samedi 6 août 2011

UN CRI DU CŒUR : Lettre de Dr. Josette BIJOU M.D. au Président de la République.

5 août 2011


UN CRI  DU CŒUR


Monsieur le Président, s'il est vrai que la santé est le moteur du développement, l'éducation est la clef qui ouvre la porte du développement. En ma qualité de citoyenne engagée, de femme politique, de chrétienne, j'avais fait mienne votre idée de faire de l'éducation la première priorité de votre agenda politique. Aussi, après des réflexions profondes, j'avais accepté d'abandonner la lutte pour l'annulation de la mascarade du 28 novembre, pour endosser votre candidature aux élections du 20 mars. Comme je n'ai jamais manqué de vous le dire,  cette décision se justifiait par mon grand désir et mon devoir d'accompagner le peuple haïtien, en particulier mes partisans et sympathisants et vous permettre de réussir votre mandat pour le plus grand bien de ce peuple particulièrement les plus faibles et les exclus.


Aujourd'hui Monsieur le Président, préoccupée par la situation économique de mon pays, je me vois dans l'obligation de me faire le porte parole des centaines de milliers de parents et d'enfants, qui, chaque jour sollicitent mon intervention d'une manière ou d'une autre sur la question de la prochaine rentrée scolaire. Je m'excuse si, trop proche des exclus et des couches défavorisées du pays, je me trouve dans l'impossibilité de vous dire comme beaucoup d'autres : « Vous êtes sur la bonne voie ».


Monsieur le Président, encore une fois, je vous le répète  je veux votre réussite, car, ce sera la réussite du pays et celle de la démocratie. L'heure ne peut être à la flatterie, nous devons dire la vérité comme elle est, c'est la voie réelle du succès. Nos intérêts sont et doivent être les mêmes. Nous avons un pays à sauver, un peuple à sortir de la misère. Je sais que vous êtes un croyant.  Si Dieu nous recommande la pauvreté, il condamne par contre la misère. Rappelez vous bien la Bible, Jésus Christ a non seulement enseigné à ses disciples, il a nourri les  affamés, il a guéri les malades et les estropiés. Aujourd'hui il nous commande de refaire ces mêmes gestes.  Nous serons jugés sur notre attitude vis-à-vis de la misère  du peuple haïtien.


La prochaine rentrée scolaire sera votre plus grand test. Il  faudra le réussir. Cela n'a rien à voir avec un Gouvernement démissionnaire et/ou un nouveau Gouvernement qui tarde à venir. La rentrée des classes ne peut pas attendre. Déjà, il est même  trop tard pour parler de réouverture en septembre.


De plus, Excellence, il est grand et noble de parler des enfants des rues, qui méritent toute notre attention par une prise en charge intégrale. Mais évitons toute attitude démagogique. Je vous suggère de vous pencher également en bon père de famille, en Chef, d'un État appauvri par diverses catastrophes : inondations, incendies, séisme, épidémie, sur le sort des enfants déjà scolarisés, qui, pour des raisons économiques ne pourront pas reprendre le chemin de l'école en septembre prochain.


A vous dire vrai, ils sont légions. J'ai été contacté par des directeurs d'école à but non lucratif, qui se demandent, s'ils ne vont pas fermer boutique en septembre. Alors qu'il y a un déficit de salles de classes dans le pays.


Monsieur le Président, je sais que vous avez dans vos rangs des personnes bien avisées  dans le domaine de l'éducation. Toutefois, je prends la liberté de vous faire les recommandations suivantes :


  1. Faire une évaluation de la situation financière au niveau des écoles privées congréganistes  et laïques, sur toute l'étendue du territoire national,
  2. Envisager comment aider ces écoles et les parents des élèves en difficulté financière,
  3. Au niveau des écoles nationales supprimer au moins pour cette année les frais scolaires, en attendant un vrai débat sur la question de l'éducation
  4. Evaluer avec le MENFP la situation des enfants de la 6è année fondamentale qui n'ont pas pu participer aux examens officiels pour des raisons financières (impossibilité de retirer leur fiche). Si le nombre est important, solliciter une reprise de ces examens.
  5. Garantir comme par le passé la subvention des livres et du matériel scolaire pour les neuf (9) années du fondamental
  6. Fournir au moins deux (2) uniformes à chaque enfant des écoles nationales
  7. Résoudre le problème des arriérés de salaire des professeurs
  8. Faire fonctionner les cantines scolaires dans les écoles publiques et les écoles privées non lucratives si possible.
  9. Former une commission spéciale pour étudier, planifier et mettre en œuvre le programme de scolarisation des enfants de rues

Votre équipe doit se mettre au travail rapidement, septembre c'est demain, si nécessaire élargir le cadre sur d'autre personne qui connaissent la situation et qui sont proches des couches défavorisées. Actuellement les enfants de la classe aisée du pays en majorité fréquentent une école internationale ou sont envoyés à l'étranger. C'est la réalité, ne vous illusionnez pas.


Espérant que ces quelques réflexions et suggestions trouveront une oreille attentive, je vous remercie bien sincèrement Monsieur le Président, au nom des parents et des enfants qui comptent sur mon intervention pour reprendre le chemin des classes cette année.


Je vous prie Excellence, de recevoir avec mes remerciements mes patriotiques salutations


Dr. Josette BIJOU M.D.

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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation  prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

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