lundi 21 avril 2008

Deux analyses de Jean Erich René

OBJECTION !
Jean Erich René

21 avril 08
En observant le comportement des acteurs politiques haïtiens nous ne comprenons plus la raison d'être de certaines institutions étatiques. Les actes politiques émanant du Parlement évoluent en dehors des normes posées par le législateur comme garde-fou afin d'éviter le règne de l'arbitraire. Il est paradoxal et frustrant de constater que ce sont nos parlementaires qui brûlent les feux rouges en provoquant ce carambolage sur l'échiquier politique. Ils ne manifestent aucun respect pour notre Charte Fondamentale dont ils ont la garde. La Constitution est la LOI MERE par conséquent elle est au-dessus de toutes les lois. L'opacité de deux résolutions récentes prises respectivement par les 2 Chambres soulève beaucoup d'inquiétudes. La motion de censure du Sénat culminant au renvoi et à la démission du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis est arbitraire, inconstitutionnel, nul et non avenu. Compte tenu des normes constitutionnelles, ce vote suscite de grands débats. Le processus décisionnel au Parlement est beaucoup plus influencé par la culture politique de la rue que par l'Esprit des lois. D'où l'incohérence du dispositif constitutionnel galvaudé sans cesse pour les sales besoins du Chef de l'Exécutif ou de son Premier ministre manipulant la foule à coups d'argent. On profite de l'ignorance du public par rapport à la complexité des articles de la Constitution et de l'intrication de nos codes de lois, pour nous faire avaler n'importe quoi. Il s'agit à la fois d'un vol de confiance et d'un viol collectif. Le vote de non confiance du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis est illégal et nous prouve à quel danger est exposée la Nation haïtienne avec un Parlement haïtien qui tourne comme une girouette au gré de l'Exécutif. Certaines résolutions de la 48e n'ont aucun fondement légal. Si les droits fondamentaux ne sont pas garantis ce n'est pas seulement le Gouvernement qui doit partir. Les parlementaires doivent aussi faire leurs valises. Ils ont fait de la Maison Nationale un marché public. L'objectif principal des constitutionnaliste s de 1987 c'était de nous protéger contre la dictature d'un Président. Aujourd'hui nous vivons sous le joug d'un Parlement croupion. Les 2 illustrations les plus brillantes sont : l'expulsion du Sénateur Boulos et le renvoi du Premier Ministre sans aucune référence légale. La suprématie de la Constitution ne compte plus. En agissant de manière aussi arbitraire les Pères Conscrits de la Nation ont terni leurs images tout en se rendant coupables de l'instabilité croissante de la société haïtienne. Le niveau de risque s'est élevé depuis le renvoi du Premier Ministre. Il est clair que le Parlement n'est plus une garantie contre l'arbitraire. L'écho de leur démesure dépasse nos frontières et fait l'objet de grandes consultations ce week-end au niveau des instances internationales. Attention ! Notre souveraineté est en jeu.

ARTICLE 129.6:
Le Corps législatif ne peut prendre plus d'un vote de censure par an sur une question se rapportant au programme ou à une déclaration de politique générale de Gouvernement

Les provisions légales ont été épuisées quand à l'octroi d'un vote de censure au Premier Ministre Jacques Édouard Alexis qui s'est présenté deux fois déjà au cours de l'année pour répondre, selon les vœux de la Constitution, sur les questions touchant sa politique générale. Une troisième fois est excessive et participe de l'arbitraire, d'autant plus qu'aucun débat n'a eu lieu. Comme à l'abattoir le PM Alexis a été sacrifié par ses bourreaux. Pour justifier leur comportement irrationnel nos Parlementaires nous introduisent dans une confusion d'ordre sémantique en faisant le distinguo entre un vote de censure et un vote de non confiance.
A qui adressent-ils leurs propos incongrus ? Les deux sont les mêmes. Le vote de censure a comme correspondant en anglais « vote of non confidence » dont la traduction française est l'anglicisme vote de non confiance.

La motion de censure déposée par le Sénat répond aux articles 129.2, 129.3 et 129.4 de la constitution de 1987 :
ARTICLE 129.2:
Le droit de questionner et d'interpeller un membre du Gouvernement ou le Gouvernement tout entier sur les faits et actes de l'Administration est reconnu à tout membre des deux (2) Chambres.
ARTICLE 129.3:
La demande d'interpellation doit être appuyée par cinq (5) membres du Corps intéressé. Elle aboutit à un vote de confiance ou de censure pris à la majorité de ce Corps.
ARTICLE 129.4:
Lorsque la demande d'interpellation aboutit à un vote de censure sur une question se rapportant au programme où à une déclaration de politique générale du Gouvernement, le Premier Ministre doit remettre au Président de la République, la démission de son Gouvernement

Si la motion de censure du Premier Ministre déposée par le Sénat de la République est correcte mais le vote de censure ne répond pas du tout aux normes constitutionnelles. Nous ne devons pas accepter de tels accrocs à la Charte Fondamentale parce qu'il s'agit aujourd'hui d'un Homme à abattre pour une raison qui n'est pas constitutionnelle. Un tel précédent est dangereux, éventuellement n'importe qui peut en être victime. Nos sénateurs ont péché contre l'article 116 de la constitution de 1987.
ARTICLE 116:
Aucune des deux (2) Chambres ne peut siéger, ni prendre une résolution sans la présence de la majorité de ses membres

Le quorum de 2/3 est indispensable pour la validation de toutes décisions législatives. Cependant il faut entendre par là : 2/3 des voix représentatives mais non 2/3 de l'effectif des membres présents à la séance. Il y a 3 sénateurs par Collectivités territoriales. L'absence de 1/3 n'handicape pas la représentativité des Collectivités. Le Sénat haïtien compte 30 membres ou 30 voix représentatives de leurs collectivités
respectives. Le quorum dans ce cas est de :

2/3 X 30 = 60/3 = 20

Les morts et les absents sont représentés par leurs collègues jusqu'à concurrence des 2/3. Légalement 20 sénateurs devraient être présents le samedi 12 avril pour que le vote de non confiance de Jacques Édouard Alexis soit valide. Le Grand Corps ne devrait pas délibérer avec 16 sénateurs, faute de quorum. Nous comprenons la colère du Député de Pétion Ville Steven Benoît. Une certaine engeance voudrait ramener le quorum au 2/3 des sénateurs présents dans la salle d'audience. Quelle absurdité! Quel crétinisme! Dans ce cas pourvu qu'il y ait 3 sénateurs présents on peut toujours passer au vote et respecter le quorum de 2/3. Ce raisonnement farfelu est plutôt digne des abrutis. Le Pouvoir Législatif ne doit pas contrevenir à la Loi Mère. Selon Aristote dans « Éthique à Nicomaque », le césarisme du vote de censure du Sénat est l'expression la plus claire de cette politique de cannibale qui détruit la Nation haïtienne. Le Président René Préval est tellement conscient de cette gaffe spectaculaire du Sénat, qu'il a donné l'ordre aux sénateurs de LESPWA de ne pas voter l'arbitraire. Et le madré compère publiquement pour se dédouaner devant l'histoire s'oppose à l'éviction de son Premier ministre.

Le méchant fait toujours une ouvre qui le trompe. Il n'y a pas de crime parfait. L'indice le plus incriminant pour le Président René Préval de son implication dans le renvoi arbitraire du Premier ministre nous est apporté par l'article 121 de la Constitution qui lui accorde le droit de faire objection en tout ou en partie, avant leur promulgation, des dispositions légales du Corps législatif. Pourquoi Préval ne l'a pas fait ?
OBJECTION!

Par quel bout commencer?
Jean Erich René
21 avril 08

L'état de délabrement actuel d'Haïti réclame l'attention de tous ses fils quel que soit son nom d'oiseau : coq ou pintade. Les critiques négatives ne sont pas constructives. Au contraire elles sèment le désarroi au sein de la population. Par nos luttes intestines et nos querelles byzantines nous avons détruit le pays. Les promesses fallacieuses de nos révolutionnaires en carton ne se sont pas matérialisées après 22 ans. Malgré tout, ils s'évertuent à maintenir le peuple dans un état de prostration et d'attentisme béat. Aujourd'hui ils doivent reconnaître qu'ils ont fait fausse route et déposer leurs armes. Les faits parlent plus haut que leurs discours mensongers. Haïti est le seul pays de l'Amérique frappé par la famine. Nous admettons que le phénomène n'a pas des origines purement nationales. Mais la Dominicanie même terre, même climat n'est pas touchée. Pourquoi?

Le peuple haïtien manque de tout: aliment, logement, vêtement, sécurité, santé, électricité etc. Il n'est pas possible de continuer avec cette litanie de misère. "Gémir, pleurer, prier est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche. Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler. Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. " nous conseille Alfred de VIGNY dans La Mort du Loup. Allons-nous tous mourir ? La problématique haïtienne par son ampleur doit être résolue par étapes successives. Le changement arrivera graduellement. Mais dans cette marche vers une transformation de nos structures économiques et sociales, c'est le premier pas qui coûte. Le peuple haïtien n'a que faire des beaux discours. Il n'a aucun préjugé de parti ni d'idéologie. Il ne demande pas qu'on lui décroche la lune. Il a faim. Il veut qu'on lui donne à manger. Point barre.-

Point n'est besoin de tourner autour du pot, l'augmentation de la production agricole constitue la première étape à franchir dans l'exécution d'un programme de salut public. Il n'y a que les agriculteurs qui connaissent les secrets de la terre qui lui donne chaque jour ses produits. Il n'y a pas de place pour l'amateurisme. Pour donner à manger en Haïti il faut d'abord la connaissance du milieu physique. Avec un relief montagneux au 4/5 de sa superficie et une superficie avec des pentes supérieures à 20% il faut connaître au moins les règles de l'art pour s'y aventurer. On doit être initié aux arcanes des sciences agricoles pour poser et résoudre l'équation de la production alimentaire haïtienne, effacer la famine et franchir le cap de l'autosuffisance alimentaire.

Nous avons pris la mauvaise habitude de ridiculiser les nantis du savoir au point de proposer Sô Anne comme Premier Ministre. Cette plaisanterie de mauvais goût exprime la tendance en cours au sein de la société haïtienne. Dans un pays ou n'importe qui peut remplir n'importe quelle fonction sans aucune formation, n'importe quoi peut arriver à n'importe quel moment. En Haïti nous avons des agronomes, des économistes etc. qui n'ont étudié nulle part et qui décident pour le pays. C'est du jamais vu, ni lu, ni entendu! Ils n'ont même pas le jargon de la science qu'ils prétendent posséder. Quand un aveugle conduit un aveugle, vous pouvez deviner le reste. Ce tableau illustre bien la situation actuelle d'Haïti. Ne nous faisons aucune illusion de miracle. « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » disait Dieu à Adam. Autrement dit pour manger il faut cultiver le sol.

Tout d'abord il convient de bien évaluer nos possibilités pour ne pas rêver au-delà de nos capacités. Vu l'exiguïté de notre territoire nous devons en faire un usage rationnel pour ne pas détériorer notre environnement. Posons les postulats de base :

- nos cultures vivrières et industrielles doivent être entreprises dans nos plaines et nos plateaux.
- nos mornes doivent être réservés aux cultures pérennes telles que nos denrées d'exportations café, cacao, nos arbres fruitiers et nos essences forestières.
- L'irrigation est la clef du rendement des cultures saisonnières telles que : mais, pois, riz etc. Cette vérité est connue en Haïti depuis la colonie. En témoignent les vestiges des aqueducs de l'époque coloniale.

Gouverner c'est prévoir! L'agriculture de grappillage des paysans ne peut plus nourrir la population haïtienne qui atteindra 9 millions d'habitants en 2010. La valse de la famine ne fait que commencer. Nous ne prophétisons pas. L'analyse de Régression statistique nous permet d'augurer avec précision l'effet ciseau de la croissance démographique par rapport à notre production alimentaire décroissante. Les problèmes économiques sont silencieux, nous dit Marshall. Si on ne s'en occupe pas ils éclatent au moment ou il est déjà trop tard. Le Peuple déferle dans les rues. C'est la révolution qui couve! Malheureusement le déchouquage n'est pas du tout la bonne réponse, le mensonge non plus. Les deux ne font qu'empirer la
situation. On peut mentir à court terme mais à moyen terme les frustrations vont éclater à nouveau avec plus de fureur comme les eaux sauvages d'une rivière en crue. Ce sera la catastrophe! Wait and see.

L'Etat haïtien doit faire le ménage au niveau de son appareil administratif. Il y a trop de sinécures, trop de gaspillage. Puisque nous parlons de production agricole, plaçons sous les feux de la rampe le MINISTERE DE L'AGRICULTURE. A quoi sert-il? Zéro barré! Des millions de dollars sont budgétés chaque année pour payer les employés, acheter des Jeeps etc. Pas un régime de banane, pas une livre de mais ni de riz. Mais chaque année on fête grandiosement le 1er Mai. Ce ne sont pas les techniciens qui sont mauvais. Attention! Ils sont très, très compétents. Nous en en connaissons qui sont sérieux, honnêtes et super bons. Mais ils ne sont pas placés dans les conditions adéquates pour performer. Libérons nos agronomes en faisant d'eux comme Louis Déjoie des entrepreneurs. Invitons les à former des Coopératives de production de céréales, d'agrumes, de légumes , de production laitière, d'élevage, de poulets de chair, de pondeuses, de dindes, de canards, de porcs, de cabris, de bœufs etc. Et on verra!

Nous croyons dur comme fer à la prospérité d'Haïti par la renaissance de l'Agriculture mais nous devons donner accès aussi au financement à nos techniciens. Les banques haïtiennes ne prêtent pas à la classe moyenne. Voilà la principale pierre d'achoppement de notre production agricole : le prêt hypothécaire. L'Autorité Monétaire Nationale par le biais de la Banque Centrale ou BRH doit réviser les critères de prêt en Haïti datés de 1950 pour privilégier le taux de rendement interne du projet ou pour répéter Keynes son taux d'efficacité marginale comme dans tous les pays avancés du monde. Est-ce que nous avons suffisamment de terre pour produire la quantité de nourriture dont nous avons besoin ? Pour répondre à cette question et éviter que le tonnerre tombe sur notre tête nous vous livrons la liste des terres disponibles dans tous les Départements Géographiques du pays. A vous d'en juger. Rectifiez-nous s'il y a lieu!

Plaines et Plateaux d'Haïti avec leur superficie :

1. Plateau Central.... ............ ......... ......... ......... ......... .......217. 000 has
2. Plaine de l'Artibonite. ......... ......... ......... ......... ......... .......80. 000 has
3. Plaine du Nord et de Fort Liberté...... ......... ......... ......... 38.000 has
4. Plaine du Cul-de-Sac.. ......... ......... ......... ......... ......... ......37. 000 has
5. Plaine du Nord-ouest.. ......... ......... ......... ......... ......... ......30. 000 has
6. Plaine des Cayes et de Torbeck..... ......... ......... ......... .....20.000 has
7. Plaines de la Grande Anse et des Abricots……………18.500 has
8. Plaine des Gonaïves et Savane Désolée ……………...16.500 has
9. Plaine de Léogâne....... ......... ......... ......... ......... ......... .....10.000 has
10. Plaine de l'Arcahaie.. ......... ......... ......... ......... ......... ......10. 000 has
11. Plaine des Nippes...... ......... ......... ......... ......... ......... .....10.000 has
12. Plaine Limbe et Port Margot...... ......... ......... ......... .......9. 000 has
13. Plaines Moustiques, Port-de-Paix, Anse à Foleur…….8.000 has
14. Plaines Coteaux, Anglais, Irois....... ......... ......... ......... ....6.500 has
15. Plaine de Fond des Nègres....... ......... ......... ......... ......... ..6.250 has
16. Vallée Saut D'eau et Plaine Mirebalais.. ......... ......... ......6.000 has
17. Plaine Aquin et Cotes de Fer......... ......... ......... ......... ......5.000 has
18. Plaine Saint Marc et Montrouis... ......... ......... ......... ....... 5.800 has
19. Plaine Petit Goâve et Grand Goâve........ ......... ......... ......4.500 has
20. Plaines des îles La Gonâve, la Tortue, La Cayemites.. 71.000 has

Superficie Totale : 610.000 has
Superficie irriguée: 70.000 has
Superficie irrigable:195. 000 has

Que personne ne me dise qu'il n'y a pas suffisamment de terre en Haïti. Ces données nous prouvent que l'augmentation de la production agricole d'Haïti est physiquement possible. On peut atteindre l'autosuffisance alimentaire et passer à l'exportation tout en amorçant notre développement industriel et combler le déficit de notre balance de paiement à l'instar de la République Dominicaine. Que les leaders politiques aux courtes vues et à la grande bouche arrêtent leurs machines de menteries! Que les politiciens marron s'abstiennent ! Que le peuple haïtien apprenne à distinguer un leader progressiste d'un mandataire forain, un prophète d'un démagogue, un médecin d'un charlatan, un dentiste d'un arracheur de dent, un agronome d'un boulanger!

SITUATION EN HAITI: DECLARATION DE LA PRESIDENCE AU NOM DE L'UNION EUROPEENNE

(Bruxelles, 18 avril 2008)

L'Union européenne se déclare préoccupée par les troubles violents qui ont secoué Haïti et déplore en particulier les pertes en vies humaines et les dégâts qu'ils ont occasionnés. L'Union européenne engage toutes les parties à s'abstenir de recourir à la violence et à entamer un dialogue constructif afin de surmonter la crise actuelle.

L'Union européenne souhaite vivement que la MINUSTAH soit maintenue en place, sans aucune réduction de ses effectifs. Les événements actuels démontrent que la présence de la MINUSTAH est essentielle pour garantir la sécurité publique et l'Etat de droit.

En étroite coopération avec les autres bailleurs de fonds et la communauté internationale en général, l'Union européenne continuera de soutenir les efforts que déploient les autorités haïtiennes pour répondre aux besoins urgents de la population haïtienne et assurer la stabilisation politique et sociale du pays./.

vendredi 18 avril 2008

Trois textes de Stanley Lucas sur la conjoncture.

Nouveau Premier Ministre: Le jeu d'échec de René Preval (Part II)

Stanley Lucas

La partie a commence au palais national, caractéristique principale du jeu: le metdam. Le Président a commence a rouler les acteurs. Le premier groupe à subir le test au palais a été les partis politiques. Préval pendant cinq heures a fait parler les partis, prenant des notes, au cours de cette réunion il s'est plaint sans arrêt, cela fait partie de la stratégie. Le président a voulu connaitre la position de chaque parti pour les contourner, les épuiser, les manipuler comme dans un jeu d'échec.

L'objectif est de rouler encore une fois les partis politiques. L'objectif est aussi de garder la primature et les ministères stratégiques puis distribuer des miettes aux partis. Le caractère informel des discussions maintient la confusion, c'est voulu, rien n'est clair. Les acteurs ont laisse la réunion sans que rien de concret soit règle. Rien n'a change chez Preval, jwet metdam siperye a ap kontinye, li pral kreye pwoblem.

La même approche a été adoptée a la réunion avec les présidents des deux chambres qui a débute aujourd'hui Jeudi 17 avril vers 11hres a.m. matin. Un problème va se poser au sénat, la position de Kelly Bastien au palais est en contradiction avec la position de la majorité des sénateurs, le président de la chambre des députés a été plus élastique. Jwet metdam superieur! Jwet la pral kreye instabilite paske Preval ap jwe ak tout moun anko, lap jwe ak tout moun.

Nouveau Premier Ministre: Le jeu d'échec de René Preval (Part I)
Stanley Lucas

Preval depuis 2005 a roule tout le monde dans la farine. Il a utilise la "mobocratie" (violence de la populace) et l'aide de l'ancien ministre de l'intérieur du gouvernement Latortue pour éviter un second tour catastrophique des élections présidentielles. Comme dans le cas de Preval en 1991 aucune consultation sérieuse ne s'est tenue en 2006 pour designer le Premier Ministre. Jacques Edouard, serviteur de Preval, l'un des responsables des crises électorales du 21 Mai et 26 Novembre 2000 est devenu Premier Ministre. En 2006 Preval a encore une fois roule tout le monde, en se servant de soit disant consultations, pour distribuer aux partis quelques miettes sans importance comme les ministères des affaires sociales et de l'environnement. Dans ce jeu de rouleur il a réussi à garder pour lui la primature et les ministères stratégiques des finances, de l'intérieur, des affaires étrangères, de la planification, de la justice et j'en passe.

René Preval dans le cadre de son agenda totalitaire doit se débarrasser de la constitution de 1987, il demande à deux proches de lui préparer une nouvelle constitution. Toute une campagne de relations publiques est mise en place en secret. La présentation du document par Michèle Pierre Louis, Cary Hector et Claude Moise par surprise panique les secteurs démocratiques. Il avait commande le document avant même d'avoir prêté serment comme président, l'homme est déterminé, l'homme sait ce qu'il veut, c'est le troisieme coup que le pays n'a pas vraiment avale, le futur le dira.

Au niveau électoral toujours dans sa stratégie de rouler tout le monde dans un premier temps, Preval bloque l'organisation des élections des assemblées pour empêcher la mise en place d'un Conseil Electoral Permanent dont il n'aurait pas le contrôle. Il bloque aussi l'organisation des élections sénatoriales de Novembre 2007 et sans consultation il se débarrasse du CEP provisoire ayant organise les élections de 2006. Nan jwet metdam la, Preval fait semblant de consulter les secteurs vrais de la société pour la mise en place d'un nouveau CEP provisoire. La encore il roule tout le monde, il passe a cote, consulte des amis travaillant au sein des institutions consultées et met en place un CEP totalement partisan. Frantz Verret le président partisan du CEP est recrute pour Preval par son cousin Gabriel Verret conseiller économique de Preval (un employé de l'USAID détache au palais) et l'évêque de Port-au-Prince Miot un Aristidien. Ca été le cas pour les neuf membres, comme résultat René Preval contrôle totalement le CEP qui doit organiser des élections partisanes. La liste des sénateurs à nommer est en possession de Fritz Longchamp. La encore, il roule encore tout le monde.

Une nouvelle partie d'échec a commence pour la nomination d'un nouveau Premier Ministre. Preval a mis en place une stratégie lui permettant de rouler les partis politiques, les députés et sénateurs qui ne sont pas de Lespwa. Preval veut nommer un Premier Ministre dur qui lui permettra d'appliquer son agenda totalitaire. A une réunion du palais le premier scénario discute était de voir comment affaiblir le groupe des 16 sénateurs. Faut-il accélérer le départ des neuf sénateurs qui iront aux prochaines élections (sélection)? Faut-il utiliser le Premier Ministre démissionaire et sa femme pour intimider les parlementaires? Faut-il utiliser la réunion des bailleurs de fonds prévue pour le 22 Avril pour forcer les parlementaires à avaler sans négociations (prese-prese) le candidat choisi par Preval au poste de Premier Ministre? Plusieurs séances du genre avec des tas de questions et de scénarios ont eu lieu au palais. Encore une fois l'objectif est de placer des fidèles de Preval à la primature et au sein des ministères plus importants et de distribuer des miettes aux autres acteurs. Le plan de Preval est prêt pour rouler les partis, la société civile, les parlementaires elatrye. La partie d'échec débutera sous peu, l'enjeu? Des élections libres, honnêtes et démocratiques, la sécurité, la bonne gouvernance et la démocratie Haïtienne.

Manifestations et MINUSTAH: Nécessite d'une commission d'enquete du pouvoir Legislatif

Stanley Lucas
Les Haïtiens sont très sensibles au respect de leur souveraineté nationale. Les événements de la semaine ont cause des victimes, plusieurs morts et plus de 250 blessés. Plusieurs stations de radio ont rapporte les interventions musclées de la MINUSTAH contre des citoyens Haïtiens notamment des journalistes, des jeunes, des femmes et militants politiques.

Nous sommes pour la démocratie et le respect des lois. Les citoyens ont le droit de manifester pacifiquement et revendiquer. Les rapports de journalistes sur le comportement des soldats de la MINUSTAH par rapport a nos citoyens a été très négatif. Nous, comme citoyen, avons le droit à la vérité. Nous demandons aux bureaux du Sénat et de la Chambre des députés de monter une commission d'enquête sur les événements de la semaine dernière.

Je suggère la formation d'une commission de huit membres (quatre sénateurs et quatre députés). Cette commission sera chargée d'enquêter sur le comportement de la MINUSTAH lors des manifestations populaires de la semaine dernière. Cette commission devra faire appel et questionner:
1. Les citoyens victimes
2. Les journalistes et solliciter leur contribution (photos, vidéo, témoignages)
3. La police nationale
4. Les soldats de la MINUSTAH identifiés sur les photos
5. Le ministre de la justice pour savoir qui a donne des ordres a la MINUSTAH d'intervenir et les règles d'engagements. Le ministre de la justice et des affaires étrangères devront aussi fournir au membres du parlement l'accord signe par le gouvernement Preval/Alexis déterminant le statut de la MINUSTAH en Haïti
6. La direction générale de la police nationale, les directions de Port-au-Prince, Carrefour, Delmas et Pétion Ville ainsi que les membres des familles des agents victimes ou tues.
7. Les marchandes du marche incendie

Les parlementaires devront publier le rapport dans un délai ne dépassant pas 15 jours.

Qui sera Premier Ministre?


Jean Erich René
18 avril 08

La saga d'Alexis n'en finit pas. Il nous faut changer ce système de politique anthropophage, suicidaire pour le pays. La Villa d'Accueil devient un vrai calvaire. Presque tous nos Premiers ministres ont connu une triste fin. Après le vote de censure du Parlement on voudrait accuser Alexis des 7 péchés capitaux afin de ternir son image et lui barrer la route du Palais National. Outre le dossier de la vie chère on voudrait lui
faire porter le chapeau de l'assassinat d'un agent de l'ONU. Certains Parlementaires affirment leurs grandes inquiétudes suite à certaines menaces venant de son entourage. Ce n'est pas sérieux! Il existe certes des
liens entre Jacques Edouard Alexis et les chimères. C'est grâce aux pressions des législateurs du béton que sa politique générale a été validée. René Civil qui était en exil à St Domingue avait traversé la frontière pour apporter son concours au PM Alexis. A la fin du mois de décembre 2006 des récompenses étaient distribuées aux activistes au Palais National. Mais nous devons éviter de tout amalgamer.

Il est arbitraire et méchant d'ouvrir un dossier criminel pour Jacques Édouard. Si nous analysons géographiquement les coordonnées du crime, la victime est tombée sous des balles assassines dans la zone d'influence de René Civil. Les témoins rapportent que le coup de feu est parti d'un Montero, non loin de la Cathédrale de Port-au-Prince. Il faut trois éléments essentiels pour porter une accusation ferme contre un individu : le corps du délit, l'arme du crime et des preuves liant le prévenu aux indices. A qui appartient ce Montero? Quel est le numéro de sa plaque d'immatriculation? Des questions auxquelles peuvent répondre aisément la DCPJ en consultant les archives du Service de la circulation des véhicules. Les empreintes laissées sur le volant permettent de remonter facilement au criminel et à ses complices. La balistique peut aisément décrire, à partir des rayures de la douille extirpée du cadavre, le canon de l'arme qui a tiré le projectile, à moins qu'il soit scié. Ainsi on peut identifier son détenteur.

Le brigandage devient le mode de gestion privilégié de Préval. Il faut qu'il y ait toujours un torchon qui brûle afin de détourner l'attention du peuple des vrais problèmes. C'est dans la tourmente que le Roi Pétaud se sent mieux pour diriger. Ainsi ira la République pour les 3 prochaines années de LESPWA au pouvoir. Une fois de plus, Préval pour brouiller les cartes et créer la diversion a remis une liste de 12 noms au Parlement comme Premier ministre. Le choix est difficile et laborieux à faire. Des conflits d'intérêt vont ajourner les débats et retarder la nomination du Premier ministre. Une façon pour Préval de gagner du temps pour bien huiler sa machine politique. Le choix du PM est soumis à dessein au Parlement dans le but d'interférer avec les travaux de préparation de la loi électorale qui devrait être promulguée avant le 8 mai 2008. Cette date butoir une fois passée, les sénateurs élus pour 2 ans seront forcés de laisser le Palais
Législatif.

René Préval a traîné ses pas jusqu'à ce qu'il obtienne ce qu'il visait depuis longtemps : la caducité du Sénat. En effet le Grand Corps comptait 30 membres. Après la mort du Sénateur Limage, le départ de Boulos et de Compère, il en reste 27. Sans la promulgation de la loi électorale, le 8 mai 2008, 10 autres sénateurs doivent se retirer du Parlement. La Chambre haute est donc réduite à un effectif de 17 sénateurs. C'est le chiffre magique que cherchait Préval. Au cours d'une séance le Président du Sénat n'a pas le droit de voter. Donc 16 sénateurs seulement sont appelés à voter pour prendre une décision. Or la Constitution exige un quorum des 2/3 de l'effectif pour qu'une décision soit valide. C'est avec le chiffre magique de 16 que Préval vient de pousser, haut les mains, le dos de Jacques Édouard Alexis à la Primature. Personne n'a protesté! Il y a jurisprudence.
Avec ce bélier il compte renverser d'autres barrières et remporter d'autres
victoires.

Lors du vote de non confiance du PM Alexis, l'absence du Sénateur Kelly Bastien, en congé de maladie, devrait handicaper la séance. Le Président René Préval, en dépit de son attitude apparemment hostile au renvoi du PM Alexis, a pressé Kelly Bastien à se présenter au Palais Législatif. Dès lors Jacques Édouard Alexis qui avait l'assurance que la séance serait renvoyée, savait que son sort était jeté. Voilà pourquoi le député de Pétion Ville Steven Benoît bien imbu de la question s'est estomaqué et a donné sa démission. Il conteste ce jeu d'hypocrisie de son ex-beau-frère René Préval.. D'autant plus que René Préval persiste à dire qu'il est injuste de renverser le Gouvernement non responsable de la vie chère. Pourtant il cache ses mains pour lancer des pierres à Alexis . Ce coup fourré permet à Préval d'obtenir une éclaircie. Mais pour combien de temps?

Les prétendants à la Primature doivent tirer les leçons nécessaires. Dans un pays en pleine crise alimentaire, le PM devient l'agneau sacrificiel. On attend tout de suite du nouveau locataire de la Villa s'Accueil, ce que le Gouvernement n'a pu obtenir pendant deux ans. Préval, croyant à l'impossibilité d'une solution, a lui-même évoqué le vocable miracle pour sortir le pays de cette crise. Si Préval attend un miracle du prochain Premier Ministre, historiquement il n'y a qu'un seul homme sur la terre qui put réaliser le prodige de donner à boire et à manger à une foule sans avoir rien acheté ni planté au préalable : c'est Jésus. Le Président Prévale s'attend-il à ce que le Fils de Dieu s'installe à la Villa d'Accueil pour changer l'eau de nos rivières en clairin, le sable de nos plages en riz et nos galets de pierre en biscuits, pour résoudre la problématique de la famine haïtienne? Là encore, les Publicains du Club de Bourdon prélèveront leurs impôts.

Nos hommes politiques ne sont pas thaumaturges! Qui peut relever le défi de la Primature? Des ambitieux turlututus bouche pointue, il y en a pas mal qui sont prêts à assaillir la Villa d'Accueil pour piller l'aide que les pays amis apportent aux affamés, à l'instar des 1200 barils d'asphalte du Venezuela vendus à St Domingue. Qui sera Premier Ministre? A l'instar de Diogène nous cheminons avec une lampe allumée sur notre tête à la recherche d'un homme honnête, compétent, sérieux dont la déclaration de politique générale est réaliste, bien articulée et inspirée de paradigmes scientifiques. Il faut un PM dont la praxis confirme sa connaissance du milieu. Le Duc de Tabara est l'un des rares échantillons d'hommes politiques haïtiens qui jouissent d'un tel pedigree. Ce n'est pas un vœu pieux! Il a une culture d'exécution, plume et encre. Ses documents l'attestent.

jeudi 17 avril 2008

Revue de la presse Locale

La Fusion participe à la formation d’un nouveau gouvernement

Jeudi, 17 avril 2008 09:51
http://www.metropolehaiti.com/


Le chef de l’état haïtien, René Préval, s’est entretenu hier avec les chefs de file des partis politiques représentés au Parlement dont la Fusion, l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), Fanmi Lavalas et l’Union. Une première rencontre de plus de 5 heures au palais national, dont l’objectif était la formation d’un gouvernement de consensus après le renvoi du premier ministre Alexis par le sénat.

Le porte parole de la Fusion, Micha Gaillard, soutient qu’il n’y avait pas d’autre issue à la crise résultant de la forte mobilisation populaire. " Le sénat a exprimé la volonté du peuple", dit-il espérant que le prochain premier ministre s’évertuera à rassurer les différents secteurs de la vie nationale."

Le vote du sénat permet de protéger la stabilité paradoxalement", insiste M. Gaillard faisant valoir que ce vote traduit l’expression de la majorité de la population insatisfaite de l’action gouvernementale. " Le premier ministre est un fusible qui permet de sauver le président", argue t-il tout en admettant que le chef de l’état est impliqué dans la mauvaise gestion.

Intervenant à la rubrique " Invité du jour" de radio Métropole, Micha Gaillard s’est prononcé pour une modification de la politique sociale du gouvernement qui doit maintenant privilégier le développement de la production nationale.Le porte parole de la Fusion met l’accent sur la nécessité d’appliquer une politique de réconciliation nationale qui se traduira dans les rapports entre l’exécutif et le législatif. M. Gaillard estime que tous les secteurs doivent jouer leur partition dans le processus de formation d’un gouvernement de salut national.
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Visite prochaine du président brésilien, Luiz Inacio " Lula " da Silva en Haïti

Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, effectuera une visite à Port-au-Prince le 28 mai prochain a révélé hier l’ambassadeur du Brésil, Igor Kipman. Au cours de son séjour dans la capitale haïtienne le président Lula aura des entretiens avec le chef de l’état, René Préval, autour de plusieurs dossiers importants dont la relance de la production agricole.

L’ambassadeur brésilien indique que des experts brésiliens séjourneront en Haïti au début du mois de mai afin de préparer la rencontre entre les deux chefs d’état. La visite du président brésilien annoncé préalablement pour décembre 2007 avait été reportée sans aucune explication officielle des autorités.

L’annonce de la visite du président Luiz Inacio da Silva intervient alors que le gouvernement brésilien vient d’accorder une aide de 14 000 tonnes de nourriture à Haïti qui a connu des grandes manifestations contre la vie chère la semaine dernière.

Les distributions ont débuté mardi dans le vaste bidonville de Cité Soleil où plus d’un millier de familles et des enfants de deux établissements scolaires ont reçu des rations. D’autres distributions sont prévues dans les quartiers de Bel Air et Cité Militaire. Haricot, sucre, huile et riz sont distribués par les casques bleus soutient l’ambassadeur brésilien qui révèle qu’une aide additionnelle est envisagée.

D’autres pays et organisations internationales ont promis une aide alimentaire d’urgence à Haïti secoué par des manifestations violentes qui ont été à l’origine du renvoi du premier ministre Jacques Edouard Alexis par le sénat.

La Banque Interaméricaine de Développement (BID) avait annoncé le déblocage de 10 millions de dollars qui devrait donner lieu à des distributions alimentaires via le système scolaire. Dans le même temps, environ 200 millions de dollars d'aide ont été annoncés par les Etats-Unis, alors que l'Union européenne (UE), a apporté une aide immédiate de 2 millions d'euros, qui sera utilisée pour permettre la réduction du prix du riz.

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Chavannes Jean Baptiste réclame une aide pour tous les agriculteurs haïtiens

Le leader du Mouvement des Paysans de Papaye (MPP), Chavannes Jean Baptiste, accueille favorablement la décision du chef de l’état de renforcer la production nationale en vue faire face à la crise alimentaire.

Il se prononce pour une diversification de la production agricole estimant que le riz seul ne peut résoudre les besoins alimentaires de la population haïtienne. " Le riz seul ne peut résoudre la crise alimentaire du pays, il faut encourager la culture des aliments produits localement dont le maïs, le petit mil, la patate, le haricot etc..", ajoute t-il.

Chavannes Jean Baptiste fait remarquer que 90 % des agriculteurs haïtiens ne produisent pas le riz qui est cultivé dans des rares régions telles la Vallée de l’Artibonite, la plaine des Cayes et une région du plateau central. Le dirigeant du MPP souhaite que le chef de l’état entreprend des discussions avec les organisations paysannes afin de définir les modalités pour un renforcement de la production agricole.

De plus, M. Jean Baptiste regrette que le chef de l’état ait abordé uniquement le problème des engrais chimiques attirant l’attention sur la vertu des engrais naturels. Selon Chavannes Jean Baptiste le sol dans l’Artibonite est épuisé en raison de l’utilisation des engrais chimiques et du mauvais état des canaux d’irrigation. M. Jean Baptiste soutient que la culture des légumes est plus facile que la culture du riz.

Le parlement doit jouer son rôle dans la relance de la production agricole nationale déclare M. Jean Baptiste qui rappelle que seulement 4 % du budget était alloué à l’agriculture. Il fait remarquer que le budget alloué au cours de ces dernières années a servi au fonctionnement du ministère de l’agriculture, " les paysans n’ont rien bénéficié de ce montant".

Par ailleurs, le chef de l’état s’est entretenu hier avec des importateurs en vue d’envisager une baisse des prix de plusieurs autres denrées telles le maïs, l’huile, la farine et le fer.

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Visite d’une délégation sénatoriale aux Cayes (Sud)

La ville des Cayes a donné le coup d’envoi des manifestations contre la vie chère. Bilan officiel : 5 morts

jeudi 17 avril 2008,
Radio Kiskeya

Le bilan total des morts enregistrés lors des récentes manifestations contre la vie chère aux Cayes (Sud) s’élève officiellement à 5 morts, selon une délégation sénatoriale de 6 membres qui a effectué une visite d’information mardi dans la métropole du Sud.

Selon le chef de la délégation, le sénateur de l’Ouest Roudy Hérivaux (élu sous la bannière de Fanmi lavalas), des « individus mal intentionnés » s’étaient infiltrés dans les manifestations pour y semer le trouble.

A rappeler que les plus graves incidents se sont produits lors de l’attaque d’un groupe de manifestants contre le quartier général de la mission onusienne aux Cayes. Tout en établissant alors un bilan de 1 mort et plusieurs blessés, celle-ci avait toutefois annoncé l’ouverture d’une enquête sur la proportionnalité de la riposte donnée par des soldats onusiens à des tirs en provenance des manifestants qu’ils disent avoir essuyés.

Un autre grave incident s’est produit devant l’Hôtel en construction « Le Manguier », propriété du 3ème sénateur du Sud, Gabriel Fortuné (UNION). Pris à partie pour avoir repris l’argument du premier ministre maintenant démissionnaire Jacques Edouard Alexis selon lequel les manifestations étaient manipulées par des contrebandiers et des trafiquants de drogue. Des manifestants qui tentaient d’investir l’hôtel ont été farouchement repoussés. Il en est résulté un mort par balle parmi eux.

Se félicitant de l’accueil réservée à la délégation, le sénateur Hérivaux a indiqué que celle-ci a pu rencontrer les représentants de divers secteurs de la communauté cayenne, dont des membres d’organisations populaires, des maires et le directeur départemental de la police, le commissaire divisionnaire Henriot Toussaint.

Pour le sénateur Youri Latortue (Artibonite, LAA) qui faisait également partie de la délégation, la situation socio-économique des populations du Sud est pour le moins précaire. Le parlementaire encourage le président René Préval à adopter des mesures urgentes, telle que la baisse des tarifs douaniers sur les importations de produits de première nécessité. Il appelle aussi à la diminution des taxes sur les produits pétroliers. [jmd/RK]
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La Chambre des représentants des Etats-Unis exige l’effacement de 48,7 millions de dollars de la dette d’Haïti

L’élu démocrate Alcee Hastings vise à "libérer Haïti" totalement du fardeau de sa dette externe

mercredi 16 avril 2008,
Radio Kiskeya

La Chambre des représentants (Députés) des Etats-Unis a adopté mercredi à l’unanimité une résolution appelant l’administration Bush à rechercher l’annulation de 48,7 millions de dollars de la dette externe d’Haïti, rapporte le quotidien floridien Palm Beach Post.

"La situation en Haïti, une nation historiquement très affectée par la violence et les désastres naturels, devient de plus en plus désespérante et volatile", a déclaré dans son intervention, peu avant le vote, l’élu démocrate de Miramar (Floride), Alcee Hastings qui a introduit la résolution. "Le gouvernement des Etats-Unis n’a pas le droit d’ignorer que l’escalade des prix des produits alimentaires échappe à tout contrôle dans le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental".


Au cours de la même séance, les congressmen ont approuvé par 285 voix contre 132 une autre résolution qui exhorte le secrétaire au trésor (ministre des finances), Henry Paulson, à travailler avec les institutions financières internationales en vue d’obtenihr l’effacement de la dette de plus de 30 pays pauvres incluant la Bolivie, le Honduras, le Rwanda et le Zambie.


Trois autres Représentants démocrates de la Floride, Ron Klein (Boca Raton), Tim Mahoney (Palm Beach Gardens) et Robert Wexler (Delray Beach) ont appuyé les efforts de Hastings jusqu’à l’ádoption de ce paquet de mesures législatives.


Lundi, la Maison Blanche s’était montrée opposée à ces propositions en les qualifiant de "mauvais message", mais n’avait pas menacé d’y opposer son veto.


Alcee Hastings a indiqué que son initiative constitue une "importante étape initiale d’un objectif final qui est de libérer Haïti du fardeau de la dette".


Les résolutions ayant obtenu le feu vert de la Chambre des Représentants doivent être maintenant approuvées par le Sénat.


La dette externe d’Haïti, dont le processus d’annulation partielle a été enclenché par ses partenaires multilatéraux, est estimée à un peu plus d’un milliard de dollars. spp/Radio Kiskeya

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La frontière avec Haïti sous contrôle, selon l’armée dominicaine

Le numéro un de l’institution militaire, le général Ramòn Antonio Aquino Garcìa, affirme que ses troupes sont prêtes à affronter n’importe quelle situation après les émeutes enregistrées en Haïti

mercredi 16 avril 2008,
Radio Kiskeya

Le chef des Forces Armées dominicaines, le lieutenant-général Ramòn Antonio Aquino Garcìa, a affirmé mercredi que pour le moment "tout est sous contrôle" à la frontière haïtiano-dominicaine après les troubles ayant affecté Haïti la semaine dernière.

Selon le quotidien Diario Libre, le chef militaire a indiqué que toutes les précautions ont été prises en vue de faire face à n’importe quelle situation d’urgence. Il a ajouté qu’en dépit des fortes tensions sociales provoquées en Haïti par la flambée des prix alimentaires, les mêmes unités militaires déployées dans la zone frontalière sont maintenues, mais sont placées en "état d’alerte".

"Notre frontière est sous contrôle. Nous avions adopté des mesures auparavant, tout est tranquille à la frontière", a poursuivi le général Aquino Garcìa.

Les unités chargées de surveiller la frontière sont prêtes à affronter n’importe quelle situation anormale en provenance d’Haïti, a conclu le chef des Forces Armées qui s’exprimait à l’issue d’une messe célébrée à Santo Domingo pour marquer le 164e anniversaire de la marine de guerre dominicaine.

Haïti et la République Dominicaine partagent une frontière longue d’environ 400 kilomètres. spp/Radio Kiskeya



A quand un nouveau Premier ministre ?

Conformément à l'article 129-4 de la Constitution de 1987, le Premier ministre Jacques-Edouard Alexis a remis hier après-midi, au Président de la République, à l'issue du Conseil des ministres, la démission de son gouvernement. Le président du Sénat, hier, a lui aussi informé le chef de l'Etat de la motion de censure des 16 sénateurs votée à la séance de l'interpellation du Premier ministre Jacques-Edouard Alexis le samedi 12 avril 2008.

Contrairement à l'expérience douloureuse faite lors de son premier mandat présidentiel, René Préval se lance déjà dans une véritable course contre la montre en programmant cet après-midi, au Palais national, une première rencontre avec les partis politiques membres de la coalition gouvernementale, en vue de réfléchir sur le choix d'un nouveau Premier ministre. Les parlementaires, les hommes d'affaires, la plupart des chefs de partis politiques et différents secteurs de la vie nationale pressent le Président de la République d'agir vite pour éviter au pays la répétition d'une crise gouvernementale semblable à celle de 1997.

René Préval a, semble-t-il, bien appris les leçons du passé. Dans les couloirs du Palais national, on prétend que le président ne tardera pas à consulter, cette semaine, les présidents des deux Chambres sur le choix du 14e Premier ministre. A la Chambre des députés où aucun parti ni coalition ne détient la majorité, le président de la République peut compter sur les partis membres du gouvernement pluriel démissionnaire. Par contre, au Sénat, le Chef de l'Etat ne saurait ignorer le groupe des 16 sénateurs interpellateurs. A moins qu'il veuille attendre le 12 mai prochain qui coïncide avec la fin du mandat de 9 sénateurs élus pour deux ans dont 6 sont membres dudit groupe. Il s'agit de : François Fouchard Bergromme, Latibonit an aksyon; Ricard Pierre, OPL ; Mélius Hippolite, OPL ; Gabriel Fortuné, UNION ; Rodolphe Joasil, PONT ; Evelyne Chéron, Lavalas/MIDH.

Si le président est favorable à la ratification sans difficulté de son prochain Premier ministre, il va ouvrir le gouvernement aux deux autres partis représentés au Sénat. Il s'agit de Latibonit an aksyon et PONT. Pour la ratification du choix du Premier ministre, dans les deux Chambres, c'est la majorité des membres présents qui est nécessaire. Cependant, pour la déclaration de la politique générale du Premier ministre, c'est la majorité du corps qui doit l'approuver. Ce qui revient à dire qu'il faudra 50 députés à la Chambre basse et 16 sénateurs à la Chambre haute. Actuellement, le Sénat compte 27 membres. A partir du 12 mai, il n'en restera que 18.

Dans un cas comme dans l'autre, le groupe des 16 sénateurs est incontournable. Surtout s'ils choisissent de demeurer solidaire.

Lemoine BONNEAU
Bonneau2005@ yahoo.com

mercredi 16 avril 2008

Emeutes en Haïti : George W. Bush très préoccupé

Le Président américain estime nécessaire de contrer la faim à l’origine de révoltes populaires également en Egypte et aux Philippines

Le Président américain George W. Bush a exprimé mardi ses plus grandes préoccupations et approuvé des mesures d’urgence face aux violences extrêmes ayant accompagné ces derniers jours des émeutes de la faim dans trois pays, dont Haïti, a indiqué sa porte-parole Dana Perino citée par l’Associated Press.

"Le président des Etats-Unis est très préoccupé par la crise qui touche Haïti, l’Egypte et les Philippines, entre autres", a affirmé Mme Perino dans une brève déclaration à la presse. Elle intervenait quelques heures après que la Maison Blanche ait annoncé lundi une aide d’urgence de 200 millions de dollars en faveur de différents pays profondément touchés par la hausse vertigineuse des prix de l’alimentation. Des Etats africains devraient être les principaux bénéficiaires de cette assistance humanitaire.

Divers partenaires bilatéraux et multilatéraux ont accordé des fonds et des aliments à Haïti où, au cours des derniers jours, des protestations populaires contre la faim ont dégénéré en violences meurtrières ayant entraîné des dégâts matériels et économiques considérables.

Haïti compte une population de 8 millions d’habitants dont 70% sont au chômage et vivent avec moins de deux dollars par jour. spp/Radio Kiskeya

La République dominicaine apporte son soutien au président René Préval


Le gouvernement dominicain, par la voix de son secrétaire des Relations extérieures, s’est déclaré à la disposition du Président Préval en vue d’un retour à la normale de la situation en Haïti.

Carlos Morales Troncoso qui a indiqué « qu’il n’y a aucun pays dans le monde à être beaucoup plus préoccupé par le bien-être du peuple haïtien que la République Dominicaine » a parallèlement fait savoir que le Groupe de Rio entendait, via une déclaration, en phase d’élaboration, pour manifester son soutien à Haïti.

Carlos Morales Troncoso qui s’exprimait lors d’une interview à LINTIN DIARIO a indiqué être en contact permanent avec Port-au-Prince a également promis « l’appui solidaire du Groupe de Rio » à René Préval pour permettre au pays de « continuer sur la voie de la démocratie »

mardi 15 avril 2008

L’Onu en Haïti espère la formation rapide d’un nouveau gouvernement

La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) « espère la formation rapide d’un nouveau gouvernement » après le renversement, samedi, du Premier ministre Jacques Édouard Alexis, a-t-on appris dimanche de sources onusiennes en Haïti.

« La Minustah souhaite développer une collaboration aussi constructive que celle qu’elle a entretenue avec le gouvernement dirigé par le Premier ministre Alexis », écrit un communiqué de la mission onusienne.

Quarante-huit heures après la motion de censure contre M. Alexis au Sénat, la procédure pour désigner un nouveau Premier ministre n’avait pas été lancée, avait indiqué dimanche à l’AFP le député PierreEric Jean-Jacques, président de la Chambre des députés.

« Si le Parlement renvoie le Premier ministre, je ferai ce que la Constitution me demande: je consulterai les deux présidents du Parlement pour nommer un nouveau Premier ministre, car il n’y a aucun parti majoritaire au Parlement », avait déclaré, samedi, juste avant le vote, le président René Préval.

« Le gouvernement va continuer à assurer les affaires courantes en attendant la formation d’un nouveau gouvernement », avait déclaré à l’AFP un ministre qui parlait sou couvert d’anonymat. « Le processus de réforme doit se poursuivre. Les Haïtiens doivent travailler ensemble pour consolider la stabilité et les progrès qui ont été réalisés », recommande la mission onusienne dans son communiqué.

mardi 15 avril 2008

Les grands titres du mardi 15 Avril 2008

http://www.signalfmhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=2921

1- La Plate-forme Lespwa est entrain de payer un lourd tribut à la révocation de Jacques Edouard Alexis. En effet, Steven Benoît a claqué avant-hier la porte de ce regroupement. Et comme si cela ne suffisait pas, le député de Limonade/Quartier Morin annonce qu’il va proposer à ses collègues de Eskanp Korega de se retirer de la Plate-forme Lespwa.

2- Des menaces pèseraient sur la tête de certains des 16 sénateurs à la base de la mise à pied du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis. Le vice-président du Sénat Andrice Riché qui a fait ses révélations à L’Agence Haïtienne de Presse a affirmé en avoir été informé par son collègue Edmonde Supplice Beauzile.

3- Report sine die de la conférence Internationale sur Haïti qui était prévue pour le 25 Avril 2008. Le départ de l’équipe gouvernementale serait à la base du renvoi de cette conférence sur laquelle le premier ministre déchu misait beaucoup.

4- La République de la Cine (Taïwan) à un nouvel ambassadeur à Port-au-Prince. Hsu Mieng Sheng qui a remis sa lettre de créance hier (mardi) au président René Préval a promis de travailler au renforcement de la coopération entre son pays et Haïti.

5- Le Groupe de Rio dans un communiqué émis ce lundi a renouvelé son soutien au président René Préval et au peuple haïtien.

mardi 15 avril 2008

Haïti-Groupe de Rio-Emeutes

Soutien renouvelé du Groupe de Rio à Haïti et au Président Préval

La formation dans les meilleurs délais d’un nouveau gouvernement vivement souhaitée après les derniers événements


Le Groupe de Rio a renouvelé mardi son "son soutien au peuple haïtien et au Président René Préval" par l’intermédiaire du Mexique qui occupe le secrétariat pro tempore de ce mécanisme de consultation et de concertation politique, a annoncé la chancellerie mexicaine relayée par l’agence Notimex.

Selon un communiqué rendu public à Mexico, le Groupe de Rio souhaite également que "la situation du pays revienne à la normale et que la démocratie haïtienne dispose rapidement d’un nouveau gouvernement en conformité avec les procédures de l’ordre juridique en vigueur et dans le plein exercice de sa souveraineté".

Ces vœux sont exprimés après les violentes émeutes de la faim enregistrées ces derniers jours en Haïti avec comme conséquence politique immédiate la destitution par le Sénat du Premier ministre Jacques-Edouard Alexis.

Le ministère mexicain des relations extérieures a, d’autre part, souligné que les pays membres du Groupe de Rio demeurent convaincus qu’Haïti "continuera à avancer vers la consolidation de sa stabilité politique et sociale et le renforcement des bases de son progrès économique".

Le Groupe promet enfin de rester attentif aux événements qui se déroulent dans le pays et d’apporter son appui aux actions de la communauté internationale visant à "favoriser le développement durable et contribuer à la lutte contre la pauvreté".

Haïti a officiellement intégré le Groupe de Rio lors de son dernier sommet début mars à Santo Domingo.

Créé en 1986, ce mécanisme de consultation se donne pour mission de promouvoir le dialogue politique à l’échelle régionale. spp/Radio Kiskeya

Haïti-ONU-Meurtre

Meurtre d’un policier onusien en Haïti : Condamnations du Secrétaire général de l’ONU et du Conseil de sécurité

Ban Ki-moon et les quinze membres du Conseil exigent l’arrestation et le jugement des meurtriers en soulignant l’importance de la sécurité et de la stabilité pour l’avenir d’Haïti


Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon et le Conseil de sécurité ont fermement condamné lundi le meurtre au cours du week-end à Port-au-Prince d’un policier membre du bataillon nigérian de la Mission de stabilisation de l’ONU en Haïti (MINUSTAH).

Dans un communiqué rendu public à New York, M. Ban affirme avoir appris la nouvelle "avec indignation" et a appelé une fois de plus à un retour au calme.

"La paix et la stabilité constituent deux conditions essentielles pour le développement économique et social, ainsi que pour promouvoir l’investissement et la création d’emplois", selon le numéro un de l’ONU. Il souligne que ces éléments sont "en conjonction avec les mesures immédiates annoncées par les autorités haïtiennes et constituent les meilleurs moyens de lutter, à terme, contre la vie chère".

Pour leur part, les quinze membres du Conseil de sécurité ont "condamné dans les termes les plus forts le meurtre du policier de la MINUSTAH", a indiqué à la presse à l’issue d’une séance de consultations le président du Conseil pour le mois d’avril, Dumisani Kumalo, ambassadeur d’Afrique du sud à l’ONU.

Les quinze ont "exhorté le gouvernement d’Haïti à prendre toutes les mesures nécessaires pour identifier et traduire en justice les auteurs de cet attentat", a ajouté le diplomate. Kumalo a aussi précisé que le Conseil de sécurité a "réitéré sa condamnation des récentes violences" en Haïti et "souligné la nécessité de préserver l’ordre public" tout en "exprimant à nouveau son soutien à la MINUSTAH".

Le policier africain, dont l’identité n’a pas été encore révélée, a été abattu d’une balle dans la tête par des inconnus samedi après-midi près de la cathédrale de Port-au-Prince, dans le quartier du Bel-Air (centre). Circulant sans uniforme à bord d’un véhicule onusien en compagnie de trois autres membres du contingent nigérian, la victime avait été contrainte de s’arrêter avant d’être exécutée.

Des marchands ont accusé des soldats de la MINUSTAH d’avoir incendié leurs étalages, blessé certains d’entre eux et tenté d’infliger le "supplice du collier" à une personne, lors d’une intervention musclée peu après l’incident qui avait suivi de quelques heures la destitution au Sénat du Premier ministre Jacques-Edouard Alexis.

Ces accusations ont été démenties par la porte-parole de la mission onusienne, Sophie Boutaud de la Combe. Elle a annoncé l’interpellation de deux suspects dans le cadre de l’enquête ouverte sur l’assassinat du policier en avertissant que des attaques de cette nature ne seront pas tolérées. spp/Radio Kiskeya

Haïti-Législatif-Exécutif

« Menaces de mort » contre les 16 sénateurs ayant voté la motion de censure contre Jacques Edouard Alexis

Dénonciations et mise en garde de l’un des sénateurs concernés


Le sénateur Evallières Beauplan a lancé lundi une sévère mise en garde au premier ministre démissionnaire Jacques Edouard Alexis et à ses ministres contre toute intention de leur part d’attenter à sa vie et à celle des 15 autres sénateurs qui, comme lui, avaient décerné samedi dernier une motion de censure contre le gouvernement.

« De sérieuses rumeurs courent au sujet de la mission qui aurait été confiée à des tueurs à gage d’exécuter certains des 16 sénateurs qui ont renvoyé le gouvernement », a déclaré le sénateur du Nord-Ouest élu sous la bannière du parti politique PONT dirigé par l’ex-premier ministre d’Aristide Jean Marie Chérestal.

Evallières Beauplan informe avoir arrêté toutes les dispositions en vue d’assurer sa défense et celle de ses gardes du corps. Il en est de même des autres sénateurs concernés, a-t-il fait savoir. « Au cas où l’un d’entre nous tombe, les autres feront en sorte que les auteurs de l’acte soient identifiés et jetés en prison », déclare-t-il.

Le sénateur du Nord-Ouest estime que les membres du gouvernement démissionnaire doivent réaliser qu’il leur avait été accordé suffisamment de temps pour qu’ils délivrent. « Le peuple est descendu dans la rue et nous n’aurions pas pu ne pas entendre sa voix », a ajouté Beauplan.

Il a lancé un appel aux membres des organisations populaires des bidonvilles de la capitale haïtienne pour qu’ils refusent de se laisser manipuler « par des gens qui, conformément à la tradition, les lâcheront avant de se réfugier à l’étranger » [jmd/RK].

Haïti-USA-Famine

Emeutes en Haïti : George W. Bush très préoccupé

Le Président américain estime nécessaire de contrer la faim à l’origine de révoltes populaires également en Egypte et aux Philippines

Le Président américain George W. Bush a exprimé mardi ses plus grandes préoccupations et approuvé des mesures d’urgence face aux violences extrêmes ayant accompagné ces derniers jours des émeutes de la faim dans trois pays, dont Haïti, a indiqué sa porte-parole Dana Perino citée par l’Associated Press.

"Le président des Etats-Unis est très préoccupé par la crise qui touche Haïti, l’Egypte et les Philippines, entre autres", a affirmé Mme Perino dans une brève déclaration à la presse. Elle intervenait quelques heures après que la Maison Blanche ait annoncé lundi une aide d’urgence de 200 millions de dollars en faveur de différents pays profondément touchés par la hausse vertigineuse des prix de l’alimentation. Des Etats africains devraient être les principaux bénéficiaires de cette assistance humanitaire.

Divers partenaires bilatéraux et multilatéraux ont accordé des fonds et des aliments à Haïti où, au cours des derniers jours, des protestations populaires contre la faim ont dégénéré en violences meurtrières ayant entraîné des dégâts matériels et économiques considérables.

Haïti compte une population de 8 millions d’habitants dont 70% sont au chômage et vivent avec moins de deux dollars par jour. spp/Radio Kiskeya

lundi 14 avril 2008

Le chef de l’état prêt à designer un nouveau premier ministre

Lundi, 14 avril 2008 11:01
Le chef de l’état haïtien, René Préval, se prépare à designer un nouveau premier ministre après le vote de censure du sénat à Jacques Edouard Alexis.
Interrogé par les journalistes après le vote du sénat, le président Préval a réaffirmé sa détermination à respecter les prescrits constitutionnels. " Je vais en consultation avec les présidents de la chambre des députés et du sénat designer un nouveau chef du gouvernement ", ajoute t-il.
Toutefois, le chef de l’état a soutenu que " l’interpellation est injuste si elle est réalisée en raison de la vie chère". " Le gouvernement n’est pas responsable de la hausse des prix des produits alimentaire", insiste t-il.
S’adressant aux membres de la classe politique René Préval a mis l’accent sur la nécessite de consolider la démocratie par la concertation. " S’il faut faire des changements faisons les ensemble pour maîtriser les évènements", argue t-il qualifiant d’anormal l’ultimatum qui avait été lancé au Premier ministre.
Jacques Edouard Alexis s’était refusé à tout commentaire à l’issue du vote de censure du sénat. Accompagné de ses ministres, le chef du gouvernement avait prononcé un bref discours lors de la séance d’interpellation qui n’a duré qu’une trentaine de minutes.
Interrogé sur le dédommagement des propriétaires d’entreprises saccagées ou pillées lors des manifestations, le président Préval a fait valoir que l’état n’a pas les moyens pour réparer les torts causés aux nombreux entrepreneurs. " Ce n’est pas réaliste de parler de dédommagement", dit-il expliquant qu’il sera impossible de répertorier tous les entrepreneurs tant des secteurs formel et informel, victimes des casseurs.

Pourquoi, la Droite, est-elle restée silencieuse ?


Sous le beau temps des charmants jours d'Haiti, nous avions une notion du bien et du mal. Les voleurs, les homosexuels, les assassins, les drug- dealers, les pédophiles, pratiquaient leurs vices criminels dans l'ombre de la cendre opaque. Maintenant, nous pouvons faire tout ce que nous voulons. D'ici quelques années faisant un peu plus de deux décennies, ces crimes odieux sont considérés comme des objets d'un luxe moral.
Nombreux sont les historiens, psychiatres et sociologues qui reconnaissent que Jean-Bertrand Aristide, René Garcia Préval, Jacques Edouard Alexis, Robert Manuel, Paul Denis, Evans Paul, Victor Benoit, Serge Giles, y compris certains prélats ... ont joué un role majeur dans les cruauté et déclin moral de la nation haitienne. Comme on le regrette à juste titre, la société est en train de perdre ses amarres culturelles. Les graines de corruption et d'assassinats semées il y a 20 ans par la " génération de makout pa ladan, Pè lebrun, ameriken se sida, pa neglige bayo so yo merite, .... ont produit une société avant tout soucieuse du sang humain et de culture de la tricherie. A ce compte, la Gauche haitienne est prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut, quitte, le plus souvent, à employer la violence. Et ce constat vaut pour des simples citoyens, mais aussi pour la communauté internationale.
La vie des haitiens semble ne plus avoir de valeur. Les leaders de la Gauche-Socialisme éprouvent même du plaisir à faire souffrir. Ils jugent cela amusant, comme ces délinquants qui avouent s'en prendre aux autres uniquement parce que cela les excite. On dirait que la classe politique, les intellectuels, les hommes d'affaire se mettent au "garde à vous" devant l'extrême Gauche, sans culture et sans mémoire, sans perspective et sans honte. Chiens ou chats, qu'importe, puisqu'ils se roulent dans la même farine, et puisque les mêmes balles sifflent quand leurs chargeurs se vident, quand leurs paroles annoncent le pire, dans les urnes ou dans la rue... Car ils préparent ensemble le terrain à ce qui leur échappera, quand leur alliance sera devenue l'arme la plus destructrice. Les voilà déjà qui s'avancent, en file droite et chacun son tour, pour glisser une douille de plus dans le barillet de la haine. C'est comme une roulette russe avec, dans le barillet, une balle dans chaque trou...
Les menaces qui pèsent sur Haiti avec René Préval et les politiciens asservis, mais dont nous avons des signes avant-coureurs , nous font perdre le sommeil. " On ne s'en étonnera pas: il suffit de regarder ces images ci-dessous pour se sentir gagner par l'anxiété!
Qui sème la haine récolte le feu:
HAITI - recent pictures of riots

Levons bien haut nos yeux et observons pour comprendre: " Quand nous allons à l'encontre d'un immense danger, ne vaut-il pas mieux marcher en petit nombre sous le leadership d'un "Pauvre berger de la Droite" qui se soucie de nous, avec la pleine certitude de ne point être abandonné au moment de la lutte, que de traîner avec nous une foule de faux alliés.
D'où nous viendra ce dirigeant digne? Et, comment l'identifier?
Celui qui provoquera le changement en Haiti doit avoir la sensibilité d'une assistance sociale, la perspicacité d'un psychologue, la sagesse d'un enfant, la résistance d'un coureur de marathon, la ténacité d'un bouledogue,
l'autonomie d'un ermite et la patience d'un saint.

Reginald Pean

dimanche 13 avril 2008

3 Réflexions pour mieux comprendre les émeutes de la faim en Haiti.

Alexis n'ira pas seul

Jean Erich René
13 avril 08

La crise politique actuelle loin de se dénouer va connaître d'autres décours. Jacques Edouard Alexis tôt dans la matinée du mercredi 9 avril 2008avait donné sa démission verbalement au Président René Préval. Mais le dernier mot revenait à Mme Alexis qui était en voyage et qui a éclaté de colère en apprenant cette nouvelle de la bouche de son mari au téléphone. Aussi s'est elle empressé de regagner le pays en fustigeant vertement le Premier Ministre qui était venue l'accueillir à l'aéroport. Après une conciliabule entre Me et Mme Alexis, un ministre et le secrétaire général de la Primature, on a fini par convaincre Alexis de ne pas remettre sa démission. D'où le retard qu'a pris René Préval pour prononcer son discours d'apaisement. Mais il a loupé le plus gros morceau qui était l'annonce de la démission de Jacques Édouard Alexis.

Mme Alexis est une vraie Marie Jeanne. A l'instar de Mademoiselle Sandrine de la Croix des Bossales, un beau matin elle n'a pas hésité à descendre au Ministère de l'Éducation nationale pour tirer sa rigoise de son sac et rouer de coups une secrétaire qu'on accuse d'être la maîtresse de son mari. Elle ne lésine pas devant les moyens à prendre pour sauvegarder ce qu'elle a acquis à la sueur de son front. D'un juste courroux elle vole au secours du Premier Ministre en lui demandant de ne plus signer sa lettre de démission. Le 28 février 2008 la Chambre des députés avait donné un vote de confiance au Chef du Gouvernement. Il n'y a plus de provisions légales pour accorder un vote de censure à son mari. Il s'agit d'un abus de pouvoir et
d'un affront qu'on veut faire à son mari qui s'est tant fatigué pour faire de René Préval ce qu'il est devenu. Aujourd'hui il est payé en monnaie de singe. Les arguments de Mme Alexis sont judicieux.


S'il est vrai que la destitution du Premier Ministre est un acte illégal et inconstitutionnel mais le renvoi du Sénateur Rudolph Boulos l'est aussi. Il s'agit d'un antécédent malheureux que Jacques Édouard Alexis devait éviter. La sociologie haïtienne nous enseigne qu'il ne faut jamais apprendre à un singe à lancer des pierres. Vous serez sa première victime. En effet Alexis ne s'attendait pas à se retrouver aussi vite sur le banc des accusés, devant les mêmes macaques qui viennent de manger sa banane et qui se réjouissent de lui casser froidement la tête. En Haïti le pouvoir qu'il soit économique ou politique est attaché à un fil d'araignée. Dans l'espace d'un cillement on peut tout perdre, maison, voiture, magasin etc. Tout le monde est passible du supplice du collier. Même Palais National est sujet au déchouquage. Vaut mieux faire preuve de sagesse dans l'exercice des fonctions publiques en observant les codes de loi.


La résistance de Mme Alexis et sa farouche détermination à porter son mari à garder son poste sont justifiées par le fait qu'elle dirige une Fondation financée à même les caisses de l'État. Elle sera très embarrassée si on lui demande compte de sa gestion. Elle doit surtout éviter de faire le gros dos puisque sa moustache est encore blanche du lait de la Primature. Mimi est un très beau nom mais c'est ainsi qu'on nomme tous les voleurs. Si la Prima Dona insiste et persiste, le Commissaire Claudy Gassant si prompt au devoir bientôt lui décernera un mandat de comparution afin de donner des explications sur cette caisse noire de la Primature qui devrait servir au lancement de la candidature de Jacques Edouard Alexis. Ce même Pot de Chambre qui lui avait donné un vote de confiance le 28 février et qui vient de le renvoyer le samedi 12 avril va dresser une mise en accusation en bonne et due forme. Le PM se présentera devant la Haute Cour de Justice. Il n'y a pas de demi-mesures en politique haïtienne ou bien on est IN ou bien on est OUT.

Le refus de Jacques Edouard Alexis de laisser la Villa d'Accueil va compliquer la situation. Jacques Edouard Alexis n'est pas un enfant de chœur. Il fut l'artificier de la bombe qui avait paniqué le cortège
présidentiel dans les environs de la Cathédrale peu de temps avant le départ de Jean Claude Duvalier. Il est impliqué avec Paul Déjean dans l'explosion qui a eu lieu en décembre 1990 sur la route de Pétion-Ville
lors des campagnes de Jean Bertrand Aristide. Pyromane il l'est! Il est l'auteur intellectuel de la prise de l'hôtel Montana pour exiger du CEP la publication des résultats des élections et déclarer René Préval vainqueur avec les votes blancs interdits par la loi. La Constitution de 1987 est-elle un accordéon que l'on ouvre et ferme à volonté pour écouter la musique que l'on désire. Aujourd'hui il revient au Premier Ministre de récolter ce qu'il a lui-même semé c'est-à-dire l'inconstitutionnalité des décisions politiques.


Fort de son passé d'activiste et doublé d'une femme qui n'a pas froid à l'œil, Jacques Edouard Alexis refuse de jeter ses gants. Ce n'est pas l'argent qui lui manque ni des sicaires. Son alliance avec les diplomates du béton n'est un secret pour personne. Cette accalmie apparente de ce week-end est encore plus dangereuse. S'agit-il d'un retrait stratégique? Il est un fait certain qu'il y aura du grabuge. La confrontation est inévitable. Les Ambassades américaine, française et de presque tous pays accrédités en Haïti ont émis un communiqué annonçant la fermeture des services consulaires jusqu'à nouvel ordre. Elles demandent à leurs ressortissants de surseoir leurs voyages sur la terre volcanique d'Haïti. Pourquoi toutes ces précautions si elles n'avaient pas flairé l'odeur d'un éclatement au TNT ou Trinitrotoluène?


Le torchon brûle entre Jacques Edouard Alexis, René Préval et Jean Bertrand Aristide. Le Premier Ministre déposé n'entend pas avaler cette couleuvre. C'est l'effondrement total de son projet de succession. Le Président proclamé René Préval qui avait fait pourtant la promesse formelle au Club de Bourdon de faire d'Alexis son dauphin a maintenant son propre candidat. Les hommes politiques sont le plus souvent sincères mais sous la pression des circonstances ils se voient obligés de changer d'attitude, affirme Toussaint Louverture pour expliquer son revirement dans le camp des Français. Le Président kidnappé Jean Bertrand Aristide ne s'en remet pas encore de sa blessure et entend jouir de son droit d'aînesse. De son lointain exil africain par remote control il dirige les événements politiques haïtiens. Les manifestations contre la faim ont vite pris une vitesse turbo sous la patine de ses lieutenants : Père Jean Juste et Sô Anne. En un temps record cette puissante machine de destruction a réduit en masure la résidence du PM, les maisons avoisinantes et certains magasins. Les cyclones qui frappent ordinairement Haïti n'ont jamais eu une telle ampleur ni commis de tels dégâts dans un délai aussi court.


Le fauteuil présidentiel devient une chaise musicale autour de laquelle rodent avec astuce les prétendants qui se bousculent. Le premier qui y aura déposé son séant sera le vainqueur. Dans leurs sarabandes ils ne se
rendent pas compte de la présence d'un émissaire américain, délégué sur place pour arbitrer ce match qui s'annonce trop passionné et trop dangereux pour le reste du Corps Social. Le peuple nécessiteux meurt de faim dans l'indifférence de ses dirigeants politiques. Si la décision illégale de la Chambre des Députés a renvoyé Alexis mais la famine le principal objet de sa contestation demeure encore. Le Président René Préval est dépassé par l'ampleur des événements. Au nom de la morale sociale, ce spectacle devient inacceptable aux portes de l'Amérique. Tous les écrans du Monde projettent le drame qui se déroule en Haïti mettant nos ressortissants de la diaspora dans des postures vraiment difficiles sur leurs lieux de travail. En voulant tout avoir ils vont tout perdre.

Alexis jure qu'il n'ira pas seul.

De l'Espoir au chaos par Nancy Roc

De l’Espoir au chaos

Pendant près d’une semaine, Haïti a été secouée par de violentes manifestations contre « la vie chère », qui se sont très vite transformées en véritables émeutes de la faim et en scènes de pillage. Si Les Cayes, ville réputée calme, a été le surprenant détonateur d’une colère populaire prévisible, Port-au-Prince aura vécu des heures de terreur, notamment le 8 avril 2008, rappelant les pires moments de l’anarcho-populisme lavalassien. Au lendemain de ce chaos généralisé engendré par le laxisme des autorités face à la flambée des prix des produits de première nécessité sur le marché local et international, le premier bilan partiel est lourd : au moins 5 morts, une soixantaine de blessés et des dégâts matériels estimés à plus de 10 millions de dollars américains[1][1] au moment où nous rédigeons ce texte. Pendant plus de 72 heures, le pays et sa diaspora sont restés dans l’attente d’une réaction du président René Préval : une attente insupportable qui s’est soldée, le 9 avril, par un discours creux d’une quinzaine de minutes du chef de l’État qui n’a apporté aucune solution concrète et urgente à la souffrance du peuple haïtien. Malgré son appel au calme, on retiendra que René Préval n’a pas condamné les pillages et actes de violence perpétrés par des vandales qui ont infiltré les manifestants qui criaient légitimement leur colère et frustration. Les propos du chef de l’État ont attisé la colère des manifestants qui exigent désormais avec des partis politiques et des parlementaires la démission du premier ministre.

En attendant, la politique économique menée ces vingt dernières années - dont 17 ans de régime lavalassien- et l’irresponsabilité des autorités en place sont en train de mener le rafiot haïtien au naufrage. Le reste du secteur privé, déjà durement éprouvé sous le régime d’Aristide II, restera-t-il au pays après ce nouveau revers à ses investissements ? Le silence du président a-t-il fait preuve de complaisance ou de complicité avec le chaos orchestré par les casseurs ? Qui menait ces derniers et à qui profite ce chaos ? Quelles sont les leçons à tirer de la colère du peuple haïtien aujourd’hui ? Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre dans ce texte.

Une République de farceurs

Depuis le 1er avril dernier, de nombreuses manifestations contre la vie chère ont été enregistrées en Afrique : de Douala (Cameroun) à Abidjan (Côte d'Ivoire) et du Caire (Égypte) à Dakar (Sénégal), de Rabat (Maroc) à Mbabane (Zwaziland), les manifestations de rues ont ébranlé les capitales africaines contraignant les gouvernants à prendre des mesures pour contrôler les prix des produits des matières agricoles. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), ils ont augmenté de près de 40 % en 2007 au niveau mondial. Le prix du blé est au plus haut depuis vingt-huit ans, celui du maïs, du riz, du soja, du colza ou de l'huile de palme a doublé, voire triplé, en deux ans au grand dam des populations pauvres dont les revenus ne progressaient pas autant[2][2]. La situation est tellement critique que le 2 avril, par la voix de son président, Robert Zoellick, la Banque mondiale a décrété qu'il fallait de toute urgence lancer un « new deal » alimentaire pour éviter que 33 pays connaissent des troubles politiques et sociaux[3][3]. La hausse des prix des produits agricoles a des causes multiples : elle est due, entre autres, « à une demande accrue des pays émergents suscitée par la poussée démographique, mais aussi par une hausse du niveau de vie en Asie. Le monde agricole n'a pas pu suivre cette poussée de la demande, car les terres se raréfient en raison de l'urbanisation accélérée, en Chine comme en Inde, et à cause d'une productivité agricole toujours insuffisante dans les pays en développement. Le réchauffement climatique contribue à aggraver les phénomènes de sécheresse ou d'inondation qui détruisent les récoltes. La hausse des prix de l'énergie a provoqué celle des intrants (semences, pesticides, engrais)[4][4]». Quant au riz, crucial pour les Haïtiens, son prix a augmenté de 30% en deux semaines- « du jamais-vu», selon Patricio Mendez del Villar, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)[5][5]. La colère du peuple haïtien vient donc s’ajouter à celle des pays africains mais aussi des Philippines et de l’Argentine.

Il est clair que, en raison de la dépendance alimentaire d’Haïti, le pays ne pouvait échapper à cette crise mondiale. Toutefois, la sonnette d’alarme avait été tirée depuis longtemps par de nombreux experts et journalistes : il fallait accorder la priorité à la sécurité et à la relance de la production nationale. Le gouvernement Préval/Alexis, tout en ayant formulé le même vœu depuis 2006, n’a toutefois pris aucune mesure concrète pour le matérialiser. L’urgence a été accordée à la stabilité politique- nécessaire certes- mais le gouvernement a aussi commis une grave erreur, comme nous l’avons souligné dans notre dernier grand dossier[6][6] : il a tout misé sur l’aide internationale pour faire face aux exigences économiques nationales. Pire ! Il s’est soumis aux diktats de la communauté internationale qui ont «guidé» un président élu sans programme économique. Quant à Jacques Édouard Alexis, sans doute trop préoccupé par ses aspirations présidentielles pour 2011, il n’a fait montre d’aucune vision et encore moins de leadership. Résultats : après le départ d’Edmond Mulet[7][7], les gangs se sont reformés, les kidnappings ont resurgi et le coût de la vie n’a cessé d’augmenter sans aucune intervention du gouvernement.

Parallèlement, le Parlement s’est enlisé dans une cascade de scandales et est devenu- notamment pour certains voleurs, « politicailleurs» à la recherche de gains faciles et trafiquants de drogue notoires- un précieux refuge où, sous immunité parlementaire, on se prête à toutes sortes de manipulations et d’exactions. L’interpellation du Premier ministre par la Chambre Basse, il y a environ un mois, n’a servi de leçons ni à celui-là ni à celle-ci. Le reste fait désormais partie de l’Histoire : le vote de confiance accordé par les députés à Alexis, le 28 février, a été sanctionné par le peuple qui a pillé la maison du Premier ministre et fait fuir les députés lundi dernier alors qu’ils voulaient tenir séance suite à l’insurrection de la ville des Cayes. Quant au président qui avait invité la population à venir le chercher si elle descendait dans la rue, il aurait eu de sérieuses sueurs froides sans la présence des 12 chars de la MINUSTAH qui ont sécurisé le Palais lorsque sa barrière a été écrasée par les manifestants ! Le mépris des dirigeants envers la population se paye donc de plus en plus cher et le peuple n’est plus dupe des élus ou des pseudo responsables qui se servent plutôt que de servir. Aujourd’hui, le «chlorox»[8][8] qui brûle l’estomac du peuple a aussi répandu son acide sur les plus hautes autorités du pays qui, hier, se réclamaient de la gauche dure et pratiquent depuis des années une politique néolibérale.

Le 5 avril, Jacques Édouard Alexis a vainement essayé de désamorcer la bombe. Suite à l’insurrection aux Cayes, il a déclaré que les manifestations avaient été infiltrées par des trafiquants de drogue, contrebandiers et des violateurs de la Constitution pour semer la pagaille. L’annonce de l’injection rapide de 400 millions de gourdes dans des projets pour aider la population à faire face au chômage et à la cherté de la vie n’a eu aucun effet. Pour huit millions d’habitants affamés, cela équivaut à 50 gourdes par personne, soit moins de $ 2 US ! La patiente impatience du peuple a donc explosé pour aboutir au chaos vécu cette semaine. Même la MINUSTAH n’a pas échappé aux attaques du peuple. La République des farceurs, trompeurs, voleurs et kidnappeurs n’est plus qu’un rafiot prêt à faire naufrage…

Le spectre d’Aristide

Si le premier ministre a accusé les trafiquants de drogue et autres d’être derrière l’insurrection de la troisième ville du pays, il est étonnant de constater que des informations sûres faisant état de l’implication d’Aristide dans l’infiltration des manifestations n’aient pas été véhiculées par la presse. En effet, les attaques contre cette dernière ont constitué un premier indice aux observateurs car le peuple haïtien n’attaque pas les journalistes. Ensuite, des slogans figurant sur les pancartes de certains groupes rappelaient étrangement la dialectique lavalassienne : « boujwazi ap fè profi», « laprès ap fè pwezi »[9][9]. La spontanéité et la violence des pillages et des casseurs en ont surpris plus d’un, mais cette violence rappelait aussi les jours sombres qui ont suivi le départ d’Aristide en février 2004. L’attaque et le pillage du local d’Air France ont constitué un autre indice important. En effet, les manifestants ont déclaré au micro des journalistes que c’était « parce que la France avait fait partir Aristide » qu’ils agissaient ainsi. Dès lors, nous avons mené une enquête et des sources dignes de foi nous ont révélé qu’Annette Auguste alias Sò Ann et le Père Gérard Jean Juste auraient organisé une réunion avec leurs partisans aux Cayes avant l’insurrection du 3 avril et le dimanche 6 avril à Cité Soleil, 24h avant que la violence saccage la capitale. Les attaques contre les bâtiments des services publics, les hôpitaux, les viols, la rage envers les entreprises privées mais aussi envers les petites marchandes ne caractérisent pas le peuple haïtien, même en colère, mais constituent des « actes de terrorisme », a finalement souligné un communiqué du Conseil de Sécurité de la Police Nationale (CSPN) au petit matin du 10 avril. Enfin, une source sûre, issue des plus hautes autorités des Nations unies à New York, nous a confirmé ce qui suit le 8 avril : « tout ce qui arrive maintenant est l'œuvre de Lavalas (...) depuis des mois des agents payés par l'exilé en Afrique du Sud parcourent le pays, organisent des cellules et se préparent politiquement. La situation de « la vie chère » (…) tombe à pic en Haïti pour ces activistes de la démagogie qui en profitent pour créer le chaos. Il est vrai aussi que dans certaines villes, comme Les Cayes, les trafiquants de drogue ont peur car les américains s'installent dans une nouvelle base maritime qui va leur causer des problèmes, (…) Lavalas, pauvreté, trafiquants. .. et autres, ont intérêt à ce que le processus n'avance pas.» La main cachée et armée évoquée par les autorités haïtiennes n’a pas hésité non plus à attaquer la MINUSTAH faisant resurgir la nécessité de constituer des forces de l’ordre nationales adéquates. Aux Cayes, tous les agents de compagnies de sécurité privées ont été désarmés et leurs armes réapparaissaient peu après entre les mains d’individus cagoulés constitués en véritables commandos montés sur des véhicules tout terrain[10][10]. L’héritage empoisonné d’Aristide a et aura encore de lourdes conséquences sur la conjoncture haïtienne et l’Espoir[11][11] de René Préval n’a débouché que sur le désespoir. La libération systématique de la majorité des activistes lavalassiens tels qu’Annette Auguste, Père Gérard Jean Juste, René Civil ou le retour au pays de nombreux partisans zélés tels Mario Dupuis ont facilité l’œuvre de l’ex-dictateur à un tel point qu’aujourd’hui la question suivante n’est pas à écarter : le silence du chef de l’État a-t-il constitué une preuve de complaisance ou de complicité? D’autre part, l’État ayant pour mission de garantir la sécurité des vies et des biens, ne devrait-il pas dédommager les commerçants lésés ?

Un avenir sombre pour Haïti

La situation qui se développe depuis le 3 avril ne peut qu’entraîner le pays vers davantage de misère et fera fuir tout investisseur local ou étranger pour le reste du mandat de Préval. Aristide avait toujours prôné que sans lui ce serait le chaos et le populisme de misère n’a pas fini d’engouffrer Haïti dans une misère abyssale et d’empêcher toute avancée du pays vers un quelconque progrès. La faiblesse et les tâtonnements du gouvernement Préval/Alexis ne font que profiter au Parti Lavalas qui, nous l’avons toujours souligné, dispose d’une machine destructrice très bien huilée et largement financée.

Le discours du chef de l’État n’a pas convaincu la population et la démission d’Alexis est exigée tant par des partis politiques tels que La Fusion des sociaux-démocrates, le Grand Rassemblement pour l’Évolution d’Haïti (GREH), le Conseil National des partis politiques, Latibonit an Aksyon (LAA), le Mouvement Chrétien pour une nouvelle Haïti (Mochrena) que par certains parlementaires. Un groupe de 16 sénateurs (sur 27) demande la démission du Premier ministre pour ce 12 avril, date à l’issue de laquelle ils promettent de lui décerner un vote de censure. En faisant sauter ce fusible, cela changera-t-il la situation ? En effet, selon nos sources, le silence du président a aussi été dû aux tractations pour remplacer Jacques Édouard Alexis et des noms tels que Paul Denis et Evans Lescouflair sont déjà évoqués pour remplacer le locataire de la Primature.

L’avenir d’Haïti s’assombrit une fois de plus et nous venons encore de régresser. Ce pays sera-t-il éternellement un trou sans fond ? Alors que beaucoup veulent déjà le quitter, notre projection faite en face du porte-parole de Lavalas, Jonas Petit, dans les studios de Radio Métropole en 2000, nous revient à la mémoire : nous lui avions dit que si la politique de destruction et d’exclusion de Lavalas se poursuivait, Haïti deviendrait un grand rocher déboisé, peuplé d’analphabètes et de gangsters. En effet, le Parti Lavalas a toujours prôné- au début, à juste titre- que le peuple avait été exclu. Qu’à fait ce Parti depuis ? Il a exclu la bourgeoisie, l’intelligence et la tolérance. Il a fait assassiner et/ou exiler les meilleurs journalistes et son esprit populiste insidieux s’est infiltré puis incrusté à tous les niveaux de la société, y compris une partie de la presse. Celle-ci, en place et lieu de se former pour pratiquer un journalisme responsable dans un pays fragile, s’érige en tribunes populaires sensationnalistes en attisant les divisions de la société. Lors de la dernière conférence-débat organisée le 22 février dernier par le Groupe Média Alternatif autour du thème « Éthique journalistique aujourd’hui en Haïti : Pratiques et défis », Marvel Dandin, directeur de l’information de Radio Kiskeya, s’était interrogé sur la capacité de « nos journalistes» à appliquer les «principes les plus élémentaires » qui régissent la profession. Pour ce journaliste de carrière, les bases de l’éthique ne sont plus respectées. « Il y a péril en la demeure », avait-t-il estimé[12][12]. Ce péril est d’autant plus déplorable, qu’une fois de plus cette semaine, des confrères photographes et des médias ont été victimes de la furie populiste alors qu’ils essayaient de faire leur travail malgré le danger qui prévalait dans les rues. Tout le monde sait que ces attaques contre la presse n’ont pas été perpétrées par le peuple haïtien affamé mais bien par des terroristes.

Jodi’a, sa rèd [13][13]! L’heure est grave, très grave ! En effet, lorsque le rapport de la Banque mondiale souligne que 83% des cerveaux haïtiens se trouvent à l’extérieur, que reste-t-il dans le pays ? Des innocents croupissant dans la misère, des politiciens véreux, des gangsters, des démagogues, des voleurs, des violeurs et des kidnappeurs. Aujourd’hui, la minorité des investisseurs- dont de nombreux nouveaux et jeunes entrepreneurs- qui a eu le courage de continuer à investir dans le pays et à travailler dur, a été une fois de plus – et sans doute une fois de trop- victime sans que l’État lève les bras. Qui donnera des emplois à la majorité lorsque cette minorité s’en ira elle aussi ? René Préval et tous les Haïtiens auront-t-ils le courage de se ressaisir ?

Au moment où nous parachevons ce texte, un calme précaire semble s’installer à travers le pays et la tempête semble vouloir s’apaiser avec la fatigue de la population. Les réserves de nourriture et d’essence s’épuisent et les Haïtiens doivent se réapprovisionner. Aprè bal, tanbou lou[14][14]Malgré l’attaque contre Air France, le ministère français des Affaires étrangères a annoncé, le 10 avril, l'octroi à Haïti d'une aide d'un million d'euros dont 800.000 d'aide alimentaire, a fait savoir le Quai d'Orsay dans un communiqué[15][15]. L’OEA a aussi annoncé une aide d’urgence d’un million de dollars américains. Le même jour, le président de la Banque mondiale a réorienté les politiques de cette institution au profit de l'agriculture et de la lutte contre le réchauffement climatique. « La Banque mondiale, qui était un simple distributeur de prêts (…) doit devenir un système financier dédié aux populations les plus pauvres »[16][16], a déclaré Robert Zoellick. Dans un communiqué publié le 9 avril, le RNDDH[17][17], a demandé au pouvoir en place de « revoir son orientation économique, de cesser de se faire dicter sa conduite par le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, et d’appliquer une politique économique sociale prenant en compte les revendications et les intérêts de la population »[18][18]. Certains économistes estiment désormais à près de 100 millions de dollars américains les pertes enregistrées au cours de cette semaine : Port-au-Prince saccagée, Pétion-Ville à moitié détruite, 22 stations de gazoline attaquées, d’innombrables magasins pillés, des morts, des blessés etc. Toute cette destruction a eu lieu sans une intervention de l’État et sous le laxisme complice des forces de l’ordre pendant 72 heures. Entre l’irresponsabilité de nos dirigeants et notre esprit autodestructeur, pourrons-nous jamais renaître de nos cendres ?

Nancy Roc, Montréal le 11 avril 2008.

Haïti - Derrière les émeutes, le spectre d'Aristide

Assiste-t-on à une tentative de renversement du gouvernement ?

Les manifestants à Port-au-Prince ont reconstruit mercredi les barrages que les forces de l'ordre avaient été détruits au cours de la nuit.

Photo: Agence Reuters

Depuis quelques jours en Haïti, les groupes criminels des quartiers populaires ont repris le contrôle des rues. Historiquement très liées au parti Lavalas, des émeutes pro-Aristide seraient en grande partie responsables des violences qui ont assombri les manifestations contre la faim apparues il y a dix jours. On soupçonne aujourd'hui l'existence d'une tentative planifiée de faire tomber le gouvernement du premier ministre Jaques-Édouard Alexis.

Dans les rues assiégées de Petit-Goâve, un étal de fortune nommé Marché Clorox affichait mardi dernier un prix de vente de plusieurs centaines de dollars pour chaque sac fictif de céréales. La célèbre marque de blanchisseur Clorox est maintenant devenue le symbole des manifestations contre la hausse du coût de la vie. Elle fait référence à une expression populaire assimilant le goût de ce produit à la sensation de faim.


Comme au Salvador, au Cameroun, au Burkina Faso ou en Indonésie, la majorité de la population haïtienne, qui vit sous le seuil de la pauvreté, a subi une importante augmentation du prix des produits de base depuis le début de l'année, surtout celui du pétrole et des céréales. Le sac de riz est ainsi passé, selon l'agence de presse haïtienne HPN, de 750 à plus de 1150 gourdes (de 20 $ à plus de 30 $ environ). Le prix de la marmite de pois serait passé de 125 à 225 gourdes.

Dans un appel au calme lancé mercredi, le président René Préval a surtout montré du doigt les marchés mondiaux, les jugeant responsables de ces hausses. Il a rappelé la nécessité de reconstruire l'agriculture haïtienne, détruite notamment par l'importation massive du riz depuis la fin des années 80.

«Les manifestations qui se sont déroulées à travers les rues de la capitale et de plusieurs villes de province ont surtout été motivées, dans un premier temps, par le désir de lutter contre la vie chère, rapporte le journaliste et photographe Roberto Isaac, de l'agence HPN. Les manifestants demandaient de réduire les prix des produits de première nécessité pour pouvoir se procurer quelque chose à manger. Mais rapidement, cela a pris une tout autre tournure.»

Du vandalisme orchestré


Entamées aux Cayes le 3 avril, ces manifestations, le plus souvent pacifiques, ont rapidement laissé place à des actes de vandalisme orchestrés, selon certains, afin de paralyser le pays et de faire tomber le gouvernement. Le premier ministre Jacques-Édouard Alexis a accusé au départ les trafiquants de drogue. Depuis les émeutes majeures de Port-au-Prince mardi et mercredi, plusieurs casseurs semblent s'afficher comme partisans de l'ancien président Aristide.

«À Port-au-Prince, de nouveaux manifestants issus des groupes organisés de quartiers populaires liés à la Famille Lavalas [le parti d'Aristide] ont montré qu'on assistait à un travail systématique mené par les groupes d'Aristide», affirme le sociologue Laenec Hurbon. Cela s'est d'ailleurs confirmé cette semaine dans les autres villes bloquées le jour par des barricades. Bien que le vandalisme ait cessé à Port-au-Prince depuis mardi, la ville est morte: l'électricité et l'essence n'y sont plus disponibles. Des barricades de fortune étaient encore érigées avant-hier dans quelques villes du pays et les gens attendent une réponse du gouvernement à la menace de destitution du premier ministre par un groupe de sénateurs.


Un lourd passé


Les partisans de la Famille Lavalas ont fait un appel public à des manifestations pacifiques, mais il est connu de tous que, par le passé, ils ont organisé des manifestations violentes grâce au soutien de bandes criminelles des quartiers populaires.



Une forte baisse du respect des droits fondamentaux avait d'ailleurs marqué le dernier passage d'Aristide à la présidence de 2000 à 2004 (élections truquées, liberté d'expression bafouée). À l'époque, plusieurs gangs de jeunes criminels s'en étaient pris violemment à des personnes et groupes critiques des politiques d'Aristide.

«Ils ont toujours procédé ainsi, poursuit M. Hurbon, chercheur affilié au Centre national de recherche scientifique de Paris (CNRS). Si vous lisez bien le message [du nouvel an 2008] d'Aristide, celui-ci demande "même amour", expression signifiant un renforcement des luttes et des pratiques dures contre le régime de Préval afin d'obtenir son propre retour, l'unique solution, selon les lavalistes, pour remédier aux problèmes du pays.»


«Dans les pratiques lavalassiennes, poursuit-il, le mot "pacifique" signifie qu'on peut attaquer les maisons: toute personne qui n'est pas de Lavalas est considérée comme un bourgeois et un riche. Autrement dit, derrière les manifestations des gens qui effectivement ont faim et demandent une baisse des prix des produits de première nécessité, il y a tout un militantisme politique de groupes lavalassiens liés à Aristide qui demandent son retour. Derrière la question sociale, il y a une question politique.»


Mardi, Port-au-Prince a vécu sa plus forte journée de vandalisme depuis l'époque d'Aristide: des magasins, des stations-services, des banques et des médias ont subi un pillage systématique. Mercredi, le chic quartier de Pétion-Ville a aussi connu des actes de saccage. «En Haïti, rien ne se fait par hasard, affirme Roberto Isaac, de HPN. Quelques groupes de personnes ont tenté de s'approprier le mouvement et les gens ne manifestent plus dans les rues pour une réduction des prix des produits; ils s'en sont pris à certains magasins et commerces. C'était la même situation en 2004.»


«Certaines informations nous portent à croire qu'il y a eu une réunion à Cité-Soleil pendant la nuit [de lundi à mardi dernier] pour planifier la journée [suivante]. Je n'étais pas sur place, je n'ai donc pas pu vérifier cette information, mais il semble que certains dirigeants du parti Famille Lavalas, Sò Anne et le père Jean Juste, auraient tenté d'attiser le mouvement.»


Certains groupes du centre-ville de la capitale auraient aussi demandé la levée de tous les contrôles douaniers, mesure qui profiterait aux importateurs, eux-mêmes souvent très proches des mouvances politiques. Le président de la République a d'ailleurs rejeté cette demande lors de son discours mercredi.

Stabilité

Au moment de son accession au pouvoir en 2006, le président René Préval affirmait que ses priorités étaient la sécurité et la lutte contre la corruption, qui permettraient d'attirer les investissements en Haïti et de relancer l'économie. Symbole et fierté de sa présidence, cette stabilité a été ébranlée pour la première fois à Port-au-Prince mardi et en province par la suite.

Depuis le début des troubles, «le gouvernement n'a pas été en phase avec les attentes et les angoisses de la population, explique M. Hurbon sur un ton enflammé. Nous avons assisté à une sorte de disparition, d'effondrement de l'État. Quand la foule n'a pas de bornes et quand tout est possible en politique, cela veut dire que nous sommes en plein danger, en pleine sauvagerie, en pleine barbarie. C'est ce qui est arrivé. Et Préval n'a pas répondu à l'attente de la population.»

Bien que des améliorations ont été apportées récemment à la liberté d'expression et aux droits des femmes, aucune avancée socioéconomique notable ne semble avoir été enregistrée dans le pays depuis la fin du régime dictatorial de la famille Duvalier en 1986.


«Si, effectivement, les manifestants n'avaient vraiment qu'une demande socioéconomique, ils auraient compris qu'il ne faut pas mettre à sac l'ensemble des magasins, des maisons de commerce, précise Hurbon. Ils n'auraient pas attaqué des ministères et des institutions qui n'ont rien à voir avec le problème. Autrement dit, le pays risque de s'enfoncer d'avantage dans la misère, la pauvreté, parce qu'il y aura moins d'investissements après ce qui s'est passé. C'est ça, le fond de l'affaire. C'est la réaction du gouvernement qui me pose problème: il aurait dû comprendre qu'il ne pouvait pas s'éclipser pendant deux jours et attendre pour intervenir. Il aurait dû expliquer que la loi doit assurer la sécurité de la population au quotidien. Dans la journée [de mardi], l'État s'est effondré, puisque tout était possible. Et c'est très dangereux puisque la sécurité n'existe plus pour personne, chacun est obligé de s'enfermer chez soi, et la foule devient ce qu'on appelle une populace.»

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