lundi 21 avril 2008

Deux analyses de Jean Erich René

OBJECTION !
Jean Erich René

21 avril 08
En observant le comportement des acteurs politiques haïtiens nous ne comprenons plus la raison d'être de certaines institutions étatiques. Les actes politiques émanant du Parlement évoluent en dehors des normes posées par le législateur comme garde-fou afin d'éviter le règne de l'arbitraire. Il est paradoxal et frustrant de constater que ce sont nos parlementaires qui brûlent les feux rouges en provoquant ce carambolage sur l'échiquier politique. Ils ne manifestent aucun respect pour notre Charte Fondamentale dont ils ont la garde. La Constitution est la LOI MERE par conséquent elle est au-dessus de toutes les lois. L'opacité de deux résolutions récentes prises respectivement par les 2 Chambres soulève beaucoup d'inquiétudes. La motion de censure du Sénat culminant au renvoi et à la démission du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis est arbitraire, inconstitutionnel, nul et non avenu. Compte tenu des normes constitutionnelles, ce vote suscite de grands débats. Le processus décisionnel au Parlement est beaucoup plus influencé par la culture politique de la rue que par l'Esprit des lois. D'où l'incohérence du dispositif constitutionnel galvaudé sans cesse pour les sales besoins du Chef de l'Exécutif ou de son Premier ministre manipulant la foule à coups d'argent. On profite de l'ignorance du public par rapport à la complexité des articles de la Constitution et de l'intrication de nos codes de lois, pour nous faire avaler n'importe quoi. Il s'agit à la fois d'un vol de confiance et d'un viol collectif. Le vote de non confiance du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis est illégal et nous prouve à quel danger est exposée la Nation haïtienne avec un Parlement haïtien qui tourne comme une girouette au gré de l'Exécutif. Certaines résolutions de la 48e n'ont aucun fondement légal. Si les droits fondamentaux ne sont pas garantis ce n'est pas seulement le Gouvernement qui doit partir. Les parlementaires doivent aussi faire leurs valises. Ils ont fait de la Maison Nationale un marché public. L'objectif principal des constitutionnaliste s de 1987 c'était de nous protéger contre la dictature d'un Président. Aujourd'hui nous vivons sous le joug d'un Parlement croupion. Les 2 illustrations les plus brillantes sont : l'expulsion du Sénateur Boulos et le renvoi du Premier Ministre sans aucune référence légale. La suprématie de la Constitution ne compte plus. En agissant de manière aussi arbitraire les Pères Conscrits de la Nation ont terni leurs images tout en se rendant coupables de l'instabilité croissante de la société haïtienne. Le niveau de risque s'est élevé depuis le renvoi du Premier Ministre. Il est clair que le Parlement n'est plus une garantie contre l'arbitraire. L'écho de leur démesure dépasse nos frontières et fait l'objet de grandes consultations ce week-end au niveau des instances internationales. Attention ! Notre souveraineté est en jeu.

ARTICLE 129.6:
Le Corps législatif ne peut prendre plus d'un vote de censure par an sur une question se rapportant au programme ou à une déclaration de politique générale de Gouvernement

Les provisions légales ont été épuisées quand à l'octroi d'un vote de censure au Premier Ministre Jacques Édouard Alexis qui s'est présenté deux fois déjà au cours de l'année pour répondre, selon les vœux de la Constitution, sur les questions touchant sa politique générale. Une troisième fois est excessive et participe de l'arbitraire, d'autant plus qu'aucun débat n'a eu lieu. Comme à l'abattoir le PM Alexis a été sacrifié par ses bourreaux. Pour justifier leur comportement irrationnel nos Parlementaires nous introduisent dans une confusion d'ordre sémantique en faisant le distinguo entre un vote de censure et un vote de non confiance.
A qui adressent-ils leurs propos incongrus ? Les deux sont les mêmes. Le vote de censure a comme correspondant en anglais « vote of non confidence » dont la traduction française est l'anglicisme vote de non confiance.

La motion de censure déposée par le Sénat répond aux articles 129.2, 129.3 et 129.4 de la constitution de 1987 :
ARTICLE 129.2:
Le droit de questionner et d'interpeller un membre du Gouvernement ou le Gouvernement tout entier sur les faits et actes de l'Administration est reconnu à tout membre des deux (2) Chambres.
ARTICLE 129.3:
La demande d'interpellation doit être appuyée par cinq (5) membres du Corps intéressé. Elle aboutit à un vote de confiance ou de censure pris à la majorité de ce Corps.
ARTICLE 129.4:
Lorsque la demande d'interpellation aboutit à un vote de censure sur une question se rapportant au programme où à une déclaration de politique générale du Gouvernement, le Premier Ministre doit remettre au Président de la République, la démission de son Gouvernement

Si la motion de censure du Premier Ministre déposée par le Sénat de la République est correcte mais le vote de censure ne répond pas du tout aux normes constitutionnelles. Nous ne devons pas accepter de tels accrocs à la Charte Fondamentale parce qu'il s'agit aujourd'hui d'un Homme à abattre pour une raison qui n'est pas constitutionnelle. Un tel précédent est dangereux, éventuellement n'importe qui peut en être victime. Nos sénateurs ont péché contre l'article 116 de la constitution de 1987.
ARTICLE 116:
Aucune des deux (2) Chambres ne peut siéger, ni prendre une résolution sans la présence de la majorité de ses membres

Le quorum de 2/3 est indispensable pour la validation de toutes décisions législatives. Cependant il faut entendre par là : 2/3 des voix représentatives mais non 2/3 de l'effectif des membres présents à la séance. Il y a 3 sénateurs par Collectivités territoriales. L'absence de 1/3 n'handicape pas la représentativité des Collectivités. Le Sénat haïtien compte 30 membres ou 30 voix représentatives de leurs collectivités
respectives. Le quorum dans ce cas est de :

2/3 X 30 = 60/3 = 20

Les morts et les absents sont représentés par leurs collègues jusqu'à concurrence des 2/3. Légalement 20 sénateurs devraient être présents le samedi 12 avril pour que le vote de non confiance de Jacques Édouard Alexis soit valide. Le Grand Corps ne devrait pas délibérer avec 16 sénateurs, faute de quorum. Nous comprenons la colère du Député de Pétion Ville Steven Benoît. Une certaine engeance voudrait ramener le quorum au 2/3 des sénateurs présents dans la salle d'audience. Quelle absurdité! Quel crétinisme! Dans ce cas pourvu qu'il y ait 3 sénateurs présents on peut toujours passer au vote et respecter le quorum de 2/3. Ce raisonnement farfelu est plutôt digne des abrutis. Le Pouvoir Législatif ne doit pas contrevenir à la Loi Mère. Selon Aristote dans « Éthique à Nicomaque », le césarisme du vote de censure du Sénat est l'expression la plus claire de cette politique de cannibale qui détruit la Nation haïtienne. Le Président René Préval est tellement conscient de cette gaffe spectaculaire du Sénat, qu'il a donné l'ordre aux sénateurs de LESPWA de ne pas voter l'arbitraire. Et le madré compère publiquement pour se dédouaner devant l'histoire s'oppose à l'éviction de son Premier ministre.

Le méchant fait toujours une ouvre qui le trompe. Il n'y a pas de crime parfait. L'indice le plus incriminant pour le Président René Préval de son implication dans le renvoi arbitraire du Premier ministre nous est apporté par l'article 121 de la Constitution qui lui accorde le droit de faire objection en tout ou en partie, avant leur promulgation, des dispositions légales du Corps législatif. Pourquoi Préval ne l'a pas fait ?
OBJECTION!

Par quel bout commencer?
Jean Erich René
21 avril 08

L'état de délabrement actuel d'Haïti réclame l'attention de tous ses fils quel que soit son nom d'oiseau : coq ou pintade. Les critiques négatives ne sont pas constructives. Au contraire elles sèment le désarroi au sein de la population. Par nos luttes intestines et nos querelles byzantines nous avons détruit le pays. Les promesses fallacieuses de nos révolutionnaires en carton ne se sont pas matérialisées après 22 ans. Malgré tout, ils s'évertuent à maintenir le peuple dans un état de prostration et d'attentisme béat. Aujourd'hui ils doivent reconnaître qu'ils ont fait fausse route et déposer leurs armes. Les faits parlent plus haut que leurs discours mensongers. Haïti est le seul pays de l'Amérique frappé par la famine. Nous admettons que le phénomène n'a pas des origines purement nationales. Mais la Dominicanie même terre, même climat n'est pas touchée. Pourquoi?

Le peuple haïtien manque de tout: aliment, logement, vêtement, sécurité, santé, électricité etc. Il n'est pas possible de continuer avec cette litanie de misère. "Gémir, pleurer, prier est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche. Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler. Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. " nous conseille Alfred de VIGNY dans La Mort du Loup. Allons-nous tous mourir ? La problématique haïtienne par son ampleur doit être résolue par étapes successives. Le changement arrivera graduellement. Mais dans cette marche vers une transformation de nos structures économiques et sociales, c'est le premier pas qui coûte. Le peuple haïtien n'a que faire des beaux discours. Il n'a aucun préjugé de parti ni d'idéologie. Il ne demande pas qu'on lui décroche la lune. Il a faim. Il veut qu'on lui donne à manger. Point barre.-

Point n'est besoin de tourner autour du pot, l'augmentation de la production agricole constitue la première étape à franchir dans l'exécution d'un programme de salut public. Il n'y a que les agriculteurs qui connaissent les secrets de la terre qui lui donne chaque jour ses produits. Il n'y a pas de place pour l'amateurisme. Pour donner à manger en Haïti il faut d'abord la connaissance du milieu physique. Avec un relief montagneux au 4/5 de sa superficie et une superficie avec des pentes supérieures à 20% il faut connaître au moins les règles de l'art pour s'y aventurer. On doit être initié aux arcanes des sciences agricoles pour poser et résoudre l'équation de la production alimentaire haïtienne, effacer la famine et franchir le cap de l'autosuffisance alimentaire.

Nous avons pris la mauvaise habitude de ridiculiser les nantis du savoir au point de proposer Sô Anne comme Premier Ministre. Cette plaisanterie de mauvais goût exprime la tendance en cours au sein de la société haïtienne. Dans un pays ou n'importe qui peut remplir n'importe quelle fonction sans aucune formation, n'importe quoi peut arriver à n'importe quel moment. En Haïti nous avons des agronomes, des économistes etc. qui n'ont étudié nulle part et qui décident pour le pays. C'est du jamais vu, ni lu, ni entendu! Ils n'ont même pas le jargon de la science qu'ils prétendent posséder. Quand un aveugle conduit un aveugle, vous pouvez deviner le reste. Ce tableau illustre bien la situation actuelle d'Haïti. Ne nous faisons aucune illusion de miracle. « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » disait Dieu à Adam. Autrement dit pour manger il faut cultiver le sol.

Tout d'abord il convient de bien évaluer nos possibilités pour ne pas rêver au-delà de nos capacités. Vu l'exiguïté de notre territoire nous devons en faire un usage rationnel pour ne pas détériorer notre environnement. Posons les postulats de base :

- nos cultures vivrières et industrielles doivent être entreprises dans nos plaines et nos plateaux.
- nos mornes doivent être réservés aux cultures pérennes telles que nos denrées d'exportations café, cacao, nos arbres fruitiers et nos essences forestières.
- L'irrigation est la clef du rendement des cultures saisonnières telles que : mais, pois, riz etc. Cette vérité est connue en Haïti depuis la colonie. En témoignent les vestiges des aqueducs de l'époque coloniale.

Gouverner c'est prévoir! L'agriculture de grappillage des paysans ne peut plus nourrir la population haïtienne qui atteindra 9 millions d'habitants en 2010. La valse de la famine ne fait que commencer. Nous ne prophétisons pas. L'analyse de Régression statistique nous permet d'augurer avec précision l'effet ciseau de la croissance démographique par rapport à notre production alimentaire décroissante. Les problèmes économiques sont silencieux, nous dit Marshall. Si on ne s'en occupe pas ils éclatent au moment ou il est déjà trop tard. Le Peuple déferle dans les rues. C'est la révolution qui couve! Malheureusement le déchouquage n'est pas du tout la bonne réponse, le mensonge non plus. Les deux ne font qu'empirer la
situation. On peut mentir à court terme mais à moyen terme les frustrations vont éclater à nouveau avec plus de fureur comme les eaux sauvages d'une rivière en crue. Ce sera la catastrophe! Wait and see.

L'Etat haïtien doit faire le ménage au niveau de son appareil administratif. Il y a trop de sinécures, trop de gaspillage. Puisque nous parlons de production agricole, plaçons sous les feux de la rampe le MINISTERE DE L'AGRICULTURE. A quoi sert-il? Zéro barré! Des millions de dollars sont budgétés chaque année pour payer les employés, acheter des Jeeps etc. Pas un régime de banane, pas une livre de mais ni de riz. Mais chaque année on fête grandiosement le 1er Mai. Ce ne sont pas les techniciens qui sont mauvais. Attention! Ils sont très, très compétents. Nous en en connaissons qui sont sérieux, honnêtes et super bons. Mais ils ne sont pas placés dans les conditions adéquates pour performer. Libérons nos agronomes en faisant d'eux comme Louis Déjoie des entrepreneurs. Invitons les à former des Coopératives de production de céréales, d'agrumes, de légumes , de production laitière, d'élevage, de poulets de chair, de pondeuses, de dindes, de canards, de porcs, de cabris, de bœufs etc. Et on verra!

Nous croyons dur comme fer à la prospérité d'Haïti par la renaissance de l'Agriculture mais nous devons donner accès aussi au financement à nos techniciens. Les banques haïtiennes ne prêtent pas à la classe moyenne. Voilà la principale pierre d'achoppement de notre production agricole : le prêt hypothécaire. L'Autorité Monétaire Nationale par le biais de la Banque Centrale ou BRH doit réviser les critères de prêt en Haïti datés de 1950 pour privilégier le taux de rendement interne du projet ou pour répéter Keynes son taux d'efficacité marginale comme dans tous les pays avancés du monde. Est-ce que nous avons suffisamment de terre pour produire la quantité de nourriture dont nous avons besoin ? Pour répondre à cette question et éviter que le tonnerre tombe sur notre tête nous vous livrons la liste des terres disponibles dans tous les Départements Géographiques du pays. A vous d'en juger. Rectifiez-nous s'il y a lieu!

Plaines et Plateaux d'Haïti avec leur superficie :

1. Plateau Central.... ............ ......... ......... ......... ......... .......217. 000 has
2. Plaine de l'Artibonite. ......... ......... ......... ......... ......... .......80. 000 has
3. Plaine du Nord et de Fort Liberté...... ......... ......... ......... 38.000 has
4. Plaine du Cul-de-Sac.. ......... ......... ......... ......... ......... ......37. 000 has
5. Plaine du Nord-ouest.. ......... ......... ......... ......... ......... ......30. 000 has
6. Plaine des Cayes et de Torbeck..... ......... ......... ......... .....20.000 has
7. Plaines de la Grande Anse et des Abricots……………18.500 has
8. Plaine des Gonaïves et Savane Désolée ……………...16.500 has
9. Plaine de Léogâne....... ......... ......... ......... ......... ......... .....10.000 has
10. Plaine de l'Arcahaie.. ......... ......... ......... ......... ......... ......10. 000 has
11. Plaine des Nippes...... ......... ......... ......... ......... ......... .....10.000 has
12. Plaine Limbe et Port Margot...... ......... ......... ......... .......9. 000 has
13. Plaines Moustiques, Port-de-Paix, Anse à Foleur…….8.000 has
14. Plaines Coteaux, Anglais, Irois....... ......... ......... ......... ....6.500 has
15. Plaine de Fond des Nègres....... ......... ......... ......... ......... ..6.250 has
16. Vallée Saut D'eau et Plaine Mirebalais.. ......... ......... ......6.000 has
17. Plaine Aquin et Cotes de Fer......... ......... ......... ......... ......5.000 has
18. Plaine Saint Marc et Montrouis... ......... ......... ......... ....... 5.800 has
19. Plaine Petit Goâve et Grand Goâve........ ......... ......... ......4.500 has
20. Plaines des îles La Gonâve, la Tortue, La Cayemites.. 71.000 has

Superficie Totale : 610.000 has
Superficie irriguée: 70.000 has
Superficie irrigable:195. 000 has

Que personne ne me dise qu'il n'y a pas suffisamment de terre en Haïti. Ces données nous prouvent que l'augmentation de la production agricole d'Haïti est physiquement possible. On peut atteindre l'autosuffisance alimentaire et passer à l'exportation tout en amorçant notre développement industriel et combler le déficit de notre balance de paiement à l'instar de la République Dominicaine. Que les leaders politiques aux courtes vues et à la grande bouche arrêtent leurs machines de menteries! Que les politiciens marron s'abstiennent ! Que le peuple haïtien apprenne à distinguer un leader progressiste d'un mandataire forain, un prophète d'un démagogue, un médecin d'un charlatan, un dentiste d'un arracheur de dent, un agronome d'un boulanger!

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