Michel Martelly n'a jamais été un violent .Il est un artiste qui faisait rire et danser tout le monde. Martelly ne connaît pas le langage de bois de nos politiciens, il lance des « taisez vous » qui s'apparentent à des plaisanteries sur scène.
Qui est en droit d'attendre que Mr Martelly accomplisse dans trois mois ce que d'autres n'ont pas réalisé pendant vingt cinq ans ?
La MINUSTHA aves les fonds de toutes les pledge levées après les catastrophes á répétition et avec le matériel lourd débarqué depuis 2004 en Haïti ne récolte que des reproches qui ne justifient pas sa présence.
Les ONG qui envahissent le pays depuis 1960 et qui gèrent des budgets extraordinaires sont critiquées chaque jour. Si ces institutions qui gèrent la politique et les finances du pays n'ont rien réalisé dans les vingt dernières années, pourquoi s'évertuer à chercher le bilan de 100 premiers jours que tout le monde portait négatif dans les conditions de transfert politique du pouvoir. Qu'en était il du bilan des cents premiers jours des présidents Aristide et Préval ?
La comparaison entre ces trois figures de la politique haïtienne est importante.
Aristide et Martelly sont deux personnages différents avec des objectifs politiques différents, des stratégies différentes et un discours populiste visant la même clientèle. Préval est un opportuniste « roulibê » sans discours qui capitalise sur les discours des deux premiers pour déstabiliser toute la classe politique et défendre ses propres intérêts.
Mr Aristide avait pris le pouvoir avec un blackout qui révoltait le pays..Il avait promis au pays que dès les premiers jour il donnerait l'électricité à Gogo avec l'aide du Canada..Il avait promis la nourriture pour tous et l'école aussi. Aucune d'entrelle n'a été épluchée dans ses premiers cent jours.
Préval a eu un plan de premiers cent jours qui était la destruction de la classe politique à petit feu. Il a réalisé un gouvernement de consensus qui a neutralisé lesleaders politiques pour arriver à la catastrophe des élections et à l'amendement avorté de la constitution qui nous valent la situation politique qui prévaut actuellement dans le pays.
Martelly a aussi promis l'école pour tous, la maison pour les déplacés qu'il n'a pas données encore. Tout le monde savait que c'était des promesses présidentielles de campagne. Qui ne se souvient pas encore des promesses du Président Clinton au peuple haïtien, au lendemain du retour du premier exil du président Aristide. Combien de kilomètres de route et d'hectares reboisés a t-on obtenus ? Zero. Obama a aussi fait des promesses de campagne au peuple américain « Yes we can » Au moins on lui permettait de constituer son équipe politique et de passer à l'action. Apres deux ans de non délivrance, le peuple américain lui a ôté la majorité parlementaire dans le congrès.
Au lieu de dresser un bilan des 100 premiers jours , faisons de préférence le bilan de l'héritage laissé par Mr Muller et par Mr Préval au Président Martelly pour en lever l'hypothèque.
1-Elections.
Toute la classe politique confondue, excepté l'INITE , était contre les élections parce qu'elle suspectait le président Préval d'avoir son propre agenda . Mr Muller a annoncé les élections pour sauver sa prestation en Haïti. On en connaît les résultats et le forcing populaire de la MINUSTHA par Martelly, pour amener l'OEA a lui concéder la victoire
2-Le verrouillage de la constitution amendée
On se rappelle encore que c'était Monsieur Muller qui recommandait l'amendement de la constitution sans la participation populaire . L'amendement de cette constitution a été fait à la seconde par des législateurs en service et dans les conditions d'extrême opacité. On a eu un verrouillage où tous les ingrédients sont réunis pour bloquer l'action gouvernementale de tout nouveau pouvoir qui ne serait pas recruté dans les rangs de l'INITE.
Si on prend un peu plus de recul, pour essayer de comparer les conditions de transfert politique du pouvoir en 1990, 2006 et 2011, qui ne sont en rien comparables, on remarquera que le président Martelly est dans la plus mauvaise position politique. En 1990, Le président Aristide bénéficiait de l'article de 291, qui mettait politiquement K.O tous les ténors duvaliéristes qui pouvaient faire obstacle à son action, après que la révolte populaire de 1986, avait forcé les tenants locaux de ce pouvoir à se mettre à couvert..Le président Aristide avait la voie politique grande ouverte pour exécuter ses premières promesses de campagne. Il n'en a rien réalisé.
En 2006 le président Préval a bénéficié d'un acte de contrition de l'étranger et de la confiance de 48,51% de 4.500.0000 votants qui voyaient en lui la revanche du coup du 29 février 2004. Mr Préval a trompé les lavalassiens en concevant un premier mi-temps qui donnait la partie congrue du pouvoir à une opposition réduite en miette .Il réservait le deuxième mi-temps pour ses partisans qui nous ont donné l'INITE, les élections scandaleuses, l'amendement champwel et le groupe des 16 ,dont le tout forme un bouclier politique à toute action osée de changement .
En plus de tous ces obstacles , Mr Préval, pour éviter une revanche des lavalassiens qui pourraient le faire baigner dans son sang à tout moment , s'est empressé de tirer son marassa de l'exil, avec l'arrière idée de dresser un nouvel obstacle au pouvoir de Martelly. En habile tacticien politique il fait rentrer Duvalier pour réveiller l'imaginaire collectif des victimes de la dictature de ce dernier .Du même coup, il cherche la division de la clientèle de ces trois présidents pour réduire leurs ambitions et rester avec le GPR maitre de la situation.
Martelly hérite d'un système politique verrouillé des casec aux ministres en passant par le parlement mis en place .Il hérite d'un système économique en lambeau. Il fait face à une presse qui ne lui donne pas de circonstances atténuantes, depuis, sa première envolée de campagne électorale à l'endroit de Daly Valet. Ses premières actions sont des activités de survie personnelle. Mr Lambert l'a dit, ou il abdique, ou il disparait debout. Martelly n'avait d'autre alternative que d'ouvrir des brèches dans le système verrouillé pour calmer sa force de frappe. C'est au milieu de ce décor politique funèbre qu'il faut faire le bilan des premiers cent jours de Martelly.
La première réalisation payante de Martelly a été d'infiltrer le gouvernement démissionnaire pour trouver ses points faibles et déséquilibrer le système. Il y est parvenu partiellement en mettant au grand jour la machine de corruption qui gangrenait le gouvernement démissionnaire. '(RNDDH)
Deuxième réalisation C'est le maintien de la CIRH.
La dénonciation du maintien de la CIRH était un élément de bataille politique du public . La clairvoyance de l'équipe politique de Martelly a surpris l'opinion publique. Martelly a maintenu la CIRH dont le mandant sera certainement renouvelé. C'est un coup de maitre.
Troisième réalisation Le projet d'éducation.
Il a gagné la bataille de la perception dans la population. Il a réussi a constituer les premiers fonds pour le lancement de son projet d'éducation. Il l'a fait en dehors de l'administration régulière du pays. En avait il d'autre choix ?. Non il n'en avait pas. Il procédera à la normalisation du processus quand la passerelle de collaboration entre l'exécutif et le législatif aura été trouvée.
Quatrième réalisation. La gestion de la rupture
Martelly est sommé d'abdiquer son pouvoir par le sénateur J Lambert ,leader du GPR. Sinon, on renverra un troisième, un quatrième, un cinquième premier ministre jusqu'à ce qu'il comprenne que le pouvoir est aux mains de l'INITE .On ne lance pas des ultimatum á un président de la république choisi par la nation. Apres deux tentatives malheureuses de nommer un premier ministre, Martelly a déjoué la piège qui consiste a relancer rapidement le processus de ratification du premier ministre pour démasquer les négociations précipitées qui ne font que repousser à demain des divergences profondes. Il n'est pas au c du consensus, que le sénateur Bastien du GPR commence à fourbir l'arme de la promulgation de l'amendement massacré pour faire fonctionner le gouvernement. J'ai noté quelques faiblesses de ces premiers cent jours
-On laisse trop de liberté de la parole au président
Ses déclarations publiques manquent de finition au niveau de son équipe de communication. Après l'incident de « taisez vous » il devrait convoquer toute la presse pour passer en dérision le lapsus qui n'est que la façon comique de l'artiste de communiquer avec son public. Martelly a oublié que le public n'est plus le même.
-Ses voyages répétés.
Harcelé par la presse locale, il entreprend des voyages pour évacuer la pression. Il tombe dans la mare des journalistes étrangers et s'embourbe.
-Echec de faire responsabiliser par le parlement du retard de son programme de gouvernement.
Quand on négocie, parallèlement on doit développer des stratégies qui forcent l'adversaire à la concession. La seule arme dont dispose Martelly est la mobilisation pacifique du peuple qu'il n'a pas su exploiter. Martelly a un point faible dans ses rapports avec l'opinion publique. Il a oublié que le peuple peut vivre d'espoir aussi longtemps qu'il trouve les mots d'espérance et de confiance de son leader. C'est aussi l'esprit de Mon Seigneur Kebreau, lorsqu'il demande au Président Martelly d'enfourcher son pantalon de sweet miki pour diriger le pays. L'évêque a voulu dire, qu'il ne retrouve pas en Martelly, le communicateur et l'animateur qui électrisaient la foule.
Tout le monde sait que ce n'est pas la mise en place du nouveau gouvernement qui va faire débloquer le pays. Jacques Edouard Alexis, Neptune, Mme Pierre Louis, Bellerive le parlement, la population, la presse peuvent en témoigner. Les conseillers de Martelly le savent aussi. La question qui est posée est de savoir s'il faut continuer avec les mises en scène des gouvernement de consensus de Mr Préval dont on connaît à l'avance les résultats pour créer une apparence de stabilité politique ou comment trouver l'équipe de transition capable de maintenir la flamme de l'espoir du peuple dans une collaboration politique avec l'INITE ? La solution durable semblerait la réalisation d'un nouvel accord de Governors Island local pour pouvoir réduire les antagonismes entre les deux branches du pouvoir d'une part et le reste des secteurs également frustrés de la population de l'autre.
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