Confidences!!! Ce qu’on reproche réellement au Président Jovenel Moise !- (Texte de Cyrus Sibert)
[ Les protestataires doivent avoir le courage de présenter leur cahier de charges à la nation; mais non de déguiser leurs revendications et frustrations en mouvement contre le Budget 2017-2018. —- Fòk w di doktè maladi w genyen, pou’w ka jwenn bon trètman! ]
Dans la chaleur de la polémique sur le budget 2017-2018, à @ReseauCitadelle, nous avons reçu pas mal d’appels de concitoyens qui ont souhaité partager avec nous leurs contentieux avec le Président de la République. Voulant éviter ce qu’on pourrait appeler “un corps à corps” de communication politique, certaines personnalités qui ne sont pas vraiment anti-Jovenel ni anti-Budget, nous ont contacté pour faire le point sur le réel de la situation.
Tout d’abord, ils ont cru que nous étions très proches du Chef de l’Etat, que nous avions un juteux contrat de communication ou que nous entretenions des échanges permanents avec le Président de la République.
Eh bien, ils ont été déçus de constater que nous ne sommes pas proches du Président, qu’il n’a jamais pris l’initiative d’avoir des conversations avec nous, sur ses décisions et sa stratégie, que nous n’avions jamais mis les pieds au Palais national pour discuter de quoi que ce soit, que nous n’avons aucun contrat et nous ne souhaitons pas en avoir, non plus, si cela doit impliquer une prise de distance par rapport à l’ex-Premier Ministre Laurent Lamothe et son équipe.
Nous n’avons pas reçu une gourde du gouvernement; le pouvoir en place ne fait que profiter de notre position de principe et de notre ligne idéologique de toujours, exprimée publiquement à partir de 2002 sur Radio Maxima au Cap-Haitien, le Blog www.reseaucitadelle.blogspot.com et les réseaux sociaux.
Depuis toujours, c’est notre situation. Des politiciens profitent sûrement de notre bonne foi et de notre caractère de journaliste engagé pour la démocratie institutionnelle et l’État de droit en Haiti, de militant fidèle qui ne trahi jamais, qui n’abandonne jamais sous la menace ni les intimidations. On peut toujours convaincre #CyrusSibert/ #ReseauCitadelle , si on a des arguments solides, mais jamais le contraindre ni lui intimer l’ordre d’adopter une ligne idéologique ou politique.
Certes, ils sont nombreux ceux qui ont tendance à utiliser notre nom pour faire du surenchère en laissant planer l’idée qu’ils sont capables de guider nos prises de position. C’est un mensonge qui tôt ou tard finira pas être démasqué, le jour où des circonstances nous obligeront à nous positionner en face d’eux ou de leurs patrons.
Résumons un peu le contenu des échanges susmentionnés, sur ce qu’on reproche exactement au Président Jovenel Moïse.
Nous pensons qu’il est utile que le citoyen puisse comprendre la nature réelle du conflit et les vraies causes de la violence observée dans la capitale haïtienne, sous le faux prétexte de protestations contre le budget.
1- On reproche à Jovenel Moïse son comportement consistant à couper contact avec 99.99% de ceux qui ont financé sa campagne électorale ou qui ont supporté sa candidature. On rapporte que même l’ex-Président Michel Martelly n’y serait pas épargné;
- Sur ce point, nous aussi, nous ne sommes pas épargnés.
2- Le Président prend en compte seulement les revendications des parlementaires et utilise des paroles en l’air pour calmer des leaders politiques et des membres du secteur privé qui attendent beaucoup de lui; Il refuse de faire circuler l’argent… Li peng !!!
- Si l’on considère le taux de participation lors des dernières élections, on peut dire que les parlementaires ne détiennent pas une légitimité assez forte pour justifier la stratégie du Chef de l’État de les considérer comme seuls interlocuteurs politiques. Ils ne pèseront pas beaucoup dans la balance s’il faut contrer des menées subversives de l’opposition radicale. Si du point de vue institutionnel, ils méritent une grande considération, au sens large de la légitimé, il faudra développer de bonnes relations avec le plus grand nombre de leaders de base possible.
3- Le Chef de l’Etat est sur le point de commettre l’erreur de Dessalines, à savoir : attaquer des intérêts économiques puissants sans avoir construit une défense efficace pour son projet, sa sécurité et la stabilité politique;
- Il doit être prudent!
4- Le Groupe Vorbes n’est pas si mauvais qu’on le dit; il est toujours prêt à aider….certains de ses membres auraient même financé la campagne du Président Jovenel;
- S’ils sont vraiment prêts à aider, ils doivent aussi investir dans des secteurs de production de biens comme l’agro-industrie.
5- Le président néglige les “politiciens professionnels", ceux qui vivent uniquement de la politique. Ces derniers ont des militants de base sous leur responsabilité; ils doivent les aider en cas de maladie, de décès, d’ouverture des classes, etc..; aucune gouvernance paisible n’est possible en Haïti sans un plan d’intégration de ce secteur;
- C’est vraiment triste de devoir faire de telle considération dans un État de droit. La pauvreté et la précarité sont les plus grands maux de démocratie haïtienne. Doit-on avoir une sorte de “Bureaux de Gestion des Politiciens Démobilisés”? Vu que ces derniers ont une capacité de nuisance pire que les militaires démobilisés, le chef de l’État doit envisager une stratégie pour les maintenir calmes et rassurés…. Une manoeuvre située à la frontière de la corruption.
6- La décision de suspendre les privilèges de l’ex-président Jocelerme Privert , en sa qualité d’ancien Chef d’État, est improductive. L’ancien président a des partisans. Ayant à sa disposition des gens qui ont bénéficié de sa largesse, l’humilier de la sorte, c’est provoqué la révolte d’un secteur, gratuitement;
- Franchement, nous ne voyons pas l’urgence d’une telle décision. Nous l’avons déjà exprimé dans un texte sur la non-rétroactivité des lois.
7- Le dossier des 5,000 contractuels du ministère des Affaires sociales est mal géré. Il fallait prendre le temps nécessaire pour l’analyser et adopter un plan souple de redistribution de ce beau monde — en majorité des ouvriers politiques du MOPOD, de Lavalas et surtout de Pitit Dessalines — vers d’autres services d’assistance sociale comme les cantines communautaires. Les renvoyer sans aucune considération, c’est les rendre libres pour occuper les rues de la capitale;
- Même quand nous n’avons pas les détails du dossier, nous pensons qu’il s’agit d’un piège tendu par le gouvernement provisoire de Jocelerme Privert qu’il faut gérer avec sagesse.
8- Le Chef de l’Etat n’écoute pas, ne prend pas en compte les gestes d’ouverture de ceux qui sont prêts à l’aider; il ne montre pas de considération pour ceux qui l’aident à rencontrer des leaders de la classe politique, en vue de négocier une cohabitation pacifique;
- La fin du quinquennat du Président Michel Martelly en est un exemple fort. Sans une bonne gestion politique, les belles initiatives économiques n’ont pas d’avenir. Il a fallu seulement quelques semaines pour les apaches du gouvernement provisoire de tout détruire. Aussi, faut-il signaler que depuis le gouvernement du Premier Ministre Evans Paul, le mot d’ordre était d’arrêter tous les chantiers socio-économiques initiés par le Premier Ministre Laurent Lamothe. Le slogan “Travay nap travay” n’a pas de sens, sans une bonne gestion politique.
9- De façon imprudente, le président livre ses opinions et/ou ses intentions dans des réunions tenues chaque mardi au Palais avec des parlementaires qui lui sont proches. Par exemple, il leur aurait dit qu’il souhaiterait un nouveau Commandant à la tête de la Police Nationale d’Haïti. Ce qui a provoqué, un profond malaise entre le DGPNH Michael Gédéon et la présidence.
- Ceci confirme notre théorie sur la “Complicité passive” du DGPNH dans les violences du 12 septembre 2017, ayant soldées par une attaque de l’Ambassade du Canada. A @ReseauCitadelle, nous pensons que changer un Commandant en Chef de la Force publique ne représente aucune garantie pour un nouveau Chef d’Etat. Les exemples historiques sont nombreux :
a)- Le président Salvador Allende au Chili a changé le Chef d’Etat Major de l’Armée et nommé Pinochet; ce dernier l’a renversé du pouvoir.
b)- C’est aussi le cas pour le Président Jean-Bertrand Aristide qui a renvoyé le Général Abraham au profit du Général Cédras qui l’a renversé le 30 septembre 1991.
Le DGPNH doit faire son travail conformément à la loi. On ne lui demande pas mieux.
Comme vous pouvez le constater, nous sommes en mesure de faire les mêmes reproches au Président de la République. Il doit améliorer sa façon de gérer ses partenaires politiques. En ce sens, nous pouvons comprendre les frustrations des uns et des autres.
Toutefois, il s’agit d’abord du destin d’Haïti. Nous ne pouvons plus continuer à détruire des vies et des biens parce que nos intérêts personnels sont lésés. Le 12 septembre derniers, des concitoyens ont été tués dans la capitale haïtienne, des biens ont été détruits. Et, ce ne sont pas les déclarations d’excuses des organisateurs de la manif violente qui redonneront vie, à ces victimes innocentes.
A @ReseauCitadelle, nous sommes très embarrassés par cette obligation de principe qui nous commande de défendre le Président en cette période de contestation. Nos amis et camarades doivent penser que nous avons un intérêt particulier, que nous sommes biens traités par la présidence.
En réalité, c’est faux! Pour nous, il s’agit seulement d’un sentiment patriotique, d’une culture de fidélité avec l’espoir que le Président Jovenel Moise finira pas rectifier le tir. Car, globalement, on ne peut pas nier qu’il a de bonnes intentions; ces idées sont géniales et même parfois innovantes.
Certes, il doit trouver les méthodes et la stratégie pour rallier le plus de monde possible à son plan d’action. C’est son rôle en tant que leader de trouver les voies et moyens pour réussir. Mais, il ne suffit pas d’avoir de bonnes intentions, il faut pouvoir les concrétiser en tenant compte de tous les paramètres (socio-politiques). S’il faut affronter certaines pratiques inacceptables, il faut au moins le faire dans le cadre d’une coalition : Tout doit se faire à partir de coalitions progressiste et, non dans l’isolement.
C’est une réalité que le chef de l’Etat écarte des personnalités de bonne foi qui n’attendent rien de lui économiquement, socialement, internationalement et même politiquement. Ces gens sont prêts à l’aider, ils veulent l’aider et ils l’ont d’ailleurs aidé durant la campagne électorale. On ne sait pas si ce comportement est le résultat des combines de sa garde rapprochée ou si délibérément, le Président a choisi d’évoluer dans l’indifférence totale…refusant même les gestes de politesse.
Cependant, même face à cette réalité, nous ne pouvons pas déstabiliser le pouvoir au risque de créer un vacuum profitable à nos ennemis aptes à envahir le moindre espace en vue de rétablir le statu quo ante anacho-populiste. Cela s’appellerait du “Cannibalisme politique”.
Stanley Lucas et nous, avions réfléchi sur ce comportement de nombreux acteurs sur la scène politique haïtienne. Nous avons même décidé de promouvoir le terme : “Groupe Cannibale” qui, comme le “Groupe de Bourdon” et le “Groupe Blackout”, représente un cancer pour le changement et le progrès en Haïti.
On y reviendra, mais disons en passant que : “Le Groupe Cannibale” est constitué de personnes prêtes à trahir leurs camarades politiques, à détruire tout un mouvement, dans le seul but de tirer un profit personnel, de défendre leurs intérêts mesquins, d’avoir du plaisir, de la jouissance, sans tenir compte de la collectivité au sens large, et au sens strict, du groupe politique auquel ils appartiennent. Ces traitres sont prêts à détruire une boulangerie pour quelques pains.
C’est ce comportement cannibale qui a poussé certaines personnalités du pouvoir TET-KALE à financer des manifestations contre le Premier Ministre Laurent Lamothe en 2014, parce qu’ils trouvaient leur marge trop peu…le “KK ARAN” était trop petit.
Le “Groupe Cannibale” forme la 5e colonne qui envahit les espaces de pouvoir pour espionner en faveur des corrompus et/ou des corrupteurs qui constituent la mafia nationale “Etat/Bourgoisie-rétrograde”. Les membres de ce groupe n’ont pas la patience nécessaire pour attendre les grands objectifs de développement visés; ils ne comprennent pas l’idée qu’on peut utiliser l’État pour faire de l’argent à partir des ouvertures et des opportunités entrepreneuriales qu’on peut initier et développer, sans voler l’argent du trésor public.
Même quand nous partageons certaines frustrations qui sont dues à la maladresse du Président Jovenel Moïse et de son staff au Palais National, nous ne pouvons pas nous comporter en “Cannibales politiques”.
Pour ceux qui cherchent à interpréter notre position à partir de nos intérêts personnels, ils nous offrent un terrain facile en terme d’argumentation, vu que c’est facile à vérifier. S’il s’agit d’une question d’argent, de prix ou d'intérêts personnels, on n’a qu’à faire des offres plus importantes pour nous faire changer de position. Jusqu’à présent, nous n’avons encore reçu d’offre plus alléchante que celle qu’ils veulent faire croire. Ce qui signifie, ils ne font pas confiance à ce qu’ils disent….vu qu’ils n’ont aucune garantie de pouvoir nous faire changer de position à partir de nos intérêts personnels.
Concernant les hommes d’affaires insatisfaits : pourquoi refusent-ils de réorienter leurs investissements vers d’autres secteurs plus progressistes?
Par exemple, un Groupe qui produisait de l’asphalte, voyant le chef de l’État obsédé par la production agro-alimentaire à grande échelle, il pouvait facilement lancer de nouvelles initiatives, comme :
- une entreprise de transport réfrigéré de produits agricoles;
- une entreprise de traitement du riz dans l’Artibonite;
- de grandes compagnies de transport comme CaribeTour;
- une entreprise de production des oeufs, de viande, de lait, de bananes;
- une banque de crédit agricole…etc
Quand on aime vraiment son pays et qu’on a les moyens, on est assez libre pour développer de nouvelles entreprises au niveau national, dans un esprit de développement du marché intérieur. On n’est pas obligé de combattre un pouvoir pour le contraindre à rester dans les pratiques traditionnelles et rétrogrades. Qu’est-ce qui empêche au secteur privé haïtien d’investir dans l’agro-industrie?
Au lieu de chercher à garder le contrôle sur l’administration publique et les caisses de l’Etat, un ancien ministre ou un ancien président peut aussi investir dans la production et créer des emplois. Certes, on peut toujours demander à l’actuel chef de l’Etat de faire des ouvertures, comme lui, il en a bénéficiées pour développer son projet AgriTrans. Mais, il faut sortir de ce carcan traditionnel et innover.
Les protestataires doivent avoir le courage de présenter leur cahier de charges à la nation; mais non de déguiser leurs revendications et frustrations en mouvement contre le Budget 2017-2018. On ne peut plus continuer à manipuler le peuple de la sorte.
Fòk w di doktè maladi w genyen, pou’w ka jwenn trètman!
Nous souhaitons que le Président de la République, Jovenel Moise finira par trouver la meilleure stratégie possible pour réussir ses promesses de changement dont Haïti a tant besoin.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
19 Septembre 2017
WhatsApp: 509-3686-9669
@ReseauCitadelle
reseaucitadelle@yahoo.fr
https://www.facebook.com/LeRecitHaiti/photos/a.10153417078189478.1073741826.170678274477/10156761361329478/?type=3