Moment opportun pour le Cap-Haïtien
Le Nouvelliste | Publié le : 2013-02-14
Claude Bernard Sérant serantclaudeberanrd@yahoo.fr
Reine de carnaval au Cap-Haïtien
Claude Bernard Sérant
« Il y a quarante ans que je n'ai pas mis les pieds au Cap-Haïtien, ma ville natale. Je suis venu ici avec ma famille pour le carnaval. Ce qui se passe ici, c'est phénoménal ! Les rues sont étroites. On marche presque sur des gens et tout se passe bien. Il n'y a que dans notre fière cité christophienne qu'un tel événement peut se produire », s'est enorgueilli le Dr Pierre, qui a pris possession de sa ville dès le premier jour des festivités.
Tout est nouveau pour le patriarche qui découvrait le parcours électrifié de 1,9 km et une portion du bord de mer près de Carénage bordée de stands. Partout, l'ère de fête attirait les gens.
Près de la cathédrale, ils étaient des centaines à danser sur les notes des ensembles du Nord tels Tropicana, Septentrional et du jeune groupe Ambyans qui a remporté un franc succès. Dans ce cadre éloigné du délire du bord de mer, tout prenait l'allure d'une fête patronale sans pèlerin. Animation près des tables de jeu : pike kole, cartes, dés et roulette faisaient tourner la roue de la chance. On rencontrait sur la place de la cathédrale des vendeurs de bondieuseries parmi les artisans et les marchands de tafia bon marché. Le Dr Pierre ne s'est pas contenté de sillonner le parcours. Il a circulé à travers toute la ville, explorant à moto ou à pied rues et venelles débordant d'activités. « Les hôtels sont comme des ruches tellement il y a de visiteurs », a dit le septuagénaire.
La situation était la même dans les communes environnantes.
Les rares hôtels étaient pleins à craquer et certains carnavaliers ne trouvaient à se loger qu'en louant, parfois à prix d'or, une simple chambre dans une résidence privée. Des villages de tentes s'étaient même spontanément constitués à l'entrée de la ville et dans des écoles publiques.
Opportunité
Comme a pu le constater le Dr Pierre, beaucoup ont profité de cette période pour lancer une entreprise. Restaurants, crèmeries, boîtes de nuit et même hôtels viennent s'ajouter à la liste des entreprises qui sont nées grâce au carnaval organisé sur le thème « Yon Ayisyen, yon pye bwa, ann pote kole » et comme sous-thème « Istwa n se idantite n ».
Dans les rues, le long des trottoirs, sur les places publiques, sur le seuil des maisons, des gargotières attiraient les clients. Barbecue et griot de porc se vendaient en un tour de main, force bière et rhum faisant descendre le tout.
Grimèl, comme les agents de la PNH l'appellent, vient de Port-au-Prince. Elle avait installé son commerce non loin du circuit du carnaval. Son quartier, elle l'a établi au lycée Philippe Guerrier à une bonne vingtaine de minutes de marche de Carénage. « J'ai fait choix de mes clients, dit-elle fièrement. A Port-au-Prince, les policiers aiment ma nourriture. Au Cap, c'est la même chose. Personne ne peut me concurrencer dans ce secteur ». La jeune femme confie qu'elle a emprunté de l'argent d'un usurier afin de profiter de ce temps fort. Comme elle, plusieurs marchandes de « manje kwit » ont saisi l'occasion.
Les artisans n'avaient pas d'heure pour proposer leurs produits. A toutes les heures du jour et de la nuit, ils étaient debout. Les plus chanceux des chauffeurs de taxi-moto louaient leurs services à la journée. Ils faisaient découvrir la ville aux touristes, les amenant sur les sites les plus représentatifs du Nord.
Les guides touristiques, de leur côté, se frottaient les mains. Au palais Sans-Souci de Milot, une étape à découvrir avant de se rendre à la Citadelle, ils proposaient leurs services. On les payait pour entendre des histoires souvent inventées de toutes pièces. Un guide, qui ne se souvient plus de son âge, a raconté que le caïmitier du palais Sans-Souci à l'ombre duquel le roi Henri Christophe rendait parfois justice, avait exactement 323 ans...
Yvener, un natif du Cap-Haïtien qui réside à Los Angeles, avoue que le carnaval lui a permis de découvrir avec sa femme les plus beaux sites du Nord. A son retour aux Etats-Unis, a-t-il dit, il va vanter les charmes de son pays. Le natif est tout aussi fier des groupes musicaux du Cap-Haïtien. Quand il parle du groupe Ambyans, il ne tarit pas d'éloges sur sa performance. Il s'enflamme également pour le Tropicana et le Septentrional, soulignant qu'il n'est pas normal que lors des festivités à Port-au-Prince et à Jacmel, on a oublié ces groupes capables de créer une ambiance du tonnerre sur un parcours.
Pour se rendre dans la ville-hôte, les carnavaliers étaient dans l'embarras du choix. Les croisiéristes de l'Adriana, le bateau de la Tropical Cruise, ont joui du carnaval à bord avant même de mettre pied sur la terre ferme. Les lignes aériennes affichaient complet. Toutes les voies terrestres s'ouvraient pour déverser le flux des fêtards dans les artères de la métropole du Nord où, pendant les trois jours gras, battait le coeur du pays.
Près de la cathédrale, ils étaient des centaines à danser sur les notes des ensembles du Nord tels Tropicana, Septentrional et du jeune groupe Ambyans qui a remporté un franc succès. Dans ce cadre éloigné du délire du bord de mer, tout prenait l'allure d'une fête patronale sans pèlerin. Animation près des tables de jeu : pike kole, cartes, dés et roulette faisaient tourner la roue de la chance. On rencontrait sur la place de la cathédrale des vendeurs de bondieuseries parmi les artisans et les marchands de tafia bon marché. Le Dr Pierre ne s'est pas contenté de sillonner le parcours. Il a circulé à travers toute la ville, explorant à moto ou à pied rues et venelles débordant d'activités. « Les hôtels sont comme des ruches tellement il y a de visiteurs », a dit le septuagénaire.
La situation était la même dans les communes environnantes.
Les rares hôtels étaient pleins à craquer et certains carnavaliers ne trouvaient à se loger qu'en louant, parfois à prix d'or, une simple chambre dans une résidence privée. Des villages de tentes s'étaient même spontanément constitués à l'entrée de la ville et dans des écoles publiques.
Opportunité
Comme a pu le constater le Dr Pierre, beaucoup ont profité de cette période pour lancer une entreprise. Restaurants, crèmeries, boîtes de nuit et même hôtels viennent s'ajouter à la liste des entreprises qui sont nées grâce au carnaval organisé sur le thème « Yon Ayisyen, yon pye bwa, ann pote kole » et comme sous-thème « Istwa n se idantite n ».
Dans les rues, le long des trottoirs, sur les places publiques, sur le seuil des maisons, des gargotières attiraient les clients. Barbecue et griot de porc se vendaient en un tour de main, force bière et rhum faisant descendre le tout.
Grimèl, comme les agents de la PNH l'appellent, vient de Port-au-Prince. Elle avait installé son commerce non loin du circuit du carnaval. Son quartier, elle l'a établi au lycée Philippe Guerrier à une bonne vingtaine de minutes de marche de Carénage. « J'ai fait choix de mes clients, dit-elle fièrement. A Port-au-Prince, les policiers aiment ma nourriture. Au Cap, c'est la même chose. Personne ne peut me concurrencer dans ce secteur ». La jeune femme confie qu'elle a emprunté de l'argent d'un usurier afin de profiter de ce temps fort. Comme elle, plusieurs marchandes de « manje kwit » ont saisi l'occasion.
Les artisans n'avaient pas d'heure pour proposer leurs produits. A toutes les heures du jour et de la nuit, ils étaient debout. Les plus chanceux des chauffeurs de taxi-moto louaient leurs services à la journée. Ils faisaient découvrir la ville aux touristes, les amenant sur les sites les plus représentatifs du Nord.
Les guides touristiques, de leur côté, se frottaient les mains. Au palais Sans-Souci de Milot, une étape à découvrir avant de se rendre à la Citadelle, ils proposaient leurs services. On les payait pour entendre des histoires souvent inventées de toutes pièces. Un guide, qui ne se souvient plus de son âge, a raconté que le caïmitier du palais Sans-Souci à l'ombre duquel le roi Henri Christophe rendait parfois justice, avait exactement 323 ans...
Yvener, un natif du Cap-Haïtien qui réside à Los Angeles, avoue que le carnaval lui a permis de découvrir avec sa femme les plus beaux sites du Nord. A son retour aux Etats-Unis, a-t-il dit, il va vanter les charmes de son pays. Le natif est tout aussi fier des groupes musicaux du Cap-Haïtien. Quand il parle du groupe Ambyans, il ne tarit pas d'éloges sur sa performance. Il s'enflamme également pour le Tropicana et le Septentrional, soulignant qu'il n'est pas normal que lors des festivités à Port-au-Prince et à Jacmel, on a oublié ces groupes capables de créer une ambiance du tonnerre sur un parcours.
Pour se rendre dans la ville-hôte, les carnavaliers étaient dans l'embarras du choix. Les croisiéristes de l'Adriana, le bateau de la Tropical Cruise, ont joui du carnaval à bord avant même de mettre pied sur la terre ferme. Les lignes aériennes affichaient complet. Toutes les voies terrestres s'ouvraient pour déverser le flux des fêtards dans les artères de la métropole du Nord où, pendant les trois jours gras, battait le coeur du pays.
Claude Bernard Sérant serantclaudeberanrd@yahoo.fr
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