Le CORE groupe vient de saluer la publication de la liste des candidats à la Présidence. La Communauté internationale participe à l’affaiblissement des institutions et légitime le coup d’Etat électoral enclenché en Haïti partant des manifestions anti-démocratiques dont l’objet était de renverser le gouvernement légitime du Président élu Michel Joseph Martelly.
En décembre 2014, des manifestations subtilement supportées par la Communauté internationale ont atteint leur objectif : Un Chef d’Etat efféminé, un gouvernement légitime a renvoyé, et un parlement destitué. L’administration Martelly devient ainsi un labyrinthe politique d’où partent tous les chemins y compris la monstruosité anticonstitutionnelle connue sous le nom de Commission Présidentielle a fini le travail.
Des marchés politiques conclus au détriment d’un processus électoral ouvert, équitable, et inclusif. Le président affirme même avoir présélectionné ceux qui ne peuvent pas postuler pour des postes électifs en Haïti. Depuis la conclusion de ces marchés politiques, le Président Martelly est devenu méconnaissable. Il agit au rythme d’un homme sous chantage. Comme Ayatollah d’Iran, il décide du droit du citoyen de se présenter devant les électeurs. A l’instar de Duvalier qui interdisait à ses collaborateurs d’avoir des ambitions politiques, il manipule les institutions républicaines contre ceux qui ont servi son administration fidèlement et se positionne pour l’histoire en violateur de droits politiques des personnalités injustement écartées de la course électorale.
Divers groupes d’intérêts en profitent pour faire main basse sur le pouvoir d’Etat et défendre leur business. Des gangs criminels, des kidnappeurs et des trafiquants de drogue en profitent pour libérer leurs amis, renforcer leur contrôle sur la frontière haïtienne et relancer leurs opérations illicites.
Sur le plan politique, un secteur rétrograde de la bourgeoisie haïtienne met en place un projet consistant à castrer la démocratie haïtienne. Sous le leadership de l’ancien Président René Préval, les conservateurs ont pris contrôle de la Cour Supérieure des Comptes et du Conseil Electoral Provisoire pour manipuler la liste des candidats agréés. Des manœuvres anti-démocratiques que la Communauté internationale continue de légitimer à travers ce CORE groupe.
L’arrivée de Ricardo Seitenfus pour encenser René Préval tombe à point nommé. L’homme de main cynique de la bourgeoise la plus répugnante de l’Amérique, responsable de la misère de la majorité des haïtiens, est maintenant présenté sur un beau tableau. Une coïncidence heureuse qui arrange bien des choses.
Après 10 ans d’occupation militaire sud-américaine, Haïti perd son élan démocratique. Des candidats extrêmement populaires sont écartés de la course électorale de façon arbitraire. Comme au temps de militaires, chaque leader de la classe politique ou de la société civile se voit l’heureux bénéficiaire du putsch. Les premières victimes ne doivent pas s’attendre à aucune forme de solidarité.
Mais, Haïti est un pays de surprise ! Il y a toujours un imprévu pour faire échouer les plus beaux plans montés dans les laboratoires les plus perfectionnés. Le stratège Préval n’a-t-il pas échoué dans son plan de placer son poulain Jude Célestin au Palais National en 2011? Aussi, y a-t-il les Etats-Unis qui a toujours son plan B pour reprendre le contrôle de la situation. Et, le fait par l’élite haïtienne d’accepter cette façon déloyale de manipuler les élections en écartant de façon arbitraire des candidats populaires, de décourager le peuple, est un reniement de la démocratie. Cette nouvelle technique de manipulation des élections en amont i.e. à partir de la liste des candidats, est une idée géniale pour une grande puissance habituée à installer des dictatures serviles dans le monde et spécifiquement en Amérique Latine. Des pratiques Ayatollesques importées en Haïti !
Comme en 2010, le grand stratège Préval n’avait pas pressenti qui, sur la liste des candidats agréés, rentrera au Palais National. Face à l’ambition des gangs et des trafiquants de faire main basse sur le pouvoir d’Etat, un ancien Chef de la Police Nationale peut-être l’homme idéal de Tonton Sam. Un homme qui a bien collaboré dans le temps. L’histoire de l’Amérique Centrale et des Caraïbes démontre clairement qu’à la fin de chaque occupation, le grand voisin aime remettre le pouvoir aux gens d’armes. De plus, cet autogolpe, ce coup d’Etat en douceur à partir des institutions républicaines, pratiqué par la classe politique et la bourgeoisie traditionnelle contre le Président Martelly, peut-être un bon exemple pour la Police Nationale d’Haïti menacée par des gangs qu’elle avait combattus et qui aujourd’hui influencent le processus électoral.
En cautionnant ce plan anti-démocratique consistant à arranger la compétition électorale avec un esprit d’exclusion des candidats populaires qui ne répondent pas aux intérêts de groupes, l’élite haïtienne des médias, de la classe politique et de la société civile renonce à la démocratie. Tous les coups sont permis. Et, quand on écarte le peuple de la démocratie, il ne reste que la tyrannie des groupes intérêts. A ce stade, les gendarmes ont légitimement le droit de défendre leurs intérêts, leur institution et la vie de leurs frères d’armes.
La situation actuelle rappelle étrangement 1995 quand après le retour d’Aristide des partis proches du mouvement Lavalas cherchaient à garder le pouvoir au moyen d’élections arrangées. On connait la suite : L’OPL qui se moquait des partis exclus des élections de 1995 s’est vue à son tour écartée par le même dispositif qu’il avait contribué à mettre en place.
Haïti sera une démocratie lorsque ses élites auront enfin le courage de défendre les principes sans tenir compte des intérêts mesquins.
Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haiti
16 juin 2015
@reseaucitadelle
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