Les services de renseignement du COREGROUP doivent être au courant, du plan des extrémistes qui ont perdu les élections du 20 novembre dernier, de semer la violence et la mort en vue d’imposer leur volonté politique, rejetée par le peuple haïtien.
Les ambassades, le renseignement militaire et civil de la MINUSTAH ne peuvent pas sans savoir les scénarios macabres planifiés et qui seront exécutés dans les heures qui suivront la publication des résultats annonçant l’échec électoral de ce secteur rétrograde lié à l’économie traditionnelle de rente et d’importation qui rejette toute idée de réforme économique en Haiti.
L’”élite la plus répugnante de l’Amérique Latine” est prête à aller jusqu’au bout dans ses initiatives réactionnaires, au prix du sang. Le J-MAC qui est le service de renseignement de la MINUSTAH doit pouvoir se renseigner sur ses intentions de mettre le pays à feu et à sang en vue de punir des électeurs. Une situation qui exige plus que des pratiques diplomatiques traditionnelles de double langage.
L’ex-Président Aristide, le leader du Parti FANMI LAVALAS n’a pas caché ses intentions de sombrer dans la violence contre ses opposants politiques. En déplacement dans le Sud, Aristide a incité ses partisans à la violence. Au soir du scrutin du 20 novembre 2016, “Radio Timoun”, la station de Radio de son organisation politique a appelé effectivement des jeunes à incendier et à tuer leurs opposants politiques et à attaquer le secteur des affaires. Le marché de “Route Frères” à Pétion-ville fut incendié.
Nous assistons à une répétition classique des scénarios de Rwanda, de Yougoslavie, de Liberia et plus récemment de Cote d’Ivoire. Au Rwanda, les casques bleus étaient au courant des préparatifs et des appels à la violence proférés par Radio “Milles Collines”. Rien n’a été fait pour dissuader les organisateurs et déjouer ce plan macabre. Plus d’un million de personnes ont été massacrées par la suite.
En Cote d’Ivoire, les intentions de Laurent Gbagbo de ne pas accepter le résultat des élections étaient connues. La guerre civile était à prévoir. Pourtant, on n’a rien fait pour empêcher la violence.
En Haiti, en plein coeur de la caraïbe, on risque de revivre la même situation. Quelles sont les mesures adoptées pour décourager ceux qui planifient la violence???
Même quand le Président provisoire Jocelerme Privert laisse apparaitre une certaine volonté à organiser les élections, le noyau dur de son pouvoir, au Palais et au gouvernement, planifie avec entêtement la violence politique et des tueries. Des jeunes partisans de Jovenel Moise à Delmas 24 ont été récemment attaqués par des escadrons de la mort qui ont tiré en leur direction faisant des victimes. La Digicel qui aujourd’hui fait l’objet de menace de toutes sortes a été prise pour cible au début de l’année par des escadrons de la mort. Quelques semaines avant le dernier scrutin en date, on avait intensifié les attaques contre cette entreprise de communication sur les réseaux sociaux. On se demande si la diffusion sur son réseau d’une note au soir du scrutin ne rentre pas dans le cadre de ce plan visant à justifier sa mise à sac par des hordes lavalassiennes.
Aussi, quelques jours après l’entrée en fonction de ce gouvernement provisoire, d’autres entreprises de la capitale ont été prises pour cibles par des hommes armés. L'hôtel Marriott a essuyé des tirs provenant d'armes de guerre. La MINUSTAH et le COREGROUP ne peuvent pas ignorer ces faits.
La communauté internationale doit nous dire qu’est ce qu’elle planifie en Haiti. Cherche t-elle une guerre civile en Haiti, comme c’est à la mode en Libye, en Somalie, en Irak ou en Syrie dans le cadre de leur “stratégie du chaos constructeur” ou du “Chaos controlé”? Trouve t-elle ses intérêts dans la violence annoncée, une façon de faire échec au plan de retrait de sa “Mission" dite de "Stabilisation” en Haiti ? Est-ce qu’une frange de cette communauté cherche à installer le chaos dans “la cours” des Etats-Unis, à 1 heure 30 de vol de la Floride, dans le but de contraindre ce membre permanent du Conseil de Sécurité à négocier sur d’autres crises ailleurs dans le monde?
Ce n’était pas une coïncidence si la Mission des Nations Unies en Cote d’Ivoire (MINUCI) avait bénéficié du vote favorable des Etats-Unis au même moment que celle en Haiti, la fameuse MINUSTAH. En représailles à la décision de Jacques Chirac de s’opposer à l’intervention de l’ONU en Irak, le gouvernement des Etats-Unis avait pourtant refusé de voter en faveur de la proposition française d’envoyer des casques bleus dans ce pays africain. MINUCI contre MINUSTAH fut un deal diplomatique entre membres influents de l'ONU. On se demande si parfois, des grandes puissances ne créent pas des situations chaotiques dans certaines régions du monde pour servir de monnaie d’échange.
De fait, la Communauté internationale est un acteur important dans la crise politique en Haiti. Notre pays est sous la tutelle du Conseil de Sécurité des Nations qui y déploient des forces policières et militaires sous le chapitre 7 i.e. avec autorisation d’utiliser la force si c’est nécessaire. Cette grosse machine internationale doit pouvoir décourager les acteurs politiques violents qui se livrent à des crimes politiques, des intimidations et chantages sur des journalistes et le secteur des affaires. Tous les complices de ceux qui se livrent au terrorisme de basse intensité devraient-être isolés. Le silence de la MINUSTAH, de l’OEA et/ou du COREGROUP est inacceptable. Les conséquences de cette politique de “tolérance de la violence” risquent d’être grave en termes de réfugiés, d’exordes des investissements, dans un contexte de crise humanitaire post-séisme et post-intempéries destructrices comme l’ouragan Matthew. Cette politique de “silence complice” est une menace pour la stabilité dans la région.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti // 27 novembre 2016