L’enquête du Sénat haïtien sur les fonds petrocaribe est un défi institutionnel qui aura des impacts sur l’avenir d’Haiti. La confiance est un élément déterminant pour attirer des investissements, créer des emplois, engendrer la croissance et assurer le développement économique. Dans le monde globalisé du 21e siècle, des experts au service de puissants groupes d’investissement analysent l’évolution d’une série de facteurs déterminants pour la sécurité des projets d’entreprise. La sécurité, la stabilité politique, le fonctionnement des pouvoirs d’Etat, l’environnement, la santé, le transport, l’éducation, la démographie sont autant d’éléments pris en compte dans l’équation analysant les opportunités d’affaire. L’étude de l’environnement d’une éventuelle entreprise est de plus en plus complexe et déterminante. Un pays qui cherche à attirer des capitaux étrangers doit s’en rendre compte et renforcer ses institutions en vue de se retrouver du coté positif des prévisions.
La justice et surtout le parlement sont deux institutions indispensables pour atteindre cet objectif. Car, si la première applique les lois, la deuxième (2e) en produit et constitue une garantie pour tous les citoyens et étrangers qui se sentent léser dans leur droit.
Notre expérience avec la justice haïtienne dans le traitement des dossiers de personnalités accusées de pédophilie en Haiti n’est pas rassurante. Quand les opérateurs du système ne font pas preuve de faiblesse pour l’argent des prédateurs sexuels d’enfants, ils n’ont pas la force de caractère pour appliquer la loi envers et contre le blanc. Complexe d’ancien esclave, l’ancien Maitre Blanc est bien vu en Haiti. Les réseaux criminels internationaux en profitent. Et, même devant des faits constants d’abus, on continue à faire valoir un “doute irraisonnable”, absurde. Les militants anti-pédophiles, défenseurs d’enfant, sont obligés de provoquer l’intervention de la justice des pays “civilisés” en Haiti.
Ne parlons pas des cas d’abus de pouvoir des autorités judiciaires, de dépossession injuste… Des faits qui nous portent à parler d’insécurité judiciaire en Haiti.
Aussi, l’enquête sur les fonds Petrocaribe expose t-elle le parlement haitien sous un puissant projecteur. Car, dans tous les pays démocratiques, le parlement constitue l’ultime recours institutionnel des citoyens et des résidents face aux dérives des pouvoirs exécutifs et judiciaires. Une enquête parlementaire est toujours une opportunité pour le citoyen de s’exprimer librement sans les contraintes bureaucratiques du gouvernement et/ou de la justice. Quand l’opinion publique doute du gouvernement et de la justice pour faire la lumière sur un dossier d’importance, une enquête parlementaire s’avère indispensable. Car, le parlement est le lieu où on est libre de s’exprimer et de poser des questions sur tous les angles en tenant compte des faits.
Dans le cas du Sénat d’un pays démocratique, le sérieux du travail doit atteindre un caractère sacré. Une enquête sénatoriale ne doit pas se contenter de relayer des allégations mensongères construites par des clans politiques adverses dans leur logique de lutte pour le pouvoir. Tous les faits, toutes les accusations doivent avoir comme base des preuves solides (documents, des témoignages). En ce sens, la Chambre Haute doit pouvoir exiger que l’Exécutif, la Cour des comptes, et les autres institutions concernées mettent à sa disposition des dossiers. C’est l’obligation qui accompagne le privilège du parlement d’enquêter.
En Haiti, nous avons le défaut de croire que nous sommes capables de faire nos petites bêtises entre nous, à l’abri des regards du monde (l’opinion publique mondiale). Nous oublions qu’à l’heure de l’internet, nos faits et gestes sont rapportés en temps réel, sur les réseaux sociaux ( Twitter, Facebook, Whatsapp, Google) et affectent l’image de notre pays avec une incidence sur notre économie. Contrairement à cette approche retardée des acteurs socio-politiques haïtiens, nous sommes dans un village global. L’enquête de la Commission Sénatoriale dirigée par le Sénateur Youri Latortue est observée par des acteurs dans des pays et à des niveaux que nous n’imaginons pas. Elle est un test pour pouvoir déterminer si le Parlement haitien, encore plus le Sénat, peut servir de garantie pour des dossiers d’importance. Son rapport doit se baser sur des faits, des documents et des dossiers. Elle doit-être au dessus des allégations sans fondement et des accusations fantaisistes ou mensongères. Le produit de cette commission doit-être hautement scientifique.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti (17 Aout 2016)
reseaucitadelle@yahoo.fr / @reseaucitadelle
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire