Haiti, Que faire? Comment sortir du gouffre? #LeReCit
(Dernier conseil au président Jovenel Moise. Après, on déduira qu’il est paralysé par une forme de chantage qui l’oblige à obéir docilement aux quatre volontés d’un clan antinational.)
Dans le soucis de répondre à la question QUE FAIRE? que des jeunes nous ont posée lors de notre dernier passage au Cap-Haitien, nous avons pris la peine de dactylographier dix (10) pages (203-212) du livre du Professeur Sauveur Pierre-Étienne parlant de l’administration et des réalisations qu’a connues Haiti durant l’occupation américaine de 1915 à 1934.
L’analyse de cette page d’histoire démontre que toute la démarche des occupants américains pour sortir Haiti du chaos total fut basée sur deux (2) points essentiels :
1- l’instauration de la contrainte physique; c’est-à-dire du règne absolu des forces de sécurité sur toute l’étendue du territoire national ;
2- la collecte des impôts et des taxes;
3- la protection du trésor public ou du patrimoine de l’État par une lutte acharnée contre la corruption.
Tels sont les défis que le président Jovenel Moise doit relever s’il veut réussir son mandat et passer dans l’histoire comme un homme digne.
Pour cela il doit pouvoir :
a) Sortir de l’ombre de l’ex-président Michel Martelly qui pratique un “angélisme enfantin”, plus intéressé — paraît-il — à profiter de l’échec de son successeur pour mieux se présenter en “sauveur incontournable” en 2022.
b) Se démarquer de la bourgeoisie compradore, antinationale et/ou importatrice nette de produits finis. On ne fait pas de production nationale en comptant sur le support de l’aile anti-nationale de la bourgeoisie haïtienne que nous appelons la “bourgeoisie salope”.
Car, l’une des actions majeures de américains en 1915 fut de soumettre la bourgeoisie aux lois d’Haiti. À la page 207 du livre susmentionné, monsieur Pierre-Étienne nous dit: “Ainsi, la bourgeoisie compradore, qui doit s’atteler au dur apprentissage de l’impôt et accepter de n’être plus au-dessus de la loi, prend ombrage de cette nouvelle bureaucratie.”
Lisez cet extrait qui vous aidera à comprendre comment arrêter la disparition progressive de l’État d’Haiti, comment sortir du gouffre; Une approche qui sans doute nécessitera l’adaptation à notre projet démocratique, mais un enseignement historique qui peut nous épargner de réinventer la roue.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
#LeReCit @ReseauCitadelle
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13 juin 2019
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Haiti sous occupation américaine : 1915 -1934.-
L’effondrement de l’État haitien le 28 juillet 1915 et l’incapacité des élites à opposer une quelconque résistance armée organisée favorisent le déploiement rapide des troupes de l’amiral William B. Caperton. Les points stratégiques et les bâtiments symboliques de la capitale - casernes, ports, bureaux des douanes et des contributions, palais présidentiel, de même que les locaux abritant les ministères et les tribunaux-, sont rapidement investis. Aux mois d’août et de septembre 1915, les renforts nécessaires permettent à l’occupation de s’étendre aux principales villes portuaires du pays. Et la liquidation de l’armée haïtienne et le désarmement progressif de la population garantissant finalement à l’occupant le renforcement de son pouvoir militaire, financier et juridique dans les grands centres urbains. Pour mener à bien la tâche de pacification totale du pays et son occupation locale. Le cadre institutionnel approprié une fois établi, le rétablissement du monopole de la contrainte physique, la reconstruction et la modernisation de l’administration publique, la création d’infrastructures et la reconfiguration de la structure économique et sociale deviennent les éléments essentiels du programme de construction de l’État moderne en Haiti 1915 à 1934.
1.1 Le rétablissement du monopole de la contrainte physique.
La constitution d’un appareil répressif efficace, avec un effectif raisonnable réparti sur toute l’étendue du territoire, centralisé et doté d’une chaine de commandement assurant la coordination de ses activités sur le terrain, est le point de départ du processus qui conduira à la fin de l’instabilité politique chronique, du régionalisme et du caudillisme. La création de la Gendarmerie, la future Garde d’Haiti, comme le prévoit l’article X de la Convention, composée d’Haitiens et dont les officiers supérieurs sont tous des Américains, s’inscrit dans cette perspective. Le programme de formation accélérée de ses cadres nationaux, mis en oeuvre par l’occupant, rend l’institution militaire rapidement opérationnelle. Si au début sa tâche consiste essentiellement à débarrasser la capitale de la présence des Cacos, par la suite elle deviendra l’instrument de pacification du territoire national.
La campagne de désarmement et, surtout, le rétablissement de la corvée pour les travaux publics déclenchent un mécontentement général dans les zones rurales, ce qui provoque l’entrée en scène de Charlemagne Péralte, le héros de la résistance paysanne à l’occupation américaine d’Haiti. Dans les trois premiers mois de l’occupation, on enregistre 200 morts dans les rangs des Cacos. De 1916 à 1918, 250 autres insurgés sont morts au cours d’affrontements avec les forces régulières. En 1919, à l’apogée de l’épopée de Charlemagne Péralte, 1.881 guérilléros sont massacrés par la Gendarmerie appuyée par les marines. Ces succès sont rendus possibles grâce aux renforts dépêchés par la puissance occupante. L’assassinat de Charlemagne Péralte, le 1er novembre 1919, et celui de Benoit Batraville, son successeur, le 19 mai 1920, scellent la fin de la résistance armée.
La pacification du pays, suite au désarmement total de la population, accélère le processus de centralisation militaire et politique. Elle rend possible la concentration des moyens de contrainte et fait de la Gendarmerie l’instrument idéal de la violence du pouvoir d’État : détenteur exclusif de la contrainte physique. En structurant la Gendarmerie de façon à empêcher le développement des solidarités régionales en son sein, en renforçant le pouvoir de la police rurale et en faisant de Port-au-Prince le seul et l’unique siège de détention, de concentration et de centralisation du pouvoir d’État, l’occupant bouleverse de fond en comble l’échiquier politique haitien. Ce tournant établit une nouvelle donne politique : la paysannerie cesse définitivement d’être un acteur majeur du jeu politique.; le militarisme entre en hibernation; le régionalisme disparait du panorama politique du pays. Étant donné que le monopole de la contrainte physique ne va pas sans son pendant, l’occupant se penche, parallèlement, sur l’organisation du monopole de la fiscalité, à travers la construction et la modernisation de l’administration publique.
1.2 La reconstruction et la modernisation de l’administration publique.
Dans le but de créer les conditions permettant à l’État d’extraire de la société les ressources indispensables à son bon fonctionnement, de répondre à ses obligations financières sur les plans interne et externe et de réaliser quelques travaux publics pouvant lui conférer une certaine légitimité, l’occupation se lance dans une entreprise de reconstruction et de modernisation de l’administration publique haïtienne. Et afin de garantir à l’État le monopole de la fiscalité, il met en branle un processus de centralisation administrative que viendra coiffer la promulgation, le 6 juin 1924, de la Loi instituant l’Administration générale des Contributions. Cette nouvelle unité administrative, chargée de la perception des impôts, est destinée à devenir un rouage important dans la gestion des finances du pays (sept au total) entraine une meilleure organisation et une gestion rigoureuse du commerce import-export, assurant de ce fait des recettes douanières beaucoup plus substantielles à l’État.
Avant l’occupation américaine, les impôts internes représentaient moins de 10% des revenus de l’État. Dans un rapport de 1924-1925, le conseiller financier soutient qu’ils devraient constituer 50% des recettes fiscales du pays, et même excéder les sources externes de revenus. Aussi adopte-t-il toute une politique d’augmentation des charges fiscales, de gestion des dépenses publiques, afin d’assurer l’équilibre budgétaire, et de supervision de l’évolution de la dette publique. Ces mesures aboutissent à la stabilisation de la monnaie nationale et à la quasi-disparition des pratiques liées à la corruption dans l’administration publique. Ces deux résultats, à leur tour, entrainent la réduction de la dette étrangère et l’augmentation du budget de fonctionnement et d’investissement de l’État. Mais la modernisation de l’administration publique implique obligatoirement l’augmentation du nombre et de la qualité des fonctionnaires. La création de nouveaux postes et le recrutement de nombreux cadres conduisent à l’élargissement du secteur tertiaire et à l’émergence d’une classe moyenne.
[ Note : La promotion d’une nouvelle classe moyenne en Haiti constitue l’un des principaux éléments de la stratégie américaine visant à transformer les structures économiques et sociale de façon à garantir la stabilité du système politique du pays.]
Les réformes monétaire, fiscale et administrative apportent à l’État une certaine autonomie par rapport à ses anciens créanciers internes dont les intérêts sont lésés. Ainsi, la bourgeoisie compradore, qui doit s’atteler au dur apprentissage de l’impôt et accepter de n’être plus au-dessus de la loi, prend ombrage de cette nouvelle bureaucratie. Le rétablissement de la corvée exigeant la participation des paysans dans les grands travaux d’infrastructures, la répression sanglante et l’élimination du mouvement de résistance armée dirigé par Charlemagne Péralte renforcent le processus de consolidation du nouvel l’État. Avec le monopole de la contrainte physique assuré par la Gendarmerie et le monopole de la fiscalité reposant sur la nouvelle administration publique, l’État haitien n’est plus une fiction ni l’objet de risée de la population. Il inspire au contraire : respect, crainte et même la peur. Ces transformations au niveau de l’appareil répressif et de la machine administrative vont de pair avec l’instauration d’un cadre infrastructurel adéquat.
1.3 La création d’infrastructures
Le rétablissement durable du double monopole de la contrainte physique et de la fiscalité exige un cadre infrastructurel approprié. L’occupant, fort de la « collaboration franche et loyale » du président Louis Borno (15 mai 1922 - 15 mai 1930), se donne la liberté d’action nécessaire pour se lancer dans un vaste programme de construction d’édifices publics, d’établissement d’un réseau routier national comprenant des ponts, de nombreux barrages et canaux d’irrigation. Selon le rapport de l’ingénieur américain en chef des Travaux Publics pour l’exercice de 1929-1930, le bilan des quinze premières années de l’occupation dans le domaine des infrastructures se présente de la façon suivante : 16 casernes et 61 avant-postes pour la Garde d’Haiti; 11 hôpitaux et 133 dispensaires ruraux; 7 douanes ; l’École d’agriculture et 69 fermes écoles rurales; 10 écoles industrielles; deux écoles nationales et 11 écoles religieuses; l’Hotel de Ville de Port-au-Prince et le Palais de Justice; et 1,700 kilomètres de routes.
La comparaison de la situation du pays, en termes d’infrastructures, de travaux d’urbanisation, de transport et de communication, avant et à la fin de la période d’occupation, montre le caractère sérieux et l’immensité du travail effectué. La route reliant Port-au-Prince au Cap-Haitien, inaugurée le 1er janvier 1918, établit pour la première fois la liaison continue entre la capitale et la seconde ville du pays. Celle assurant la jonction entre Port-au-Prince et les principales villes du Centre est inaugurée à son tour le 23 février de la même année. En 1915, trois voitures seulement circulaient dans la capitale, dont celle de l’ambassadeur américain. Vers la fin de l’occupation, on en dénombre quelque 2000 en Haiti. L’usage des camions de transport assurant les activités commerciales entre les principales villes du pays et l’utilisation d’autobus pour le transport interurbain de passagers sont inaugurés et intensifiés sous l’occupation. En 1915, trois phares fonctionnaient en Haiti. En 1934, ils sont au nombre de 15.
L’installation d’un système téléphonique automatique à Port-au-Prince fait de la capitale haïtienne la première ville d’Amérique latine à en disposer. En 1929, Haiti compte 1,650 kilomètres de lignes téléphoniques reliant 26 postes, assurant en moyenne 27,574 appels locaux en une seule journée. À cela, s’ajoutent 210 ponts, les grands travaux du wharf de Port-au-Prince, la modernisation des quais et des sites du haut commerce au Cap-Haitien, aux Gonaives, à Saint-Marc, aux Cayes et à Jérémie. L’aménagement de systèmes d’adduction d’eau potable est aussi l’oeuvre des Américains, sans oublier la construction de l’édifice abritant la Faculté de médecine de Port-au-Prince. Et l’établissement d’un réseau aérien entre Port-au-Prince, Saint-Marc, Gonaïves, Cap-Haitien, Port-de-Paix, Hinche, Jacmel, les Cayes et Jérémie complète le bilan des réalisations de l’occupant.
Il convient de mettre en relief le fait que toutes ces réalisations sont financées grâce à une gestion saine et une utilisation rationnelle des fonds du budget de l’État haitien, sans aucun support financier des États-Unis d’Amérique. Les ressources du pays se révèlent donc amplement suffisantes pour payer les fonctionnaires de l’État, y compris toute une pléthore d’experts américains, réaliser les travaux d’infrastructures et payer la dette. Cela donne une idée de l’ampleur de la corruption et de la contrebande dans l’administration publique en Haiti avant l’occupation américaine de 1915. L’emprunt de 1922, d’un montant de 23,658,041.25 dollars, est essentiellement destiné à payer le solde des prêts français, à rembourser à la Banque nationale les avances de trésorerie faites au gouvernement, à liquider la dette interne et à honorer les obligations contractées auprès des créanciers américains, sans pouvoir en discuter. Ces travaux s’accompagnent aussi de la reconfiguration des structures économique et sociale du pays.
1.4 La reconfiguration des structures économique et sociale.
La création et la modernisation des appareils répressifs et administratifs de l’État par l’occupant visent à créer des conditions favorables à ses intérêts stratégiques et à la pénétration du capital américain dans l’agriculture. Donc, la modernisation politique ne va pas sans la modernisation économique et les changements sociaux en découlant. L’extension de la monnaie haitienne, par la clause fixant le taux de change à cinq gourdes pour un dollar, et la volonté de s’attaquer à la parcellarisation de la terre et de privilégier l’agriculture intensive aux dépens de l’agriculture extensive sont évidentes dans la Constitution de 1918. Moyennant la collaboration d’une partie des élites politiques locales, la plus importante tentative de modernisation économique et sociale du pays est entreprise depuis l’indépendance conquise en 1804. Elle entraine la reconfiguration des structures économiques et sociales impliquant l’émergence de nouvelles catégories économiques et sociales. Porteuses du projet de constitution d’un État moderne, celles-ci favorisent, par voie de conséquence, la stabilité politique, la pénétration et le développement du capitalisme en Haiti.
L’établissement d’un cadre légal approprié étant indispensable à la reconfiguration des structures économique et sociale, 33 mesures législatives sont alors adoptées entre 1915 et 1930, ce qui permet l’expropriation d’une partie des petits cultivateurs, transformés en ouvriers agricoles, et l’installation en Haiti de grandes compagnies s’adonnant à l’agriculture commerciale. De telles décisions conduisent à l’extension des rapports capitalistes de production et au développement d’un secteur de petites et moyennes entreprises commerciales et industrielles dans l’économie du pays. Cette nouvelle dynamique favorise l’apparition de nouvelles catégories sociales : la classe ouvrière et la classe moyenne. La présence progressive d’officiers haïtiens au sein de la Gendarmerie, la création d’écoles professionnelles et le recrutement de socioprofessionnels comme cadres moyens et supérieurs dans la nouvelle bureaucratie administrative contribuent aussi à l’élargissement de cette nouvelle classe moyenne, malgré sa faiblesse. Il en est de même de la classe ouvrière qui, avec le développement du mouvement syndical en Haiti, va s’ancrer dans l’administration publique et dans les compagnies privées.
Mais la reconfiguration des structures économique et sociale bouleverse le paysage politique haitien. Ainsi, la lutte pour le pouvoir devient une affaire essentiellement urbaine et les masses populaires de Port-au-Prince vont en être un acteur influent. Quant à la paysannerie, elle a le choix entre un salaire de misère, l’exode rural et l’émigration. Cependant, malgré l’existence d’une main-d’oeuvre abondante et bon marché, les entrepreneurs américains ne se ruent pas vers Haiti. La faiblesse des investissements privés ne facilite pas la transformation en profondeur des structures archaïques et arriérées du pays. L’oisiveté et la famine règnent dans les zones rurales et, selon certains auteurs : « Criblé de dette, mal alimenté, privé de son lopin de terre, le paysan connait une situation encore plus critique qu’avant l’occupation.» Aussi assiste-t-on à l’augmentation du vagabondage dans les campagnes, à l’exode rural et à l’extension du chômage dans les villes. L’émigration massive vers Cuba et la République Dominicaine, encouragée et organisée par l’occupant, semble représenter une alternative moins angoissante pour les paysans, mais elle s’apparente davantage à une nouvelle traite des Noirs, vu les conditions inhumaines dans les plantations de canne à sucre de ces pays.
(Contrairement à ce que les occidentaux nous disent aujourd’hui sur les immigrants, on peut comprendre que la migration d’Haitiens est dès le début une initiative américaine, capitaliste, au profit des entreprises américaines. C’est d’ailleurs le même objectif poursuivi par l’extermination des cochons créoles au début des années 80…détacher le paysan haitien du milieu rural, provoquer l’exode.—- Notre de #LeReCit)
Les chiffres avancés par les officiels américains montrent clairement que le départ des Haitiens répond à un objectif politico-économique précis. D’après M. Séjourné, inspecteur général des douanes, plus de 300,000 Haitiens abandonnent le pays durant les 19 ans d’occupation et très peu y reviennent. Ce chiffre ne représente que l’émigration légale, car l’émigration vers la République dominicaine, qui demeure hors de tout contrôle, est supérieure à celle en direction de Cuba. Selon certains officiels américains, l’émigration apporte une solution au problème démographique, puisque la population de la République (d’Haiti) se trouve au-dessus de sa capacité productive. Ne disposant pas de manufactures pouvant accueillir une main-d’oeuvre nombreuse et peu coûteuse, disponible et disposée à travailler pour un salaire de misère, l’émigration massive devient une soupape de sûreté pour les crises agraires suscitées par les dépossessions. Ce sont là les conséquences désastreuses d’une tentative de modernisation économique et sociale à marche forcée, dans un pays ayant évolué pendant plus d’un siècle d’indépendance en dehors des avancées techniques et des innovations technologiques du capitalisme mondial.
La liens de dépendance que la Convention haitiano-américaine du 16 septembre 1915 établit entre les deux pays démontrent qu’à la fin de l’occupation en 1934 Haiti dispose d’un État à l’allure moderne, mais ne jouissant que d’une souveraineté externe apparente. En revanche, le rétablissement du double monopole de la contrainte physique et de la fiscalité, de même que l’image de cet État centralisateur, institutionnalisé, surveillant et punissant, doté d’une souveraineté interne réelle, représentent un progrès manifeste par rapport à l’époque précédant l’intervention militaire et l’occupation américaines. En stoppant le régionalisme et le militarisme caudilliste, la fragmentation du territoire et l’instabilité politique chronique - en construisant des infrastructures et en reconfigurant les structures économique et sociale -, les Américains posent véritablement les jalons de la modernisation politique, économique et sociale d’Haiti entre 1915 et 1934. Il appartiendra aux élites politiques locales d’assurer la relève au départ de l’occupant. En 1916, soit un an après l’intervention des marines en Haiti, la République dominicaine fait à son tour l’expérience de l’occupation américaine directe. (Contrairement aux élites francophiles snobes et stériles d’Haiti, la classe dirigeante de la République Dominicaine s’est montrée pragmatique et a su en tirer les leçons positives —- Note de #LeReCit)
N.B.: A l’exception de nos deux commentaires, le texte titré « Haiti sous occupation américaine : 1915 -1934 » est un extrait (pp 203-212) du livre « Haiti, La République Dominicaine et Cuba. — État, économie et société (1492-2009) » du professeur Sauveur Pierre-Etienne. Nous avons reproduit fidèlement dans un but de vulgarisation patriotique. Nous espérons que l’auteur comprendra.
#LeReCit
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