J’ignore par quel tour de prestidigitation le locataire du Palais national a pu embarquer la majorité des membres du Grand Corps dans l’Acte ignoble, illégal et anticonstitutionnel du 18 mars 2008. En laissant accroire à mes pairs du Sénat de la République que ma présence à la Chambre Haute participe d’une stratégie définie par la bourgeoisie mulâtre traditionnelle, visant à la mise en œ uvre d’un projet de reconquête du pouvoir d’État aux dépens des fils du peuple -c’est-à-dire des éléments issus de la paysannerie et des « classes moyennes noires »-, le président Préval pense m’avoir assené le coup de grâce. Mais l’argument est à la fois astucieux, fallacieux, décousu, voire tout bonnement absurde. Je n’apprendrai pas à Monsieur Préval qu’il est le petit-fils des Talleyrand, une vieille famille de la bourgeoisie mulâtre. L’histoire nous enseigne que les luttes entre les mulâtristes et les noiristes ont déjà causé trop de torts à Haïti pour que l’on continue à remuer le couteau dans la plaie encore béante... En outre, Monsieur Préval n’est que le fer de lance de la politique de doublure d’un clan qui entend à tout prix s’approprier toutes les ressources du pays. Point n’est besoin d’être grand clerc pour comprendre le caractère multidimensionnel de « l’affaire Boulos/Préval ». En fait, il s’agit d’un problème complexe et compliqué qui déborde le simple conflit politique opposant le sénateur de la République Rudolph Henry Boulos au président de la République René Garcia Préval.
L’affaire connue sous le nom d’ « affaire Boulos », est avant tout un imbroglio politico-juridique, à composante sociétale. En ce sens, elle dépasse les intérêts du sénateur Boulos et de ses mandants qui l’ont élu premier Sénateur du Nord-Est en 2006, pour six ans, après trois tours de scrutin. En accusant le sénateur Boulos de tous les péchés du monde, le président Préval essaie de lui faire porter la responsabilité des maux qui accablent notre chère Haïti depuis plus de deux cents ans. L’envie, la rancune et la haine lui enlèvent le bon sens et la raison, ce qui l’empêche de se rendre à l’évidence que le sénateur Boulos ne pourra jamais lui servir de bouc émissaire. Les observateurs avertis de la scène politique du pays conviendront avec moi que les Boulos, arrivés en Haïti vers les années 1860 et ayant choisi de s’établir dans le Nord, n’avaient pas eu le malheur de prendre part ni à la guerre civile du Sud (1799-1800) ni à l’assassinat de l’empereur Jean-Jac ques Dessalines (1806) ni à la guerre civile de Miragoâne (1883).
En réalité, ce que le président Préval reproche au sénateur Boulos, c’est d’avoir pris fait et cause pour les catégories sociales défavorisées, les laissés-pour-compte de notre société d’apartheid. Cette position en faveur des exclus était le choix de mon père, le Dr Carlo Boulos. Elle est aussi la mienne et je n’entends pas y renoncer. J’y suis profondément attaché au péril de ma vie.
En me portant candidat au Sénat, j’entendais défendre les intérêts de la population du Nord-Est. Élu premier sénateur de ce Département, j’ai vite compris que les problèmes des habitants des neuf autres Départements ne sont pas différents de ceux de mes mandants. À titre de sénateur de la République, je me suis voué corps et âme au service de toutes les Haïtiennes et de to us les Haïtiens, tant de l’intérieur que de l’extérieur. Raison pour laquelle, sans doute, les secteurs réactionnaires du pays ont réagi violemment en m’écartant brutalement du Grand Corps. En somme, il est question d’une lutte féroce nécessitant la participation des forces vives et saines d’Haïti en vue de faire échec aux forces d’argent et de pouvoir qui sont déterminées à laisser la majorité souffrante croupir dans la fange. Je ne saurais permettre à un chef de clan de prendre en otage le destin de la Nation haïtienne. Il est du devoir de ceux qui entendent relever ce défi de se mettre en faisceau pour essayer de sauver ce qui peut l’être encore...
Cette situation dramatique interpelle les femmes et les hommes de bonne volonté. Nous devons impérieusement définir une stratégie de lutte et concevoir un projet de société nous permettant de rompre avec l’arriération et l’archaïsme, pour lancer le pays sur la voie de la modernisation politique, économique et sociale. Un projet d’une telle envergure implique nécessairement l’organisation d’un Chita Tande susceptible de conduire à l’adoption d’une politique de refondation de l’État-Nation. Pour y parvenir, les élites politiques, économiques et sociales doivent mettre leurs intérêts mesquins de côté, s’asseoir loyalement autour d’une table et utiliser les ressources financières et intellectuelles du pays en vue de matérialiser ce nécessaire projet de sauvetage national.
Ce projet doit viser à regrouper les Haïtiens de l’intérieur et de la diaspora pour les aider à jouer leur partition dans le grand « Konbit » souhaité. L’heure est grave, et l’obligation de recouvrer la souveraineté de notre pays condamne les Haïtiens de l’intérieur et de la diaspora à se regrouper, dans un véritable coude à coude fraternel, pour freiner cette dégringolade, cette descente aux enfers traumatisante. La lutte contre la corruption, la violence, la misère, le chômage, l’exclusion et le phénomène de désespoir collectif doit être notre boussole et notre priorité.
Pour ma part, je m’engage solennellement à travailler loyalement, main dans la main, avec la jeunesse de mon pays et les compatriotes de bonne volonté pour arriver à mettre sur pied un vaste mouvement patriotique afin de briser les chaînes politiques, économiques et sociales, et de libérer enfin notre peuple de cette forme barbare d’exploitation de l’homme par l’homme : phénomène qui n’a pas sa place dans le monde du XXIe siècle.
Rudolph H. Boulos
Sénateur de la République d’Haïti,
Ouanaminthe, le 19 avril 2009
L’affaire connue sous le nom d’ « affaire Boulos », est avant tout un imbroglio politico-juridique, à composante sociétale. En ce sens, elle dépasse les intérêts du sénateur Boulos et de ses mandants qui l’ont élu premier Sénateur du Nord-Est en 2006, pour six ans, après trois tours de scrutin. En accusant le sénateur Boulos de tous les péchés du monde, le président Préval essaie de lui faire porter la responsabilité des maux qui accablent notre chère Haïti depuis plus de deux cents ans. L’envie, la rancune et la haine lui enlèvent le bon sens et la raison, ce qui l’empêche de se rendre à l’évidence que le sénateur Boulos ne pourra jamais lui servir de bouc émissaire. Les observateurs avertis de la scène politique du pays conviendront avec moi que les Boulos, arrivés en Haïti vers les années 1860 et ayant choisi de s’établir dans le Nord, n’avaient pas eu le malheur de prendre part ni à la guerre civile du Sud (1799-1800) ni à l’assassinat de l’empereur Jean-Jac ques Dessalines (1806) ni à la guerre civile de Miragoâne (1883).
En réalité, ce que le président Préval reproche au sénateur Boulos, c’est d’avoir pris fait et cause pour les catégories sociales défavorisées, les laissés-pour-compte de notre société d’apartheid. Cette position en faveur des exclus était le choix de mon père, le Dr Carlo Boulos. Elle est aussi la mienne et je n’entends pas y renoncer. J’y suis profondément attaché au péril de ma vie.
En me portant candidat au Sénat, j’entendais défendre les intérêts de la population du Nord-Est. Élu premier sénateur de ce Département, j’ai vite compris que les problèmes des habitants des neuf autres Départements ne sont pas différents de ceux de mes mandants. À titre de sénateur de la République, je me suis voué corps et âme au service de toutes les Haïtiennes et de to us les Haïtiens, tant de l’intérieur que de l’extérieur. Raison pour laquelle, sans doute, les secteurs réactionnaires du pays ont réagi violemment en m’écartant brutalement du Grand Corps. En somme, il est question d’une lutte féroce nécessitant la participation des forces vives et saines d’Haïti en vue de faire échec aux forces d’argent et de pouvoir qui sont déterminées à laisser la majorité souffrante croupir dans la fange. Je ne saurais permettre à un chef de clan de prendre en otage le destin de la Nation haïtienne. Il est du devoir de ceux qui entendent relever ce défi de se mettre en faisceau pour essayer de sauver ce qui peut l’être encore...
Cette situation dramatique interpelle les femmes et les hommes de bonne volonté. Nous devons impérieusement définir une stratégie de lutte et concevoir un projet de société nous permettant de rompre avec l’arriération et l’archaïsme, pour lancer le pays sur la voie de la modernisation politique, économique et sociale. Un projet d’une telle envergure implique nécessairement l’organisation d’un Chita Tande susceptible de conduire à l’adoption d’une politique de refondation de l’État-Nation. Pour y parvenir, les élites politiques, économiques et sociales doivent mettre leurs intérêts mesquins de côté, s’asseoir loyalement autour d’une table et utiliser les ressources financières et intellectuelles du pays en vue de matérialiser ce nécessaire projet de sauvetage national.
Ce projet doit viser à regrouper les Haïtiens de l’intérieur et de la diaspora pour les aider à jouer leur partition dans le grand « Konbit » souhaité. L’heure est grave, et l’obligation de recouvrer la souveraineté de notre pays condamne les Haïtiens de l’intérieur et de la diaspora à se regrouper, dans un véritable coude à coude fraternel, pour freiner cette dégringolade, cette descente aux enfers traumatisante. La lutte contre la corruption, la violence, la misère, le chômage, l’exclusion et le phénomène de désespoir collectif doit être notre boussole et notre priorité.
Pour ma part, je m’engage solennellement à travailler loyalement, main dans la main, avec la jeunesse de mon pays et les compatriotes de bonne volonté pour arriver à mettre sur pied un vaste mouvement patriotique afin de briser les chaînes politiques, économiques et sociales, et de libérer enfin notre peuple de cette forme barbare d’exploitation de l’homme par l’homme : phénomène qui n’a pas sa place dans le monde du XXIe siècle.
Rudolph H. Boulos
Sénateur de la République d’Haïti,
Ouanaminthe, le 19 avril 2009
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