dimanche 21 juin 2020

#USA : La violence policière contre les noirs américains a été instituée par des planteurs blancs traumatisés par la révolution haïtienne de 1804.- #BlackLivesMatter

Monument du Marron Inconnu en Haiti
#USA : La violence policière contre les noirs américains a été instituée par des planteurs blancs traumatisés par la révolution haïtienne de 1804.- #BlackLivesMatter


Des recherches sur l’histoire sociale et politique des États-Unis nous ont permis de comprendre comment la révolte des esclaves de Saint-Domingue, suivie de leur affranchissement général, de la guerre de l’indépendance, de l’humiliation de l’Armée de Napoléon lors de la Bataille de Vertières (18 novembre 1803), de la Proclamation de l’Indépendance d’un État nègre dans la Caraïbe dénommé #Haïti et du massacre des français, ont causé une peur atroce chez les planteurs blancs américains.


Le livre “Black, Rednecks and White Liberals” de Thomas Sowell (Université Stanford, 2006) décrit l’ampleur de cette réalité historique sur la vie politique des États-Unis, de la façon suivante :

“… Jefferson and Madison saw emancipation as something that needed to be combined with expatriation, in order to solve the problem of slavery without creating a bigger problem of a race war. The race war and bloodbath that erupted with the emancipation of blacks in Santo Domingo — today’s Haiti — cast a long shadow over the South, and apprehensions were increased when Nat Turner’s uprising in 1831 left a trait of death in Virginia before if was suppressed by lethal force.
Many Americans of that era who saw slavery as evil saw a race war as a greater evil.” p. 139-140.


Ainsi, l’auteur explique comment ce qui s’est passé en Haïti, la violence des esclaves contre leurs anciens oppresseurs a constitué un dilemme pour de nombreux dirigeants qui ont pris peur de voir le même scénario se produire sur leur territoire suite à la libération de plusieurs millions d’esclaves noirs qui auront à vivre parmi la population blanche.

Si en ce temps, la solution fut l’utilisation des milices civiles pour maintenir la pression sur les noirs, les terroriser et les contraindre de se calmer, on peut en déduire qu’aujourd’hui le fonctionnement de la police américaine est basé sur cette même doctrine.

Car, si la société américaine évolue sur bien des points, les vestiges des temps esclavagistes et post-esclavagistes durant la période ségrégationniste de 1890 à 1940, la période rétrograde nommée NADIR*, continuent d’exister. 

[*(According to historian Rayford Logan, the nadir of American race relations was the period in the history of the United States from the end of Reconstruction in 1877 through the early 20th century, when racism in the country was worse than in any other period in the nation's history. https://en.wikipedia.org/wiki/Nadir_of_American_race_relations )]
 

Contrairement à ceux qui critiquent George Washington, Benjamin Franklin ou Thomas Jefferson parce qu’ils possédaient des esclaves noirs, l’auteur du livre présente des documents, des déclarations, des lettres et même le testament de George Washington interdisant à ses héritiers éventuels de revendre ses esclaves à sa mort, pour prouver que ces hommes étaient convaincus du caractère révolu de l’esclavage.

En 1862, le Président Abraham Lincoln refusa une demande de clémence en faveur du capitaine Nathaniel Gordon qu’il condamna à la pendaison parce qu’il fut arrêté en haute mer par la marine américaine, au commande d’un navire rempli d’esclaves noirs. (p.153)

La remise en question de l’autorité du Vatican suite à la réforme protestante, a permis de rejeter les fondements chrétiens de l’esclavage. Des disciples de Martin Luther et de Calvin ont pris la liberté de réinterpréter la Bible, ce qui a produit des effets considérables dans le monde anglo-saxon.



En conséquences, suite à une campagne intense des chrétiens anti-esclavagistes, en 1808, l’Angleterre interdit le commerce international des esclaves. La marine Royale avait pour ordre d’attaquer les négriers sur les côtes africaines, dans l’océan atlantique, et jusque dans les ports du Brésil en 1849 où elle détruisit des bateaux suspectés de continuer le trafic de noirs venus d’Afrique. (op.cit. p.117)

Aux États-Unis, les religieux de l’Église protestante Quark, assuraient l’avant-garde de la campagne anti-esclavagiste dès le milieu du 18e siècle. L’intensification du débat sur le caractère anti-chrétien et même démoniaque de l’esclavage provoqua une pression idéologique, politique et surtout morale tellement forte qu’un nombre de jour en jour plus important de propriétaires d’esclaves voulaient les affranchir.

Certes, il existait des groupes de planteurs conservateurs qui rejetaient toute idée de changement. Et, leur principal argument fut “la menace que peut représenter la libre circulation d’une population d’anciens esclaves noirs — minoritaire, mais considérable — au sein de la population blanche. En ce sens, Haïti et les exploits de son armée indigène servaient d’exemples.

De plus, les informations qui circulaient sur l’aide du Général haitien Alexandre Pétion au Général Sud Américain Simon Bolivar contre les forces coloniales d’Espagne, suivies de l’invasion de la partie Est de l’ile d’Haiti (aujourd’hui, République Dominicaine) par l’armée haïtienne sous la présidence du Général Jean-Pierre Boyer, n’ont pas contribué à rassurer les planteurs américains.

Il faut lire ce livre de Thomas Sowell, un universitaire noir américain, à la page 139, pour comprendre ce dilemme.

La révolution anti-esclavagiste de nos ancêtres empêchait à des planteurs blancs et dirigeants américains de dormir en paix. Ils ont même conçu l’idée de créer un État en Afrique de l’ouest pour expulser des anciens esclaves noirs. D’où la création du Liberia en Afrique de l’Ouest, par le Président Monroe. Haïti aussi était envisagée comme point de chute pour expulser ces noirs américains non-désirés.

Faut-il signaler quelques initiatives d’extermination massive et de massacres de noirs dans plusieurs régions aux États-Unis. Par exemple, il y a “The Devil's Punchbowl” *, ce Camp de concentration et d’extermination des noirs dans la localité de Natchez, Mississippi.

[* ( The Devil’s Punchbowl https://www.youtube.com/watch?v=he8dzlVNzSI ) ]


D’où l’origine pratique de la doctrine policière et du système judiciaire agressifs contre les noirs américains. Elle répondait à cette obsession de maintenir une pression continue parfois meurtrière sur ces noirs indésirables que l’Amérique n’a pas pu s’en débarrasser à temps.


Car, si pour les indiens il y a des réserves fermées et gardées, les noirs eux, ils vivent en pleine ville, dans des ghettos certes, mais à proximité des blancs. En ce sens, il est nécessaire de maintenir la terreur constante de la police sur eux pour les calmer et les contraindre des rester à leur place. Le traitement des noirs par la justice et la police dans les villes américaines ne changera pas, sans une réforme approfondie de cette approche erronée, construite au 19e siècle.


Aujourd’hui, le mouvement “#BlackLivesMatter” doit construire ses revendications en se basant sur les droits universels de la personne humaine et/ou du citoyen. Il ne faut pas commettre l’erreur d’en faire un mouvement exclusiviste noir; mais plutôt, suivre la stratégie de Martin Luther King de réclamer l’émancipation des noirs sur la base de “Droits civiques du citoyen”.


Le discours doit-être clair :

Dans un État de Droit démocratique, aucun représentant de l’État fédéral ou local ne peut s’attribuer le droit d’ôter la vie d’un citoyen sans aucune forme de procès. D’ailleurs, même la peine de mort prononcée par un Tribunal pose un problème moral.

Le travail du policier doit-être de protéger la vie du citoyen par tous les moyens. Non de chercher des prétextes justifiant sa mise à mort.



BIEN DISTINGUER LE RACISME DE L’IDEOLOGIE HAINEUSE CONTRE LES PAUVRES.

Contrairement aux beaux discours, il existe aux États-Unis de graves préjugés contre les pauvres. C’est un comportement institutionnalisé et supporté par une idéologie de mépris contre les gens en difficultés économiques. Le Livre WHITE TRASH de Nancy Isenberg décrit des scènes écœurantes d’une Amérique conçue par de riches planteurs blancs pour des planteurs blancs, avec un mépris extrême pour les pauvres blancs ou noirs qu’ils qualifient de dégénérés.

A la page 202 du livre WHITE TRASH, il y a l’Affaire BUCK v. BELL (1927), dans laquelle, la justice américaine a jugé puis condamné deux femmes blanches parce que leur race était qualifiée de “défectueuse perpétuée sur trois générations” (waste people). Carrie Buck, l’une des condamnées fut stérilisée — rendue infertile, sur ordre d’une décision de la Justice américaine.

Cet exemple peut aider les militants du “Mouvement #BlackLivesMatter” à saisir le fondement anti-pauvre qui accompagne le discours raciste et les comportements méprisables de certains policiers.

Les questions de “race pure”, de “race supérieure” ont dominé la société américaine et sa politique, avant Hitler. Quand on regarde les publications sur la race, l’eugénisme, le darwinisme, au 19e et au début du 20e siècle, on ne peut que conclure qu’Hitler n’est que l’arbre qui cache la forêt.

Cependant, ce qui fait la grandeur de l’Amérique et de l’occident en général, c’est la capacité des mouvements de la société civile à résister, à ne pas abandonner le combat, jusqu’à provoquer des changements.



Il ne faut pas imiter ceux qui passent sous silence, la contribution de certains progressistes blancs qui se sont battus contre l’esclavage, contre la traitre et contre le trafic des esclaves. Une approche qui risque de présenter le discours historique sur l’esclavage comme le procès de l’occident, alors que les arabes, les asiatiques et même les africains possédaient, trafiquaient et exterminaient aussi des esclaves noirs.

Il y avait aussi des négriers dans l’océan indien; plusieurs millions de noirs ont été asservis comme esclaves dans les pays arabes; des centaines de milliers ont succombé de soif en traversant le désert de Sahara, des eunuques ( hommes noirs castrés pour servir d’esclaves domestiques); des milliers de noirs ont servi de rameurs dans des bateaux de guerre où ils ont péri sans pouvoir remettre les pieds à terre.

Jusqu’au milieu du 20e siècle, l’esclavage existait en Asie. Des pirates continuèrent leurs raids sur les côtes de l’Afrique de l’Est pour capturer des noirs et les transporter vers d’autres territoires. Les arabes ont été tellement cruels avec les noirs capturés, qu’il est impossible de trouver une communauté importante de descendants d’esclaves noirs au Moyen-Orient, comme s’en est le cas en Amérique, des États-Unis au Brésil.


L’Angleterre a le mérite d’avoir utilisé sa grande flotte pour imposer la fin du trafic des captifs noirs sur les mers : l’océan Atlantique, la Méditerranée et même dans l’océan indien.

Même quand certains États occidentaux, dominés par des nobles et des commerçants sans pitiés organisaient la traite des noirs avec férocité, des mouvements sociaux et religieux, des intellectuels comme Adam Smith (Angleterre) et Montesquieu (France) se sont opposés ouvertement à l’esclavage. Ce qui créa une masse critique. (Black, Redneck, white Liberals, p.129).

Aussi, y a-t-il le roman “La Case de l’oncle Tom(Uncle Tom's Cabin) de l’américaine Harriet Beecher Stowe née dans le Connecticut et pasteur abolitionniste convaincue à la Hartford Female Academy. “Un roman sentimental - d’un pasteur chrétien - qui dépeint la réalité de l'esclavage tout en affirmant que l'amour chrétien peut surmonter une épreuve aussi destructrice que l'esclavage d'êtres humains”.


Il faut le dire aux jeunes : en Haïti, les rues Charles Sumner ou John Brown portent les noms de blancs américains qui se sont opposés concrètement à l’esclavage. John Brown fut pendu en Virginie pour avoir organisé un soulèvement contre des planteurs esclavagistes.

L’occident dispose d’un nombre important de mouvements civiques, d’intellectuels assez avisés et éclairés pour renforcer la lutte légitime contre l’oppression institutionnelle policière et judiciaire mise en place au 19e siècle, dans un climat de peur des noirs dont l’émancipation était devenu inévitable. Aussi, ces institutions visaient-elles à réprimer des blancs pauvres du Sud dits “dégénérés” et à sécuriser l’exclusion la plus totale.

Comme on peut le constater, environ 200 ans après l’abolition de l’esclavage et l’émancipation des noirs, les États-Unis n’ont connu aucune guerre inter-raciale. Mais, cela n’empêche pas aux extrémistes d’alimenter la peur et de présenter les vielles doctrines institutionnelles de sécurité comme indispensables.



Finalement, nous estimons que la majorité des américains veulent juste vivre en paix sans être contrariés par des actes odieux de policiers qui replacent la race au centre des débats.

On n’en parle pas, mais il existe un petit geste qui m’amuse beaucoup aux États-Unis. C’est l’effort que s’impose une personne pour garder une porte ouverte — comme un majordome ou un portier — en faveur de l’inconnu qui vient après lui. Cela se voit à l’entrée des magasins, des stations de service, disons dans les endroits publics. C’est extrêmement gentil. Vous ne vous connaissez pas, mais la personne s’efforce à garder la porte ouverte pour vous permettre d’entrer sans difficulté.

Je pense que ce petit geste simple mais automatique traduit la subsistance d’un caractère naturel d’altruisme chez l’homme. Beaucoup de blancs le font en faveur d’autres personnes, sans tenir compte de la couleur de leur peau, de leur race ni de leur origine. Je ne sais pas si cela se fait généralement ou si c’est typique à la Floride, mais cela donne l’impression que beaucoup de gens veulent tout simplement vivre en paix. Comme me disait un blanc : “It’s nice to be nice ! ”

Quand aux idéologies racistes, on peut déduire qu’elles constituent le “talon d’Achille” des grandes puissances. Car, non seulement elles permettent à leurs citoyens d’être plus attachés à leur “race transnationale” au détriment de leur patrie, mais aussi, elles empêchent aux dirigeants racistes de saisir certaines opportunités et d’être pragmatiques: Exemples,
- Un raciste blanc américain se sentant plus prêt d’un blanc d’un pays ennemi que de ses compatriotes noirs américains, peut se faire manipuler facilement jusqu’à trahir les États-Unis au nom d’un idéal racial;
- Le racisme a empêché à Napoléon de comprendre l’importance du projet politique du Général Noir Toussaint Louverture, qui aurait permis à la France de conserver le territoire de Saint-Domingue (Haiti). A cause de cette erreur raciste, la France a perdu la Louisiane qui représentait 1/3 des États-Unis à l’époque;
- Le racisme chinois multiplie des tensions entre la Chine et les sociétés africaines; ce qui affecte la stratégie chinoise sur le continent africain. Car, il est inconcevable pour les Africains de remplacer le racisme des occidentaux par celui des Asiatiques;
- Le racisme a entraîné plusieurs Etats dans des crises démographiques, alors que leurs voisins, ce que le Président Poutine appelle l’“étranger proche”, sont de véritables puissances démographiques : c’est le cas de la Russie et du Japon face à Chine;
- Le racisme Dominicain paralyse les rapprochements entre l’économie la plus dynamique de la caraïbe et son marché le plus important, stable et naturel, qu’est #Haiti.


Cyrus Sibert,
#LeReCit @reseaucitadelle
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21 juin 2020
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