Thèmes de l'Emission de la semaine Orlando le 9 juillet, 2010 Actualités Politiques : Grandes Lignes N'est-il pas trop tard pour Préval, de vouloir s'engager tout azimute et à la hâte dans tous les programmes bilatéraux et multilatéraux de la zone caribéenne ? A Cuba cette semaine, ce n'est que le vice-ministre des affaires étrangères qui l'a reçu, mais pas Fidel, ni Raul, ni aucune autorité cubaine de haut rang. Pourquoi Préval a-t-il annulé sa visite au Venezuela ? Préval se rend compte qu'il lui est très difficile de compenser ou plutôt de suppléer au manque de confiance manifeste exprimée à la fois au sommet du G20 et par les législateurs de l'Union européenne. N'est-il pas trop tard pour Préval de jouer à la mouche du coche, quand le coche s'est déjà embourbé désespérément ? Préval, petit boulanger de profession, ne devrait-il pas reconnaître à première vue, qu'il se trouve dans un pétrin qui ne pétrit plus ? Pourquoi veut-il maintenant, à la fin de son mandat, se démener comme un diable dans un bénitier pour faire semblant d'entreprendre monts et merveilles ? Est-il vraiment soucieux du patrimoine qu'il est en train de léguer ? Est-ce maintenant, qu'il se soucie du jugement de l'histoire ? Se sent-il gêné et embarrassé par l'incompétence, le laxisme et la corruption, images de marque de ses deux mandats ? Point n'est besoin pour Préval d'attendre le jugement de l'histoire. Un académicien spécialisé en défense et sécurité militaires a rencontré cette semaine les dirigeants de la Minustah. Ces dirigeants militaires et civils lui ont fait un exposé extraordinaire sur la situation minable du pays. Pour illustrer le comportement insouciant du gouvernement envers ses responsabilité s, ils ont mis l'emphase sur le fait que 5 mois après le tremblement de terre, les décombres jaugent jusqu'à présent toutes les rues de la capitale. L'effort minimal, le moins éreintant, n'exigeant aucune connaissance scientifique ou technologique, qu'un gouvernement, qui se respecte, aurait dû entreprendre, s'il se souciait, tant soit peu, du bien-être et de la sécurité des citoyens de son pays, serait de déblayer les rues aussi rapidement que possible ! On ne constate aucune initiative, aucune velléité de la part de ce gouvernement pour offrir ce minimum. Il y a plus de 1000 camps de sinistrés peuplés par plus d'un million et demi de personnes sans abri et sans emploi. Compte tenu des problèmes de cadastre, parmi ces sinistrés, se trouvent un tas de gens de classe moyenne qui n'ont aucun accès au crédit bancaire pour reconstruire leurs maisons dévastées par le tremblement de terre. Cette classe moyenne aujourd'hui vit dans les rues, dans le désespoir absolu ! Est-elle en train d'attendre avec impatience qu'on vienne lui donner un regain d'espoir ? Ou abandonnée, seule dans le gouffre du désespoir et de la tourmente, sera-t-elle forcée de prendre elle-même le taureau par les cornes ? Il nous faut être conscient de ce fait que c'est une situation qui peut devenir très volatile ! Il y a là un conflit entre la conscience d'une classe moyenne qui s'est battue du bec et des ongles dans le pays le plus pauvre de l'hémisphère, pour maintenir un certain standard de vie qu'elle vient de perdre, sans aucun espoir de récupération, en 37 secondes ! Aujourd'hui, elle n'est pas seulement menacée, elle est de fait en train de sombrée rapidement et désespérément dans la misère et la pauvreté. On se plait à croire, que Préval soit dépassé par les événements. C'aurait été le cas, s'il s'en souciait. C'est évident que Préval s'en fout ! Il n'est maintenant préoccupé que par la possession du pouvoir politique et de son maintien au bénéfice de sa caste. Ne pouvant plus se succéder, la stratégie personnelle de Préval, qui a prédominé son second mandat, a fait une mutation, pour prendre les démentions d'une stratégie collective de caste. Il ne faut pas sous-estimer le fait, que les différentes prises de position des secteurs de l'Internationale par rapport au gouvernement Préval/Bellerive, peuvent permettre à cette caste infernale de prendre avantage de cette absence même momentanée de cohésion, en se faufilant entre ces obstacles et ces contradictions pour gérer le maintien de la continuité. Il ne faut pas sous-estimer non plus la capacité de cette caste qui a réalisé en 2006 ce tour de force inédit et paradoxal, au lendemain du reversement du leader d'un régime, le retour au statu quo ante, avec l'ex-chef d'état le plus piètre de ce même régime ! Le secteur financier international, à cause de la corruption, montre ostensiblement une réticence totale envers le gouvernement Préval/Bellerive. Les législateurs de l'Union européenne dénoncent l'absence totale de leadership et l'incapacité manifeste de gestion des projets de reconstruction. Les législateurs américains exigent de Préval l'impossible, des élections, démocratiques, libres, honnêtes et crédibles avec un nouveau CEP. Tandis que le secrétaire général des Nations-Unies se réjouit du fait que Préval ait promulgué le décret électoral. Il déclare allégrement que ces élections coûteront 44 millions de dollars US. Les autorités civiles et militaires de la Minustah après avoir fait un rapport stupéfiant à l'académicien sur la situation exécrable du pays, donnent sans hésitation la garantie qu'on aura des élections à la fin de l'année, sans se soucier du dossier électoral de Préval, sans évaluer sérieusement le texte qui a été promulgué et ses conséquences politiques. « The devil is in the detail ! » On peut aisément différencier le comportement de la Minustah envers le gouvernement, de celui des autres secteurs de l'Internationale qui dénoncent les tares de ce gouvernement, la corruption, la carence de leadership, l'incapacité de gestion, la volonté et l'habitude de faire des élections frauduleuses, etc. Associée aux gouvernants, dans le cadre du maintien de la stabilité militaire, la Minustah est plus encline au maintien des apparences de stabilité, même quand le danger de devenir la complice de la stratégie politique du maintien de la continuité est évident. D'ailleurs, en 2006, la Minustah n'avait-elle pas été l'actrice principale du retour au statu quo ante, avec naturellement la complicité du premier ministre Gérard Latortue ? Il y a là des précédents qui confirment le fait que la Minustah joue beaucoup plus un rôle de partenaire des gouvernants que de protectrice des gouvernés. D'ailleurs, ces officielles de la Minustah, quand nous les critiquons pour leur laxisme, ne nous ont-ils pas répété continuellement : « Nous n'avons qu'une mission d'accompagnement, mais pas d'autorité décisionnelle. » Faire à tout prix des élections, sans que les conditions politiques ne soient pas réunies, peu importe leur qualité et leurs conséquences sur les destinés de la nation, sert un intérêt fondamental pour la Minustah, le maintien de la stabilité militaire et le maintien de l'harmonie entre elle et le gouvernement. La Minustah n'a aucun intérêt à prendre en considération ces aspects et nuances politiques qui vont à l'encontre des intérêts gouvernementaux. Alors que l'intérêt national met l'emphase sur la sécurité, la stabilité militaire, la stabilité sociale, la stabilité politique, la relance de l'économie et la reconstruction. Voilà ce à quoi aspire vraiment la nation haïtienne dans cette conjoncture où la modernisation et la refondation de l'Etat sont réalisables, pourvu qu'on y mette la volonté. Il nous faut nous rendre à l'évidence que le rôle d'accompagnement, se limite exclusivement à offrir du support au gouvernement. Bien que le financement des élections provienne principalement des gouvernements des Etats-Unis, du Canada, et de la France, on peut clairement remarquer que le secrétaire général des Nations-Unies soit plus enthousiaste qu'eux à vouloir réaliser des élections sous Préval, à la fin de l'année. A moins qu'il soit de l'intérêt de la Minustah de contribuer à la gestion du maintien de la continuité par cette caste. Comprend-elle l'énormité du danger à laquelle la nation haïtienne est exposée, avec des élections indirectes organisées sous Préval avec des autorités locales élus depuis 2006, acquises à sa cause et à celle de cette caste, avec quoi Préval vient de faire les fameuses élections d'avril et de juin 2009 ? Admettons que la Minustah ait en tête de circonvenir non seulement Préval, mais aussi les velléités de cette caste multi-classiste qui compte déjà plusieurs générations au timon des affaires, en entrant en contrôle des procès-verbaux et des urnes immédiatement à la fermeture des centres de vote pour réduire les risques de fraude. Le danger éminent qui engage les destinés de la nation, se trouve aussi et surtout dans l'organisation des élections indirectes avec des autorités locales élus depuis 2006 acquises à la cause de Préval et de cette caste qui vont contribuer à la formation du prochain CEP permanent. Il ne s'agit pas seulement d'entrer en contrôle des urnes et de procès-verbaux, et croire que le problème soit résolu. Il ne faut pas que ces autorités locales s'engagent dans l'organisation de ces élections indirectes qui sont secrètes ! La création du CEP permanent dans ces conditions garantit automatiquement à cette caste multi-classite, la continuité par le contrôle des élections à venir pour au moins 9 ans avec un CEP permanent qu'elle contrôle ! Préval est entrain de battre de l'ail. Mais cette caste reste ! Malgré la persistance des critiques et la constance des désaveux de Préval, repousser le naturel, il revient au galop. Bien que ce secteur ait été avili à plate couture au cours de passage d'Aristide au pouvoir, elle demeure néanmoins par défaut, le rempart de la morale dans toute société. Préval en est conscient. Ce CEP vient d'être l'objet d'une manœuvre de corruption scandaleuse, précisément à cause du secteur qui en a été l'objet. La confirmation des 4 représentants de certains secteurs au sein du CEP, a été obtenue par les voies et moyens préférentiels de Préval. Nous avons appris de source certaine et crédible, que Préval vient de donner deux autobus au pasteur Exantus, président de la Fédération Protestante d'Haïti. Préval est décidé à acheter toutes les consciences, ou le peu qui en reste. Reste à savoir maintenant ce qu'il a déjà offert et donné aux autres églises ! Voilà l'équipe que Préval nous offre ! Un CEP corrompu et des autorités locales dans le même état, avec quoi les prochaines élections vont être gérées ! Pouvons-nous rester à nous morfondre en discours de lamentation et de protestation, frappant du poing sur la table, jouant à la victime, prétextant notre faiblesse et laisser faire ? Il y a une classe moyenne sans abri, sans emploi qui nous attend impatiemment dans les rues, sous les tentes et sur les décombres. Nos leaders d'instruments politiques comprennent- ils, qu'ils n'arriveront au triomphe qu'en surmontant maintes difficultés ! Ad augusta per augusta ! |