Léone Augustin, Responsable de APIAVIV
(Photo de Cyrus Sibert)
Par Cyrus Sibert
Cap-Haitien, le 13 Mai 2009
C’est avec un sentiment d’injustice que le personnel du Ministère de la Santé Publique dans le Nord d’Haïti se prépare à accueillir plusieurs dizaines de visiteurs le 16 Mai prochain dans le cadre de la 26e Mémorial International du SIDA à la Chandelle à Milot. Car, pour avoir reproduit, en guise d’introduction, un discours de l’Ambassadeur des Etats-Unis comportant des informations erronées, l’Agenda 2009 du Programme National de Lutte contre le SIDA du Ministère de la Santé Publique MSPP qui devait servir à promouvoir le programme de prévention en faveur des enfants d’Haïti, n’a fait que choquer et causer des préjudices graves aux employés de la Direction Départementale.
En effet dans le Discours de l’Ambassadeur des Etats-Unis, Janet A. Sanderson à l’occasion de la journée mondiale du SIDA en 2008, nous lisons :
En janvier 2004, Léone Augustin, qui travaillait au Ministère de la Santé au Cap-Haïtien, a appris qu’elle avait le VIH/SIDA. Au début elle voulait garder cette information pour elle, et s’en est seulement confiée à un ami. Cependant, elle a vite réalisé qu’au travail, ses collègues commençaient à l’éviter. Il était donc clair que son secret a été divulgué, et que tout le monde à son bureau était mis au courant. Certains de ses collègues refusaient de lui donner la main, ou même de s’asseoir sur une chaise qu’elle avait auparavant utilisée. Léone était donc très déprimée et pensait à démissionner. Cependant, au cours de l’année 2005, elle commençait à recevoir des traitements antirétroviraux et le support social d’un hôpital. Léone a pris la décision de lutter pour sa propre vie, et d’aider d’autres personnes à en faire de même. Alors que sa santé s’améliorait, elle commençait à parler à des personnes au sujet du VIH/SIDA, et se faisait la porte-parole d’autres séropositifs et de leurs familles. Elle est aujourd’hui un membre du conseil d’APIAVIV, l’Association de Personnes Vivant et Affectées par le VIH/SIDA. APIAVIV a plus de 200 membres et fournit l’encadrement, l’éducation et le support aux séropositifs et leurs familles. Aujourd’hui, Léone travaille toujours avec ses collègues au même bureau au Ministère de la Santé.
Si l’histoire à propos de la stigmatisation contre Léone est vraie, il ne s’agissait pas du Ministère de la Santé Publique, mais du Ministère de l’Education Nationale. Dans une interview accordée à RESEAU CITADELLE le 15 Avril 2009, la victime a corrigé l’Ambassadrice Anderson. L’incident s’est produit, alors qu’elle travaillait comme Secrétaire à la Direction de l’Enseignement Secondaire. Aujourd’hui ses collègues ont évolué. S’ils ne la voient pas un jour, ils se font du souci. Elle a subi une promotion. Elle est secrétaire au bureau du directeur Départemental du Nord. Depuis avril 2007, elle travaille aussi à l’Hôpital Justinien comme agent de terrain.
Si aux yeux du profane cette fausse information émise par l’Ambassadeur Janet A. Anderson est une erreur humaine, pour le personnel de la Direction Départementale Nord du MSPP il s’agit d’une manipulation visant à ternir l’image du personnel du Ministère de la Santé dans le Nord. Car, cette information erronée a été corrigée par le Directeur Départemental Nord, le Dr Robert Jasmin. Ce dernier avait protesté auprès des instances concernées signalant que pour des professionnels de la Santé publique, des comportements qui tendent à stigmatiser une personne vivant avec le virus du SIDA est un signe d’incompétence grave. La persistance de telle information erronée peut être préjudiciable pour les professionnels de la santé qui travaillent au bureau départemental du ministère. Malgré les promesses de correction, un agenda 2009 a été édité avec le discours original de l’Ambassadeur Janet A. Sanderson.
Une situation qui révolte le personnel du Bureau Départemental de la Santé Publique. On y voit un complot ourdi par des ONGs qui interviennent dans le Nord, afin de discréditer les employés de l’Etat et se placer comme seules entité dépositaires de ressources humaines aptes à mener avec professionnalisme des programmes contre le SIDA.
Une situation regrettable qui porte l’observateur à se poser des questions sur le mode de collecte des données et le sérieux des informations véhiculées par l’Ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince. Comment des ONGs ont – elles pu manipuler les informations collectées par l’Ambassade des Etats-Unis jusqu’à inscrire de fausse information dans le discours officiel de Madame Janet A. Sanderson ? Pourquoi le Ministre de la Santé Publique, le Dr Alex Larsen a-t-il accepté des cautionner de telles manœuvres ? (Dans l’Agenda 2009 en question sont publiés les discours du Dr Larsen et de Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis pour la journée internationale du SIDA).
La disparition du Président de la Commission Nationale du Marché Public peut en dire long sur les luttes d’influence et les intérêts qui entourent l’exécution des ouvrages publics. Le secteur santé, spécifiquement, le marché des Programmes de Prévention des MST /IST/SIDA est aussi au centre des luttes d’influence et de toutes sortes de manipulations et d’opérations mafieuses. Si la faute commise par l’Ambassadeur Janet A. Sanderson dans son discours du 01 décembre 2008 est vraiment une manipulation des ONGs cherchant à avoir le monopole de la gestion des programmes de lutte contre le SIDA, on serait en droit de dire que l’Ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince prend la forme du vase qui le contient, c’est-à-dire qu’elle est aussi corrompue que l’administration publique haïtienne.
RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 13 Mai 2009, 17 heures 37.
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