Le Nouvelliste | Publié le : 22 décembre 2014
On les accuse souvent de mal conseiller le chef de l'Etat et d'être à l'origine de toutes les erreurs politiques de Michel Martelly. Certains estiment qu'ils sont des incompétents et sont à la base de la crise politique que connaît le pays. L'un d'entre eux a avoué au Nouvelliste qu'ils ont effectivement failli à leur mission et ont induit le président Martelly en erreur. Cependant, il soutient que le président Martelly a quand même dans son entourage des gens bien formés et expérimentés.
« Là où le président en est aujourd'hui c'est parce que nous avons tous (les conseillers du chef de l'Etat) failli à notre mission. Le chef de l'Etat a toutes sortes de conseillers. Ils n'ont pas tous le même niveau et ils sont en conflit pour avoir les bonnes grâces du patron. Cette situation crée une cacophonie autour de Martelly. Du coup, il est mal servi malgré la présence dans son entourage de gens très bien formés et expérimentés. Mais parce que la désorganisation est totale, il est dos au mur aujourd'hui », a confié au Nouvelliste l'un des conseillers du chef de l'Etat sous le couvert de l'anonymat.
Selon ce conseiller, le rapport de la Commission consultative devrait être analysé par le plus grand nombre de conseillers possible. « A cause de notre incapacité de nous mettre ensemble pour bien servir le président, il a échoué sur bien des points », a avoué ce conseiller, qui est toujours à son poste au palais national.
Les conseillers de Michel Martelly, les uns sont plus influents que d'autres. Il y en a qui sont visibles et sous les feux des projecteurs. D'autres conseillent le chef de l'Etat dans l'ombre. Une troisième catégorie est totalement inconnue. « Ils sont les amis personnels du président avec qui il a l'habitude d'aller à la plage et le rencontre de façon informelle. Il y a une quatrième catégorie que même moi, conseiller du chef de l'Etat, ne connaîs pas », a révélé au Nouvelliste ce conseiller du président de la République requérant l'anonymat.
« Le chef de l'Etat a certains conseillers dont je n'ai pas le droit de citer les noms », a indiqué lundi matin sur Radio Magik 9 l'ex-sénateur Joseph Lambert, conseiller du président Martelly.
Dans une première catégorie de conseillers, il y a, entre autres, les anciens sénateurs Joseph Lambert, Youri Latortue, Michel Clérié. Il y a également Calixte Valentin, Pierre-Richard Casimir, Anne Valéry Milfort, Daniel Supplice, Mario Dupuy, Albert Chancy, Guichard Doré, Pierre-Antoine Louis, Saint Fort Lilè Balthazar, Guy Michel Vincent. Grégory Mayard-Paul, fidèle ami de Michel Martelly, est plus qu'un conseiller pour lui, a indiqué notre source au palais national. « Grégory est comme son alter ego. Avec lui, le président Martelly partage ses bons et ses mauvais moments. Il se défoule sur lui certaines fois… »
Pour les autres catégories de conseillers du chef de l'Etat, personne n'a voulu citer leurs noms. Le Nouvelliste a beau demander. On ne connaît pas leur identité ni leur salaire, ni rien du tout. Secret d'Etat, dirait-on.
Les grands conseillers du chef de l'Etat reçoivent en moyenne 200 000 gourdes par mois. Certains autres reçoivent 160 000 gourdes brutes. Notre contact au palais national n'est pas en mesure de dire sur quelle base on rémunère les conseillers du chef de l'Etat. « Il n'y a pas beaucoup de privilèges pour un conseiller, sinon du carburant tous les mois. Aucun d'entre nous ne dispose d'un véhicule du palais national. Cependant, avec notre badge on nous donne un service de VIP dans les institutions publiques comme la DGI, l'OAVCT, entre autres. »
Naturellement, plus il est influent comme conseiller du chef de l'Etat, plus il jouit de privilèges dans les institutions de l'Etat et même privées. Les conseillers les plus puissants sont, normalement, ceux qui arrivent à gagner la confiance du patron. Pour atteindre ce niveau il faut faire ses preuves. Comment ? « A vous de vous débrouiller. Résultat : une guerre intestine entre les conseillers caractérisée par des coups bas, des mensonges, de l'hypocrisie…» se déroule quotidiennement
Jamais le chef de l'Etat n'a réuni tous ses conseillers pour discuter sur un problème en particulier. « Il n'y a pas cette pratique au palais, a dit notre contact, sauf quand Laurent Lamothe allait devenir Premier ministre. Certains conseillers ne viennent d'ailleurs que rarement au palais national. »
Des sénateurs proches du pouvoir, et pas des moindres, tels Wensessclass Lambert et Edwin Zenny, ont vertement critiqué les conseillers du chef de l'Etat qui, selon eux, ont induit le chef de l'Etat en erreur « Ils n'ont jamais été présidents, ils ne savent pas de quoi ils parlent », a rétorqué Joseph Lambert, catégorisé dans le rang des ''grands conseillers'' de Michel Martelly. Selon l'ancien parlementaire, son petit frère, Wensessclass, et le sénateur Zenny « ne font que du blablabla au Parlement. Ils ont une interprétation très limitée d'un président. C'est ce qui explique leurs déclarations infantiles… », a-t-il fulminé, intervenant lundi matin à l'émission Panel Magik sur Radio Magik 9.
« Au palais national les conseillers sont solidaires les uns des autres, a-t-il dit, « et nous sommes aussi solidaires du président de la République. » Le premier des conseillers de Michel Martelly c'est Martelly lui-même, a déclaré Joseph Lambert. C'est lui qui prend les décisions finales en fonction de ce qu'il a entendu. « Il est le seul à choisir la meilleure attitude, la meilleure voie à suivre », a-t-il dit.
Pour l'ex-sénateur de la République, lorsqu'on conseille quelqu'un, il revient à ce dernier de juger si les conseils sont bons ou pas. « Le président n'est pas un gamin. Il a des conseillers, il peut aussi s'en passer dans ses prises de décision », a dit Joseph Lambert, qui s'est fait appeler « animal politique ». Il a fait savoir que le président Martelly n'avait consulté ni lui, ni l'ancien sénateur Youri Latortue, ni son chef de cabinet Anne Valéry Milfort, lorsqu'il devait former la Commission consultative. « Il l'a fait tout seul et cela a donné les résultats que nous avons aujourd'hui », a-t-il dit comme pour montrer que Michel Martelly est un grand garçon.
En revanche, Joseph Lambert a indiqué qu'ils sont solidaires des décisions du chef de l'Etat. « Le président reste attaché à ses conseillers tout comme nous restons attachés à lui dans toutes les grandes décisions qu'il aura à prendre pour la nation », a-t-il dit.
Acculé par un mouvement de protestation, le président Martelly est obligé de faire beaucoup de concessions pour tenter de sauver son quinquennat. Il a lâché son Premier ministre, libéré les prisonniers politiques, accepté la démission des membres du CEP et demandé au président du CSPJ de se retirer, entre autres. Certains se demandent s'il va garder après la crise les mêmes conseillers ?
Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com
____________________
RESEAU CITADELLE : LE COURAGE DE COMBATTRE LES DEMAGOGUES DE DROITE ET DE GAUCHE , LE COURAGE DE DIRE LAVERITE!!!
"You can fool some people sometimes, (
But you can't fool all the people all the time."
Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois,
Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.
) dixit Abraham Lincoln.