lundi 6 décembre 2010

DES CHIENS QUI ABOIENT ET DES CARAVANES QUI PASSENT.

 DES CHIENS QUI ABOIENT ET DES CARAVANES QUI PASSENT 

                (EN RÉPONSE À EDMOND MULLET)

  

"Si le silence des peuples est la leçon des rois, la résignation du condamné est la leçon de l'accusateur"

                                                                                                         Henri Rochefort


Après avoir entendu les propos farfelus d'un certain Edmond Mullet, notre devoir de citoyen nous commande de descendre dans l'arène pour réorienter dans le sens de l'acceptable, l'issue du combat bi-séculaire mené par le peuple haïtien. C'est là un euphémisme dont on pourrait bien se passer car, ce combat est plutôt millénaire.


Aucun livre d'histoire, de sociologie ou d'anthropologie ne parle d'une ère de suprématie de la race noire en dehors de la civilisation Egyptienne dont les réalisations continuent à alimenter les conversations folkloriques par le biais du septième art.Pendant ce temps, comme dans une sorte d'élan suicidaire, un pays agonise en se jetant tête baissée dans l'abîme.Edmond Mullet  est arrivé au pays comme marée en carême sur l'invitation de dirigeants haïtiens qui , après avoir initié la démarche d'auto-destruction ont poussé l'aberration jusqu'à l'absurde, en ajoutant l'injure de la trahison à l'insulte de l'occupation. Et depuis, nous voici, de Charibe en Scylla, en train d'offrir au monde civilisé un spectacle où se retrouve absente toute velléité d'un dialogue de l'intelligence.


À voir ce qui se passe aujourd'hui,à l'intérieur comme à l'extérieur d'Haïti, on est tenté de croire que nous avons perdu tout sens de la mesure et de la décence. Mais dans cette déperdition économique, sociale et historique, nous avons fini par attirer sur nous tout le mépris et toute l'arrogance de la Communauté Internationale, y compris ces petits rochers de la Caraïbe.Ce faisant,nous sommes amenés à réveiller chez la première et les autres suivistes, qui, hier encore, étaient confrontés à des problèmes analogues aux nôtres les vieux démons du colonialisme: le Brésil avec ses tristement escadrons de la mort; le Chili avec son Augusto Pinochet; le Pakistan avec son  Perez Mousharaf issu d'un coup d'état condamné par le monde entier et ... tutti quanti.


C'est malheureusement à ces États très peu vertueux qu'on a confié la mission de civiliser un peuple de barbares, de prendre en charge une société balkanisée, atomisée, animalisée.Mais qu'on s'en souvienne! Les escadrons de la mort sont parvenus à vider les favellas du Brésil de leurs" chimères irrécupérables". Au terme de 17 ans d'un  pouvoir inconditionnel, Pinochet a extirpé des mœurs Chiliennes le virus du Communisme International et lancé son pays sur les voies du développement: ce qui lui a valu une retraite complaisante malgré les crimes qu'on lui reproche et ses nombreux démêlés avec la justice. Au nom de quel principe a-t-on fait choix de ces pays pour "rétablir la démocratie" en Haïti. Dans ce pays où règnent en souveraines absolues le kidnapping (tout à fait étrangerà nos moeurs), la corruption et l'insécurité,  le peuple haïtien dans son ensemble en est encore à questionner la pertinence des contingents armés de la MINUSTAH.


Coluche disait que: "les erreurs sont la porte de la découverte". Mais dans le cas d'Haïti, elles ressemblent étrangement à un exercice répétitif où le crétinisme et la stupidité s'allient aux ressentiments les plus bas pour enfanter des monstruosités, des  élucubrations dans un espace d'immoralité jamais vue dans notre pays. Il importe de se rappeler qu'un pays est à l'image de ses élites. Quand la malpropreté coule de haut, elle éclabousse toutes les entités qui se trouvent en bas. En un mot, l'alliance morganatique entre deux dirigeants de formation inégale et de parcours parallèle, Préval-Président et Mullet-Pro-Consul ne pouvaient qu'induire à plus ou moins long terme cette bouffonnerie à laquelle nous assistons et dont le pays fait les frais. Après  la longue excursion du premier dans le sanctuaire du dernier, des années de docilité, de servilité, il est compréhensible que Préval reçoive sa récompense pour sa survie politique tout en se révélant totalement  indigne du poste que ses commettants internationaux et non le peuple haïtien lui ont confié. L'ennui,comme le souligne Sennep, avec les hommes politiques c'est qu'on croit faire leur caricature, alors qu'on fait leur portrait.Et c'est un peu ,en définitive, ce qui dérange le Mullet qui ne comprend pas qu'on ne peut plus s'attarder à assister au spectacle dégradant de touristes-occupants plus proches des plaisirs du ventre et du bas-ventre que leur procure leur séjour inopiné dans un pays en ruine.


L'histoire n'est jamais la somme de ce qu'ont fait les hommes d'autrefois , mais ce que continuent de faire les contemporains dixit Claude Roy. L'haitien,  au bout de ses peines,  se demande quotidiennement  à quoi sert le démantèlement de ses  FORCES ARMÉES et qu'est-ce qui justifie la présence de la Minustah? Ils y sont en s'abstenant de mettre un terme à l'insécurité environnementale. Ils y sont sans projet concret ou défini sauf celui de cautionner le coup d'état électoral. Quelle est ,nom de Dieu,  la véritable mission de ces hommes en treillis de combat accoquinés à des citoyens indignes et corrompus, sans vision et sans dessein?Pour mettre un terme à l'escalade de propos mal choisis,à la corruption généralisée,à l'insécurité multipolaire qui frappe Haïti depuis trop longtemps,à ce crime de lèse-patrie du dimanche 28 Novembre, la communauté internationale gagnerait au change en se décidant à aider véritablement le pays qui en a grand besoin ou bien l'abandonner à son sort  avec la certitude sinon l'espoir que les lois naturelles joueront une fois de plus en faveur de l'établissement d'un gouvernement responsable de notables honnêtes et patriotes. Car, avec le ras- le- bol généralisé,tous les deux Préval et Mullet , doivent partir, l'un, pour être complètement au-dessous de sa charge, l'autre, personna non grata,pour avoir fait preuve de duplicité et d'arrogance dans l'accomplissement de sa mission.


Aujourd'hui, tout porte à croire que les institutions super-étatiques ont tout perdu de leur influence et de leur capacité à trouver des solutions aux problèmes du monde ou d'une partie du monde.Tout porte à croire qu'elles ne répondent plus aux besoins pour lesquels on les avait prévues.Dans un cas comme dans l'autre, il ne leur reste qu'à mettre les clés sous la porte et à dire simplement"A D'AUTRES".. A ce stade des propos, puisse la raison raisonnante mettre un terme à cette malencontreuse vente aux enchères organisée au détriment du pays par ses fils apparamment les plus éclairés! Puisse-t-elle enfin sonner le glas des turpitudes nationales! 

                                                                                                          

 Jean L. Théagène

 Président de l'Union Nationale des

 Démocrates Haïtiens

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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation  prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

Nouvelle crise électorale, Haiti Le Grand perdant.

Le 28 novembre 2010 n'apporte rien d'autre qu'une nouvelle crise pour notre pays. En bon boulanger habitué a façonner sa pate, René Préval croit pouvoir manipuler la Nation a sa guise au risque de créer de nouvelles crises. Les protestations contre les fraudes électorales de dimanche 28 novembre dernier ne font qu'affaiblir le pays sur la scène internationale. Une situation qui fait l'affaire du CIRH (Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haiti), des ONG et de la Minustah. Car, affaibli, notre pays Haiti ne pourra pas gérer sa reconstruction. Un gouvernement illégitime, contesté a l'intérieur, ne sera pas un interlocuteur capable de gérer les milliards attendus pour la reconstruction du pays.

Nous sommes ainsi revenus a la case de départ. Ce qui rappelle les années 90. En ce temps, les diplomates-manipulateurs en poste en Haiti ont su encourager l'armée a commettre son coup d'Etat avec des promesses de supports de toutes formes. Des généraux, poussés par leur ambition politique, ont ainsi entraîné l'armée dans une impasse. L'institution de défense nationale l'a payé de son existence.

En exile, les diplomates-manipulateurs ont pu inciter Aristide a exiger un embargo contre son pays. Ils ont stimulé son appétit pour le pouvoir pour atteindre leurs objectifs. Conséquences, l'économie nationale est détruite, aujourd'hui nous importons tout. L'agriculture dominicaine s'en est bien sortie. Aujourd'hui, notre peuple, a la recherche de produits agricoles, se fait humilié sur la frontière.

De plus, depuis le coup d'Etat notre pays évolue dans une situation de tutelle: Interdiction d'acheter des armes, les ONG renforcées assurent la gouvernance, donc la gestion de l'aide internationale. L'Etat d'Haiti continue sa descente aux enfers.

Après le retour du Président Aristide en 1994, les diplomates-manipulateurs ont compris sa maladie du pouvoir. Ils l'ont encensé, faisant de lui l'homme le plus fort de la région. Tout se faisait a Tabarre. Ils ont su stimuler son orgueil jusqu'à le porter a faire main basse sur le pouvoir. Aristide s'est ainsi fait piéger par la crise électorale de 21 Mai 2000 durant tout son mandat. Après avoir supporté l'opposition contre lui, ces mêmes diplomates-manipulateurs ont pu le pousser a signer une demande de mise sous tutelle d'Haiti. Aujourd'hui, il est en exil en Afrique du Sud.

Aujourd'hui, Edmond Mullet, un homme de plus de l'écurie des diplomates-manipulateurs, vient de jouer son tour a René Préval. Il l'a donné toutes les garanties possibles et imaginables, ignorant les rapports internes sur la violence, les distributions d'armes et les fraudes électorales pour le pousser a entraîner le pays dans une crise électorale qui l'affaiblira encore plus. Le marché juteux de la reconstruction sera ainsi l'affaire de la bureaucratie internationale qui d'ailleurs a déjà placé son entité administrative CIRH, a la tête de l'Etat.

Le processus de mise sous tutelle continue. La maladie du pouvoir n'a fait que détruire notre pays. Si Duvalier a rendu un grand service au colon en contraignant les intellectuels de la classe moyenne haïtienne a l'exil pour enseigner dans ses écoles de l'Amérique du Nord et de l'Europe, Aristide et Cédras l'ont aidé a réintroduire ses forces d'occupation, en détruisant l'armée nationale et le mouvement populaire. Aujourd'hui René Préval offre sur un plateau, le marché de la reconstruction évalué a plusieurs milliards de dollars. Les déclarations discordantes entre Ban Ki-moon et Edmond Mullet sur le vote de 28 novembre 2010 sont une preuve que la communauté internationale joue sur deux tableaux: le respect du vote populaire / la dénonciation des fraudes électorales.

Durant toute l'histoire, il y a eu toujours des diplomates-manipulateurs pour attiser les crises politiques. La phrase célèbre: " Kembe La, pa negosye, mwen avew" (Tenez bon, refusez toute négociation, comptez sur nous) a été répétée tous les acteurs politiques haïtiens. Aussi, les manipulés sont-ils toujours victimes. Duvalier, Namphy, Cédras, Aristide sont tous en exil.

Finalement on dira que nous sommes des imbéciles, des skyzophrènes, des idiots qui se prennent pour des dirigeants intelligents, le dernier des peuples.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
6 décembre 2010
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dimanche 5 décembre 2010

Violence et répression dans les communes du pays, conséquences de la crise électorale.

Le candidat a la députation du Parti Réformiste National Jean Pierre Greenford est emprisonné illégalement depuis le vendredi 3 décembre 2010 au local de la police dans la ville du Cap-Haitien.

Le candidat a été au bureau départemental de la Police pour dénoncer la violence de Audney Alcide son adversaire du parti INITE dans la commune de Plaisance. La PNH dans le Nord en a profité pour procéder a son arrestation, sans aucune raison valable.

La violence a éclaté dans la commune de Plaisance dans le Nord après une manifestation organisée par des membres de l'opposition pour protester contre les fraudes massives.

Les 9 candidats de l'opposition sont en fuite dans le maquis. Des témoins critiquent le comportement de la police qui appuie ouvertement le candidat du pouvoir.

La crise électorale entraîne une augmentation des cas de violation des droits humains dans les villes de province. La répression s'installe au niveau des communes reculées.

Le tissu social est de plus en plus déchiré. Borgne, Plaisance, Pignon, Saint-Raphael, Grande Rivière du Nord, Pilate sont les communes les plus frappées par des tensions entre partisans de candidats.

Au Cap-Haitien, dimanche dernier, un groupe de civils armés de bâtons, de machettes et de pistolets, a attaqué délibérément des jeunes qui célébraient la victoire de Michel Martelly. Plusieurs blessés ont été transportés a l'hôpital Justinien. C'est le cas d'une fillette de 12 ans blessée par balle a la rue 21 i. La maison du Journaliste Curtis Eyma de Radio Kontak Inter et correspondant de Radio Caraibe FM, a été prise pour cible par des civils armés qui tiraient dans la quartier.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
5 décembre 2010
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Martelly et Manigat doivent retrouver le groupe des 12 candidats.

Des rumeurs persistantes font état de falsification des procès-verbaux en faveur de Jude Célestin. Le régime en place tente un dernier coup d'audace pour garder le pouvoir. René Préval tient a faire de sa fille Première Dame de la Republique, le pouvoir d'Etat devient une affaire de famille et de petits copains cyniques qui résistent au changement tout en refusant de fournir les services de base a la population sinistrée.

La Minustah est grillée. Edmond Mullet a bien travailler en ce sens. Ces déclarations arrogantes, sans aucune précaution oratoire digne d'un diplomate de niveau, révoltent de plus en plus la population haïtienne. L'ONU est la principale cible de toute manifestation de rue. Les émeutes au Cap-Haitien durant la semaine du 18 novembre 2010 est un exemple de la haine grandissante contre les missionnaires des Nations Unies.

A ce stade de l'évolution de la situation post-électorale, la position normale de Manigat et de Martelly devrait être au coté des 12 candidats qui exigent l'annulation des élections.

Il est clair que les diplomates corrompus affectés a Port-au-Prince cherchent a manipuler tout le monde pour se forger une victoire en validant les élections. Déjà, ils engagent un jeu double consistant a discréditer le musicien candidat et a noyauter les bases de Manigat. Le comportement liquide de l'ancienne Première Dame énerve l'opinion publique qui attendait une position ferme face a Préval. Si ces deux candidats laissent passer le temps de se lancer dans la mobilisation, ils seront définitivement écartés comme Wyclef Jean.

Face a l'entêtement du régime en place, la position normale est la mobilisation. Il faut déstabiliser le système corrompu de Préval et de ses diplomates complices de la communauté internationale.

On ne mobilise pas le peuple tous les jours. Si aujourd'hui, les jeunes veulent se battre, ils doivent en profiter pour aller jusqu'au bout. Accepter les promesses fallacieuses des diplomates qui cherchent a sauver leur carrière ne fera que démobiliser les militants. Martelly et Manigat seront discrédités comme Wyclef Jean après la rencontre avec René Préval au Palais National. D'ailleurs toute leur force est basée sur leurs déclarations contre le système. C'est une suicide politique de s'en accommoder.

Il ne faut jamais oublier que l'enjeu est de taille. Il s'agit d'empocher les milliards de la reconstruction. Les diplomates corrompus en poste a Port-au-Prince ayant déjà construit des projets en prévision des pots de vin qu'ils auront a recevoir, ils sont prêts a aller jusqu'au bout. Dans ce cas, ils préfèrent le pouvoir politique du statu quo ante avec lequel ils traitent avantageusement depuis plusieurs années.

Des informations persistantes parlent de proclamation de Jude Célestin, au premier tour, a 52%. René Préval aurait donné la garantie qu'aucune révolte populaire en Haiti ne pourra tenir plus que 2 semaines. Les ambassades des pays étrangers viennent de demander a leurs ressortissants de remplir leur frigo en prévision de trouble. Préval entend aller jusqu'au bout. Il ne respectera pas ses promesses.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
5 décembre 2010
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samedi 4 décembre 2010

Une réunion pour attaquer des manifestants avec des maillots de Michel Martelly.

Nous venons de recevoir cette note d'une personnalité proche de Michel Martelly:

" Je vous informe par la présente, que selon des sources fiables, une réunion s'est tenue cet après midi - samedi 4 décembre 2010 - aux environs de 5:30 au local du restaurant AUX CALEBASSES sis à la 1ere ruelle Jérémie en vue de planifier la violence sur les manifestants qui participeront a la protestation de ce dimanche 5 décembre 2010.  Le restaurant est dirigé par Lafortune.

A partir d'une pick-up double cabine couleur blanche, aux vitres teintés et sans plaque d'immatriculation, on a procédé à une distribution de maillots et de photos du candidat a la présidence Michel Joseph Martelly, ainsi que d'armes et d'argent. 

Notre campagne est contre la VIOLENCE et ceci est un mécanisme pour discréditer le candidat le plus populaire.

Comme vous le savez, le groupe de 12 tiendra une marche demain, et l'objectif semble être de perturber cette dite marche en faisant passer les agresseurs pour des partisans de Martelly. Nous dénonçons cet acte et nous en profitons pour demander a la population d'être vigilante."

Réseau Citadelle publie cette information venue d'une personne digne de foi pour déjouer tout plan macabre contre la peuple meurtri d'Haiti qui ne fait qu'exiger son droit a la vie a travers un processus dit électoral.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
4 décembre 2010
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HAITI ELECTIONS 2010: L'épreuve de force par Agnes Gruda, La Presse, Canada

L'épreuve de force

Agnès Gruda 


http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/agnes-gruda/201011/30/01-4347603-lepreuve-de-force.php 


La Presse, Canada


(Port-au-Prince) Le chef de la mission internationale d'observation des élections haïtiennes, Colin Granderson, a un tout petit filet de voix. Quand il a suggéré hier, en conférence de presse, que les Haïtiens auraient dû faire davantage d'efforts pour aller voter, je n'étais pas certaine d'avoir bien compris. 


Mais il l'a répété, et là, je me suis pincée: avions-nous vécu, lui et moi, le même événement, dans le même pays, au même moment? 


Car dans la campagne électorale que j'ai suivie depuis deux semaines, j'ai vu des gens prêts à faire de gros, gros efforts pour exercer leur droit de vote. Des centaines d'électeurs ont attendu pendant des heures sous un soleil de plomb pour obtenir leur carte électorale. 


Et dimanche, ils étaient nombreux à courir d'un bureau de scrutin à l'autre dans l'espoir de trouver enfin celui qui leur était assigné. La pagaille était indescriptible et je trouvais qu'ils avaient bien du mérite. 


Mais il est vrai que Colin Granderson ne vit pas tout à fait sur la même planète que moi. Sa planète à lui, c'est la diplomatie. Il a sûrement d'excellentes raisons de minimiser les dérapages qui ont été observés un peu partout au pays le jour du vote. Et de conclure que, malgré d'«importantes irrégularités», il n'y avait pas lieu de remettre en question la validité du processus électoral. 


Je comprends cela. Mais moi qui n'aspire à aucune carrière diplomatique, je peux dire librement ce que j'ai entendu, observé et confirmé auprès de quelques personnes bien informées durant mes deux semaines de reportage en Haïti.


Premier constat: je m'attendais à trouver un peuple apathique, trop occupé à survivre pour s'intéresser à des élections. 

Faux: partout où je suis allée, des camps de déplacés aux chic quartiers de la capitale, j'ai rencontré des gens qui discutaient avec passion de l'avenir de leur pays. 


Certains ne juraient que par Mirlande Manigat, d'autres étaient de véritables groupies de Michel Martelly, d'autres enfin préféraient des candidats plus marginaux, pour un tas de bonnes ou de mauvaises raisons. Mais presque tous les gens à qui j'ai pu parler étaient d'accord sur un point: le régime actuel doit céder la place. Le ras-le-bol est généralisé. 


Conclusion: la candidature de Jude Célestin, que le président René Préval a choisi comme dauphin, est totalement artificielle, gonflée aux millions de dollars qui lui ont permis de placarder son visage d'un bout à l'autre du pays. D'après ce que j'ai pu entendre à Port-au-Prince, à Cap-Haïtien ou à Jacmel, si Jude Célestin a pu se classer deuxième dans les sondages, c'est parce que ces sondages n'étaient pas faits selon les règles de l'art. Et si jamais il devait remporter le vote, ce serait la meilleure preuve de fraude électorale... 


Quatrième constat: il est possible que le chaos de dimanche ait été le fruit d'une désorganisation involontaire. Mais, chose certaine, quand une vingtaine de personnes s'agglutinent en hurlant autour d'un bureau de vote, tous les tours de passe- passe deviennent possibles. 


L'autre certitude, c'est que le régime actuel était prêt à tout pour garder le pouvoir. Dans certains bureaux de vote, on a assisté à de véritables festivals de bourrage d'urnes. Mais certains de ces bulletins de vote finiront par être rejetés. Et dans l'ensemble, l'ampleur de la fraude est difficile à évaluer. 


D'ailleurs, malgré leur coup d'éclat de dimanche, où ils ont appelé à l'annulation du vote, aucun des deux leaders les plus populaires, Michel Martelly et Mirlande Manigat, ne veut vraiment recommencer à zéro. Chacun espère que, malgré les irrégularités, le dépouillement des votes finira par jouer en sa faveur. Ils se gardent donc toutes les portes ouvertes, au cas où...


Le 7 décembre prochain, le Conseil électoral provisoire doit annoncer les résultats préliminaires du scrutin. Le régime actuel gagnera-t-il son pari en propulsant Jude Célestin jusqu'au deuxième tour de la présidentielle? Si oui, comment la population réagira-t-elle? Sinon, que fera le gouvernement? 

Une délicate épreuve de force s'engage en Haïti. D'un côté, un régime menacé qui a la force du pouvoir. De l'autre, des candidats qui peuvent s'appuyer sur la colère populaire. Et entre les deux, une communauté internationale qui ne sait plus sur quel pied danser. Et qui se demande jusqu'où elle peut soutenir un régime détesté sans risquer l'explosion sociale - dont les premiers signes se font déjà sentir dans quelques coins du pays.

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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
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Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation  prend la forme de monopole au 21e Siècle.
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vendredi 3 décembre 2010

Continuité Préval-INITÉ, communauté internationale et démocratie

Continuité Préval-INITÉ, communauté internationale et démocratie

 

par Leslie Péan (2 décembre 2010)

 

La bêtise ne saurait en aucun cas décourager l'analyse. Surtout à un moment où le président Préval fait répéter à la communauté internationale que 1+1 = 3. Dans une conjoncture où la résistance demandant l'annulation du scrutin fait tâche d'huile. Les manifestations publiques à la capitale et dans les provinces en témoignent. La tendance inquiétante dénoncée par nombre de démocrates de l'incapacité du Conseil Électoral Provisoire (CEP) de Gaillot Dorsainvil à organiser les élections honnêtes et fiables s'est confirmée par les fraudes massives orchestrées le 28 novembre 2010.  Les signes avant-coureurs de cette tendance inquiétante s'étaient fait jour à travers la loi électorale injuste faisant du CEP juge et partie tout en le plaçant au-dessus des lois. Dommage que les dénonciations de la société civile et des partis politiques de cette aberration n'aient pas été entendues et soutenues par la communauté internationale.


De plus, la structure du CEP est telle qu'elle lui permet d'accepter et de refuser des candidatures arbitrairement. On se dirigeait donc vers ce que Jean-Paul Sartre a appelé des « élections-pièges à cons », une mascarade dénoncée par des stratèges qui ont appelé au boycott, mais que des tacticiens ont investi pour en dénoncer la fausseté et la mystification. Dans la conjoncture, il ne s'agissait pas d'être rôti ou bouilli mais de ne pas être mangé par les cannibales.  Les forces du statu quo n'on rien négligé y compris la manipulation de l'opinion à travers des sondages dont les échantillons sont peu représentatifs. La perspective d'un scrutin désorganisé et du bourrage des urnes par le parti INITÉ paraissait certaine.  Le crime électoral était annoncé dans la logique du discours  du gouvernement Préval et du CEP qu'il a mis en place pour se perpétuer au pouvoir.


Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, les conditions matérielles n'étaient pas réunies pour l'organisation d'élections. Les priorités étaient à la mise en œuvre des moyens pour faire sortir le million de personnes sous les tentes et pour organiser les soins de santé afin d'éviter la propagation d'épidémies. Le président Préval n'a pas pris la voie de la mise en place des bases solides pour assurer les services à la population sinistrée par le séisme. Il a préféré équiper les tentes de téléviseurs pour endormir la population durant toute la période de la coupe du monde de football. La voie qu'il aurait du suivre normalement ne le rassurait nullement puisqu'elle impliquait la possibilité d'un gouvernement provisoire qui organiserait des élections dont il ne pourrait pas déterminer d'avance les résultats. Devant les réserves de Washington sur la possibilité d'organiser des élections au cours de l'année 2010, le président Préval a fait pression sur la CARICOM et l'OEA pour l'organisation de ces élections afin d'assurer la continuation de son régime en installant son propre successeur.

 

Le temps d'une lutte de guérilla à tous les niveaux

 

La mystification est de parler d'irrégularités aujourd'hui là où il s'agit purement et simplement de sabotages multiples et de destructions délibérées de la volonté populaire.  Comme l'explique le candidat Leslie Voltaire « ces élections sont comme le tremblement de terre et elles vont encore plus diviser le pays que l'unir [1]». Les magistrats, les vice-délégués et les dirigeants des CASECs ont réactivé toutes les fraudes connues pour combattre les candidats et les électeurs qui ne sont pas favorables à INITÉ.  Les superviseurs d'INITÉ ont été les seuls admis dans les bureaux de vote et les mandataires des candidats autres que Jude Célestin n'ont pas pu pénétrer dans les bureaux de votes pour suivre le déroulement du scrutin. Nombre de bureaux de vote étaient encore fermés à neuf heures du matin. D'autres avaient fermé leurs portes déjà à dix heures du matin car les urnes avaient déjà été remplies par les partisans d'INITÉ. Des faux procès-verbaux ont été fabriqués tant pour favoriser Jude Célestin que pour mettre en valeur d'autres candidats quand la fraude massive a été découverte et dénoncée par le groupe des douze candidats à partir de midi.


La mascarade a atteint un tel niveau que nombre d'émissions de radios reprennent sans aucune vergogne qu'il existerait un pseudo-principe « qui finance ordonne » pour tenter de justifier la nécessité d'accepter le verdict frauduleux du CEP sous prétexte que ce serait la volonté de la communauté internationale qui a financé les élections. La corruption du savoir est érigée en principe par l'OEA, l'ONU, la Caricom et les autres entités de la communauté internationale.  Les propos qui tentent de gommer le foisonnement de ces fraudes sont dangereux, mutilants et contradictoires en refusant de reconnaître le verrouillage du CEP pour les candidats INITÉ et leur confiscation du processus électoral. Le dialogue pour sortir de l'impasse doit commencer par la reconnaissance de la fraude orchestrée par le CEP à la solde du candidat Préval-INITÉ.  C'est en sanctionnant les responsables de cette fraude qu'on sort de la confusion. 


Nous devons sortir de la pensée magique consistant à donner au CEP-bidon le pouvoir surnaturel de confectionner des procès-verbaux électoraux et d'avoir une autorité transcendantale sur un processus électoral contesté par plus de douze candidats représentant 80% des intentions de vote. Là est le débat de fond. Il ne s'agit pas d'occulter les divergences avec le courant Manigat-Martelly qui a été le premier à demander l'annulation du scrutin du 28 novembre 2010 avant de se rétracter sous les pressions occultes. Ces divergences, toutes réelles qu'elles soient, demeurent secondaires et ne sauraient prendre le dessus sur la forme caractéristique de la crise actuelle dont l'origine est l'inféodation du CEP au parti au pouvoir. Il importe donc de faire sauter la pesanteur du courant INITÉ sur le processus électoral. Telle est la sommation historique de notre temps. En ce sens, la demande d'annulation du scrutin présentée par les douze candidats au Karibe Convention Center est autre chose que la somme des partis qui en ont  fait la proposition. C'est la cristallisation d'une multiplicité de réseaux qui, par cette intervention ponctuelle, annoncent une explosion révolutionnaire trop longtemps différée mais inévitable.  En dépit des querelles factionnelles et de la bousculade des aspirations rivales à la prise du pouvoir. 


Les démocrates ne doivent pas baisser les bras devant les représentants de la communauté internationale qui agissent à partir de leurs intérêts mesquins. Tout en méprisant le président Préval qu'ils considèrent comme un caméléon,  ces représentants de la communauté internationale en Haïti sont motivés par la nécessité de poursuivre leur carrière diplomatique et de réussir dans leur manière de protéger le statu quo des personnages infects qui dirigent Haiti.  C'est exactement ce que font les Edmond Mulet, Albert Ramdim, Colin Granderson et leurs collègues américains et européens. Pour eux, les Haïtiens doivent avaler la souillure de la continuité prévalienne en acceptant celui sur lequel le président a jeté son dévolu. Dans l'entendement de ces diplomates, il ne faut pas de violence pour faire le changement social.  Ils viennent avec les forces armées de la MINUSTAH pour protéger les forces réactionnaires haïtiennes et ils propagent les idées que les pauvres et démunis ne doivent pas se révolter contre ceux qui les maintiennent dans leurs conditions misérables. Cette façon de voir est fausse et illusoire. Elle veut continuer à maintenir les rapports de force asymétriques qui maintiennent la plus grande majorité de la population dans une situation de défaite. Les Haïtiens d'aujourd'hui se doivent de prendre comme référence leurs aïeux qui ont fait 1804 avec la lutte de guérilla qu'ils ont conduite pour vaincre les forces armées françaises. Il n'y a pas d'autres solutions. L'exemplarité de 1804 est la seule solution rassurante pour faire tomber les murs de l'iniquité. Les demandes de la foule à la conférence de presse du 28 novembre au Karibe Convention Center sont on ne peut plus clairs : « ARRÉTEZ PRÉVAL », « NOU BOUKÉ », « LIBÈTE OU LA MORT ».

 

Enlever les chaînes dans les têtes

 

Le courant Préval-INITÉ a inventé la fable que la communauté internationale veut la continuité et lui a demandé d'aller de l'avant sans trop se préoccuper des critiques formulées par l'opposition démocratique. Ceci est faux. La communauté internationale s'accommode ainsi de l'incompétence de Préval pour rafler la mise et empêcher aux Haïtiens de trouver les solutions aux maux qui les assaillent. Mais en tirant trop sur la corde, le président Préval se trompe de croire qu'il a encastré la communauté internationale. Cette dernière a plusieurs niveaux de parole et tous ses discours et énoncés n'ont pas le même poids. Les diplomates Colin Granderson et Albert Ramdim n'ont pas le même poids dans la balance que les sénateurs Richard Lugar et  Christopher Dodd ou encore des 45 membres du Congrès américain qui ont écrit une lettre en date du 7 octobre 2010 au secrétaire d'État Hillary Clinton pour demander l'organisation d'élections inclusives et honnêtes en Haïti. Le président Préval fait une mauvaise utilisation du président Bill Clinton en prétendant que celui-ci voudrait du business as usual et qu'il aimerait travailler avec la même équipe qui lui a livré les clefs du pays en créant illégalement la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH). 


Dans une tournée internationale effectuée récemment, le bâtonnier de l'ordre des avocats de la capitale Maitre Gervais Charles a exposé clairement toutes les manœuvres opérées par le président Préval pour conserver illégalement le pouvoir. En un premier temps, il a paralysé la Cour de cassation en refusant de remplacer les juges partis à la retraite ainsi que le président de cette Cour, réduisant le nombre de juges à sept tandis que le quorum est de neuf juges. En outre, il n'a rien fait pour renouveler les Chambres législatives comme prévu de sorte que les Chambres étaient frappés de caducité au moment du séisme du 12 janvier. Il a alors convoqué par arrêté extraordinaire les deux Chambres pour obtenir une prolongation illégale de son mandat jusqu'en mai 2011 et approuvé la création de la CIRH. Ces deux mesures ont été dénoncées par le barreau de Port-au-Prince et la société civile.


En effet, le président Préval a montré un acharnement exceptionnel à ne pas faire les élections législatives qui auraient pu renouveler la 48ème Législature dont le mandat a pris fin le 11 janvier 2010.  De ce fait, il n'y avait plus de Chambre de Députés à partir du deuxième lundi du mois de janvier 2010. La 49ème Législature n'a pas pu renter en fonction et ainsi il n'existait plus de Parlement car selon la Constitution de 1987, les deux chambres doivent exister pour avoir le Parlement. La nation haïtienne était donc plongée dans un abime politique par l'incompétence du président Préval qui n'avait pas respecté le calendrier électoral. Telle était la situation vingt-quatre heures avant la foudre du  tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a détruit l'univers physique avec les milliers de mort et de désolation que l'on connaît.  De plus, l'état d'urgence déclaré par Préval est anti-constitutionnel et le pouvoir législatif n'a aucune compétence pour établir une institution comme la CIRH ou toute autre entité similaire.


On comprend que le goût de la servitude volontaire envers son seigneur soit très ancré chez le président Préval. Mais il ne saurait vouloir que tout le monde le suive et accepte son invention qui participe des chaînes qu'il a dans sa tête. De sa trahison sans remords de la nation haïtienne. Le financement extérieur est une contrainte que les Haïtiens doivent gérer correctement c'est-à-dire avec rationalité et cohérence dans la transparence. L'opposition démocratique n'a aucun problème pour mettre en place un solide partenariat public/privé avec le  président Clinton qui donne une place importante aux investisseurs privés internationaux dans la reconstruction d'Haïti. 

 

Le plus grand destructeur de capital social

 

Mais un tel partenariat exige des Haïtiens un capital social[2] que ne favorise pas l'équipe actuelle qui dirige le pays. Le capital social ou encore les relations qu'entretiennent les individus entre eux sont importants pour atteindre les objectifs qu'ils se fixent. Or tout indique que le président Préval est le plus grand destructeur de capital social en Haïti. L'échec de la soi-disant réforme agraire dans la vallée de l'Artibonite est éloquent de la diminution du capital social en milieu rural. Les formes d'insécurité introduites par l'Institut National de la Réforme Agraire (INARA) depuis 1997 sont multiples. Comme le révèle Mickael Levy, «les critères d'attribution des parcelles ne sont pas respectés. Les paysans accusent les membres des comités d'appui d'inscrire sur les listes de bénéficiaires leurs proches ou leurs amis, de vendre les parcelles, d'exercer du chantage sur les paysans (parcelles contre femmes)…. Les membres du comité de suivi, très proches du Président Préval, sont l'objet des critiques les plus vives : corruption sur les contrats d'entretien du réseau d'irrigation, attribution de ces  contrats aux organisations paysannes qu'ils dirigent personnellement, ventes d'engrais subventionnés.…La corruption, le clientélisme, ce qu'en Haïti on appelle le système «moun pam »[3],  se sont insinués dans les structures de la réforme agraire et ont fait naître une défiance croissante des paysans vis-à-vis de l'ensemble du processus. »[4] D'autres exemples sont les menées de Charles Siffra, dirigeant de Koze Pèp et représentant du gouvernement dans la vallée de l'Artibonite. De 2007 à nos jours, dans le domaine de la distribution des engrais les pratiques clientélistes continuent en milieu paysan et contribuent à tuer la formation du capital social dans les communautés rurales[5].

 

L'érosion de leadership du gouvernement Préval

 

Le président Préval s'est évertué à casser les institutions parlementaire et judiciaire ainsi que les partis politiques et les liens entre ces institutions. Personne ne fait confiance au gouvernement INITÉ qui est décrié à travers le pays.  Pour avoir systématiquement organisé des élections frauduleuses, pour avoir détruit les réseaux des rapports avec les partis politiques, pour avoir trahi tous ses propres collaborateurs sans état d'âme, de  Jacques Édouard Alexis à Michèle Pierre-Louis, le président Préval n'inspire aucune confiance. Le dernier clou dans le cercueil de la suspicion généralisée du président Préval est le sort que son CEP a réservé aux candidats de la diaspora pour les élections programmées pour le 28 novembre 2010. L'élimination de tous les candidats de la diaspora, y compris de l'ambassadeur haïtien à Washington, montre à quel point les processus de mobilisation et de production de capital social sont combattus par le courant INITÉ. Or la diaspora haïtienne contribue près de 30% du PIB.


L'érosion de leadership du gouvernement Préval est une vérité élémentaire reconnue par la communauté nationale et internationale. Cette érosion se donne à voir dans le million de personnes sous les tentes à travers la capitale et la réponse tardive du gouvernement Préval au tremblement de terre du 12 janvier 2010.  Pour réussir la reconstruction d'Haïti, il faut qu'il y ait d'abord au niveau haïtien des valeurs reconnues capables d'élaborer des programmes qui font consensus autour de la question sociale. Et pour cela, le président Clinton sera le premier à admettre qu'aucune transformation n'est possible dans un espace donné sans une politique d'intégration sociale faisant participer les gens ordinaires comme les élites. Sans cette corrélation entre transformation spatiale et intégration sociale, la société est bloquée.

 

Le crime électoral était annoncé

 

Le moment n'est donc pas à la culpabilisation des Haïtiens comme des incapables toutes classes confondues. Les responsables de la gabegie sont la coalition des assoiffés de pouvoir soutenus par les puissances internationales qui monopolisent les centres de décision et qui pratiquent une politique d'exclusion contre tous ceux qui ne partagent pas leur option de dilapidation des ressources nationales. La bande à Préval représente le crime, la concussion et les kidnappings érigés en politique d'État. Dans le meilleur des cas, le courant Préval-INITÉ symbolise la méfiance totale à partir de laquelle aucun développement n'est possible. La crise actuelle était prévisible. Le crime électoral était annoncé. Aucune solution ne peut être trouvée en mettant un cautère sur une jambe de bois. Les responsables de l'échec du 28 novembre 2010 doivent se retirer. Leur reddition sans condition n'est pas négociable. Tout compromis avec la saleté est mauvais. Rien ne pourra réussir dans la confusion.  Ils doivent partir. Nous avons la certitude que les Haïtiens peuvent prendre leur sort en main.


La bêtise ne saurait en aucun cas décourager l'analyse. L'échec électoral du 28 novembre est la concrétisation du vide du courant Préval-INITÉ. Un vide physique déjà évident depuis l'inaction signalée de ce gouvernement après le séisme du 12 janvier, mais surtout un vide mental. La participation du peuple haïtien aux élections du 28 novembre exprimant sa volonté d'exercer ses droits les plus légitimes de vote a contribué à exposer au  grand jour la médiocrité arrogante du pouvoir. En outre, cette participation des Haïtiens a contribué à montrer le cynisme d'un certain nombre de fonctionnaires d'une certaine communauté internationale plus préoccupés à justifier leur salaires et avantages sociaux qu'à aider le peuple haïtien à sortir de son gouffre. Les hommes politiques sans vision qui nous dirigent  ont été obligés de montrer ce qu'ils cachaient : des horreurs qui s'entassaient et que le monde entier a pu regarder. Enfin ! Les chancelleries occidentales ont pu donc contempler et méditer. Seront-elles en mesure d'empêcher le génocide que prépare INITÉ pour garder le pouvoir ? Reprendront-elles à leur compte le mot prononcé par le président socialiste François Mitterrand,  au sujet du génocide orchestré par son ami président au Rwanda en 1994 « Dans ces pays-là, un génocide, ce n'est pas trop important »[6] ? Après le séisme du 12 janvier 2010, les chancelleries ont raté une occasion en or d'appeler au dialogue toutes les catégories sociales pour trouver une réponse au drame national. Au fait, elles n'ont pas trouvé la bonne réponse car elles n'ont pas posé la bonne question. Aujourd'hui, les chancelleries ont vu des riens exécuter ce qu'ils savent faire de mieux : l'appauvrissement. Des riens qui veulent être éternels. Le moment est peut-être venu de leur tourner le dos !


[1] Damien Cave and Randall C. Archibold, « Haitian candidates call to void election », New York Times, November 28, 2010.

[2] Le capital social s'entend aussi bien dans le sens que Putnam dans Bowling Alone le présente que dans celui plus minimaliste que lui donne Pierre Bourdieu. Voir Robert Putnam, « Bowling Alone : America's Declining Social Capital », Journal of Democracy, vol. 6, no 1, 1995 et Pierre Bourdieu, La distinction. Critique sociale du jugement,  Paris, Minuit, 1979; voir aussi du même auteur « Le capital social. Notes provisoires », Actes de la recherche en sciences sociales, no 31, 1980.

[3] « Moun pam » signifie en créole haïtien, mes gens, mes proches. Favoriser les siens, ses proches.

[4] Michael Levy, «La réforme agraire en Haïti », Nouvelles Images d'Haïti, Paris, France, avril 2003, p. 2. Lire du même auteur, « Conflits Terriens et Réforme Agraire dans la plaine de l'Artibonite », Cahier des Anneaux de la Mémoire, numéro 6, Nantes, 2004.

[5] Michaelle Auguste Saint-Natus et Alain Gilles, Le capital social dans les communautés rurales en Haïti, une étude exploratoire, CEPALC, 2005.

[6] Patrick de Saint-Exupéry dans «France-Rwanda : un génocide sans importance», Le Figaro,  Paris, 12 janvier 1998. Voir aussi Patrick de Saint Exupéry, L'Inavouable, Paris, éd. Les Arènes, 2004.

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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation  prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)