Thèmes de l’Emission de la semaine
Orlando le 30 mai, 2008
Actualités Politiques : Grandes Lignes
L’irruption des émeutes de la faim, est issue de l’indifférence du gouvernement Préval/Alexis, pendant de longs mois, envers tout une multitude de problèmes,. N’étant pas à l’écoute des masses et ayant un mépris manifeste pour leur misère, le gouvernement ne s’est pas soucié du fait, qu’elles avaient atteint leur seuil de tolérance. Qu’il suffisait d’un simple déclic pour les mettre en branle, ventilant leur insatisfaction, leur mécontentement et leur frustration. Bien qu’il y ait eu infiltration pour en augmenter la violence, il ne reste pas moins vrai que ces manifestations ont été fondamentalement l’expression légitime du mécontentement et de la frustration des masses. Comme solution politique, Prévale nous a offert la tête d’Alexis. Le corollaire à cette manœuvre politique, est devenu lui-même une autre crise, les difficultés pour la confirmation du nouveau premier ministre. Il ne faut pas confondre cette trêve après les émeutes de la faim, à une période de paix. Quand on interroge les masses sur leurs vraies opinions et leur état d’âme, par rapport à la situation, on se rend compte du fait que malheureusement rien n’a été fait pour améliorer leur sort. Au contraire, les revendications et les ressentiments ont augmenté d’intensité, proportionnellement au désir et au besoin de les manifester. En d’autres termes, du train que ça va, les masses sont prêtes à sortir de leurs gonds. Un peuple qui a faim, n’a aucun intérêt dans la stabilité politique. Dans leur vernaculaire, elles décrivent, de manière très imagé, leur attitude par rapport à la situation : « Mamite la ap bouilli ». La question qui vient automatiquement à l’esprit, quand est-ce que cette marmite sautera ? Quel sera l’effet ou l’envergure de cette nouvelle irruption ? La répression militaire pourra-t-elle la contenir, cette fois-ci ? Si Lula n’accepte pas que ses soldats soient placés en première ligne, la PNH pourra-t-elle seule, contrôler les prochaines émeutes ? Voilà les questions qui prioritairement préoccupent les esprits.
Les éléments de cette crise multiforme, ayant été examinés, disséqués et analysé à l’infini, l’incompréhension des différents aspects et facettes de cette crise, ne peut pas être l’élément de blocage. Il ne s’agit pas non plus, ni de l’inexistence, ni de l’impossibilité de trouver et de mettre à exécution des mesures adéquates. Mais le fait reste et demeure qu’aucune mesure n’a été prise pour trouver et exécuter des éléments de solution aux différents aspects et facettes de cette crise multiforme. Ce n’est pas sans raison que ces questions persistent : Pourquoi cette indifférence d’un gouvernement formé de partis de masse, envers le sort des plus vulnérables ? Pourquoi ce laxisme, cet immobilisme de la part de ce type de gouvernent ?
Certes, on l’attribue surtout à la forme, un gouvernement de coalition, à l’absence de synergie entre les ministères, et à une espèce d’autonomie de facto, de chaque parti politique titulaire d’un département ministériel, par rapport aux autres. On l’attribue aussi à l’absence de coordination à partir du sommet etc. Si gouverner, c’est surtout prévoir, qu’est-ce qui a empêché à ce gouvernement de voir venir les émeutes de la faim, quand les gémissements et les hurlement des plus vulnérables, se faisaient entendre clairement des quatre coins du territoire, depuis des mois (Grangou Clorox) ? Qu’est-ce qui a empêché à ce gouvernement, si non de résoudre, mais au moins d’améliorer la situation pour éviter cette irruption de mécontentement d’avril dernier et de l’autre qui ne tardera pas à se manifester sous peu ? Quel est l’élément de blocage qui a maintenu, ce laxisme, cette immobilisme et cet état de léthargie du gouvernement ? Certes, le ministre Marie Laurence Lassègue n’a fait qu’illustrer le dysfonctionnement du pouvoir exécutif, mais post mortem. Tenant compte des négociations et tractations qui se font pour la confirmation du premier ministre, qu’en sera-t-il du prochain cabinet ministériel, si on maintient le même scénario, la même formation de coalition des partis de masse titulaires des départements ministériels ? A quoi peut-on s’attendre ?
On est tous d’accord sur le fait, que seul le changement d’homme à la primature et au cabinet ministériel, venant de la même moule, ne sera d’aucun effet. Certes, la clique de Robert Manuel s’est embarquée tambour battant dans le financement d’une campagne pour briser la cohésion du groupe parlementaire le CPP. Robert Manuel s’est assis avec Sô Anne et René Civil pour négocier une trêve. En d’autres termes pour éviter un réchauffement prématuré ou immédiat du béton, avant, pendant ou après sa confirmation. Cependant ce qui nous inquiète au sujet de la viabilité ou de la longévité de cette trêve, est la suivante ; où se situent les commanditaires par excellence de carnages, tel que Gérard Jean Juste et Jean Bertrand Aristide par rapport à cet accord ?
Le projet de loi électorale a été retourné au parlement par l’Exécutif. En d’autre terme, Préval fait duré le jeu pour ne pas renouveler le mandat des 3e sénateurs. Après le sacrifice odieux du jeune Kareem Gaspard, les gens commencent à se rendre compte du fait que le kidnapping est politique. Et que le CNDDR, est en train de construire sa propre base d’OP armées pour le compte du gouvernement, qui est directement engagée dans, et est responsable de, cette recrudescence de kidnapping et d’insécurité. Qui est donc le compositeur et le chef d’orchestre de cette symphonie déconcertante ? Qui est donc le boulanger qui est en train de pétrir ce pétrin qui ne pétrit plus ?
Perplexe, on est forcé de se poser la question : Qu’est-ce qui constitue donc l’élément de blocage, responsable de la stagnation économique, de l’immobilisme, et du laxisme gouvernemental ? Qui mène cette politique de centralisation et de contrôle absolu de l’appareil d’Etat ? Qui est envoûté manifestement par la hantise de l’omnipotence présidentielle, qui ne se gène pas de la clamer publiquement et en présence du premier ministre ?
Certains pensent, que dans cette deuxième tentative de confirmation de premier ministre, Préval gagne à tous les coups.
-Si d’une part, Robert Manuel est rejeté par l’une ou l’autre chambre du parlement, ça offre à Préval l’opportunité de faire durer le jeu, de diaboliser encore plus un parlement dysfonctionnel et de justifier autant que faire se peut sa dissolution.
-Si d’autre part, Robert Manuel est confirmé, il a l’exécuteur de basses œuvres qu’il se cherche pour, contrôler l’appareil d’Etat, contrôler les élections, centraliser encore plus le pouvoir politique et gérer la cohésion sociale par la force et l’internalisation de la peur.
Indépendamment du scénario qui garantit à Préval de gagner à tous les coups dans le cadre spécifique de la confirmation du premier ministre, il y a malgré tout à l’avant-scène politique une réalité truffée de tout un ensemble de problèmes auxquels Préval n’a jamais accordé aucune priorité. Certes, après les émeutes de la faim, Préval a commencé à accumuler des fonds pour parer aux difficultés de la rentrée des classes en septembre. Ce qu’il n’a pas encore compris, est qu’un problème, peu importe son importance relative, ne remplace pas un autre, il s’additionne aux autres pour en augmenter la pression. N’ayant rien fait pour augmenter la production nationale. N’ayant rien fait pour stimuler l’économie. N’ayant rien fait pour réduire le chaumage. N’ayant rien fait pour réduire la cherté de la vie. N’ayant rien fait pour réduire l’insécurité etc. Les problèmes de la rentrée des classes viendront donc s’ajouter à toute cette liste de problèmes pour augmenter la pression de la crise. Cette problématique a déjà fait les preuves de sa volatilité, l’irruption des émeutes de la faim.
Il est évident que depuis 2 ans que Préval est retourné au pouvoir, que le pays est à la dérive, sans programme de gouvernement, sans plate-forme politique, sans aucun sens de direction. Préval a refusé délibérément, dès le début de sa compagne électorale, d’avoir un programme de gouvernement, par respect pour la notion que préconise la Théologie de Libération : Avoir un programme de gouvernement est une attitude et une position élitiste par rapport aux masses. Il faut être constamment à l’écoute des masses.
On se rappelle, tout au début de son retour au pouvoir, que Préval avait fait semblant, pendant des mois, de ne pas être intéressé, ni au pouvoir, ni à son exercice. Il aurait dû, à cause de la nature de son gouvernement, réaliser le besoin de saisir cette opportunité pour établir un leadership fort, créant rapidement la synergie nécessaire, pour donner un sens de direction à ce groupe de ministre venant de différents instruments et de formations politiques. Plus intéressé au dialogue et à la négociation avec les bandits, il a raté cette opportunité. Il a ratée l’impératif du moment, par négligence, par une absence totale de compréhension de son rôle historique et par manque de vision.
Certains pensent que bien qu’envoûté par l’appas du pouvoir et dominer par la hantise de l’omnipotence présidentielle, que le vrai Préval, le Préval sui generis, n’a aucune qualité d’un leader, ni dans ses manières, ni physiquement, ni mentalement. Cependant, ayant pris goût au pouvoir et ayant certains handicapes et blocages psychologiques, pour compenser son complexe d’infériorité, il adopte dans son entourage, où il se sent à l’aise, des airs de mégalomane, mais est certainement un introverti. Force est de constater et surtout de comprendre que Préval n’a jamais été responsable de la conquête de son pouvoir. Il a toujours été catapulté au pouvoir par quelqu’un d’autre. Il l’a été en deux fois, sans aucun effort de sa part, d’abord par Aristide et ensuite par Alexis. Voilà un homme qui se trouve dans une position de chef d’Etat qui n’est pas équipé, ni physiquement, ni mentalement pour assumer une telle responsabilité.
C’est un fait connu, qu’il est constamment forcé de frapper du poing sur la table pour imposer son opinion, parce qu’il ne peut pas convaincre par son argument, par son panache, ou par son aura présidentiel. Il n’inspire pas le respect dû à son titre et à son rang. Son complexe d’infériorité se manifeste par un certain cynisme. Il est plutôt rusé qu’intelligent. Il a aussi des fixations. C’est ce qui explique que sa stratégie préférentielle, est plutôt l’usure.
C’est un fait irréfutable que, malgré la présence manifeste à l’avant-scène politique d’une multitude de problèmes graves, en dépit des possibilités de catastrophe qu’ils peuvent provoquer, Préval préfère donner la prépondérance à l’omnipotence présidentielle et au contrôle de l’appareil étatique, pour augmenter son assurance personnelle et la confiance en soi (self confidence). On a à la présidence un handicapé, inadéquat pour remplir ce rôle. Sa présence au pouvoir est un élément de blocage. Peu importe qui est confirmé premier ministre, la hantise de l’omnipotence présidentielle, portera Préval à prendre ombrage de toutes initiatives prises par un premier ministre, qui ne vient pas personnellement de Préval. Il les interprétera comme un empiétement sur la sphère de son autorité. L’élément de blocage qui a empêché au pays d’avancer sous Aristide, comme sous Préval, c’est précisément cet handicape psychique. C’est cette psychose. Evidemment, ce n’est pas au pouvoir dans des circonstances aussi difficiles que l’on peut traiter cette psychose. Au contraire le pouvoir aggrave cette psychose. Le prépondérance de l’omnipotence du pouvoir politique, voilà l’élément de blocage qui perdure depuis un demi-siècle, qui a fait d’Haïti le pays le plus pauvre et le plus corrompu du monde !
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