#Haiti #PetroCaribe : Sortons du populisme parlementaire.- (Texte de Cyrus Sibert)
Les mensonges sur la route de Cerca-Carvajal remettent en question la capacité réelle d’une Assemblée politique à mener des enquêtes administratives. La Constitution haïtienne, l’avait prévu. Elle a pris le soin de confier cette tâche à une institution compétente et hautement technique.
Après le Rapport “Bâclé’’ du Sénateur Youri Latortue, le dernier travail en date, celui de Beauplan contient plus de 50 fautes graves, des accusations mensongères ou diffamatoires, commises par négligence ou de façon intentionnelle, à des fins politiciennes. Plusieurs observateurs estiment que le nombre d’omissions est spectaculaire.
Concernant la Route de Cerca Carvajal, sur tous les médias de la capitale, les trois Sénateurs Lavalas, Beauplan, Nenel et Don Kato ont accusé l’ex-Premier Ministre d’avoir fait construire 10.5 kilomètres de route en lieu et place des « 17 kms » contractés. Ils ont affirmé sans aucun doute que l’argent a été détourné; ils ont même réclamé des poursuites judiciaires contre l’ex-ordonnateur de deniers publics.
Des médias étrangers comme Miami Herald et RFI ont relayé ces accusations sans contacter les personnes concernées. Grâce aux maladresses de ces derniers, les parlementaires Lavalas ont fait un gros coup médiatique. Normalement, on devrait intenter des actions en justice contre le Sénat, comme personne morale de droit public, sujet de droit. Aussi, les médias qui ont relayé ces informations mensongères, sans l’autre version, pourraient se retrouver impliquer dans un procès civil pour faute grave ou du moins “négligence” ayant causé des dommages.
En réalité, cette situation est la conséquence de cette volonté des chefs de fil au parlement de pratiquer ce que nous appelons du “populisme parlementaire”. On croit pouvoir agir à la place d’autres institutions spécialisées, faire le travail d’autres personnes compétentes.
Mais, en réalité, on ne s’improvise pas, un matin, “enquêteur administratif”. Cela réclame une certaine formation technique, un cadre technique de travail et surtout de l’expérience.
On l’a vu :
Les Sénateurs accusent les anciens ministres de ne pas faire le retenu légal de 2% en faveur de la DGI; tandis que légalement, le Ministère des Finances effectue cette transaction automatiquement pour tous les décaissements opérés à partir du Ministère des finances, donc de la Banque Centrale (BRH). Les ministères sectoriels qui n’ont pas reçu les fonds n’ont pas accès à l’argent donc on ne peut pas leur accuser de ne pas faire de retenus au profit de la DGI.
Le rapport exige la mise en accusation du Président @MOISEJOVENEL comme propriétaire de COMPHENER pour un contrat de 65 lampadaires, d’un montant de 4,949,389.25 gourdes, qui est de loin en dessous des 40 millions de gourdes qui est le seuil légal à partir duquel une passation de marchés est obligatoire. Aussi, les enquêteurs, ont-ils inventé un prix moyen par lampadaire qui ne correspond pas aux calculs.
Des professionnels en audit administratif n’auraient jamais commis ces fautes graves qui avilissement le Sénat. Comme d’habitude, ils travaillent en toute transparence, questionnant les personnes concernées sur les irrégularités probables en vue d’avoir leur version des faits. Ils peuvent l’accepter ou la rejeter. Mais, dans les deux (2) cas, ils mentionneront dans le rapport ce qu’ils ont constaté, la version de la personne concernée et les raisons techniques pour lesquelles ils n’ont pas accepté de telles explications.
Il est temps de cesser cette pratique fantaisiste et populiste initiée par des Sénateurs-candidats à Présidence, qui utilisent #PetroCaribe pour faire une campagne pré-électorale permanente. Il faut revenir à une approche institutionnelle, en vue de trouver les vrais coupables, pour des cas avérés — soutenus par des preuves irréfutables — de corruption et de détournement de fonds.
Le combat de la société civile haïtienne contre la corruption ne peut se baser sur les acrobaties politiciennes des parlementaires souvent corrompus. Car, le trafic d’influence qu’exercent ces derniers sur les ministres et les directeurs généraux est aussi un crime de corruption répréhensible.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
22 novembre 2017
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