Par Cyrus Sibert
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Quand les parlementaires du Nord n’ont plus rien à dire…
Le jeudi 19 juin 2008, une délégation composée du Ministre de la justice René Magloire, du Secrétaire d’Etat à la sécurité publique Luc Eucher Joseph, du Directeur Général de
Dans une salle du bureau de la délégation, durant plus de deux heures, l’assistance avait droit à des discours. Mis à part les mesures ponctuelles prises par le Conseil Supérieur de
Après une brève introduction du Délégué Départemental Georgemain Prophète, le Ministre de la justice a salué l’assistance en signalant l’engagement du gouvernement de mettre fin au kidnapping dans le nord : Nous n’allons pas accepter une telle situation. Nous sommes ici pour vous rassurer que les autorités entendent, avec vous, éradiquer le kidnapping. Le Président Préval pense qu’il est indispensable de sécuriser le pays pour la relance des investissements. Au Ministère de
Luc Eucher Joseph a voulu ordonner le débat en exhortant l’assistance à poser le problème concrètement et de façon ponctuelle. Il a parlé de renforcement de la police qualitativement et quantitativement, de la réforme judiciaire et la nécessité d’une société civile capable de défendre les valeurs morales : La sécurité est l’affaire de tous les citoyens. Cela commence au niveau des familles qui doivent contrôler le comportement des enfants, à la société civile qui doit faire preuve d’engagement citoyen au coté de
Le DGPNH Mario Andrésol a mis l’accent sur les conditions de travail des policiers, les besoins en personnels et en matériels :
Quant aux trois parlementaires présents dans la salle, ils n’ont pas laissé passer l’occasion pour, dans un esprit démagogique, se lamenter, appelant l’Etat à prendre les mesures, demandant aux Citoyens de s’engager, sans faire le bilan des lois votées pour le renforcement du climat de sécurité. On dirait un meeting électoral.
A entendre le Sénateur Kelly C. Bastien - Numéro 4 de
Depuis 1991, avec la prise de pouvoir des anarchistes et des populistes, les dirigeants, au lieu d’adopter des décisions, de voter des lois, se contentent de protester comme de vulgaires citoyens.
Hugues Célestin dont la circonscription est réputée prolifique en groupes armés et considérée comme principal espace utilisé par les kidnappeurs pour séquestrer leurs victimes, a fait mention d’un projet de résolution pour la peine de mort : La solution est pour demain, nous allons adopter une décision extraconstitutionnelle. Les bandits doivent être fusillés sur la place publique.
Tristesse !
Ces parlementaires ignorent que la justice haïtienne n’a pas un problème de lois, mais un déficit de moralité. Nous n’avons pas la capacité d’appliquer les lois en vigueur. Une loi sur la peine de mort serait une arme au service des politiciens intolérants pour éliminer leurs adversaires. Aujourd’hui, ceux qui croupissent en prison sont des voleurs de bananes, de poules, de portable ou de bétails. Les trafiquants de drogue comme les criminels sont toujours au pouvoir en Haïti. Bref, aucun kidnappeur de poids ne serait condamné à mort.
Pour preuve le Parlement comme l’Exécutif est truffé de criminels. Un gangster siège à la commission de désarmement. Un trafiquant de drogue était président de l’Assemblée Nationale, un autre était Directeur de la police. Aujourd’hui, ils sont nombreux les parlementaires qui devraient être derrière les barreaux.
Sans parler de cette clause internationale qui empêche un pays qui a aboli la peine de mort de revenir sur sa décision, en scandant la peine de mort, nos parlementaires nous prennent pour des imbéciles. Comme nous l’avons signalé à un collègue journaliste : Ils souhaitent sûrement que le représentant des Nations Unies, présent dans la salle, ne rapporte leur folie à ses supérieurs de New York. Car ils savent pertinemment que les conséquences d’une telle décision peut aller jusqu’au blocage de l’aide internationale.
Ce n’était pas encourageant de voir les autorités d’Haïti poser le problème de l’insécurité en des termes simplistes. Le pire, ils étaient applaudis par des élites représentants de la société civile capoise : VIVE LE SÉNATEUR ! VIVE LE DÉPUTÉ !
Rien n’est dit sur la sécurité en milieu rural. Le besoin de rétablir la structure de la police rurale qui constituait la base opérationnelle des forces de sécurité avant 1995. La sécurité frontalière, le cadre légal pour une meilleure coordination entre
La peine de mort a été utilisée pour passer à coté du sujet, pour ne pas répondre aux exigences de la chambre de commerce : un armement contrôlé pour des familles exposées ;
La peine de mort est instrumentalisée pour éviter de questionner nos parlementaires sur l’existence des gangs armés qui les appuyaient lors des élections de 2005 ;
La peine de mort… pour ne pas poser la question : qu’avez vous fait pour empêcher une détérioration de la situation ? Comment sommes-nous arrivés là sous votre gouvernance ?
Et pour finir, comme d’habitude, quand il n’y a plus rien a dire, sachant que le peuple digère mal l’occupation, on s’est amusé à parler du statut inconstitutionnel de
Démagogie, stupidité, incohérence, absence de profondeur dans l’analyse des dossiers tout était au rendez-vous. Avec de telle prestation, on est en droit de conclure : Haïti a un long chemin à parcourir avant de caresser LESPWA (l’espoir en créole) de s’en sortir.
Reportage photos:
http://picasaweb.google.com/reseaucitadelle/VisiteCSPNAuCapHaitien
Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
20 juin 2008
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