Le dimanche 9 août 2015, Haïti a vécu une dure journée dite “électorale". La violence était répandue à travers le pays. Des actes de bourrage d’urnes, de falsification de procès-verbaux, et de fermeture de bureaux de vote ont particulièrement marqué cette journée, qui s’était soldée en plusieurs cas de morts violentes. Les bévues rappellent tristement Ruelle Vaillant, tâche noire dans notre histoire électorale. Pour comble, la police a adopté un comportement passif, livrant ainsi les électeurs à la violence des bandits politiques.
Les partis de l’opposition qui avaient concocté un complot visant à écarter arbitrairement des personnalités politiques en sont sortis victimes. Pourtant, en début du processus, ils avaient décidé qui est habilité à briguer des postes électifs dans ce pays. Les dirigeants de la classe politique traditionnelle ayant pris part à cette décision illégale d’exclure l’ancien Premier Ministre Laurent Lamothe du processus électoral, ont vu aujourd’hui leurs candidats écartés du pouvoir par l’entremise d’une opération de fraude électorale massive ce 9 août.
Ces partis complices de violation des droits civils et politiques de M. Lamothe, de M. Lumarque et d’autres concitoyens qui désiraient se présenter aux élections, se regroupent dorénavant en groupuscules de contestataires et réclament l’annulation des élections qu’ils ont eux-mêmes organisées alors qu’ils sont membres du gouvernement de consensus.
N’ont-ils pas accepté la politique illégale, autoritaire, arrogante et injustifiée de deux poids et deux mesures édictée par ces Conseillers électoraux? N’ont-ils pas réclamé l’expulsion de M. Lumarque faute de décharge alors qu’ils ont accepté la candidature dépourvue de décharge du Sénateur Dieuseul Simon Desras, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale?
Si nous condamnons les fraudes massives et l’abstention généralisée qui ont entraîné un taux de participation autour de 3%, c’est parce que nous pensons qu’Haïti n’aboutira plus à mettre en branle des institutions démocratiques solides pour la rendre attractive pour les investissements directs étrangers (IDE) si son environnement électoral s’apparente au barbarisme ou à la jungle. Toutefois, nous ne pouvons pas oublier que ces leaders politiques qui aujourd’hui se présentent en victimes sont aussi des bourreaux, des partisans de violation de droits civils et politiques, quand cela va dans le sens de leurs intérêts politiques.
Aujourd’hui, cherchant à justifier sa mission en Haiti, la communauté internationale est sans état d’âme et se désolidarise de ses co-conspirateurs. Les diplomates étrangers en poste en Haiti savent pertinemment que les dirigeants de ces partis traditionnels sont, eux aussi, des gens capables de sombrer dans l’arbitraire donc de planifier des fraudes électorales. Éliminer des concurrents politiques ou empêcher à des citoyens de briguer des postes électifs est une fraude électorale à part entière. Détenteurs d’une relative influence politique exercée à travers la rue, ils violent les droits civils et politiques de leurs concitoyens à travers des accords politiques conclus avec le Président de la République. En raison du fait que le résultat est identique : Enlever aux citoyens leurs droits civils et politiques, des bandits politiques en veste s’équivalent aux chimères qui passent au feu les bureaux électoraux ou qui jettent des tessons de bouilles quand ils ne tirent pas sur les votants.
Ils avaient vu leur succès électoral par l’exclusion arbitraire des candidats populaires (Lamothe, Lumarque). Ils se félicitaient d’avoir le contrôle de la machine électorale, la qualifiaient de crédible. Toutefois, ils n’ont pas vu venir cette stratégie de certains partis de profiter de l’absence de candidats populaires entrainant une faible participation populaire pour faire main basse sur les élections.
Dans un texte titré “Haïti-Elections : Le complot Martelly/Préval risque d’engendrer Mario Andrésol.”, publié le 16 juin 2015, nous avions fait la remarque suivante :
“ Haïti sera une démocratie lorsque ses élites auront enfin le courage de défendre les principes sans tenir compte des intérêts mesquins.”
Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti
11 Aout 2015
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