mardi 11 octobre 2011

Les latino-américains décident d’une armée haïtienne, sans les Haïtiens.

 
Les latino-américains décident d'une armée haïtienne, sans les Haïtiens.

Par Cyrus SIBERT

Cap-Haïtien, le 11 septembre 2008 ; (Ré.Cit.).-

Selon une dépêche de l'Agence argentine DyN, les pays latino-américains engagés militairement en Haïti et l'Organisation des Etats-Américains ont annoncé le jeudi 4 septembre au Canada leur intention de travailler à la création d'une ''Nouvelle Police en Haïti''. Cette déclaration fut faite dans le cadre de la VIIIe conférence des ministres de la défense des Amériques organisée dans la ville de Banff, en Alberta. Ils étaient (8) huit ministres à participer à cette réunion représentant des pays comme Argentine, Brésil, Chili, Uruguay, Pérou, Bolivie, Equateur et Guatemala. Avec le numéro un de l'OEA, José Miguel Insulza, ils avaient discuté de la nécessité de mettre en place une nouvelle force de sécurité en Haïti. Les vrais contours de ce nouveau projet latino-américain concernant la sécurité publique en Haïti n'ont pas encore été précisés. Fin de texte.
 
Tel est l'essentiel de la dépêche. Il existe un projet « latino-américain » pour Haïti. Il s'agit de doter notre pays d'une nouvelle force publique. La réunion s'est tenue au Canada.
 
Encore le Canada !
 
On se rappelle de l'Initiative d'Ottawa (projet du Groupe INITIATIVE D'OTTAWA) orchestré par Denis Paradis Ministre Canadien de la Coopération Externe et rapportée en 2003 par le journaliste Michel Vastel de la presse canadienne. Un projet qui visait à mettre Haïti sous tutelle internationale. De fait, aujourd'hui, la réunion qui s'est tenue en 2003 sous le nom d'Initiative d'Ottawa a produit ses effets. Les américains avaient fini par comprendre la nécessité de lâcher Aristide, de ne plus suivre les lobbyistes, de ne plus attendre la fin de son mandat : ils ont contribué activement à son départ. Une réunion secrète qui s'était révélée au public, grâce à une fuite dans la presse canadienne afin de tester les réactions, l'onde de choc qu'un tel projet provoquerait en Haïti.
 
Sur le dossier d'une nouvelle force armée haïtienne nous revivons le même scénario : une réunion au Canada, un projet international pour doter Haïti d'une force publique additionnelle. L'information distillée dans la presse avec précaution : ''Une nouvelle police en Haïti''.
 
En décryptant le titre de la dépêche : ''Des pays Latino-Américains et l'OEA prônent la création d'une nouvelle police en Haïti'', nous nous sommes posés les questions suivantes : Qu'est ce qui ne va pas avec la Police Nationale d'Haïti ? Alors que la communauté internationale, à travers la MINUSTAH , investit dans la PNH et fait de sa professionnalisation son principal objectif, pourquoi parler ''d'une nouvelle police en Haïti ?''
 
Une lecture en profondeur et l'analyse des circonstances nous porte à mieux comprendre la situation.
 
Connaissant les limites de nos dirigeants et l'incapacité de la société civile à traiter objectivement le dossier de l'armée nationale - une entité incontournable de la force publique, l'étranger utilise le vocable police, pour ne pas attirer la fureur de nos schizophrènes. Les experts ont assez suivi nos futiles débats pour comprendre que le simple mot ''ARMEE'' est capable de provoquer le délire chez nos intellectuels. Comme les cobayes de Pavlov, on n'a qu'à dire Forces Armées pour les observer sécrétant leur bave de haine et d'aigreur, sans un recul objectif pour analyser la situation. Ils sont capables d'hallucination, de réactions pathologiques….Pour preuves, ces injures qu'on lance dans les forums ou sur les ondes en réaction au fait de soulever le principe : il faut une armée nationale pour Haïti ; la police (PNH) est une composante limitée de la force publique, il y a une fonction de défense nationale assurée pour le moment par la MINUSTAH. Nous devons préparer la relève. Les événements (émeutes de la faim) du mois d'avril 2004 et les catastrophes naturelles actuelles démontrent la nécessité d'une armée nationale. Ils mettent à nue le vide laissé par la démobilisation des FADH.
 
On se souvient du texte de Gérard Bissainthe : La Stratiaphobie1 (une maladie caractérisée par la peur de l'armée. Curieusement les stratiaphobes n'ont pas peur de la chose que tout le monde appelle "armée", mais seulement du mot)  et on se dit que les étrangers ne nous prennent pas au sérieux. Constatant notre incapacité, en tant que nation, à assurer la transition institutionnelle vers un Etat démocratique, les latino-américains, qui avaient modernisé avec succès leur armée, projettent de créer une en Haïti. Une façon de dire : considérant que diriger c'est prévoir en se dépassant, en transcendant les ressentiments, il n'y a pas d'homme doué de raison en Haïti, pas de société civile, pas de dirigeants.   
 
C'est la raison pour laquelle aucun dirigeant haïtien n'était présent au moment où l'on parlait de ce projet de nouvelle force en Haïti. Les multiples déclarations du Président René Préval contre les Forces Armées d'Haïti, traitant nos soldats de criminels sanguinaires, tout en implorant le service des soldats de Pinochet et d'autres dictateurs latino-américains, ont aidé les gouvernements latino-américains à juger sa capacité de diriger. Les irresponsables d'Haïti ne sont pas invités à ces genres de Conférence qui exigent des hommes responsables.
 
L'expression « linge sale se lave en famille » a ici toute son importance. En méprisant ses compatriotes de l'armée, depuis un pays étranger, les dirigeants haïtiens se sont montrés irresponsables donc incapables d'assurer les changements nécessaires.
 
Pis est, l'étranger nous berne, en remplaçant Force Armée par ''Police''.
 
C'était la VIIIe Conférence des Ministères de la Défense des Amériques, dans la matinée de la rencontre, Madame Garré, la Ministre Canadienne de la Défense avait eu une réunion bilatérale avec le titulaire du Pentagone Richard Gates sur la sécurité en Amérique latine et dans la caraïbe, on comprend mal qu'un projet de ''nouvelle police'' soit l'œuvre de ministres de la défense. Nous savons tous que ce ministère s'occupe des forces armées. De plus, il y a une police en Haïti. Pourquoi ne pas se contenter d'appeler au renforcement de la PNH  ? Une police qui d'après nos intellectuels-limités peut assurer la défense d'Haïti. On ne saurait oublier ces arguments sans fondement et indignes de l'homo sapiens et l'une des raisons pour lesquelles on  traite les dirigeants comme des enfants sur le plan international : on n'a pas besoin d'une armée en Haïti. La police peut faire le travail seule.
 
Bref, les Latino-Américains ne veulent pas créer de problème sur ce sujet ; l'Agence argentine publie l'information avec sous-entendu: Les ministres de la défense latino-américains en lieu et en place d'une armée sanguinaire et criminelle projettent de créer une nouvelle force publique. Ne vous en faites pas, ce sera une POLICE DE DEFENSE NATIONALE !
 
Dans une note disponible sur le site de l'OEA relative à la réunion du 4 septembre 2008, nous lisons :
 
Addressing the Eighth Conference of Defense Ministers of the Americas , in Banff , in the Canadian province of Alberta , Secretary General Insulza said he knows that this kind of cooperation involving defense agencies and public security institutions creates an undesirable situation, since "we are all aware of the specifics and differences between defense activities and public security activities." He said, however, that such collaboration "is already taking place in many of our countries."
The Secretary General told the Defense Ministers about multidimensional threats to security. He cited what he called three "components of insecurity," namely, threats to state security, such as the possibility of external aggression; natural disasters, pandemic outbreaks and accidents of potentially catastrophic proportions; and transnational crime, ranging from human trafficking to illegal drug trafficking, money laundering and terrorism.

"Multidimensional threats to security call for a joint, coordinated response from institutions such as Defense Ministries, Foreign Affairs Ministries, Ministries of Security and Local Government Ministries. In addition, Insulza remarked, the involvement of civil society has become increasingly vital as support and complement to institutional effort."
 
Faut-il souligner qu'au cours d'une conférence de presse tenue après la cérémonie de passation de commandement, le jeudi 11 janvier 2007, le Général Brésilien Elito Carvalho Siqueira s'était prononcé en faveur de la création d'une autre force de sécurité publique en Haïti.2
 
Avec la réunion du 4 septembre 2008, nous venons de rater une occasion d'exercer notre souveraineté, en traitant objectivement les grands dossiers de la nation. Nous risquons de subir le même traitement, sur le dossier de l'amendement de la constitution de 1987 en vigueur.
 
Toutefois, on  ne peut s'empêcher de poser la question suivante: les militaires haïtiens qui avaient investi, le 28 juillet 2008, le local de l'ancienne prison civile du Cap-Haïtien, suivant les conseils de Haut-Gradés de la MINUSTAH - dixit les déclarations du Maire de la ville du Cap-Haitien Michel Saint-Croix et les témoignages de soldats emprisonnés pour complot contre la sureté de l' « Etat Préval » - ont ils été manipulés, afin de justifier le projet NOUVELLE FORCE PUBLIQUE EN HAITI, au seuil de cette VIIIe conférence  des Ministres de la Défense des Amériques?

Notes :
 
RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 11 septembre 2008, 17 heures 00.

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