vendredi 28 avril 2023

Haiti - Lynchage des gangsters : Quand la Collectivité reprend ses droits sur l'individualisme débridé et antisocial.-

Depuis le lundi 24 Avril 2023, le peuple haitien se révolte contre les gangs criminels en Haïti. Le mouvement est lancé dans la capitale haïtienne à partir du quartier Canapé Vert où 14 hommes armés qui circulaient à bord d'un bus furent arrêtés puis brûlés vif par la population. Depuis lors, on assiste à une mobilisation généralisée en vue de pourchasser les membres de gangs criminels. Les scènes de lynchage et de mise sur le bûcher se multiplient comme au temps de la révolution française. En plus du massacre des français, l'histoire aura à écrire sur le massacre des gangsters en Haïti.


Au-delà de l'aspect triste, affreux, odieux et même regretable, vu que cela offre un spectacle de barbarie à l'opinion publique mondiale, on peut dire  que cette campagne de lynchage contre les bandits en Haiti, peut-être philosophiquement interprétée comme une reprise de contrôle de la Communauté “LA COLLECTIVITE” sur l’INDIVIDUALISME irresponsable, débridé, égoïste, excessif et pervert qui depuis l’arrivée de Jean-Claude Duvalier au pouvoir ne cesse de se renfoncer jusqu’à efoncer Haiti dans des folies les plus extrêmes.


Cette conception de la vie a transformé des enfants des bidonvilles en bourreaux de leur matrice sociale qu’est le peuple haitien. En effet, le bandit n’est autre qu’un individu qui croit que ses ambitions personnelles, ses folies de pouvoir, de possession, de richesse et de jouissance, sont au-dessus de la communauté. En ce sens, pour lui tout est permis…"vouloir, c'est pouvoir” sans limite!"


C'est le genre de discours qui circule en Haïti depuis les années 80. Et cela s'est renforcé avec la mondialisation, cette obsession à supprimer toutes spécificités communautaires pour mieux transformer l'humaine en acheteur/vendeur et en données statistiques. On n'a qu'à écouter la majorité des chansons haïtiennes des 30 dernières années. Dans un pays appauvri ou le chômage domine, des jeunes rêvent de consommer comme des super-stars américaines. 


L’individualisme souvent pris hors de son sens émancipateur, est à la base de la cupidité, des luttes pour le pouvoir personnel, l’amour de l’argent, l’irresponsabilité des juges et des dirigeants, de l’extermination des cochons créoles, de la liquidation des entreprises publiques sans aucune considération pour leur rôle sociale et collective. Il est à la base des coups d'Etat, de l'embargo commercial, de l'occupation d'Haïti par des forces étrangères, de la mise sous tutelle de notre pays par l'international. Tout le monde cherche à réussir au détriment de la société. Ils cherchent tous des victoires personnelles sans tenir compte des conséquences à long et à moyen termes sur Haïti.  


Aussi, cette philosophie qui accompagne la mondialisation fait peu de cas de la solidarité communautaire, de nos institutions traditionnelles garantissant les liens sociaux et la sécurité des communautés. La famille et la production nationale en sont victimes.  


Aujourd’hui, les communautés réagissent et reprennent leurs droits. Elles ont pris conscience de leur responsabilité pour qu'Haïti puisse renaître de ses cendres. Depuis le 24 Avril, la sécurité d’un individu en #Haïti dépend de ses références dans la communauté. Être un inconnu est un gros risque pour tout individu.


Malgré le caractère regrettable et triste des lynchages, on ne peut pas négliger l’essence de ce phénomène. La collectivité, les communautés sont en train de rappeler à leurs fils et filles qu’il y a des limites à ne pas dépasser. Vous êtes libre d’exercer votre individualité et vos rêves personnels, mais cela ne doit pas menacer l’existence de la communauté, de la société ou de la nation qui vous a engendré.


Le peuple haitien doit aussi identifier les pratiques antisociales et destructrices chez ses dirigeants, ses leaders politiques, sociaux et religieux....tous ces individus qui pensent que leurs intérêts personnels doivent-être placés au-dessus de la collectivité même quand des femmes, enfants, des vieillards et des malades sans défense souffrent et sont menacés de mort.   


Car, piller l’Etat, se livrer à la corruption, refuser d’offrir à la population des services de base, détruire Haïti avec l’idée d’aller jouir ailleurs l’argent du peuple, tous ces comportements menacent l’existence même de la nation haïtienne, cette communauté qui s’est battue pour faire de nous des hommes et des femmes libres. 


Nos libertés individuelles ne peuvent pas être anti-sociales. #LeReCit

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
28 Avril 2023
#LeReCit @ReseauCitadelle
WhatsApp : +509-3686-9669
reseaucitadelle@yahoo.fr

Suivez nous :
https://twitter.com/reseaucitadelle
https://www.facebook.com/reseaucitadelle
https://www.facebook.com/LeRecitHaiti/

Aucun commentaire: