Par Cyrus Sibert
Cap-Haitien, le 26 Avril 2009
Des Sénateurs utilisent la menace de ne pas « valider les pouvoirs » des élus qui sortiront des sénatoriales d’Avril 2009, comme un moyen de faire pression sur le pouvoir en place. Des parlementaires du Parti Fanmi Lavalas comme le sénateur Yvon Buissereth qui n’ont pas le courage de tirer un trait sur le leadership de Jean-Bertrand Aristide et d’organiser une Assemblée Générale en vue de réformer leur organisation politique, s’acharnent contre le Conseil Electoral Provisoire (CEP). Ils imputent, aux Conseillers électoraux, la non-participation de Fanmi Lavalas au scrutin du 19 Avril 2009 et entendent bloquer les effets de cette décision de renvoyer les candidats du Parti d’Aristide. Leur principale menace : les Sénateurs ne valideront pas les sénateurs sortis des sénatoriales du 19 Avril.
L’annonce de cette disposition qui si elle était basée sur des principes solides symboliserait le déclenchement d’une crise politique, tend à s’intensifier. Suite au scrutin controversé du 19 avril 2009, on observe une nette augmentation des déclarations appelant au boycott des sénateurs nouvellement élus. Le 23 Avril 2009 sur les ondes de plusieurs stations de la capitale, le Sénateur M. Evalière Beauplan (Pont) a annoncé des consultations entre membres du grand corps en vue de mettre leur menace à exécution. Quel est le sérieux de ces déclarations ?
Suite aux élections de mai 2000, l’OPL (Organisation du Peuple en Lutte) avait brandi cette même menace. Le Parti de Gérard Pierre-Charles avait promis de ne pas valider les Sénateurs élus à partir des élections frauduleuses remportées à 90% par les hommes de Jean-Bertrand Aristide. On connait la suite : le Président René Préval avait renvoyé le parlement en lançant des travaux de réparation de l’édifice logeant l’Assemblée Nationale. Les sénateurs de l’OPL devaient attendre la fin de ces prétendus travaux de réparation, vu qu’il était impossible de siéger dans une salle où des charpentiers s’activaient à réparer le toit. A la nouvelle session, le Sénateur Wesner Emmanuel accompagné de deux autres collègues reçurent des nouveaux élus leur « Certificat d’élection » émis par le Conseil Electoral Provisoire. Finalement la 47e législature lança ses travaux, au dépend du Parti de Gérard Pierre-Charles. Rappelons en passant qu’aujourd’hui Wesner Emmanuel dénonce des fraudes électorales et attend la mise en application de la menace des sénateurs.
Aussi peut-on demander aux actuels parlementaires : Quelle assemblée avait validé leurs pouvoirs? Comment ont-ils pu siéger au Sénat ? Si la « validation des pouvoirs » est indispensable pour l’exercice de la fonction parlementaire, quelle est la légitimité, quels sont les effets de leurs actes en tant que parlementaires ?
Même quand il est évident que les élections chez nous ne sont qu’une « compétition de fraudes électorales », nous rejetons cette tendance à faire dépendre la légitimité populaire d’un élu de la volonté d’un autre élu ou d’un groupe d’élus. Les principes en vertu desquels nous avions condamné le vote du Sénat à l’encontre de Rudy Boulos nous commandent de qualifier, de déviation dangereuse, la validation des pouvoirs d’un élu par d’autres élus. Il n’y a pas de Collège électoral à Grands Electeurs dans le système politique haïtien. Une telle pratique est inacceptable, dans un pays où les hommes au pouvoir traitent les dossiers de l’Etat avec un esprit de clan et d’intérêts primaires. Il n’y a pas encore, chez nous, l’esprit institutionnel qui permettrait aux hommes politiques de considérer avant tout la continuité de l’Etat et les intérêts supérieurs de la nation.
RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 26 Avril 2009, 16 heures 05.
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