- Un tremblement de terre de magnitude 7.0 a frappé Haïti le 12 janvier 2010. Le tremblement de terre a été suivi de plus d'une centaine de répliques. C'est le tremblement de terre le plus destructeur de l'Histoire d'Haïti.
- Bilan partiel des dégâts : Les dégâts sont catastrophiques : environ 112 400 morts, 360 disparus, 196 500 blessés, 100 000 familles sinistrées, 1 million 42 mille de sans abris, 262 900 déplacés, la moitié des maisons détruites à Port-au-Prince, Jacmel et Léogane ; au moins 23 centres hospitaliers privés effondrés. Les écoles, les banques, l'industrie et le commerce sont très affectés ;
- Deux nouvelles répliques de moyenne intensité ont été ressenties le Mercredi 27 Janvier en Haïti. L'Institut géophysique américain (USGS) a détecté une secousse de magnitude 4,4 à 06H16 locales. Mais certains résidents de la région métropolitaine de Port-au-Prince et des journalistes ont également ressenti une autre réplique une heure plus tôt, vers 05H00.
- Le Premier Ministre Haïtien Jean Max Bellerive lance un appel à la vigilance à tous les citoyens haïtiens pour rappeler que les répliques peuvent causer des dégâts importants. Les 45 répliques enregistrées depuis le 12 Janvier ont causé des pertes importantes.
- Il faut à tout moment être conscient de la conduite à mener si le sol commence à trembler. Les espaces ouverts sont généralement sûrs, mais courir parmi des chutes de débris pour atteindre un espace ouvert peut être dangereux. Seuls des ingénieurs qualifiés peuvent déterminer si un bâtiment endommagé est sûr et peut être réoccupé. La règle à tenir tant que les ingénieurs ne sont pas sur place est la suivante : si un bâtiment n'a pas l'air sûr, c'est qu'il ne l'est pas. On doit éviter de pénétrer ou de réoccuper une structure clairement endommagée.
PRIORITÉS ET DIRECTIVES GOUVERNEMENTALES
Ø Conférence de Montréal : Le Premier Ministre Haïtien, Jean Max Bellerive, est satisfait des résultats obtenus lors de la conférence internationale sur Haïti. La rencontre avec les représentants des pays amis a permis de confirmer le gouvernement haïtien dans le rôle de principal responsable du programme de reconstruction d'Haïti.
Ø Le Chef du Gouvernement a prévenu que la reconstruction durerait au moins 4 ou 5 ans avant que le pays ne puisse revenir à la situation d'avant le 12 janvier 2010. En ce qui a trait à l'aide humanitaire, le Premier Ministre Bellerive a estimé qu'elle devra être disponible au cours des 12 prochains mois.
Ø Le Chef du Gouvernement envisage de réunir tous les ambassadeurs haïtiens en poste à l'étranger pour discuter avec leur ministère de tutelle de la politique du gouvernement en ce qui a trait à l'aide internationale et aux différents moyens par lesquels les pays amis peuvent manifester leur solidarité à l'égard d'Haïti.
Ø Le gouvernement haïtien est très préoccupé par la lenteur dans la distribution des tentes. Le président Préval a personnellement voulu s'enquérir de l'état des stocks en termes de tentes disponibles. Il semblerait qu'après évaluation, il y aurait eu des erreurs faites dans l'estimation faite par l'OIM de 20,000 tentes disponibles et que le nombre de tentes sur place serait de beaucoup inférieur. Cette confusion rend d'autant plus urgente la provision rapide par les partenaires d'Haïti de plusieurs milliers de tentes pour permettre à la population sinistrée de s'abriter avant l'arrivée de la saison des pluies.
Ø Le transport aérien de ces tentes doit être absolument priorisé, aux aéroports de Port-au-Prince en Haiti, Barahona et/ou San-Isidro en République Dominicaine, par avion de grande capacité. L'urgence s'aggrave avec la proximité de la saison des pluies. Entre-temps, un appel spécial est fait aux partenaires bilatéraux pour rendre disponible tous les stocks déjà en Haïti - en particulier militaires. Il est demandé à la communauté internationale de procéder à des commandes groupées de tentes pour faciliter la logistique sur le terrain.
Ø Grâce à une subvention de l'État Haïtien par le biais de la DINEPA, à partir du 27 Janvier 2010, les distributeurs privés « Eau Miracle » fourniront gratuitement de l'eau à la population.
Ø Les ONGs et autres donateurs sont vivement encouragés à coordonner leur distribution alimentaire avec le mécanisme de coordination des Nations Unies mis en place.
Ø Le Gouvernement est préoccupé par de nouvelles tentatives de constructions anarchiques. Des sismologues canadiens pourront dans les prochains mois réaliser une expertise géologique en vue de proposer un plan de logement.
ACTION GOUVERNEMENTALE Le gouvernement prend des dispositions pour prendre en charge la coordination des actions humanitaires.
- Tous les jours à 7h du matin, le Ministre de l'Intérieur rencontre l`ensemble des agences des Nations Unies
- Tous les jours à 8h le Premier Ministre préside une réunion de travail de mise en commun avec tous les responsables gouvernementaux, les bailleurs de fonds, les ambassades et les agences de coopération
Coordination- La stratégie vise le renforcement de l'appui technique aux Maires, aux Comités Communaux et locaux pour la gestion de l'événement en fonction des besoins. Au niveau du département de l'Ouest, un regroupement intercommunal en cinq grandes régions a été constitué pour assurer la coordination.
- Les missions d'évaluation de dégâts et d'analyse des besoins du Ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales se poursuivent.
Santé - Huit (8) institutions sanitaires ont été approvisionnées en médicaments et huit (8) communes sont couvertes. A noter que la priorité est accordée à partir de lundi, 25 janvier 2010 à l'approvisionnement des hôpitaux dans le but d'éviter la circulation inappropriée de médicaments entre des mains non expertes.
- Actions planifiées et besoins
- La filière enregistre de sérieux problèmes d'équipements pour les traumatisés surtout : fixateurs externes, prothèses, fils pour suture, Hands sanitizer, canules, HTH, SRO, bombonnes d'oxygène, atèles, bandages élastiques, alcool, HTH, glucomètre, couvertures de laine, autoclaves, béquilles pour les amputés.
Aide alimentaire et eau- Grâce à une subvention de l'État Haïtien par le biais de la DINEPA, à partir du 27 Janvier 2010, les distributeurs privés « Eau Miracle » fourniront gratuitement de l'eau à la population.
- Il y a environ 600 000 personnes regroupées dans près de 500 abris spontanés et plus de 400 000 autres dans les rues qui ont un besoin urgent d'aide alimentaire. Ce qui donne un total de plus d'un million de personnes. Ces chiffres ne concernent que la population de la grande région de Port au Prince. Près de 300 000 personnes auraient déjà quitté la capitale pour se refugier dans les villes des autres départements et dans les régions rurales.
- À ce jour, on estime que la capacité de distribution de l'aide alimentaire varie entre 200 000 à 300 000 rations par jour. Ce qui veut dire que, seulement à Port-au-Prince et ses environs, plus de 800 000 personnes ne peuvent être satisfaites. C'est le principal défi.
- Un autre problème auquel il faut faire face, c'est la coordination de la distribution de l'aide. Il existe des dizaines d'acteurs différents qui interviennent, avec toute leur bonne volonté, pour assister la population. Mais à cause des faiblesses dans la coordination, on constate que le peu d'aide disponible pourrait être mieux distribué. Certains campements ont bénéficié dans une journée de plusieurs distributions et d'autres n'ont rien reçu depuis le début de la crise. Pour faire face à ce problème le gouvernement a tout de suite monté une commission de coordination de l'aide alimentaire. Cette commission travaille à deux niveaux.
Premièrement au niveau national en rassemblant toutes les informations sur les institutions qui distribuent de l'aide :
- Quelles sont les quantités disponibles? Où interviennent-elles ? etc.
- Deuxièmement, au niveau de chaque municipalité, la commission s'est entendue avec tous les maires de la région métropolitaine pour envoyer une équipe de volontaires pour les appuyer dans leur travail d'identification des besoins.
- Aujourd'hui, dans la grande région de Port-au-Prince, nous commençons une phase où l'aide est distribuée en fonction d'une planification qui se fait au niveau de chaque commune. Les besoins sont évalués à ce niveau où on essaie de tenir compte de toutes les demandes exprimées par les groupes de citoyens, les organisations populaires, les représentants des campements, etc. Ensuite, des instructions sont passées aux agences qui disposent de stocks. Mais il faut se rappeler que les besoins (un million de personnes) dépassent largement la capacité actuelle (entre 200 000 à 300 000 rations par jour).
- Au début de la crise, le PAM disposait de 5 000 rations par jour. Rapidement cette organisation est passée à 10 000 puis 45 000 et 60 000, et s'approche aujourd'hui de 100 000 rations. La République Dominicaine a dépêché 7 unités de cuisines mobiles qui préparaient au début 12 000 plats chauds et arrivent aujourd'hui à environ 45 000. Le Programme National des Cantines Scolaires (PNCS) du Ministère de l'Éducation Nationale, prépare 25 000 plats chauds par jour. De plus, nous avons recensé environ une vingtaine d'autres organisations y compris certaines forces armées étrangères qui distribuent aujourd'hui environ 40 000 rations par jour dans la capitale et dans d'autres régions.
- Donc malgré tous ces efforts il y a insatisfaction.
- Pour la question de l'eau, le Directeur de la DINEPA (Direction National d'Eau Potable et Assainissement) dirige un groupe de travail qui rassemble les principales agences internationales, ONG et le secteur privé qui distribuent de l'eau. Aujourd'hui, les réseaux publics de distribution d'eau ont recommencé à fonctionner. De plus, près d'une centaine de camions sillonnent les rues de la capitale, l'eau est traitée et donc potable. Plus d'un million de dollars US ont déjà été dépensés pour ce dispositif qui permet de donner de l'eau potable à près de 300 000 personnes chaque jour dans la capitale. Peu à peu la distribution se fait en fonction des demandes exprimées au niveau de chaque municipalité.
Devant ce constat et ce grand défi il nous faut être clair sur les points suivants :
- Malgré la grande frustration exprimée un peu partout, il faut reconnaître qu'il y a distribution massive de l'aide alimentaire. Ces efforts doivent être reconnus malgré le problème de coordination constaté dès le début de la crise et qui s'explique par la gravité de la catastrophe.
- Les efforts de coordination permettent peu à peu de mieux gérer l'aide pour qu'elle soit distribuée plus efficacement et plus équitablement.
- Malgré tous ces efforts et la bonne volonté de la communauté internationale, l'assistance humanitaire ne pourra jamais nourrir et satisfaire à 100% les besoins des habitants de la capitale et encore moins ceux de toutes les personnes réfugiées dans les autres départements.
- La réouverture des banques et la reprise graduelle de certaines activités économiques vont permettre à beaucoup de gens de reprendre leur autonomie et de satisfaire eux même leurs besoins. Déjà avant la crise, on estime que plus de 50% des Haïtiens vivant dans la capitale recevaient un appui financier de leur famille de l'étranger. Les transferts d'argent représentent la première source de devises du pays et 75% de ces devises servaient aux importations de produits alimentaires. Il faut compter sur la reprise des transferts, et de l'activité commerciale pour satisfaire comme avant une grande partie des besoins alimentaires de la population.
- L'aide internationale doit aussi consister en une aide économique pour créer du travail. Le pays a non seulement besoin de nourriture mais aussi d'argent pour assainir les villes, reconstruire etc. Avec des programmes de haute intensité de main-d'œuvre, la population pourra disposer d'argent pour s'alimenter dignement.
- La production agricole nationale satisfaisait ces dernières années 40% des besoins alimentaires du pays. Fort heureusement, ce secteur a peu été touché par la catastrophe. Des efforts importants avaient été consentis ces dernières années pour la relance de la production nationale. Il est urgent de reprendre ces programmes. Les réponses à la crise constituent une opportunité pour augmenter la production nationale agricole, la transformation et la commercialisation des produits. En ce sens, le gouvernement a préparé une série de propositions pour appuyer massivement la prochaine campagne agricole du mois de février de façon à ce qu'on puisse disposer dans les trois prochains mois de plus de produits agricoles pour mieux satisfaire les besoins de la population.
- Le gouvernement est conscient de l'ampleur de la catastrophe, des souffrances que vit la population et met tout œuvre pour trouver les réponses appropriées.
Abris provisoires et reconstruction- Le Président de la République a réaffirmé sa volonté de voir des tentes distribuées aux populations sans-abris dans les plus brefs délais.
- Dans la capitale, un campement temporaire sera aménagé sur la route de Tabarre pour abriter environ 4 000 personnes vivant actuellement dans des abris de fortune devant la Primature. Un autre site a été identifié dans la zone de Léogane.
- Le Gouvernement haïtien et les Mairies du Grand Port-au-Prince ont poursuivi jusqu'à hier leur accompagnement des populations locales pour leur déplacement volontaire vers des régions peu ou pas affectées par le tremblement de terre. Cependant, une diminution de la demande a été mentionnée et des communes tampons commencent à désemplir.
Sécurité- Sur Port au Prince, rien de particulier à signaler à ce niveau, sinon la persistance des tirs d'armes à feu nocturnes dans quelques quartiers de la capitale, en particulier au niveau de la Plaine du Cul-de-Sac.
REPRISE DES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES - Les activités commerciales reviennent à la normale dans certains quartiers de Port-au-Prince avec la reprise des services bancaires, l'ouverture des supermarchés et la disponibilité de carburant dans la plupart des stations. Le gouvernement a contracté diverses entreprises afin de distribuer de l'eau dans la capitale.
- La circulation automobile est difficile et d'importants embouteillages obstruent des points névralgiques de la zone métropolitaine.
- Le Gouvernement met également l'emphase sur la reprise de l'administration publique (à travers notamment la reprise du payroll de la fonction publique et du système de pension).
- Les services fournis par les trois opérateurs de téléphonie mobile ont atteint un niveau acceptable. Cependant, l'interconnexion entre les opérateurs présente toujours des difficultés, en partie due à une plus forte demande liée à la reprise des activités.
- L'aéroport de Jacmel fortement endommagé par le tremblement de terre a été réhabilité par le Gouvernement Haïtien avec l'aide des forces canadiennes. Les avions et les hélicoptères peuvent maintenant se poser à Jacmel et 64 atterrissages ont eu lieu dans la seule journée du 26 Janvier.
- L'équipe de coordination (EDH, RD, USA, Corée, France) a mis en place cinq (5) équipes d'inspection pour les lignes de distribution, 2 pour les lignes de la transmission et 4 pour les sous-stations. Ces équipes ont inspecté plus de 700 poteaux et des conducteurs pour les réseaux dans la zone Métropolitaine. Elles ont également évalué et testé des équipements dans les sous-stations de: CPV, CAF et TOB ; évalué le poste de Carrefour et inspecté la ligne de transmission de 115 KV.
- Le bâtiment principal du siège social est opérationnel (EDH, France, USA ; un sectionneur est réparé à Delmas.
- Par ailleurs, un total de 16 MW est maintenant disponible à la centrale tripartite de Pétion (Hyundai) et la communication radio est restaurée entre CPV, TOB et Nouveau Delmas (RD, USA, EDH).
DONATIONS - L'appel de fonds fait à la suite du tremblement de terre est couvert à 48%, ce qui représente 273 millions de dollars en contributions et un montant supplémentaire de 111 millions en promesses de dons. Vu l'urgence, les donateurs sont encouragés à rapidement concrétiser les promesses faites.
- Le Premier Ministre Haïtien, Jean Max Bellerive, est satisfait des résultats obtenus lors de la conférence internationale sur Haïti. La rencontre avec les représentants des pays amis a permis de confirmer le gouvernement haïtien dans le rôle de principal responsable du programme de reconstruction d'Haïti.
- Une conférence des bailleurs sur Haïti est prévue pour Mars 2010 à New-York.