Les points suivants sont à signaler :
1- “ Les tâches principales du BINUH sont maintenues : conseiller le gouvernement dans le renforcement de la stabilité politique et de la bonne gouvernance et l’épauler dans ses efforts pour organiser des élections, renforcer la Police Nationale d'Haïti (PNH), développer une approche inclusive pour réduire la violence communautaire, lutter contre les violations des droits de l’homme, améliorer l’administration pénitentiaire et renforcer le secteur de la justice.”
Ce paragraphe nous dit clairement que le BINUH est autorisé à dicter au gouvernement haïtien les décisions à adopter. Nous ne sommes pas dupes. Nous savons clairement que “conseiller le gouvernement” est un euphémisme pour les diplomates étrangers en Haïti. Dans ce contexte, conseiller est synonyme de dicter pour ces deux entités, le BINUH et le COREGROUP, qui avaient ordonné l'installation de Dr Ariel Henry, comme Premier Ministre de facto, par un tweet.
2- “…un accord vers un processus politique permettant l’organisation d’élections inclusives, pacifiques, libres, justes et transparentes, dès que les conditions de sécurité et les préparatifs logistiques le permettent. Pour la première fois, le Conseil de sécurité a demandé au gouvernement haïtien de lui présenter une mise à jour sur les progrès effectués en ce sens, au plus tard le 17 octobre de cette année.”
La transition “longuement longue” que réclamait les acteurs politiques haïtiens semble se retrouver dans une impasse. Car, même quand le Conseil de Sécurité a évité de fixer une contrainte de temps dans sa résolution en stipulant “dès que les conditions de sécurité et les préparatifs logistiques le permettent”, il a pris le soin de fixer une date pour la soumission d’un rapport par le gouvernement haïtien sur les voies et moyens, en vue d’organiser des élections dans le pays. La question électorale est replacée au sein des débats et de l’agenda.
3- “… le Conseil de Sécurité demande au BINUH de collaborer avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et d'autres agences onusiennes compétentes pour soutenir les autorités haïtiennes dans la lutte contre le trafic et le détournement d'armes, et contre les flux financiers illicites. Il charge également le BINUH de soutenir les initiatives des autorités pour améliorer la gestion et le contrôle des frontières et des ports.”
Ce point peut offrir l’opportunité d’engager les Nations Unies dans l’enquête sur l’assassinat du Président Jovenel Moise. Ce que réclament plusieurs secteurs depuis plus d’un an. Car, ONUDC, c’est l’agence de l’ONU contre la drogue, le trafic illégal d’armes à feu et le crime organisé. Or, tous ces éléments sont présents dans le crime odieux. Les assassins sont des informateurs et opérateurs de la DEA qui ont utilisé le nom de leur institution pour faire diversion. Sur ce point, il faudra prendre l’ONU au mot et exiger l’implémentation de cette résolution 2645 en ce qui concerne l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moise.
D’ailleurs, le Secrétaire Général de l’OEA Luis Almagro n’a-t-il pas déclaré que le Président Jovenel Moïse doit obtenir justice? Il y a là une brèche à enfoncer en vue de contourner la stratégie des diplomates complices des assassins qui s'obstinent à empêcher que le dossier atteigne une dimension internationale.
Luis Almagro et Jovenel Moise |
4- “Le Conseil de sécurité… s’est déclaré disposé à prendre, dans les 90 jours suivant l’adoption de la résolution, des mesures …(qui)…pourraient inclure le gel des avoirs ou des interdictions de voyager ciblant ceux qui participeraient à la violence en bande organisée et à des activités criminelles ou à des atteintes aux droits humains ou qui appuieraient de tels actes, ou encore agiraient de manière à compromettre la paix, la stabilité et la sécurité.”
Il s’agit là d’une bonne nouvelle. Celle de mettre fin à l’impunité. Et sur ce point, un confrère a produit un texte intéressant mettant l’accent sur le fait que cette menace de l’ONU signifie qu’elle dispose déjà d’assez d’informations sur les noms de tous ceux qui supportent la violence et l’instabilité en Haïti. D’ailleurs, l’officier Max Kail, l’ancien agent spécial de la MINUSTAH, n’a-t-il pas détaillé, dans son livre titré “Zombie Files”, tous les réseaux mafieux de la drogue, du crime organisé, du trafic d’armes et de la violence politique qui alimentent l’instabilité en Haïti?
Alors, prenons le Conseil de Sécurité au mot. Supportons et exigeons l’application de cette résolution 2645. Car, elle est le produit de notre lutte pacifique. Le résultat du combat, ce refus collectif que nous menons depuis le 7 juillet 2022 en vue de faire échec au projet anti-démocratique des oligarques corrompus qui ont comploté à assassiner le Président élu Jovenel Moïse.
Certes, ces puissants corrompus disposent de contacts parmi les missionnaires de l’ONU et des diplomates du COREGROUP pour paralyser le BINUH. Ils s’activent déjà à défendre le statu quo en faisant échec à cette nouvelle résolution de l’ONU. Mais, cette résolution est aussi l’un des premiers effets du nouvel ordre mondial qui s’annonce. C’est la Chine qui a conditionné le renouvellement du mandat du BINUH à la lutte contre le trafic d’armes et des sanctions contre tous ceux qui supportent les gangs. Ce n’est pas un cadeau de Madame Lalime, très confortable en Haïti, ni de son Boss Antonio Gutierrez trop occupé pour penser à la souffrance des familles haïtiennes.
La résolution 2645 n’est pas l'œuvre des pays amis hypocrites d’Haïti. Elle est le fruit d’un nouveau contexte international de changements géopolitiques dont l’une des manifestations est la guerre en Ukraine. De plus, les derniers évènements autour de Taiwan risquent de faire de la Chine un acteur plus exigeant au sein de l’ONU. Alors, profitons des contradictions et de rivalités entre grandes puissances pour obtenir des décisions favorables au progrès d'Haïti. C’est notre mission à tous!
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
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