Auteur:Dieudonné Joachim
De belles villas construites dans des zones non planifiées, sans voie de pénétration et autres infrastructures de base. On en voit partout dans le pays. Le secteur du logement-habitat n'a jamais été traité de manière institutionnelle. Le sinistre du 12 janvier 2010 a mis à nu le dysfonctionnement du secteur. Le déficit de logement est criant et l'Etat ne peut plus continuer à ignorer un secteur à si fort potentiel de création d'emplois. Le développement économique du pays dépend en grande partie du décollage du logement et de l'habitat.
Des visiteurs consultent des documents de l'UCLBP et de ses partenaires lors de la journée portes ouvertes le 7 octobre dernier
Le document qui traite de la « Politique nationale du logement et de l'habitat (PNLH) » est déjà une réalité. Les partenaires en sont bien conscients, avons-nous appris. Il ne manque que des petits détails. « Avant la fin du mois en cours il sera publié ». C'est ce qu'a confié l'ingénieur-architecte Odnell David, chargé de la Division logement à l'Unité de construction de logements et de bâtiments publics (UCLBP).
« Rien ne sera négligé. Les problèmes fonciers, les stratégies de financement pour avoir accès au crédit...Et même la création d'un fonds de garantie. L'Etat aménagera des espaces prévus pour la construction en mettant à la disposition des investisseurs les infrastructures de base », a souligné le responsable de la division logements à l'UCLBP. Pour lui, c'est une étape indispensable dans le développement du secteur. On doit éviter que les entrepreneurs répercutent les coûts d'opération sur le consommateur final.
Pour attirer des investissements massifs, développer le logement et l'habitat en général, l'Etat doit consentir des efforts considérables, dont la transparence, la bonne gouvernance... « C'est un secteur prioritaire pour le gouvernement. Et nous avons déjà reçu des signaux clairs de grands bailleurs de fonds internationaux en ce qui a trait au financement », a déclaré Odnell David, qui fait remarquer qu'une croissance soutenue de l'économie passe par l'expansion du logement et de l'habitat.
La politique nationale du logement et de l'habitat a été présentée pour la première fois au public lors d'une journée portes ouvertes organisée par l'UCLBP, à Pétion-Ville, à l'occasion de la célébration de la journée mondiale de l'habitat dans le pays. Le thème retenu pour 2013 : « Mobilité urbaine ». Le 7 octobre les couloirs de l'UCLBP étaient ouverts pour faire mieux connaître aux visiteurs les actions entreprises dans le secteur logement-habitat.
Ainsi, la PNLT qui sera bientôt appliquée sur le territoire haïtien comprend cinq axes principaux. La stratégie institutionnelle qui clarifie le rôle des différents acteurs qui interviennent dans le secteur. A ce niveau il est prévu un leadership affermi et bien défini de l'Etat surtout en ce qui a trait à l'aménagement du territoire. Il faut également compter la stratégie technique, celle qui concerne le financement, la gestion des risques, la bonne gouvernance.
De 2003 à 2012 le taux d'urbanisation est passé de 40 à 48%. Une tendance à l'urbanisation continue. En 2050 le taux d'urbanisation serait de 70% en Haïti, selon les projections de l'Institut haïtien de statistiques et d'informatique (IHSI) reprises par l'ingénieur-architecte Odnell David. Donc, de 1950 à 2050 le taux d'urbanisation pourrait connaître un accroissement de 11 à 70%.
A ses yeux, le besoin de logements dans les zones urbaines va en augmentant sans cesse. « La célébration récente de la Journée mondiale de l'habitat nous a permis de jeter un regard sur l'état de nos villes », a fait savoir Odnell David en insistant sur la cohérence de la PNLT avec les objectifs de la réforme de l'Etat axée sur sa présence au niveau de l'ensemble du territoire.
La vision est claire dans la PNLT, souligne M. David. Il s'agit d'encourager la production de logements décents et à des prix abordables dans des espaces aménagés et urbanisés, où Haïtiennes et Haïtiens pourront se loger, travailler, circuler, se divertir et participer au développement socio-économique du pays. A la question de savoir s'il ne craint pas une mise en oeuvre biaisée de la PNLT, Odnell David a rejeté cette éventualité d'un revers de main. Il a annoncé également la mise en place de plans d'action qui accompagneront le document.
La PNLH doit, dès sa publication, orienter les efforts des autorités pour renforcer les pôles de développement et le rééquilibrage des régions. Selon Odnell David, la situation du logement caractérisée par la faible capacité financière d'une grande partie de la population, une croissance démographique accélérée et une capacité de production limitée a ainsi amené l'Etat à adopter cette politique axée sur deux des quatre axes majeurs du Plan stratégique de développement d'Haïti (PSDH): le logement qui s'inscrit dans la refondation sociale et l'habitat dans la refondation territoriale.
La PNLH établit les orientations stratégiques et les lignes de politique en fonction des priorités de l'Etat et des zones de développement économique prioritaires. Elle appelle à la définition de normes de construction de logements et établit le cadre d'organisation de l'habitat en tenant compte de l'équité sociale. La PNLH s'attache également à obtenir la participation effective des membres de la communauté dans le choix des solutions aux besoins qu'ils auront eux-mêmes identifiés et à adapter le cadre institutionnel, financier et réglementaire au défi de la construction.
La mise en oeuvre d'une telle politique requiert la participation de tous les secteurs, ajoute Odnell David. Diverses institutions doivent contribuer à sa matérialisation. L'ensemble du territoire est concerné, toutes les couches ont leur pierre à apporter parce que les conséquences impliqueront la population entière. « Le gouvernement, le Parlement, l'université, la société civile, les autorités locales, l'UCLBP ne pourront réussir ce pari seuls », a conclu le responsable de la division logements à l'UCLBP.
Le Nouvelliste,
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