vendredi 6 janvier 2012

Haïti: La « guerre des Toits » n'aura pas lieu à Limonade

Haïti: La « guerre des Toits » n'aura pas lieu à Limonade


Merci Frantz d'ajouter ton grain de sel limpide dans le débat sur la réforme de l'enseignement supérieur en Haïti qui n'a rien d'enfantin. Tu poses une question essentielle: Où est le projet académique de l'université de Limonade. Faute d'une réponse, c'est la question à laquelle les « hommes du Nord » ont tenté de répondre en proposant une vision de développement régional qui nourrirait le contenu et la portée de cette université avec un clin d'oeil pour une orientation « Science et Technologie ». Nos contributions ne sont que des suggestions et propositions que l'UEH, le gouvernement et la société ont le loisir d'accepter ou de rejeter. Il n'y aura pas de guerre de tranchées ni avant ni après l'inauguration.

Toute l'inquiétude et la volonté de contribuer à faire différemment sont venues de notre interrogation à ta question. S'il y avait un projet d'établissement connu de la part des responsables académiques en charge de ce dossier, les débats auraient certainement pris une autre tournure. Les "hommes du Nord" que tu cites face au vide, proposent légitimement une option qui va au-delà d'une simple inauguration de locaux.

Notre proposition légitime se situe dans la perspective d'une université publique haïtienne, capable d'accueillir et d'offrir une formation de qualité à au moins 200 000 étudiants, contrairement aux 40 000 qu'on dit qu'elle accueille aujourd'hui. Cuba, avec ses 10 millions d'habitants en accueille 500 000 avec plus d'une dizaine d'universités d'Etat. Vouloir que le rectorat de l'UEH gère tous les campus universitaires à travers le pays est vouloir que la direction du lycée Pétion de Port-au-Prince gère tous les autres lycées de la République. Suivez mon regard.

C'est aussi une vision de la décentralisation universitaire qu'on propose avec un noyau de professeurs-chercheurs internationaux et nationaux, notamment que le Nord veut accueillir pour en faire des résidents ne serait-ce qu'à temps partiel et ainsi créer un pôle universitaire et économique à part entière, car aujourd'hui le Nord n'a aucune capacité pour gérer un tel projet. Cela prendra le temps qu'il faut, certainement pas le 13 janvier, pour qu'on en arrive là, ensemble avec l'UEH qui garde un savoir-faire de la gestion de 20 000 étudiants et de qui il faut apprendre les leçons de l'expérience. Proposer des idées et un autre mode de faire à l'UEH n'est pas se battre contre l'UEH.

La guerre pour les toits de Limonade n'aura pas lieu, car tôt ou tard, la communauté universitaire du pays se mettra d'accord avec l'UEH (qui n'est pas contre d'ailleurs) pour une vraie réforme de l'enseignement supérieur. On peut résister longtemps à l'invasion d'une armée, mais on ne peut résister à l'invasion d'une idée, surtout quand son heure est arrivée, pour paraphraser Victor Hugo.

Par contre, conjointement avec l'UEH, le combat à livrer est celui pour que l'enseignement universitaire haïtien arrête de vivre dans la précarité et dans la mal-gouvernance qu'on connaît.

A la veille de cette inauguration, nous ne pouvons que souhaiter du succès à ce nouveau campus/université et aux étudiants qui vont le fréquenter. Les « hommes du Nord », peu importe le scénario choisi, resteront toujours disponibles pour servir l'université haïtienne et surtout la jeunesse universitaire haïtienne qui a droit, comme partout ailleurs, à un enseignement de qualité.
Amicalement

Nesmy Manigat

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