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"Ne doutez jamais qu'un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde. En fait, cela se passe toujours ainsi" Margaret Mead (1901-1978)
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"Ne doutez jamais qu'un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde. En fait, cela se passe toujours ainsi" Margaret Mead (1901-1978)
From: Georgemain Prophete <gephete@aol.com>
Date: Sat, 14 Jan 2012 07:23:37 -0500 (EST)
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Subject: Re: Inauguration du Campus Universitaire de Limonade! Et apres?
L'Inauguration du Campus Universitaire de Limonade ! Et après ? Vers l'autonomie administrative et financière du Campus Universitaire Henry CHRISTOPHE sous la tutelle du Rectorat de l'UEH !
Par Georgemain PROPHETE
En 2005, j'ai trouvé dans les archives de la Délégation du Nord un projet d'Arrêté départemental signé par le Délégué départemental d'alors, Me Wilbert O. JOSEPH, octroyant à la Faculté de Droit, des Sciences Économiques et de Gestion du Cap-Haïtien, relevant de l'Université d'État d'Haïti (UEH), une superficie d'environ trente (30) carreaux de terre sur l'habitation Pistère, dans la commune de Limonade pour l'implantation et la Construction d'un Campus Universitaire.
L'Institut Roi Henry CHRISTOPHE (URHC) du Dr Louis J. NOISIN avait bénéficié d'une démarche similaire dans la même zone et avait organisé, le 8 octobre 2005, une cérémonie de pose de première pierre à laquelle était invité le Premier Ministre d'alors, Gérard LATORTUE. L'enseigne qui annonçait l'événement et indiquait l'emplacement du Campus à construire pour l'URHC a été démonté par les représentants d'un autre groupe qui est bénéficiaire, lui aussi, d'une plus grande superficie dans la zone pour ses besoins d'exploitation. Cette enseigne existe encore, quelque part, dans la cour de l'URHC.
Des démarches ont, par la suite, été entreprises auprès du Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT) par les représentants du Rectorat de l'UEH à Port-au-Prince pour faire entériner les décisions de la Délégation du Nord et permettre que les entités bénéficiaires de ces espaces du domaine privé de l'État puissent obtenir l'autorisation du Ministère de l'Économie et des Finances (MEF) à travers la Direction Générale des Impôts (DGI) de prendre possession des terrains et engager les processus pour l'érection de leurs campus respectifs.
Entre temps, changement de régime politique en 2006, bouleversements à la Faculté de Droit, des Sciences Économiques et de Gestion du Cap-Haïtien et nomination d'un nouveau responsable (Doyen) à la dite Faculté. Le dossier du Campus est mis en veilleuse.
Le Tremblement de Terre du 12 Janvier 2010 viendra remettre le dossier du Campus universitaire sur la table à la faveur de trois (3) évènements :
1- Alors que nous faisions des démarches, au sein du Conseil Départemental de Gestion de Crise Post-Séisme, pour que le Cap-Haïtien serve de point d'arrivée et de transit de l'aide humanitaire vers les zones affectées par le séisme après le 12 janvier 2010 en raison du fait que les installations du Port et de l'aéroport de Port-au-Prince étaient momentanément inopérantes, les dominicains ont obtenus du Gouvernement Haïtien de détourner le trafic par le port de Salcedo en République dominicaine au détriment du Port du Cap-Haïtien. Cela a permis à la République Dominicaine d'engranger les plus gros bénéfices apportés par l'assistance humanitaire post-séisme.
2- Pendant ce temps, l'offre d'assistance de la part de la Communauté Internationale s'est précisée et le Président Fernandez a voulu jouer un rôle de premier plan dans ces démarches. Il a demandé au Président Préval comment il pouvait l'aider à reconstruire les installations universitaires détruites lors du tremblement de terre et le président Préval a été direct et clair pour indiquer ses priorités. Le président Fernandez a promis, alors, de construire un Campus universitaire à Port-au-Prince pour remplacer les installations de l'Université d'État d'Haïti détruites ;
3- Mais, parallèlement à la démarche du Président Préval, les autorités de l'Université d'État d'Haïti avaient, elles aussi, reçu des promesses de construction de Campus d'autres bailleurs ce qui fait que, dans un premier temps, elles ont refusé l'offre du Président Préval arguant de la pertinence et de la solidité de leur projet. Il a fallu toute la capacité de persuasion du Président Préval pour leur faire comprendre que l'offre du Président Fernandez était la plus pertinente vu les circonstances et que, s'ils ne voulaient pas du Campus à Port-au-Prince, ils pouvaient proposer de le construire en Région. La partie dominicaine n'était pas très enthousiaste à cette idée. Question de visibilité ! Peut-être ! Mais, le principe de décentraliser les activités de l'UEH avec la construction d'un imposant Campus en Provinces était mis à l'ordre du jour et accepté.
Sur ces entrefaites, les tractations politiciennes se sont mêlées de la partie et des termes et concepts, jusque-là, ignorés ou oubliés tels : Régionalisation, Décentralisation, Développement régional, etc. ont subitement refait surface, pour de bon cette fois.
L'insistance du Président Préval à trouver un terrain d'accueil pour les Cinquante Millions de Dollars (US$ 50,000,000.00) promis par le Président Fernandez a forcé les autorités de l'UEH à s'enquérir des possibilités en dehors de Port-au-Prince pour la construction d'un Campus. C'est alors que l'on s'est souvenu qu'il existait une promesse d'octroi de trente (30) carreaux de Terre faite à l'UEH du coté de Limonade.
Ayant reçu les assurances nécessaires de la part du Président Préval quant à l'emplacement du projet, les dominicains ont, de leur coté, fait pression sur les autorités haïtiennes pour accélérer le processus d'implantation du projet. Ils ont fixé la date de pose de la première pierre en juillet 2010, établi le calendrier d'exécution des travaux sur dix-huit (18) mois et proposé la date du 12 janvier 2012 comme date d'inauguration du Campus. C'était hier !
Dr Jusnerd NELSON, Doyen de la Faculté de Droit, des Sciences Économiques et de Gestion du Cap-Haïtien a remué ciel et terre pour procéder, avec les maigres moyens dont il disposait dans les coffres de la Faculté de Droit, des Sciences Économiques et de Gestion du Cap-Haïtien (FDSEGCH), à l'arpentage des trente (30) premiers carreaux de terre mis à la disposition de l'UEH par la Mairie de Limonade. Ce ne fut pas sans d'interminables discussions et de rudes négociations avec une organisation de producteurs de lait de la zone qui, elle, détient les droits sur la presque totalité des terres disponibles dans les environs.
Juillet 2010 ! L'UEH peut souffler ! La pose de la première pierre a eu lieu, fruit de la coopération entre les deux peuples haïtiens et dominicains, mais surtout entre leurs deux Présidents, René Préval et Leonel Fernandez Reyna !
Il est important de rappeler, ici, le rôle marginal qui a été réservé au Rectorat de l'Université d'État d'Haïti dans la conception et l'élaboration du projet de construction du Campus de même que le faible niveau de leur participation dans le protocole et l'organisation de la cérémonie de pose de la première pierre. Ce rappel est important pour comprendre la difficulté actuelle du Rectorat à se faire accepter comme récipiendaire incontournable de ce joyau de campus universitaire. C'est que, dès le départ, le Rectorat devait se contenter de remettre le terrain, vu les difficultés pour l'État Haïtien pour disposer du foncier pour les projets d'intérêt public, et de disparaitre du radar.
Mais, les étudiants de la Faculté de Droit, des Sciences Économiques et de Gestion du Cap-Haïtien et une partie de l'opinion publique du Nord ne l'entendaient pas de cette façon et se sont mobilisés en conséquence. Pour eux, le Campus sera construit à Limonade sur une propriété de l'UEH pour former la jeunesse haïtienne et servir de levier pour renforcer les capacités de l'UEH à relever les défis présents et futurs de l'enseignement supérieur public en Haïti.
Maintenant, le grand défi du fonctionnement administratif et académique de ce campus reste entier. Les filières d'enseignement ne sont pas encore proposées. Les besoins en ressources humaines et matérielles ne sont pas encore dévoilés. Les voies et moyens pour financer son budget d'opérations et de fonctionnement ne sont pas connus du public. Entre temps, ceux qui sont pour ou contre la confirmation du Campus dans le patrimoine de l'UEH s'affrontent dans une guerre qui ne dit pas encore son nom.
Dans ces conditions, quel consensus trouver entre le pouvoir politique qui veut, à tout prix, récupérer le projet et le Rectorat de l'UEH qui entend voir l'Exécutif, simplement, confirmer le nouveau Campus dans son fief et patrimoine pour en disposer comme bon lui semble et comme de chose lui appartenant en propre ?
Quels mécanismes de résolution pacifique de ce conflit peuvent être mis en place pour permettre une solution mutuellement acceptable pour toutes les parties vu qu'il n'y a plus de temps pour aucune démarche dilatoire ?
Mais, surtout, que faire et comment le faire pour ne pas donner raison à la Communauté Internationale, en général, les Dominicains, en particulier, qui ont fait l'étalage de tout leur savoir-faire à l'occasion de la construction et de l'inauguration de ce Campus, comment de pas leur donner raison de penser que nous prenons toujours plaisir à passer à coté de l'essentiel.
En effet, comment peut-il être possible que le Rectorat de l'Université d'État d'Haïti (UEH) n'ait pu être en mesure de présenter, hier au cours de la cérémonie d'inauguration et de remise des clefs, un projet académique et scientifique viable et faisable pour le nouveau Campus ?
Comment peut-il être possible que le Gouvernement puisse penser à une structure autre que le Rectorat de l'UEH pour prendre l'initiative de la mise en place et de la direction de la structure de gestion, même provisoire, de ce Campus ?
Comment peut-il être possible que, face au projet dominicain de domination de l'ile d'Hispaniola, il n'y ait aucune initiative connue de notre part pour proposer une alternative réaliste à la démarche dominicaine ? C'est clair qu'il y a une volonté qui se manifeste et se renforce, de jour en jour, de la part des Dominicains de nous prendre en charge devant notre incapacité à le faire ou notre insouciance par rapport à notre propre misère. Il y a eu, rappelons-le, les négociations qui ont abouti à la signature des accords de LOME I, LOME II, LOME III, LOME IV entre l'Union Européenne et les Pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). Qu'en avons-nous fait ? Pas grand-chose ! Les Dominicains ne se sont jamais privés d'exprimer leur agacement devant notre insouciance sur ce point précis des opportunités offertes par la Coopération internationale. Le Bureau de l'Ordonnateur National pourrait, peut-être, nous en dire un peu plus.
Sur fond d'affrontement idéologique et de luttes politiques sans grandeur entre d'anciens partenaires de même bord de la barricade, des secteurs universitaires importants impliqués dans le devenir de notre Jeunesse et de notre université fourbissent leurs armes pour livrer une bataille qui n'en est plus une. Car, comme l'a reconnu l'éminent universitaire, notre excellent ami, Nesmy MANIGAT, «la bataille des toits n'a pas eu lieu». La seule et vraie bataille à livrer, en ce moment précis, en cette région, au cours de cette génération, est la bataille pour construire notre capacité à créer la richesse durable à travers une éducation d'excellence orientée vers la recherche scientifique et l'innovation technologique, comme est venu nous le rappeler, cet autre éminent compatriote de la Diaspora, Dr Samuel PIERRE. Et pour cela, il nous faut des universités d'excellence dotées de moyens matériels et humains adéquats et des universitaires chevronnés pour transmettre un savoir moderne et adapté.
La cérémonie d'inauguration du Campus universitaire de Limonade a été l'occasion pour nous d'accueillir la crème de ce qui se fait autour de nous dans la Région, aux États-Unis, au Canada, en République Dominicaine et ailleurs. La présence du Dr Samuel PIERRE et de Madame Michaëlle JEAN, entre autres sommités, à la cérémonie d'inauguration du Campus de Limonade doit nous rappeler que nous pouvons gagner la bataille pour construire une université d'excellence sur le Campus de Limonade.
C'est à cela que la Société civile du Nord autour des Chambre de Commerce et d'Industrie du Nord et du Nord'Est et des autorités morales de la Région regroupées autour de l'Archevêque du Cap-Haïtien, Son Excellence Monseigneur Louis N. KEBREAU, nous convie tous, haïtiens d'ici et d'ailleurs.
L'heure vient pour le Gouvernement du Président MARTELLY et du Premier Ministre CONILLE de se ressaisir, de prendre le taureau par les cornes et de mettre le Rectorat de l'UEH face à ses responsabilités tout en respectant ses prérogatives. La mise en service du nouveau campus nécessite une capacité extraordinaire de mobilisation de ressources humaines, matérielles et financières, capacité que, malheureusement peut-être, le Conseil Exécutif de l'UEH peut ne pas disposer pour le moment. Cela ne doit en rien servir de prétextes ni d'excuses pour l'écarter partiellement ou totalement du processus engageant l'avenir immédiat du Campus. Au contraire !
Il y a, certes, des motifs de penser ou de croire que les structures actuelles de l'UEH ne puissent être en mesure d'absorber et de gérer une telle entreprise selon les règles de l'art. C'est peut-être vrai ! Mais quand est-ce qu'elles le seront si ce n'est que maintenant ?
C'est le moment, plus que jamais, pour le Président MARTELLY de se montrer à la hauteur des espérances de cette jeunesse qui l'ont porté au pouvoir et de demander au Premier Ministre, au Ministre de l'Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, au Secrétaire d'État à l'Enseignement Supérieur, etc. de monter et de lui présenter un projet ambitieux de renforcement des capacités de l'UEH pour, justement, le mettre en mesure de relever ce défi qui est notre défi à tous.
Croyez-moi, les dominicains qui nous ont donné le Campus, qui l'ont construit et l'ont livré dans les délais, la Communauté universitaire et scientifique internationale qui est prête à nous assister dans la refonte de notre système universitaire, les bailleurs de fonds qui sont anxieux de participer à une vraie reconstruction en Haïti en finançant des projets d'envergure qui leur garantissent une bonne visibilité, les jeunes bacheliers du pays tout entier qui se voient déjà les heureux bénéficiaires de ce campus universitaire, les populations de la Région du Grand Nord qui se délectent d'admiration devant de si belles installations, ne vont pas se croiser les bras et attendre que des décisions abracadabrantes et inopportunes, de part et d'autre, viennent ruiner leurs espoirs et tuer les espérances de tout un peuple.
Je fais confiance au flair politique du Président MARTELLY qu'il ne se mettra pas en croix sur la route de l'excellence dans l'éducation dont il a fait l'axe principal de son programme politique, qu'il ne se mettra pas en croix sur la route de la décentralisation des Collectivités Territoriales, qu'il ne se mettra pas en croix sur la route de la régionalisation dans les nouveaux plans d'aménagement du Territoire et, que surtout, il ne se mettra pas en croix sur la route de la nécessaire autonomie administrative et financière du Campus universitaire de Limonade sous la tutelle de l'UEH. Je lui fais confiance qu'il ne se mettra pas au travers de la route de l'histoire.
Car, il y a un processus historique presqu'irréversible qui se dessine pour la région du Grand Nord : L'inauguration du Campus Universitaire de Limonade ce 12 janvier 2012, l'inauguration prochaine et la mise en service du Parc industriel de Caracol prévue pour ce 31 mars 2012, la construction de plus de deux mille (2000) unités d'habitations dans le voisinage immédiat du Parc industriel, la reprise annoncée des travaux de réhabilitation de l'Aéroport International du Cap-Haïtien, l'aménagement du couloir touristique autour de la Route Nationale RN6 reliant le Parc National Historique de Milôt et le Centre Ville Historique du Cap-Haïtien à la Région Nord de la République dominicaine dans le cadre du tourisme multi-destination sur l'ile d'Hispaniola, sont autant d'avancées significatives pour relancer durablement la Région du Nord au bénéfice de ses populations.
Ce processus de développement mérite d'être accompagné, non d'être bloqué au nom d'intérêts mesquins et inavoués.
Georgemain PROPHÈTE est un ancien Délégué du Gouvernement dans le Département du Nord.
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