mercredi 16 avril 2008

Haïti-USA-Famine

Emeutes en Haïti : George W. Bush très préoccupé

Le Président américain estime nécessaire de contrer la faim à l’origine de révoltes populaires également en Egypte et aux Philippines

Le Président américain George W. Bush a exprimé mardi ses plus grandes préoccupations et approuvé des mesures d’urgence face aux violences extrêmes ayant accompagné ces derniers jours des émeutes de la faim dans trois pays, dont Haïti, a indiqué sa porte-parole Dana Perino citée par l’Associated Press.

"Le président des Etats-Unis est très préoccupé par la crise qui touche Haïti, l’Egypte et les Philippines, entre autres", a affirmé Mme Perino dans une brève déclaration à la presse. Elle intervenait quelques heures après que la Maison Blanche ait annoncé lundi une aide d’urgence de 200 millions de dollars en faveur de différents pays profondément touchés par la hausse vertigineuse des prix de l’alimentation. Des Etats africains devraient être les principaux bénéficiaires de cette assistance humanitaire.

Divers partenaires bilatéraux et multilatéraux ont accordé des fonds et des aliments à Haïti où, au cours des derniers jours, des protestations populaires contre la faim ont dégénéré en violences meurtrières ayant entraîné des dégâts matériels et économiques considérables.

Haïti compte une population de 8 millions d’habitants dont 70% sont au chômage et vivent avec moins de deux dollars par jour. spp/Radio Kiskeya

lundi 14 avril 2008

Le chef de l’état prêt à designer un nouveau premier ministre

Lundi, 14 avril 2008 11:01
Le chef de l’état haïtien, René Préval, se prépare à designer un nouveau premier ministre après le vote de censure du sénat à Jacques Edouard Alexis.
Interrogé par les journalistes après le vote du sénat, le président Préval a réaffirmé sa détermination à respecter les prescrits constitutionnels. " Je vais en consultation avec les présidents de la chambre des députés et du sénat designer un nouveau chef du gouvernement ", ajoute t-il.
Toutefois, le chef de l’état a soutenu que " l’interpellation est injuste si elle est réalisée en raison de la vie chère". " Le gouvernement n’est pas responsable de la hausse des prix des produits alimentaire", insiste t-il.
S’adressant aux membres de la classe politique René Préval a mis l’accent sur la nécessite de consolider la démocratie par la concertation. " S’il faut faire des changements faisons les ensemble pour maîtriser les évènements", argue t-il qualifiant d’anormal l’ultimatum qui avait été lancé au Premier ministre.
Jacques Edouard Alexis s’était refusé à tout commentaire à l’issue du vote de censure du sénat. Accompagné de ses ministres, le chef du gouvernement avait prononcé un bref discours lors de la séance d’interpellation qui n’a duré qu’une trentaine de minutes.
Interrogé sur le dédommagement des propriétaires d’entreprises saccagées ou pillées lors des manifestations, le président Préval a fait valoir que l’état n’a pas les moyens pour réparer les torts causés aux nombreux entrepreneurs. " Ce n’est pas réaliste de parler de dédommagement", dit-il expliquant qu’il sera impossible de répertorier tous les entrepreneurs tant des secteurs formel et informel, victimes des casseurs.

Pourquoi, la Droite, est-elle restée silencieuse ?


Sous le beau temps des charmants jours d'Haiti, nous avions une notion du bien et du mal. Les voleurs, les homosexuels, les assassins, les drug- dealers, les pédophiles, pratiquaient leurs vices criminels dans l'ombre de la cendre opaque. Maintenant, nous pouvons faire tout ce que nous voulons. D'ici quelques années faisant un peu plus de deux décennies, ces crimes odieux sont considérés comme des objets d'un luxe moral.
Nombreux sont les historiens, psychiatres et sociologues qui reconnaissent que Jean-Bertrand Aristide, René Garcia Préval, Jacques Edouard Alexis, Robert Manuel, Paul Denis, Evans Paul, Victor Benoit, Serge Giles, y compris certains prélats ... ont joué un role majeur dans les cruauté et déclin moral de la nation haitienne. Comme on le regrette à juste titre, la société est en train de perdre ses amarres culturelles. Les graines de corruption et d'assassinats semées il y a 20 ans par la " génération de makout pa ladan, Pè lebrun, ameriken se sida, pa neglige bayo so yo merite, .... ont produit une société avant tout soucieuse du sang humain et de culture de la tricherie. A ce compte, la Gauche haitienne est prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut, quitte, le plus souvent, à employer la violence. Et ce constat vaut pour des simples citoyens, mais aussi pour la communauté internationale.
La vie des haitiens semble ne plus avoir de valeur. Les leaders de la Gauche-Socialisme éprouvent même du plaisir à faire souffrir. Ils jugent cela amusant, comme ces délinquants qui avouent s'en prendre aux autres uniquement parce que cela les excite. On dirait que la classe politique, les intellectuels, les hommes d'affaire se mettent au "garde à vous" devant l'extrême Gauche, sans culture et sans mémoire, sans perspective et sans honte. Chiens ou chats, qu'importe, puisqu'ils se roulent dans la même farine, et puisque les mêmes balles sifflent quand leurs chargeurs se vident, quand leurs paroles annoncent le pire, dans les urnes ou dans la rue... Car ils préparent ensemble le terrain à ce qui leur échappera, quand leur alliance sera devenue l'arme la plus destructrice. Les voilà déjà qui s'avancent, en file droite et chacun son tour, pour glisser une douille de plus dans le barillet de la haine. C'est comme une roulette russe avec, dans le barillet, une balle dans chaque trou...
Les menaces qui pèsent sur Haiti avec René Préval et les politiciens asservis, mais dont nous avons des signes avant-coureurs , nous font perdre le sommeil. " On ne s'en étonnera pas: il suffit de regarder ces images ci-dessous pour se sentir gagner par l'anxiété!
Qui sème la haine récolte le feu:
HAITI - recent pictures of riots

Levons bien haut nos yeux et observons pour comprendre: " Quand nous allons à l'encontre d'un immense danger, ne vaut-il pas mieux marcher en petit nombre sous le leadership d'un "Pauvre berger de la Droite" qui se soucie de nous, avec la pleine certitude de ne point être abandonné au moment de la lutte, que de traîner avec nous une foule de faux alliés.
D'où nous viendra ce dirigeant digne? Et, comment l'identifier?
Celui qui provoquera le changement en Haiti doit avoir la sensibilité d'une assistance sociale, la perspicacité d'un psychologue, la sagesse d'un enfant, la résistance d'un coureur de marathon, la ténacité d'un bouledogue,
l'autonomie d'un ermite et la patience d'un saint.

Reginald Pean

dimanche 13 avril 2008

3 Réflexions pour mieux comprendre les émeutes de la faim en Haiti.

Alexis n'ira pas seul

Jean Erich René
13 avril 08

La crise politique actuelle loin de se dénouer va connaître d'autres décours. Jacques Edouard Alexis tôt dans la matinée du mercredi 9 avril 2008avait donné sa démission verbalement au Président René Préval. Mais le dernier mot revenait à Mme Alexis qui était en voyage et qui a éclaté de colère en apprenant cette nouvelle de la bouche de son mari au téléphone. Aussi s'est elle empressé de regagner le pays en fustigeant vertement le Premier Ministre qui était venue l'accueillir à l'aéroport. Après une conciliabule entre Me et Mme Alexis, un ministre et le secrétaire général de la Primature, on a fini par convaincre Alexis de ne pas remettre sa démission. D'où le retard qu'a pris René Préval pour prononcer son discours d'apaisement. Mais il a loupé le plus gros morceau qui était l'annonce de la démission de Jacques Édouard Alexis.

Mme Alexis est une vraie Marie Jeanne. A l'instar de Mademoiselle Sandrine de la Croix des Bossales, un beau matin elle n'a pas hésité à descendre au Ministère de l'Éducation nationale pour tirer sa rigoise de son sac et rouer de coups une secrétaire qu'on accuse d'être la maîtresse de son mari. Elle ne lésine pas devant les moyens à prendre pour sauvegarder ce qu'elle a acquis à la sueur de son front. D'un juste courroux elle vole au secours du Premier Ministre en lui demandant de ne plus signer sa lettre de démission. Le 28 février 2008 la Chambre des députés avait donné un vote de confiance au Chef du Gouvernement. Il n'y a plus de provisions légales pour accorder un vote de censure à son mari. Il s'agit d'un abus de pouvoir et
d'un affront qu'on veut faire à son mari qui s'est tant fatigué pour faire de René Préval ce qu'il est devenu. Aujourd'hui il est payé en monnaie de singe. Les arguments de Mme Alexis sont judicieux.


S'il est vrai que la destitution du Premier Ministre est un acte illégal et inconstitutionnel mais le renvoi du Sénateur Rudolph Boulos l'est aussi. Il s'agit d'un antécédent malheureux que Jacques Édouard Alexis devait éviter. La sociologie haïtienne nous enseigne qu'il ne faut jamais apprendre à un singe à lancer des pierres. Vous serez sa première victime. En effet Alexis ne s'attendait pas à se retrouver aussi vite sur le banc des accusés, devant les mêmes macaques qui viennent de manger sa banane et qui se réjouissent de lui casser froidement la tête. En Haïti le pouvoir qu'il soit économique ou politique est attaché à un fil d'araignée. Dans l'espace d'un cillement on peut tout perdre, maison, voiture, magasin etc. Tout le monde est passible du supplice du collier. Même Palais National est sujet au déchouquage. Vaut mieux faire preuve de sagesse dans l'exercice des fonctions publiques en observant les codes de loi.


La résistance de Mme Alexis et sa farouche détermination à porter son mari à garder son poste sont justifiées par le fait qu'elle dirige une Fondation financée à même les caisses de l'État. Elle sera très embarrassée si on lui demande compte de sa gestion. Elle doit surtout éviter de faire le gros dos puisque sa moustache est encore blanche du lait de la Primature. Mimi est un très beau nom mais c'est ainsi qu'on nomme tous les voleurs. Si la Prima Dona insiste et persiste, le Commissaire Claudy Gassant si prompt au devoir bientôt lui décernera un mandat de comparution afin de donner des explications sur cette caisse noire de la Primature qui devrait servir au lancement de la candidature de Jacques Edouard Alexis. Ce même Pot de Chambre qui lui avait donné un vote de confiance le 28 février et qui vient de le renvoyer le samedi 12 avril va dresser une mise en accusation en bonne et due forme. Le PM se présentera devant la Haute Cour de Justice. Il n'y a pas de demi-mesures en politique haïtienne ou bien on est IN ou bien on est OUT.

Le refus de Jacques Edouard Alexis de laisser la Villa d'Accueil va compliquer la situation. Jacques Edouard Alexis n'est pas un enfant de chœur. Il fut l'artificier de la bombe qui avait paniqué le cortège
présidentiel dans les environs de la Cathédrale peu de temps avant le départ de Jean Claude Duvalier. Il est impliqué avec Paul Déjean dans l'explosion qui a eu lieu en décembre 1990 sur la route de Pétion-Ville
lors des campagnes de Jean Bertrand Aristide. Pyromane il l'est! Il est l'auteur intellectuel de la prise de l'hôtel Montana pour exiger du CEP la publication des résultats des élections et déclarer René Préval vainqueur avec les votes blancs interdits par la loi. La Constitution de 1987 est-elle un accordéon que l'on ouvre et ferme à volonté pour écouter la musique que l'on désire. Aujourd'hui il revient au Premier Ministre de récolter ce qu'il a lui-même semé c'est-à-dire l'inconstitutionnalité des décisions politiques.


Fort de son passé d'activiste et doublé d'une femme qui n'a pas froid à l'œil, Jacques Edouard Alexis refuse de jeter ses gants. Ce n'est pas l'argent qui lui manque ni des sicaires. Son alliance avec les diplomates du béton n'est un secret pour personne. Cette accalmie apparente de ce week-end est encore plus dangereuse. S'agit-il d'un retrait stratégique? Il est un fait certain qu'il y aura du grabuge. La confrontation est inévitable. Les Ambassades américaine, française et de presque tous pays accrédités en Haïti ont émis un communiqué annonçant la fermeture des services consulaires jusqu'à nouvel ordre. Elles demandent à leurs ressortissants de surseoir leurs voyages sur la terre volcanique d'Haïti. Pourquoi toutes ces précautions si elles n'avaient pas flairé l'odeur d'un éclatement au TNT ou Trinitrotoluène?


Le torchon brûle entre Jacques Edouard Alexis, René Préval et Jean Bertrand Aristide. Le Premier Ministre déposé n'entend pas avaler cette couleuvre. C'est l'effondrement total de son projet de succession. Le Président proclamé René Préval qui avait fait pourtant la promesse formelle au Club de Bourdon de faire d'Alexis son dauphin a maintenant son propre candidat. Les hommes politiques sont le plus souvent sincères mais sous la pression des circonstances ils se voient obligés de changer d'attitude, affirme Toussaint Louverture pour expliquer son revirement dans le camp des Français. Le Président kidnappé Jean Bertrand Aristide ne s'en remet pas encore de sa blessure et entend jouir de son droit d'aînesse. De son lointain exil africain par remote control il dirige les événements politiques haïtiens. Les manifestations contre la faim ont vite pris une vitesse turbo sous la patine de ses lieutenants : Père Jean Juste et Sô Anne. En un temps record cette puissante machine de destruction a réduit en masure la résidence du PM, les maisons avoisinantes et certains magasins. Les cyclones qui frappent ordinairement Haïti n'ont jamais eu une telle ampleur ni commis de tels dégâts dans un délai aussi court.


Le fauteuil présidentiel devient une chaise musicale autour de laquelle rodent avec astuce les prétendants qui se bousculent. Le premier qui y aura déposé son séant sera le vainqueur. Dans leurs sarabandes ils ne se
rendent pas compte de la présence d'un émissaire américain, délégué sur place pour arbitrer ce match qui s'annonce trop passionné et trop dangereux pour le reste du Corps Social. Le peuple nécessiteux meurt de faim dans l'indifférence de ses dirigeants politiques. Si la décision illégale de la Chambre des Députés a renvoyé Alexis mais la famine le principal objet de sa contestation demeure encore. Le Président René Préval est dépassé par l'ampleur des événements. Au nom de la morale sociale, ce spectacle devient inacceptable aux portes de l'Amérique. Tous les écrans du Monde projettent le drame qui se déroule en Haïti mettant nos ressortissants de la diaspora dans des postures vraiment difficiles sur leurs lieux de travail. En voulant tout avoir ils vont tout perdre.

Alexis jure qu'il n'ira pas seul.

De l'Espoir au chaos par Nancy Roc

De l’Espoir au chaos

Pendant près d’une semaine, Haïti a été secouée par de violentes manifestations contre « la vie chère », qui se sont très vite transformées en véritables émeutes de la faim et en scènes de pillage. Si Les Cayes, ville réputée calme, a été le surprenant détonateur d’une colère populaire prévisible, Port-au-Prince aura vécu des heures de terreur, notamment le 8 avril 2008, rappelant les pires moments de l’anarcho-populisme lavalassien. Au lendemain de ce chaos généralisé engendré par le laxisme des autorités face à la flambée des prix des produits de première nécessité sur le marché local et international, le premier bilan partiel est lourd : au moins 5 morts, une soixantaine de blessés et des dégâts matériels estimés à plus de 10 millions de dollars américains[1][1] au moment où nous rédigeons ce texte. Pendant plus de 72 heures, le pays et sa diaspora sont restés dans l’attente d’une réaction du président René Préval : une attente insupportable qui s’est soldée, le 9 avril, par un discours creux d’une quinzaine de minutes du chef de l’État qui n’a apporté aucune solution concrète et urgente à la souffrance du peuple haïtien. Malgré son appel au calme, on retiendra que René Préval n’a pas condamné les pillages et actes de violence perpétrés par des vandales qui ont infiltré les manifestants qui criaient légitimement leur colère et frustration. Les propos du chef de l’État ont attisé la colère des manifestants qui exigent désormais avec des partis politiques et des parlementaires la démission du premier ministre.

En attendant, la politique économique menée ces vingt dernières années - dont 17 ans de régime lavalassien- et l’irresponsabilité des autorités en place sont en train de mener le rafiot haïtien au naufrage. Le reste du secteur privé, déjà durement éprouvé sous le régime d’Aristide II, restera-t-il au pays après ce nouveau revers à ses investissements ? Le silence du président a-t-il fait preuve de complaisance ou de complicité avec le chaos orchestré par les casseurs ? Qui menait ces derniers et à qui profite ce chaos ? Quelles sont les leçons à tirer de la colère du peuple haïtien aujourd’hui ? Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre dans ce texte.

Une République de farceurs

Depuis le 1er avril dernier, de nombreuses manifestations contre la vie chère ont été enregistrées en Afrique : de Douala (Cameroun) à Abidjan (Côte d'Ivoire) et du Caire (Égypte) à Dakar (Sénégal), de Rabat (Maroc) à Mbabane (Zwaziland), les manifestations de rues ont ébranlé les capitales africaines contraignant les gouvernants à prendre des mesures pour contrôler les prix des produits des matières agricoles. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), ils ont augmenté de près de 40 % en 2007 au niveau mondial. Le prix du blé est au plus haut depuis vingt-huit ans, celui du maïs, du riz, du soja, du colza ou de l'huile de palme a doublé, voire triplé, en deux ans au grand dam des populations pauvres dont les revenus ne progressaient pas autant[2][2]. La situation est tellement critique que le 2 avril, par la voix de son président, Robert Zoellick, la Banque mondiale a décrété qu'il fallait de toute urgence lancer un « new deal » alimentaire pour éviter que 33 pays connaissent des troubles politiques et sociaux[3][3]. La hausse des prix des produits agricoles a des causes multiples : elle est due, entre autres, « à une demande accrue des pays émergents suscitée par la poussée démographique, mais aussi par une hausse du niveau de vie en Asie. Le monde agricole n'a pas pu suivre cette poussée de la demande, car les terres se raréfient en raison de l'urbanisation accélérée, en Chine comme en Inde, et à cause d'une productivité agricole toujours insuffisante dans les pays en développement. Le réchauffement climatique contribue à aggraver les phénomènes de sécheresse ou d'inondation qui détruisent les récoltes. La hausse des prix de l'énergie a provoqué celle des intrants (semences, pesticides, engrais)[4][4]». Quant au riz, crucial pour les Haïtiens, son prix a augmenté de 30% en deux semaines- « du jamais-vu», selon Patricio Mendez del Villar, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)[5][5]. La colère du peuple haïtien vient donc s’ajouter à celle des pays africains mais aussi des Philippines et de l’Argentine.

Il est clair que, en raison de la dépendance alimentaire d’Haïti, le pays ne pouvait échapper à cette crise mondiale. Toutefois, la sonnette d’alarme avait été tirée depuis longtemps par de nombreux experts et journalistes : il fallait accorder la priorité à la sécurité et à la relance de la production nationale. Le gouvernement Préval/Alexis, tout en ayant formulé le même vœu depuis 2006, n’a toutefois pris aucune mesure concrète pour le matérialiser. L’urgence a été accordée à la stabilité politique- nécessaire certes- mais le gouvernement a aussi commis une grave erreur, comme nous l’avons souligné dans notre dernier grand dossier[6][6] : il a tout misé sur l’aide internationale pour faire face aux exigences économiques nationales. Pire ! Il s’est soumis aux diktats de la communauté internationale qui ont «guidé» un président élu sans programme économique. Quant à Jacques Édouard Alexis, sans doute trop préoccupé par ses aspirations présidentielles pour 2011, il n’a fait montre d’aucune vision et encore moins de leadership. Résultats : après le départ d’Edmond Mulet[7][7], les gangs se sont reformés, les kidnappings ont resurgi et le coût de la vie n’a cessé d’augmenter sans aucune intervention du gouvernement.

Parallèlement, le Parlement s’est enlisé dans une cascade de scandales et est devenu- notamment pour certains voleurs, « politicailleurs» à la recherche de gains faciles et trafiquants de drogue notoires- un précieux refuge où, sous immunité parlementaire, on se prête à toutes sortes de manipulations et d’exactions. L’interpellation du Premier ministre par la Chambre Basse, il y a environ un mois, n’a servi de leçons ni à celui-là ni à celle-ci. Le reste fait désormais partie de l’Histoire : le vote de confiance accordé par les députés à Alexis, le 28 février, a été sanctionné par le peuple qui a pillé la maison du Premier ministre et fait fuir les députés lundi dernier alors qu’ils voulaient tenir séance suite à l’insurrection de la ville des Cayes. Quant au président qui avait invité la population à venir le chercher si elle descendait dans la rue, il aurait eu de sérieuses sueurs froides sans la présence des 12 chars de la MINUSTAH qui ont sécurisé le Palais lorsque sa barrière a été écrasée par les manifestants ! Le mépris des dirigeants envers la population se paye donc de plus en plus cher et le peuple n’est plus dupe des élus ou des pseudo responsables qui se servent plutôt que de servir. Aujourd’hui, le «chlorox»[8][8] qui brûle l’estomac du peuple a aussi répandu son acide sur les plus hautes autorités du pays qui, hier, se réclamaient de la gauche dure et pratiquent depuis des années une politique néolibérale.

Le 5 avril, Jacques Édouard Alexis a vainement essayé de désamorcer la bombe. Suite à l’insurrection aux Cayes, il a déclaré que les manifestations avaient été infiltrées par des trafiquants de drogue, contrebandiers et des violateurs de la Constitution pour semer la pagaille. L’annonce de l’injection rapide de 400 millions de gourdes dans des projets pour aider la population à faire face au chômage et à la cherté de la vie n’a eu aucun effet. Pour huit millions d’habitants affamés, cela équivaut à 50 gourdes par personne, soit moins de $ 2 US ! La patiente impatience du peuple a donc explosé pour aboutir au chaos vécu cette semaine. Même la MINUSTAH n’a pas échappé aux attaques du peuple. La République des farceurs, trompeurs, voleurs et kidnappeurs n’est plus qu’un rafiot prêt à faire naufrage…

Le spectre d’Aristide

Si le premier ministre a accusé les trafiquants de drogue et autres d’être derrière l’insurrection de la troisième ville du pays, il est étonnant de constater que des informations sûres faisant état de l’implication d’Aristide dans l’infiltration des manifestations n’aient pas été véhiculées par la presse. En effet, les attaques contre cette dernière ont constitué un premier indice aux observateurs car le peuple haïtien n’attaque pas les journalistes. Ensuite, des slogans figurant sur les pancartes de certains groupes rappelaient étrangement la dialectique lavalassienne : « boujwazi ap fè profi», « laprès ap fè pwezi »[9][9]. La spontanéité et la violence des pillages et des casseurs en ont surpris plus d’un, mais cette violence rappelait aussi les jours sombres qui ont suivi le départ d’Aristide en février 2004. L’attaque et le pillage du local d’Air France ont constitué un autre indice important. En effet, les manifestants ont déclaré au micro des journalistes que c’était « parce que la France avait fait partir Aristide » qu’ils agissaient ainsi. Dès lors, nous avons mené une enquête et des sources dignes de foi nous ont révélé qu’Annette Auguste alias Sò Ann et le Père Gérard Jean Juste auraient organisé une réunion avec leurs partisans aux Cayes avant l’insurrection du 3 avril et le dimanche 6 avril à Cité Soleil, 24h avant que la violence saccage la capitale. Les attaques contre les bâtiments des services publics, les hôpitaux, les viols, la rage envers les entreprises privées mais aussi envers les petites marchandes ne caractérisent pas le peuple haïtien, même en colère, mais constituent des « actes de terrorisme », a finalement souligné un communiqué du Conseil de Sécurité de la Police Nationale (CSPN) au petit matin du 10 avril. Enfin, une source sûre, issue des plus hautes autorités des Nations unies à New York, nous a confirmé ce qui suit le 8 avril : « tout ce qui arrive maintenant est l'œuvre de Lavalas (...) depuis des mois des agents payés par l'exilé en Afrique du Sud parcourent le pays, organisent des cellules et se préparent politiquement. La situation de « la vie chère » (…) tombe à pic en Haïti pour ces activistes de la démagogie qui en profitent pour créer le chaos. Il est vrai aussi que dans certaines villes, comme Les Cayes, les trafiquants de drogue ont peur car les américains s'installent dans une nouvelle base maritime qui va leur causer des problèmes, (…) Lavalas, pauvreté, trafiquants. .. et autres, ont intérêt à ce que le processus n'avance pas.» La main cachée et armée évoquée par les autorités haïtiennes n’a pas hésité non plus à attaquer la MINUSTAH faisant resurgir la nécessité de constituer des forces de l’ordre nationales adéquates. Aux Cayes, tous les agents de compagnies de sécurité privées ont été désarmés et leurs armes réapparaissaient peu après entre les mains d’individus cagoulés constitués en véritables commandos montés sur des véhicules tout terrain[10][10]. L’héritage empoisonné d’Aristide a et aura encore de lourdes conséquences sur la conjoncture haïtienne et l’Espoir[11][11] de René Préval n’a débouché que sur le désespoir. La libération systématique de la majorité des activistes lavalassiens tels qu’Annette Auguste, Père Gérard Jean Juste, René Civil ou le retour au pays de nombreux partisans zélés tels Mario Dupuis ont facilité l’œuvre de l’ex-dictateur à un tel point qu’aujourd’hui la question suivante n’est pas à écarter : le silence du chef de l’État a-t-il constitué une preuve de complaisance ou de complicité? D’autre part, l’État ayant pour mission de garantir la sécurité des vies et des biens, ne devrait-il pas dédommager les commerçants lésés ?

Un avenir sombre pour Haïti

La situation qui se développe depuis le 3 avril ne peut qu’entraîner le pays vers davantage de misère et fera fuir tout investisseur local ou étranger pour le reste du mandat de Préval. Aristide avait toujours prôné que sans lui ce serait le chaos et le populisme de misère n’a pas fini d’engouffrer Haïti dans une misère abyssale et d’empêcher toute avancée du pays vers un quelconque progrès. La faiblesse et les tâtonnements du gouvernement Préval/Alexis ne font que profiter au Parti Lavalas qui, nous l’avons toujours souligné, dispose d’une machine destructrice très bien huilée et largement financée.

Le discours du chef de l’État n’a pas convaincu la population et la démission d’Alexis est exigée tant par des partis politiques tels que La Fusion des sociaux-démocrates, le Grand Rassemblement pour l’Évolution d’Haïti (GREH), le Conseil National des partis politiques, Latibonit an Aksyon (LAA), le Mouvement Chrétien pour une nouvelle Haïti (Mochrena) que par certains parlementaires. Un groupe de 16 sénateurs (sur 27) demande la démission du Premier ministre pour ce 12 avril, date à l’issue de laquelle ils promettent de lui décerner un vote de censure. En faisant sauter ce fusible, cela changera-t-il la situation ? En effet, selon nos sources, le silence du président a aussi été dû aux tractations pour remplacer Jacques Édouard Alexis et des noms tels que Paul Denis et Evans Lescouflair sont déjà évoqués pour remplacer le locataire de la Primature.

L’avenir d’Haïti s’assombrit une fois de plus et nous venons encore de régresser. Ce pays sera-t-il éternellement un trou sans fond ? Alors que beaucoup veulent déjà le quitter, notre projection faite en face du porte-parole de Lavalas, Jonas Petit, dans les studios de Radio Métropole en 2000, nous revient à la mémoire : nous lui avions dit que si la politique de destruction et d’exclusion de Lavalas se poursuivait, Haïti deviendrait un grand rocher déboisé, peuplé d’analphabètes et de gangsters. En effet, le Parti Lavalas a toujours prôné- au début, à juste titre- que le peuple avait été exclu. Qu’à fait ce Parti depuis ? Il a exclu la bourgeoisie, l’intelligence et la tolérance. Il a fait assassiner et/ou exiler les meilleurs journalistes et son esprit populiste insidieux s’est infiltré puis incrusté à tous les niveaux de la société, y compris une partie de la presse. Celle-ci, en place et lieu de se former pour pratiquer un journalisme responsable dans un pays fragile, s’érige en tribunes populaires sensationnalistes en attisant les divisions de la société. Lors de la dernière conférence-débat organisée le 22 février dernier par le Groupe Média Alternatif autour du thème « Éthique journalistique aujourd’hui en Haïti : Pratiques et défis », Marvel Dandin, directeur de l’information de Radio Kiskeya, s’était interrogé sur la capacité de « nos journalistes» à appliquer les «principes les plus élémentaires » qui régissent la profession. Pour ce journaliste de carrière, les bases de l’éthique ne sont plus respectées. « Il y a péril en la demeure », avait-t-il estimé[12][12]. Ce péril est d’autant plus déplorable, qu’une fois de plus cette semaine, des confrères photographes et des médias ont été victimes de la furie populiste alors qu’ils essayaient de faire leur travail malgré le danger qui prévalait dans les rues. Tout le monde sait que ces attaques contre la presse n’ont pas été perpétrées par le peuple haïtien affamé mais bien par des terroristes.

Jodi’a, sa rèd [13][13]! L’heure est grave, très grave ! En effet, lorsque le rapport de la Banque mondiale souligne que 83% des cerveaux haïtiens se trouvent à l’extérieur, que reste-t-il dans le pays ? Des innocents croupissant dans la misère, des politiciens véreux, des gangsters, des démagogues, des voleurs, des violeurs et des kidnappeurs. Aujourd’hui, la minorité des investisseurs- dont de nombreux nouveaux et jeunes entrepreneurs- qui a eu le courage de continuer à investir dans le pays et à travailler dur, a été une fois de plus – et sans doute une fois de trop- victime sans que l’État lève les bras. Qui donnera des emplois à la majorité lorsque cette minorité s’en ira elle aussi ? René Préval et tous les Haïtiens auront-t-ils le courage de se ressaisir ?

Au moment où nous parachevons ce texte, un calme précaire semble s’installer à travers le pays et la tempête semble vouloir s’apaiser avec la fatigue de la population. Les réserves de nourriture et d’essence s’épuisent et les Haïtiens doivent se réapprovisionner. Aprè bal, tanbou lou[14][14]Malgré l’attaque contre Air France, le ministère français des Affaires étrangères a annoncé, le 10 avril, l'octroi à Haïti d'une aide d'un million d'euros dont 800.000 d'aide alimentaire, a fait savoir le Quai d'Orsay dans un communiqué[15][15]. L’OEA a aussi annoncé une aide d’urgence d’un million de dollars américains. Le même jour, le président de la Banque mondiale a réorienté les politiques de cette institution au profit de l'agriculture et de la lutte contre le réchauffement climatique. « La Banque mondiale, qui était un simple distributeur de prêts (…) doit devenir un système financier dédié aux populations les plus pauvres »[16][16], a déclaré Robert Zoellick. Dans un communiqué publié le 9 avril, le RNDDH[17][17], a demandé au pouvoir en place de « revoir son orientation économique, de cesser de se faire dicter sa conduite par le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, et d’appliquer une politique économique sociale prenant en compte les revendications et les intérêts de la population »[18][18]. Certains économistes estiment désormais à près de 100 millions de dollars américains les pertes enregistrées au cours de cette semaine : Port-au-Prince saccagée, Pétion-Ville à moitié détruite, 22 stations de gazoline attaquées, d’innombrables magasins pillés, des morts, des blessés etc. Toute cette destruction a eu lieu sans une intervention de l’État et sous le laxisme complice des forces de l’ordre pendant 72 heures. Entre l’irresponsabilité de nos dirigeants et notre esprit autodestructeur, pourrons-nous jamais renaître de nos cendres ?

Nancy Roc, Montréal le 11 avril 2008.

Haïti - Derrière les émeutes, le spectre d'Aristide

Assiste-t-on à une tentative de renversement du gouvernement ?

Les manifestants à Port-au-Prince ont reconstruit mercredi les barrages que les forces de l'ordre avaient été détruits au cours de la nuit.

Photo: Agence Reuters

Depuis quelques jours en Haïti, les groupes criminels des quartiers populaires ont repris le contrôle des rues. Historiquement très liées au parti Lavalas, des émeutes pro-Aristide seraient en grande partie responsables des violences qui ont assombri les manifestations contre la faim apparues il y a dix jours. On soupçonne aujourd'hui l'existence d'une tentative planifiée de faire tomber le gouvernement du premier ministre Jaques-Édouard Alexis.

Dans les rues assiégées de Petit-Goâve, un étal de fortune nommé Marché Clorox affichait mardi dernier un prix de vente de plusieurs centaines de dollars pour chaque sac fictif de céréales. La célèbre marque de blanchisseur Clorox est maintenant devenue le symbole des manifestations contre la hausse du coût de la vie. Elle fait référence à une expression populaire assimilant le goût de ce produit à la sensation de faim.


Comme au Salvador, au Cameroun, au Burkina Faso ou en Indonésie, la majorité de la population haïtienne, qui vit sous le seuil de la pauvreté, a subi une importante augmentation du prix des produits de base depuis le début de l'année, surtout celui du pétrole et des céréales. Le sac de riz est ainsi passé, selon l'agence de presse haïtienne HPN, de 750 à plus de 1150 gourdes (de 20 $ à plus de 30 $ environ). Le prix de la marmite de pois serait passé de 125 à 225 gourdes.

Dans un appel au calme lancé mercredi, le président René Préval a surtout montré du doigt les marchés mondiaux, les jugeant responsables de ces hausses. Il a rappelé la nécessité de reconstruire l'agriculture haïtienne, détruite notamment par l'importation massive du riz depuis la fin des années 80.

«Les manifestations qui se sont déroulées à travers les rues de la capitale et de plusieurs villes de province ont surtout été motivées, dans un premier temps, par le désir de lutter contre la vie chère, rapporte le journaliste et photographe Roberto Isaac, de l'agence HPN. Les manifestants demandaient de réduire les prix des produits de première nécessité pour pouvoir se procurer quelque chose à manger. Mais rapidement, cela a pris une tout autre tournure.»

Du vandalisme orchestré


Entamées aux Cayes le 3 avril, ces manifestations, le plus souvent pacifiques, ont rapidement laissé place à des actes de vandalisme orchestrés, selon certains, afin de paralyser le pays et de faire tomber le gouvernement. Le premier ministre Jacques-Édouard Alexis a accusé au départ les trafiquants de drogue. Depuis les émeutes majeures de Port-au-Prince mardi et mercredi, plusieurs casseurs semblent s'afficher comme partisans de l'ancien président Aristide.

«À Port-au-Prince, de nouveaux manifestants issus des groupes organisés de quartiers populaires liés à la Famille Lavalas [le parti d'Aristide] ont montré qu'on assistait à un travail systématique mené par les groupes d'Aristide», affirme le sociologue Laenec Hurbon. Cela s'est d'ailleurs confirmé cette semaine dans les autres villes bloquées le jour par des barricades. Bien que le vandalisme ait cessé à Port-au-Prince depuis mardi, la ville est morte: l'électricité et l'essence n'y sont plus disponibles. Des barricades de fortune étaient encore érigées avant-hier dans quelques villes du pays et les gens attendent une réponse du gouvernement à la menace de destitution du premier ministre par un groupe de sénateurs.


Un lourd passé


Les partisans de la Famille Lavalas ont fait un appel public à des manifestations pacifiques, mais il est connu de tous que, par le passé, ils ont organisé des manifestations violentes grâce au soutien de bandes criminelles des quartiers populaires.



Une forte baisse du respect des droits fondamentaux avait d'ailleurs marqué le dernier passage d'Aristide à la présidence de 2000 à 2004 (élections truquées, liberté d'expression bafouée). À l'époque, plusieurs gangs de jeunes criminels s'en étaient pris violemment à des personnes et groupes critiques des politiques d'Aristide.

«Ils ont toujours procédé ainsi, poursuit M. Hurbon, chercheur affilié au Centre national de recherche scientifique de Paris (CNRS). Si vous lisez bien le message [du nouvel an 2008] d'Aristide, celui-ci demande "même amour", expression signifiant un renforcement des luttes et des pratiques dures contre le régime de Préval afin d'obtenir son propre retour, l'unique solution, selon les lavalistes, pour remédier aux problèmes du pays.»


«Dans les pratiques lavalassiennes, poursuit-il, le mot "pacifique" signifie qu'on peut attaquer les maisons: toute personne qui n'est pas de Lavalas est considérée comme un bourgeois et un riche. Autrement dit, derrière les manifestations des gens qui effectivement ont faim et demandent une baisse des prix des produits de première nécessité, il y a tout un militantisme politique de groupes lavalassiens liés à Aristide qui demandent son retour. Derrière la question sociale, il y a une question politique.»


Mardi, Port-au-Prince a vécu sa plus forte journée de vandalisme depuis l'époque d'Aristide: des magasins, des stations-services, des banques et des médias ont subi un pillage systématique. Mercredi, le chic quartier de Pétion-Ville a aussi connu des actes de saccage. «En Haïti, rien ne se fait par hasard, affirme Roberto Isaac, de HPN. Quelques groupes de personnes ont tenté de s'approprier le mouvement et les gens ne manifestent plus dans les rues pour une réduction des prix des produits; ils s'en sont pris à certains magasins et commerces. C'était la même situation en 2004.»


«Certaines informations nous portent à croire qu'il y a eu une réunion à Cité-Soleil pendant la nuit [de lundi à mardi dernier] pour planifier la journée [suivante]. Je n'étais pas sur place, je n'ai donc pas pu vérifier cette information, mais il semble que certains dirigeants du parti Famille Lavalas, Sò Anne et le père Jean Juste, auraient tenté d'attiser le mouvement.»


Certains groupes du centre-ville de la capitale auraient aussi demandé la levée de tous les contrôles douaniers, mesure qui profiterait aux importateurs, eux-mêmes souvent très proches des mouvances politiques. Le président de la République a d'ailleurs rejeté cette demande lors de son discours mercredi.

Stabilité

Au moment de son accession au pouvoir en 2006, le président René Préval affirmait que ses priorités étaient la sécurité et la lutte contre la corruption, qui permettraient d'attirer les investissements en Haïti et de relancer l'économie. Symbole et fierté de sa présidence, cette stabilité a été ébranlée pour la première fois à Port-au-Prince mardi et en province par la suite.

Depuis le début des troubles, «le gouvernement n'a pas été en phase avec les attentes et les angoisses de la population, explique M. Hurbon sur un ton enflammé. Nous avons assisté à une sorte de disparition, d'effondrement de l'État. Quand la foule n'a pas de bornes et quand tout est possible en politique, cela veut dire que nous sommes en plein danger, en pleine sauvagerie, en pleine barbarie. C'est ce qui est arrivé. Et Préval n'a pas répondu à l'attente de la population.»

Bien que des améliorations ont été apportées récemment à la liberté d'expression et aux droits des femmes, aucune avancée socioéconomique notable ne semble avoir été enregistrée dans le pays depuis la fin du régime dictatorial de la famille Duvalier en 1986.


«Si, effectivement, les manifestants n'avaient vraiment qu'une demande socioéconomique, ils auraient compris qu'il ne faut pas mettre à sac l'ensemble des magasins, des maisons de commerce, précise Hurbon. Ils n'auraient pas attaqué des ministères et des institutions qui n'ont rien à voir avec le problème. Autrement dit, le pays risque de s'enfoncer d'avantage dans la misère, la pauvreté, parce qu'il y aura moins d'investissements après ce qui s'est passé. C'est ça, le fond de l'affaire. C'est la réaction du gouvernement qui me pose problème: il aurait dû comprendre qu'il ne pouvait pas s'éclipser pendant deux jours et attendre pour intervenir. Il aurait dû expliquer que la loi doit assurer la sécurité de la population au quotidien. Dans la journée [de mardi], l'État s'est effondré, puisque tout était possible. Et c'est très dangereux puisque la sécurité n'existe plus pour personne, chacun est obligé de s'enfermer chez soi, et la foule devient ce qu'on appelle une populace.»

Collaboration spéciale

samedi 12 avril 2008

Le premier ministre Jacques Edouard Alexis renvoyé par le Sénat

Ex-Premier Ministre Jacques-Edouard Alexis

Sa carrière politique n’a pas pour autant pris fin, laisse-t-il entendre


samedi 12 avril 2008
,

Le Sénat haïtien a voté samedi une motion de censure contre le premier ministre Jacques Edouard Alexis, 22 mois après l’accession de ce dernier pour la seconde fois à ce poste. Il avait en effet occupé le même poste lors du premier mandat présidentiel de René Préval (1996-2001).

Cette décision survient au lendemain de violentes manifestations contre la vie chère enregistrées à Port-au-Prince et en province. Les 16 sénateurs présents qui avaient initié la démarche d’interpellation ont estimé que ces manifestations constituaient un désaveu public de la politique économique du gouvernement.

Intervenant à la tribune avant le vote, Jacques Edouard Alexis a dénoncé « la sommation de démission » qu’il avait reçue avant la lettre d’interpellation signée du président du Sénat. Il a jugé « irrecevable et contre productive une telle adresse au niveau de l’Etat ».

Il a rapidement souligné les points qu’il juge à son actif, dont l’amélioration du climat de sécurité ; l’assainissement des finances publiques ; la lutte contre la contrebande, la corruption et toutes sortes de trafic. Il a aussi mis l’accent sur la stabilité macro-économique, l’initiative en faveur de la réduction de la dette extérieure du pays, l’élaboration d’une stratégie de réduction de la pauvreté, le renforcement de la crédibilité du pays au niveau international, l’amélioration des infrastructures sociales et économiques.

Reconnaissant que de graves événements se sont effectivement produits la semaine dernière dans le pays, M. Alexis a imputé les violences à des casseurs dont, dit-il, les motivations étaient fort différentes de celles de la très large majorité des gens qui manifestaient légitimement contre la cherté de la vie. Il a en ce sens félicité les casques bleus de l’ONU et les policiers nationaux pour leurs efforts en vue de rétablir rapidement l’ordre.

Après avoir implicitement annoncé la poursuite de sa carrière politique en promettant au peuple de ne jamais l’abandonner en chemin, M. Alexis a réaffirmé ses convictions citoyennes et démocratiques. A ces mots, il a souhaité ne plus faire de déclaration, refusant donc tout débat et invitant les sénateurs à assumer leurs responsabilités.

Le vote unanime est alors tombé tel un couperet, renvoyant l’équipe gouvernementale dont certains membres présents ont dissimulé avec difficulté leur émotion. Quant à M. Alexis, il a sollicité la parole pour la dernière fois rien que pour souhaiter bon travail aux sénateurs. [jmd/RK]

vendredi 11 avril 2008

LA REVOLUTION (TRANQUILLE) HAITIENNE (175)

Dr Gérard Etienne.

Mise en exergue. A partir d’un certain point, il n’y a plus de retour .C’est ce point qu’il faut atteindre. (Frantz Kafka)

Les manifestations des meurt –de- faim aux Cayes jeudi et vendredi dernier peuvent être interprétées par nos éternels pessimistes comme un écran de fumée cachant un feu de bois qui risque de s’éteindre sous les premières gouttes d’une fine pluie. Cette interprétation n’est pas superficielle dans la mesure où le régime lavalassien trouve toujours un moyen de dénouer les crises sociopolitiques quand il se sent vraiment menacé ou qu’il est sur le point de perdre sa base,entendons les producteurs de la TERREUR ou les terroristes urbains .Nous savons qu’à eux seuls ces terroristes peuvent CONDITIONNER toute une population par la désinformation, par le crime,par les mensonges,par la menace,par des actes criminels comme l’incendie des ajoupas dans la plaine,l’incendie des résidences privées des citoyens soupçonnés d’être les éclaireurs d’une masse qui n’en peut plus. Et pour ajouter aux stratégies du pouvoir fasciste d’éteindre le feu de manière à se poser, aux yeux des grands Maître de l’Amérique du Nord et de l’Amérique du Sud comme la seule force capable de protéger les intérêts de l’impérialisme, et mieux encore, le commerce florissant de la drogue, le pouvoir réactionnaire s’appuiera sur la capacité de sa MINUSTAH de mettre à l’ordre des va-nu-pieds indignes de s’asseoir près du Monarque comme délégués des Arrondissements.


Cette hypothèse n’est pas un rêve chimérique. Déjà les gens d’armes blancs étrangers commencent à répliquer sauvagement aux cris de protestation contre la misère noire par des rafales de mitrailleuses qui auront fait un mort et plusieurs blessés .Cela veut dire que l’Armée de Préval entend protéger les officiers du Monarque contre les gestes jugés impropres de manifestants déambulant dans les rues à l’assaut des dépotoirs de céréales jalousement surveillés pour les gens du gouvernement. Ainsi Lavalasse retournerai à la vomissure qu’elle dénonçait depuis 1986, soit une armée d’occupation et de sanglante répression à travers le territoire. Sauf qu’au sein de cette armée, le peuple pouvait compter sur les services de grands professionnels qui n’étaient pas souchés au pouvoir politique, Dieu merci. Après de brillantes études à l’étranger, ces professionnels exerçaient leur métier au Corps d’aviation, au Corps de Transmission, au Corps de génie, au Corps médical, à la Marine nationale, au Corps des Pompiers, à l’Ecole militaire, et de bien d’autres services, comme la comptabilité, l’aménagement du territoire, la distribution des cadeaux aux enfants pauvres.


Mais Lavalas n’a jamais dit au peuple que les FADH n’étaient pas seulement un repère de bandits, que les sans aveux dont les actes révoltaient les classes moyennes formaient une clique uniquement au service du Président Monarque. Sur ce point, avec la MINUSTAH l’avalasse est retombée dans la même pourriture car la mission de cette Armée étrangère consiste tout simplement à assassiner de pauvres citoyens dont le crime réside dans une massive protestation contre la misère, contre une vie d’esclave, contre des conditions infra humaines qu’imposent un groupe de Bossales, sans identité. On en voit les conséquences désastreuses de la répression des gens d’armes du corps expéditionnaire de Prévale des personnes tuées, blessées par balles lors de nouvelles manifestations contre le totalitarisme de l’équipe lavalassienne.


Maintenant essayons de voir l’autre côté de la médaille en nous demandant si ces manifestations n’étaient que le début d’un grand mouvement national dont l’objectif vise tout simplement le départ d’une équipe d’hommes incapables de prendre en main les destinées d’une nation que même les grands esprits semblent abandonner Développons ce point de vue.


Gardons-nous de réagir aux événements sociaux comme en témoigne le comportement des hommes de pouvoir au pays .Quand une tempête se lève,se déchaîne et fait rage au point d’agiter la mer et de réduire toute une zone cultivée en masse de boue;;quand des milliers de voix affrontent des gens d’armes pour exprimer leur colère de passer des jours entiers,le ventre vide,les hommes de pouvoir se contentent de se gonfler la poitrine en disant à leurs subordonnés que le cri des laissés pour compte n’aura aucune suite vu la précision des armes lourdes et la totale indifférence de l’Oncle SAM aux manifestations populaires.


Bien sûr, bien sûr.Nul n’oserait sous-estimer une telle hypothèse. Mais attention! Une manifestation peut revêtir plusieurs formes. Elle peut être l’objet d’un défoulement passager, le temps de piller quelques dépôts de nourriture et de rentrer chez soi les bras chargés de victuailles. Elle peut être aussi une démonstration spontanée de mécontentement populaire vite apaisée soit par ceux qui l’ont allumée, soit par des gouvernementaux payés justement pour calmer complètement toute réaction populaire à un pouvoir dit établi. Cependant une manifestation peut bien passer de simple démonstration à une mobilisation générale .On est alors au seuil d’une révolution parce qu’il s’agit d’une insurrection à laquelle participe toute une communauté nationale .En d’autres termes si la manifestation de la troisième ville du pays fait tâche d’huile au point d’engager dans une lutte politique la population du Sud, du Plateau central, du Nord-est et du Nord-ouest, alors le pouvoir en place peut commencer à compter ses jours.


Cette réflexion découle de la situation catastrophique du pays. Environ six millions d’Haïtiens vivent dans la pauvreté absolue, dans la misère noire. Les enfants sont si affamés qu’ils ont le ventre ballonné. Même la jeune fille, comme nous l’avons déjà écrit, n’a pas la force de faire le trottoir, voire pour un malheureux père qui après avoir arpenté la capitale n’a rien trouvé pour donner à manger à une marmaille qui crève. Nous l’avons déjà dit : près de six millions d’êtres humains crient quotidiennement famine et ne savent à quel saint se vouer pour un gobelet de riz ou de pois. Si encore on pouvait espérer des lendemains meilleurs Mais plus s’écoulent les jours de misère, plus meurent les enfants à cause d’une famine généralisée .Or contrairement à ce que pensent les hommes de pouvoir et leurs domestique, pardon et les gros messieurs du Pentagone et de l’OEA, le peuple possède pas mal d’informations sur la fortune des arrivistes qui ne manquent pas une seule occasion d’exhiber leurs richesses flamboyantes.


A côté du peuple, faut-il bien placer des leaders religieux et aussi des leaders l d’opinion qui, depuis des années, font de leur mieux de manière à pointer, dans leurs régions respectives, les vrais assassins du peuple.


A côté de la situation apocalyptique d’Haïti, le pouvoir lavallière, en cas d’une mobilisation générale visant son renversement aura du mal à se faire épauler par l’international. Déjà un grand journal américain tire les premiers coups de canon en déclarant qu’Haïti vivait mieux sous l’ancien régime que sous les pouvoirs lavallières .Ensuite en déclarant que le pays a raté le train, le Secrétaire général de l’ONU fait savoir que son organisme n’interviendra pas pour étouffer quelque mouvement national de protestation. Preuve que les hommes de pouvoir doivent s’attendre à une insurrection à moins que la MINUSTAH réprime dans le sang les légitimes revendications du peuple .Si jamais le pays entier devant s’engager dans la voie de la révolution, alors il ne resterait qu’une solution à l’équipe dirigeante : partir pour laisser la place aux plus capables.

Dr Gérard Etienne.

jeudi 10 avril 2008

PILLAGE : INVESTISSEURS HAITIENS OU EST VOTRE ARMEE : CONSEQUENCES DE VOS INCONSEQUENCES?



Cyrus Sibert

Ing. Rhony Jean-Baptiste


Des soldats des Forces Armées d'Haiti étaient dans les rues le 29 mars 2008.


Les photos sont disponibles au bas de notre blog: www.reseaucitadelle.blogspot.com


L'issu de la séance d'interpellation du Premier Ministre jugera de l'utilité d'un engagement de la ville du Cap-Haïtien.


Manifestations contre la cherté de la vie au Cap-Haitien, le samedi 12 janvier 2008

D'après nos sources, les leaders du Nord attendent l'interpellation du Premier Ministre pour ce samedi avant de lancer un quelconque mouvement. L'issu de la séance jugera de l'utilité de l'engagement de la ville du Cap-Haïtien.

En 2004, les nordistes avaient souffert seuls dans un combat sans répit avec Aristide. Des infrastructures ont été détruites. Les capois attendent un règlement institutionnel de la crise. Au cas ou le Premier Ministre Jacques-Edouard Alexis déciderait de se rebeller contre le Pouvoir Législatif, le système politique constitutionnel, la Ville du Cap-Haïtien et la Ville des Gonaives seront de la partie.

Pour le moment nous observons de petites actions au Limbé, à Saint-Raphaël et ce 10 Avril 2008 à Ouanaminthe.

Moise Jean-Charles et le Maire de la ville du Cap-Haïtien Michel Saint-Croix font beaucoup de publicités vantant leurs initiatives dans des Quartiers populaires. A partir de lundi, on verra si le calme observé dans la ville résulte du leadership personnel de ces deux larrons.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
10 Avril 2008

Tension à Ouanaminthe

Par Solidarite Fwontalye / Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants

Transmis à AlterPresse le 9 avril 2008

Tôt dans la matinée de ce mercredi 9 avril 2008, les tensions ont véritablement commencé à Ouanaminthe. Partout dans les rues et les quartiers, on voit brûler des pneus. Les flammes font peur et obligent presque toutes les écoles ainsi que les banques à fermer temporairement afin d'éviter d'être victimes d'actes de vandalisme et de pillage des groupes en colère.

La présence des agents de la PNH et de la MINUSTAH est remarquée dans
certains endroits de la ville et spécialement devant les locaux abritant la douane de Ouanaminthe. La brigarde douanière semble ciblée par des membres de la population qui l'accusent de rendre difficiles les transactions douanières, alors qu'au fond, elle joue la carte de la corruption, déclarent-ils.

Une marchande déclare à Radio Power que des brigardiers ont déjà confisqué ses marchandises supposément interdites (oeufs, poules, et autres) pour les lui remettre après la fermeture du travail, c'est-à-dire le soir, loin des regards ou pour les négocier avec d'autres commerçants. Pour éviter le pire avec une population en colère, les agents de la PNH effectuent des patrouilles dans des zones sensibles.

À la base de cette situation : la montée vertigineuse des prix des produits de première nécessité. Cette situation qui règne actuellement à Ouanaminthe ne constitue pas un fait isolé, mais s'inscrit dans le cadre du soulèvement qui semble général dans le pays comme pour protester contre l'inaction du gouvernement sur la hausse des prix des produits de base pour la consommation.

Dans le Nord-est, la majorité des familles se trouve dans l'impossibilité de satisfaire ses besoins les plus élémentaires, comme la nourriture, les vêtements, etc.. La région a perdu depuis longtemps de sa potentialité en matière de développement agricole.
Les paysans préfèrent vendre leurs forces de travail aux cultivateurs dominicains au lieu de travailler leurs petits lopins de terre. Ils sont découragés parce qu'ils ne trouvent aucun encadrement de la part des responsables de l'Etat. Et pourtant, nous ne cessons pas de dire qu'Haïti est un pays essentiellement agricole.

Et comme résultat : la population du Nord-Est dépend pour une grande part des produits que fournit la République Dominicaine. On se demande s'il existe une politique de développement agricole en Haïti ; si c'est le cas, quel rôle y joue le ministère de l'agriculture et quelles sont les actions concrètes qu'il a déjà entreprises pour augmenter la capacité du pays au niveau de la production ? Aujourd'hui, c'est un scandale qu'après plus de 200 ans de notre indépendance, les Haïtiens continuent de crier famine.

Si rien n'est fait dans l'immédiat pour palier à cette situation de misère et de détresse, le pays sera intenable. "Solidarite Fwontalye / Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants", organisation de droits humains siégant à Ouanaminthe, lance un appel à l'investissement à grande échelle dans le secteur agricole en vue de relancer la production nationale et de procéder à la création d'emplois à haute intensité. Cet appel est d'abord adressé aux responsables de l'Etat et du gouvernement, et ensuite à tous les entrepreneurs du secteur privé qui croient et veulent un développement durable pour Haïti.

Solidarite Fwontalye / Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants (Haïti) Communication de la Section Migration.

Washington suspend les opérations de son ambassade à Port-au-Prince

WASHINGTON, 9 avril 2008 (AFP) -

Les Etats-Unis ont suspendu les opérations de leur ambassade à Port-au-Prince, en Haïti, en proie à de
violentes manifestations, a annoncé mercredi le porte-parole du département d'Etat Sean McCormack.

"Nous avons suspendu les opérations de l'ambassade à cause de certaines des violences et des manifestations qui se sont déroulées en Haïti", a déclaré le porte-parole.

Les activités de l'ambassade reprendront quand le calme sera rétabli, a-t-il ajouté.

Les activités à Port-au-Prince étaient paralysées mercredi, au lendemain de manifestations violentes contre le coût de la vie, et les Haïtiens attendaient un message de leur président, René Préval, resté silencieux depuis le début de la crise il y a une semaine.

Des barricades ont été à nouveau érigées dans différents quartiers par des groupes de jeunes, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Nous essayons de gérer la situation, nos policiers sont en train d'éteindre les incendies allumés dans les barricades (souvent faites de vieux pneus) qui encombrent les rues", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police haïtienne, Frantz Lerebours. "Nous réprimerons les pillages", a-t-il prévenu.

Le chef de l'Etat haïtien, qui ne s'est pas prononcé depuis le début des émeutes qui ont fait cinq morts par balles dans la ville des Cayes (sud) et une quarantaine de blessés, a réuni mardi soir des responsables du Parlement, a-t-on ajouté de même source.

Mardi, à sa demande, la Mission de stabilisation de l'ONU en Haïti (Minustah) a déployé des blindés autour du palais présidentiel, menacé d'être envahi par des manifestants dénonçant l'envolée des prix de produits alimentaires. Mercredi, les Casques bleus étaient toujours présents et des hélicoptères de l'ONU tournaient dans le ciel.

Du Discours du Président René Préval

Le Président René Préval

Port-au-Prince le, 09 Avril 08

Haïti manifestations :

http://www.omegamil itaryconsultant. com/news/ publish/article_ 1805.html

Le Président de la République Monsieur René Préval réclame 3.000 gourdes sur un salaire de 30.000 gourdes pour supporter les plus pauvres :


Il y a quelques instants le Président de la République Son Excellence Monsieur René Préval vient de s’adresser à la population dans longue allocution qui risque de provoquer des remous dans les rangs des manifestants. Comme d’habitude le Président demande à son peuple de garder leur sang froid en agissant comme des adultes, parlons comme des adultes. Il a indiqué ne vouloir mentir quelque soit la situation. Il a fait allusion aux autres pays de la planète qui font l’objet des manifestations contre la vie chère, le Président Préval annonce des mesures pour garantir une production nationale durable.

Le Président refuse catégoriquement de subventionner les produits alimentaires importés de l’étranger, selon lui qui pourrait être un accro au développement de la production nationale. Il estime être d’accord avec le principe de subvention des engrais pouvant permettre aux paysans de faire face aux besoins de la production. Le Président se dit prêt à financer ou subventionner les produits issus de la production nationale.

Il demande aux travailleurs qui gagnent un salaire de 30000 gourdes par mois soit l’équivalent de 6000 dollars haïtien, d’accepter un prélèvement de 10% soit 3.0000 gourdes pour financer les plus pauvres. Cette proposition a été présentée hier par Paul Denis, elle avait été déjà repoussée par le journaliste Valérie NUMA sur Vision 2000. Le Président Préval demande à la population d’arrêter le mouvement immédiatement, car la police et la MINUSTAH, dit-il n’accepteront pas ces dérapages.

La première réaction de la population est très mitigée, s’estime pour sa part que le Président n’a rien dit dans sa déclaration. La manifestation s’est envenimée depuis lors, sur la route de l’aéroport suite à une altercation entre manifestants et la police, la MINUSTAH vient de tirer sur les agents de la police nationale. Ce qui provoque des hostilités des manifestants contre la MINUSTAH.

Omega Staff Writers

16 sénateurs sur 27 somment le premier ministre Jacques Edouard Alexis de se démettre

SENAT DE LA REPUBLIQUE



Port-au-Prince le 9 avril 2008

Monsieur Jacques Édouard ALEXIS
Premier Ministre
En ses bureaux

Monsieur le Premier Ministre,

Pour des raisons que nous ignorons et que nous avons du mal à comprendre, le Président de la République n’a pas répondu directement et immédiatement aux revendications et aux attentes légitimes du peuple haïtien, ni à l’urgence sociale à laquelle il est confronté. L’approche du Président pour intéressante qu’elle soit pour le moyen et le long termes renvoie aux calendes grecques les solutions immédiates que tout le monde attendait. Le Président n' a pas non plus appuyé votre programme contre la vie chère présenté devant le Sénat de la République en février 2008. Trop peu, trop tard, c’est le sentiment que suscitent vos propositions.

La gestion calamiteuse des turbulences sociales de ces derniers jours impose des mesures fortes pour redonner confiance au peuple dans ses dirigeants. Il est évident que les haïtiennes et les haïtiens ne croient plus en la capacité de l’équipe gouvernementale que vous dirigez à prendre les décisions courageuses pour le soulagement de leur misère au quotidien. Une large portion de nos compatriotes a faim et nous l’a fait savoir en le criant haut et fort dans les rues de nos villes et de nos villages.

Nous, les élus du peuple qui sommes constamment à son écoute et avons des comptes à lui rendre, croyons fermement qu’il est urgent, impératif de mener une autre politique et de mettre en place une nouvelle équipe pour la conduire. Il vous incombe donc de faire le geste courageux et patriotique que requiert la conjoncture.

Au nom de nos mandants qui sont aujourd’hui dans les rues, au nom de l’intérêt de la collectivité et pour préserver la stabilité politique et l’avenir de notre patrie commune, nous vous demandons solennellement de présenter dans les vingt quatre (24) heures la démission de votre gouvernement. Dans le cas contaire, les Sénateurs signataires se verront dans la pénible obligation de vous interpeller pour vous donner un vote de censure.

Comptant sur votre sens de l’état et du devoir, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, nos salutations patriotiques.

Suivent les signatures des Honorables Sénateurs

Prénoms et Noms

Edmonde Beauzile

Evelyne Chéron

Youri Latortue

François Fouchard Bergromme

Eddy Bastien

Rudy Hériveaux

Evallière Beauplan

Andris Riché

Mélius Hyppolite

Ricard Pierre

Joseph Pierre Louis

Rudolph Joasil

Carlos Lebon

Judnel Jean

Michel Clerié

Gabriel Fortuné