trois mois après la tragédie du 12 janvier. Ils ont d'autre part eu un entretien avec le général brésilien Luiz Paul Cruz, commandant de la Mission de stabilisation de l'ONU (MINUSTAH). Des rencontres avec les autorités haïtiennes n'ont pas été signalées dans le communiqué du Département d'Etat. De 22.000 hommes de troupe déployés dans le pays au plus fort de la gigantesque opération humanitaire post-séisme qu'avait lancée l'administration Obama, la présence militaire américaine est passée aujourd'hui à environ 2.200 soldats. Le général Ken Keen, chef sortant du commandement de la force américaine en Haïti, a annoncé mardi au Pentagone que la mission humanitaire des GI's prendra fin officiellement le 1er juin. Cependant, au-delà de cette date, un certain engagement militaire sera maintenu, a-t-il dit sans donner plus de précisions. La secousse sismique de magnitude 7 ayant sévèrement touché Haïti a fait au moins 230.000 morts, 300.000 blessés et 1,2 million de sinistrés, affirment les autorités. spp/Radio Kiskeya |
La relocalisation et l'intensification des activités scolaires constituent les priorités des autorités.
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Haïti : Vers un nouveau mandat pour la MINUSTAH?
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