Traduction de Jean Erich René
Posté le Samedi, 04.11.09
MiamiHerald
Le Président Jean-Bertrand Aristide qui a gouverné Haïti, à plusieurs reprises, est mis sous enquête par le Bureau du procureur des États-Unis à Miami pour avoir, prétendument, reçu des millions de dollars des trafiquants de drogue qui ont transféré des tonnes de cocaïne à partir de
cette nation pauvre des Caraïbes, selon les sources citées par Miami Herald, en avril 2004. "
Exposé du Sommet des Dirigeants corrompus
Par GERARDO REYES ET FRANCES ROBLES
frobles@MiamiHerald.com
Posté le Samedi, 04.11.09
http://www.miamiherald.com/news/breaking-news/v-fullstory/story/995131.html
Par un samedi ensoleillé de Décembre 1994, date à laquelle les dirigeants de l'hémisphère se sont réunis pour le Premier Sommet des Amériques qui se tenait dans les jardins de la Vizcaya avec un sourire figé et la solennité des vagues.
La majorité des 34 leaders de la région a signé ce qui était annoncé au tableau de bord comme le premier accord international visant à arrêter la corruption. Ils ont promis de lutter contre la politique généralisée du vol avec toutes les ressources à leur disposition - et ils l’ont confirmé par
écrit.
Quinze ans plus tard, près d'une douzaine de signataires du pacte anti-corruption de Miami, dans les années subséquentes, sont en prison en vertu d’un acte d'accusation, ou bien ils passent des années à esquiver des accusations criminelles de corruption ou de violation des droits de l'homme. De Panama au Pérou et au Paraguay, les présidents de l'hémisphère occidental se sont battus contre les accusations de détournement de fonds, de blanchiment d'argent et même de meurtre.
Constater qu’une douzaine des dirigeants qui ont signé les précédentes déclarations dressées contre la corruption tombent eux-mêmes sous des accusations criminelles, relève d’une grande ironie, sont unanimes à reconnaitre les experts du Sommet de 1994 à Miami.
«En 1994, la« corruption »a été un mauvais mot'', a déclaré à Washington le politologue Gerardo Berthin, qui conçoit la bonne gouvernance et la transparence des programmes dans tout l'hémisphère. `` Personne n'accepterait que la corruption existe. Un des succès de ce sommet, c'est qu'il met le mot à sa place. Le Président péruvien Alberto Fujimori vient d’être condamné. Il y a dix ans, c’était impensable.''
Au début de cette semaine, la Cour suprême du Pérou a condamné l’ancien professeur d'agronomie âgé de 70 ans, à 25 ans de prison pour l'autorisation des massacres qui ont occasionné 25 morts. Il a également été reconnu coupable d'enlèvement en 1992 d'un journaliste et homme d'affaires.
Président de 1990 à 2000, Fujimori a quitté ses fonctions brusquement au milieu d'un scandale de corruption lié à la vente d'armes à la guérilla colombienne, conçue par son éminence grise, Vladimiro Montesinos. Une enquête de la presse a également révélé que pour la campagne de réélection de Fujimori l’homme avait monté une industrie de falsification des signatures dans l'enregistrement de la campagne, au cours du processus électoral.
Sa capture ne se serait pas produite sans l'aide du Japon et du Chili, deux pays où il s’était réfugié au cours de sa cavale, disent les experts. Cette coopération internationale a été l'un des nombreux sous-produits de la "Convention interaméricaine contre la corruption, de l'Organisation des États américains. Le plan d'action s’est concrétisé deux ans après la signature de la Déclaration de 1994, a déclaré Joseph Tulchin, l'auteur du livre de la corruption en Amérique latine, chercheur principal au Woodrow Wilson Center.
''Grâce au sommet, la corruption est devenue une question internationale. L’Espagne a inculpé le [dictateur chilien] Augusto Pinochet. Le Japon et le Chili, ont aidé à la capture de Fujimori,'' dit Tulchin. `` Vous avez encouragé la corruption, ce qui est mauvais. Le fait que vous déployez les
efforts visant à la contrôler, doit être considéré comme une bonne action.''
Les experts disent que le sommet était important, parce que c'était la première fois que le monde a adopté une approche multilatérale régionale pour mettre fin à ce qui avait été longtemps considéré comme une grande affaire.
''Le fait que certains de ces dirigeants ont été identifiés comme étant impliqués dans des pratiques de corruption, je pense, est une bonne chose - il montre la capacité des démocraties de la région à lutter contre la corruption'', a déclaré Thomas Shannon, Assistant Secrétaire des Etats Unis. Au milieu des années 1990, de nombreux pays d'Amérique latine ont été de nouvelles démocraties qui apprennent récemment à enquêter sur les dirigeants. Démocratie et plan d'action de l'OEA a créé l'atmosphère propice à la lutte contre tout détournement de fonds et le favoritisme.
''Ce qui était tout à fait OK avec un clin d'oeil et un signe de tête a été soudainement interdit'', a déclaré le retraité du Département d'Etat américain Richard Werksman, qui a été le premier représentant américain pour le comité chargé de suivre l'application de la Convention de l'OEA.
Il a créé un examen annuel de la corruption pour les pays ayant publié des rapports grâce au support des groupes non gouvernementaux. Ces pays partagent les technologies d'investigation et commencent à mettre leurs budgets sur le Web.
En 2001, ils ont créé un mécanisme de suivi des résultats. Parmi ceux qui ont failli aux clauses du document qu’ils ont signé nous relevons:
• Carlos Menem, président de l'Argentine de 1989-1999, s'est retrouvé au centre d'un scandale, un an après le sommet pour avoir signé les décrets autorisant la vente de 6.500 tonnes d'armes à l'Equateur et la Croatie, lorsque les deux pays étaient en guerre avec d'autres nations.
À la suite de l'enquête, l'ancien président a été arrêté en Juin 2001 sous l’accusation d’être de connivence avec des criminels. Il a passé plus de cinq mois en résidence surveillée. En 2003, il a fui le pays et les autorités argentines ont émis un mandat d'arrêt contre lui. Maintenant, vivant en Argentine, l’ancien chef de file de 78-ans est toujours sous l'acte d'accusation pour la vente d'armes.
•En avril de cette année, un juge argentin a rouvert une autre affaire liée à une explosion qui a eu lieu en 1995 dans une usine militaire et qui a fait sept morts et 300 blessés - apparemment dans une tentative d'effacer les preuves dans les cas de contrebande.
•Le Président Jean-Bertrand Aristide qui a gouverné Haïti à plusieurs reprises, est mis sous enquête par le Bureau du procureur des États-Unis à Miami pour avoir, prétendument, reçu des millions de dollars de la part des trafiquants de drogue qui ont transféré des tonnes de cocaïne à partir de cette nation pauvre des Caraïbes, selon les sources citées par Miami Herald, en avril 2004.
•Ernesto Pérez Balladares Président du Panama, 1994-1999, a eu son visa d'entrée aux États-Unis pour avoir coupé ses liens avec la traite des migrants chinois sans-papiers.
• Juan Carlos Wasmosy Président du Paraguay, 1993-1998, a été condamné à quatre ans de prison pour le détournement d’environ 10 millions de dollars pour avoir aidé une banque privée qui a fait faillite. La Cour suprême l’a blanchi en Juin 2007.
• Le président Ernesto Samper, de la Colombie, 1994-1998, a été accusé devant la Commission de la Chambre des Représentants de Colombie d'avoir accepté 6 millions de dollars en contribution du cartel de la drogue de Cali.
Dans un procès qui a été intensément critiqué pour son manque d'impartialité, les accusations portées contre Samper ont été rejetées. Washington a retiré son visa.
• Le Président du Nicaragua, Arnoldo Alemán, 1997-2002, a signé la déclaration du Deuxième Sommet des Amériques, au Chili, où les dirigeants se sont engagés à lutter contre le blanchiment d'argent. C'est précisément l'une des charges retenues contre Alemán quand il a été condamné en Décembre 2003 à 20 ans de prison pour détournement de fonds.
Dans une décision controversée, la Cour suprême du Nicaragua a révoqué cette sentence en Janvier 2009. Washington a enlevé son visa.
•Fabián Alarcón, Président de l'Équateur, 1997-1998, qui a pris part au sommet du Chili était en état d'arrestation pendant 128 jours en 1999 sous l’accusation d’avoir embauché 1200 employés fantômes alors qu'il était président du Congrès. Son visa américain a été révoqué.
•Le Président du Guatemala Alfonso Portillo, 2004-2004, a fui au Mexique, au milieu d'un scandale impliquant le détournement de fonds. Portillo est accusé d'avoir autorisé le transfert d'environ 16 millions de dollars au nom du ministère de la Défense, une somme qui a été détournée par les officiers de l'armée. Il a été extradé au Guatemala, au Mexique en Octobre 2008. Au début de cette semaine, une commission spéciale de l'ONU a déposé des accusations officielles demandant qu'il soit jugé pour corruption.
• Rafael Angel Calderon du Costa Rica, 1990-1994, est devenu le premier ex-chef de l'Etat du pays à subir son procès pour corruption et détournement de fonds. Les charges retenues contre lui concernent des accusations de détournement de flux des caisses de sécurité sociale.
• Miguel Angel Rodríguez de Costa Rica, 1998-2002, est également confronté à des accusations de corruption liée à des ristournes obtenues d’une entreprise de télécommunications française Alcatel.
''Je souhaite pouvoir pointer du doigt quelqu'un et retracer sa présence à la convention qui a été signée. A dit Werksman. `` Mais il est difficile de croire que Fujimori serait là où il est maintenant n’était-ce ce mouvement de lutte contre la corruption dont la convention est partie prenante. Je n'accepterai jamais que cet effort soit fait pour rien.''
Pour toute authentification voici le texte original en Anglais de Miami Herald daté du 11 avril 2009.
SUMMIT EXPOSED CORRUPT LEADERS
POSTED ON SATURDAY, 04.11.09
BY GERARDO REYES AND FRANCES ROBLES
FROBLES@MIAMIHERALD.COM
It was a bright Saturday in December 1994 when hemispheric leaders who gathered for the First Summit of the Americas stood on the Vizcaya gardens with stiff smiles and a formal wave.
With a dash of their pens, the majority of the region's 34 leaders signed what was billed as the world's first international agreement to stop corruption. They vowed to combat widespread political thievery with every resource at their disposal -- and they put it in writing.
Fifteen years later, almost a dozen who signed the anti-corruption pact in Miami or in subsequent years are in prison, under indictment, or spent years dodging criminal charges of corruption or violation of human rights. From Panama to Peru and Paraguay, the Western Hemisphere presidents have battled accusations of embezzlement, money laundering and even murder.
While seeing leaders who signed precedent-setting declarations against corruption fall to criminal charges themselves is rich with irony, experts agree: the 1994 summit in Miami made it happen.
'In 1994, `corruption' was a bad word,'' said Washington-based political scientist Gerardo Berthin, who designs good governance and transparency programs throughout the hemisphere. ``Nobody would accept that corruption existed. One of the successes of that summit was that it put the word out there. [Peruvian President Alberto] Fujimori was just sentenced. Ten years
ago, that was unthinkable.''
Earlier this week, Peru's Supreme Court sentenced the 70-year-old former agronomy professor to 25 years in prison for authorizing massacres that left 25 people dead. He was also convicted of the 1992 kidnappings of a journalist and businessman.
President from 1990 to 2000, Fujimori left office abruptly amid a corruption scandal related to the sale of weapons to Colombian guerrillas, engineered by his top intelligence advisor, Vladimiro Montesinos. A newspaper investigation also disclosed that Fujimori's reelection campaign had created ''a human factory'' that falsified signatures to register the campaign in the electoral process.
His conviction would not have occurred without the help of Japan and Chile, two countries where he had fled while on the run, experts say. That international cooperation was one of the many byproducts of the Organization of American States' Inter-American Convention Against Corruption, the action plan hatched two years after the 1994 declaration was signed, said Joseph Tulchin, a senior scholar at the Woodrow Wilson Center, author of the book Corruption in Latin America.
''With the summit, corruption became an international issue. Spain indicted [Chilean dictator] Augusto Pinochet. Japan and Chile helped boot Fujimori,'' Tulchin said.
``You've got corruption -- that's bad. The fact you have efforts to control it has to be taken as a good.''
Experts say the summit was significant, because it was the first time the world took a regional multilateral approach to ending what had long been accepted as a cost of doing business.
''The fact that some of these leaders have been identified as having engaged in corrupt practices I think is a positive thing -- it shows the capabilities of democracies in the region to address corruption,'' said Thomas Shannon, U.S. Assistant Secretary of State.
In the mid 1990s, many Latin American countries were new democracies only recently learning how to investigate leaders. Democracy plus the OAS action plan created the atmosphere to battle everything from misuse of funds to favoritism.
''What used to be perfectly OK with a wink and a nod was suddenly prohibited,'' said retired U.S. State Department official Richard Werksman, who was the first American representative to the committee charged with following up on the OAS convention. It created an annual corruption review for countries with published reports and input from nongovernmental groups. Countries shared investigative technologies and started putting their financial budgets on the Web.
In 2001, they created a mechanism to follow up on results. Among those who fell to the very document they signed:
• Carlos Menem, president of Argentina from 1989-1999, found himself at the center of a scandal a year after the summit for having signed decrees that arranged for the sale of 6,500 tons of weapons to Ecuador and Croatia, when both countries were at war with other nations.
As a result of the investigation, the former president was arrested in June 2001 on charges of consorting with criminals. He spent more than five months under house arrest. In 2003, he fled the country, and Argentine authorities issued an international warrant for his arrest. Now living in Argentina, the 78-year-old former leader is still under indictment for the weapons sale.
In April of this year, an Argentine judge reopened another case related to a 1995 explosion in a military factory that left seven dead and 300 wounded -- apparently in a attempt to erase evidence in the smuggling case.
• President Jean-Bertrand Aristide, who ruled Haiti several times, is under investigation by the U.S. Attorney's Office in Miami for allegedly receiving millions of dollars from drug traffickers who moved tons of cocaine through the poor Caribbean nation, sources told The Miami Herald in
April 2004.
• President Ernesto Pérez Balladares of Panama, 1994-1999, had his U.S. entry visa withdrawn for alleged ties to the trafficking of undocumented Chinese migrants.
• President Juan Carlos Wasmosy of Paraguay, 1993-1998, was sentenced to four years imprisonment for ''rerouting'' about $10 million to help a private bank that had gone bankrupt. The Supreme Court cleared him in June 2007.
• President Ernesto Samper of Colombia, 1994-1998, was charged before the Commission on Accusations of the Colombian House of Representatives with accepting $6 million in contributions from the Cali drug cartel. In a trial that was intensely criticized for its lack of impartiality, the charges against Samper were dismissed. Washington withdrew his visa.
• President Arnoldo Alemán of Nicaragua, 1997-2002, signed the declaration by the Second Summit of the Americas in Chile, where leaders vowed to fight against money laundering. That was precisely one of the charges against Alemán when he was sentenced in December 2003 to 20 years imprisonment for embezzlement.
In a controversial decision, the Nicaraguan Supreme Court revoked that sentence in January 2009. Washington revoked his visa.
• President Fabián Alarcón of Ecuador, 1997-1998, took part in the Chile summit and was under arrest for 128 days in 1999 on charges of graft for allegedly appointing about 1,200 ghost employees when he was president of Congress. His U.S. visa was revoked.
• President Alfonso Portillo of Guatemala, 2004-2004, fled to Mexico amid a scandal involving the misappropriation of funds. Portillo is accused of authorizing the transfer of about $16 million to the Ministry of Defense, a sum that was later embezzled by Army officers. He was extradited to Guatemala from Mexico in October 2008. Earlier this week, a special United Nations commission filed formal charges requesting that he be tried for graft.
• Rafael Angel Calderon of Costa Rica, 1990-1994, became the first ex-head of state in the country to stand trial for corruption and embezzlement. Charges are pending on accusations of diverting cash from social security coffers.
• Miguel Angel Rodríguez of Costa Rica, 1998-2002, also faces corruption charges linked to kickbacks obtained for French telecom firm Alcatel.
''I wish I could point to someone in jail and follow the trail right back to the convention that was signed. Can't do it,'' Werksman said. ``But it's hard to believe Fujimori would be where he is now if it was not for this movement the anti-corruption convention was part of. I will never accept that this effort was for naught.''