vendredi 19 mars 2010

La Police Nationale d’Haiti, sous les décombres?


Par : Cyrus Sibert, souvenirfm@yahoo.fr

Le Ré.Cit.- Réseau Citadelle, Cap-Haïtien, Haïti.

www.reseaucitadelle.blogspot.com


Faute d’initiatives, des policiers se font tuer dans la zone métropolitaine.

En deux (2) jours le bilan est lourd : 5 policiers ont été lâchement abattus. Le Haut Commandement de la Police n’arrive pas à anticiper l’action des bandits. On applique la même stratégie des points fixes. Comme le Président de la République qui souhaite organiser des élections sans tenir compte du chaos qui l’entoure, Mario Andrésol ne saisit pas encore la situation spéciale dans laquelle le pays sombre. Avec le départ des soldats américains suivi d’autres contingents internationaux, la réalité risque de sauter aux yeux. Port-au-Prince deviendra un champ de bataille entre une police démoralisée et 6000 évadés de prison manipulés par des organisations criminelles et/ou politiques. Port-au-Prince continue sa descente vers la « somalisation ».

Depuis le 12 janvier 2010, le moral des policiers est au plus bas. Comme tous les haïtiens victimes du séisme, ils évoluent dans un environnement précaire. Leurs commissariats sont fragilisés. Ils n’ont pas d’assistance psychologique. Nombreux sont les policiers qui envisagent d’abandonner leur poste dans un avenir proche. Ils ont perdu parents, amis et effets personnels et font face à des bandits de tous poils évadés de prison. Une évasion qui ne dit pas son nom, vu que le local du pénitencier national a échappé à la catastrophe. Les prisonniers ont été libérés purement et simplement par des gardes de l’APENA. Une libération qui serait motivée par des objectifs politiques visant à créer le chaos. Les trafiquants de drogues sont aussi pointés du doigt. Le gouvernement exige une enquête sur la situation. Des agents de l’APENA sont menacés de révocation, d’autres n’ont pas reçu leur paie, le Directeur du Centre de détention de la Capitale est sous enquête policière, il aurait même une interdiction de départ contre lui. 6,000 bandits sont dans les rues, en majeure partie des hommes violents liés à des gangs criminels, politiques et mafieux, la sécurité du pays a subi une catastrophe considérable. L’incapacité de la Police à faire échec aux initiatives d’infiltration des bandits criminels et politiques est encore une fois mise à nu.

Pourtant, dans notre texte: Pour la ‘‘Défense et protection’’ de la Police Nationale d’Haïti. (1) , nous avions attiré l’attention des autorités sur ce problème. Sans une direction de contre-espionnage, la Police Nationale risque de tomber sous le contrôle des criminels les plus redoutables. Dans cette situation catastrophique, un commandement ingénieux devrait penser à sécuriser ses troupes. La logique élémentaire démontre clairement qu’il est indispensable de rassembler les policiers en des camps stratégiques, hautement sécurisés et protégés, en vue de faire face à la situation spéciale. Au moins, les policiers devraient avoir le choix de se refugier dans un camp. Le Haut commandement de la PNH devrait regrouper les Unités spécialisées dans des campements stratégiques avec des ordres et une mission spéciale : démontrer la force de frappe de l’Etat.

Malheureusement, on assiste à une situation misérable de dirigeants qui se livrent aux étrangers. Des commandants sans créativité qui laissent aux bandits l’avantage des initiatives et de l’effet de surprise. Le Président de la République, ne fait confiance qu’aux étrangers. Toute sa stratégie est caractérisée par la mendicité. Un chef d’Etat sans troupe qui se contente de voyager, de jouer les clones en débitant des déclarations incohérentes et irresponsables. Un irresponsable plus soucieux par la continuité de son désastre gouvernemental que par la survie de la nation. On n’arrive pas à comprendre ce chef d’Etat qui dans la catastrophe refuse de mobiliser la nation pour construire des hangars, créer de l’emploi dans son pays, mobiliser les jeunes et les professionnels des villes de provinces pour secourir les sinistrés de la capitale, sécuriser les archives de l’Etat, construire des camps pour donner aux forces de sécurité la logistique et la mobilité indispensables à la situation spéciale post-séisme.

Ainsi donc, la grande majorité des policiers est logée dans la rue et dort à même le sol. Plus de 80% des officiers de police n’ont pas de tentes. Les distributions ont été faites sans respecter les critères établis. Les policiers qui sont des pères et mères de familles sont obligés d’abandonner leur famille dans la rue pour aller à leur poste. Ils doivent combattre des bandits, patrouiller dans les rues, pour ensuite retourner dans la rue. Ils sont nombreux les policiers qui avec leur famille trainent dans les rues sans un abri. Une situation qui affecte de moral des troupes.

Même quand les Hauts Gradés présentent dans les médias un tableau rassurant, dans la réalité cela ne va pas. Les policiers sont abandonnés à eux-mêmes. Ils ne ressentent pas la main protectrice du Haut commandement. Ils n’ont pas cette confiance qui encourage les troupes à engager le combat sans relâche. A coté d’eux, d’autres institutions traitent mieux leurs employés. Les banques, les ONG et d’autres institutions se débrouillent pour aider leur staff à reprendre une vie active avec une certaine dignité. On n’arrive pas à comprendre comment des Anciens militaires, aujourd’hui chef de la Police, habitués à la vie des casernes, la mobilisation des troupes, la défense de leur position…n’arrivent pas à comprendre qu’il faut aujourd’hui adopter de nouvelles dispositions, pour aider la police à faire face à la situation.

Quel est l’état des espaces dans lesquels on prétend continuer les opérations de police ? Quel est le niveau de leur sécurité ? Sont-ils protégés par des armes de haut calibre capables de repousser toute attaque des bandits revanchards ? Quel est l’Etat des postes de contrôle ? Pourquoi on n’érige pas des murs en sacs de sable pour permettre aux policiers de s’abriter en cas d’attaque ? Pourquoi on n’établit pas un périmètre de sécurité à une distance raisonnable, pour maintenir les commissariats hors de portée des armes disponibles en Haïti ? Quelle est la capacité d’intelligence des commissariats sur leur environnement immédiat ? Les membres du Haut commandement savent très bien ce qu’ils doivent faire. Ce sont des anciens militaires et des policiers formés aux Etats-Unis et en Europe. Nous n’apprenons rien à ces officiers. Alors, pourquoi n’adoptent-ils pas des mesures drastiques capables de répondre au désastre que nous vivons ? Le banditisme dans les abris provisoires caractérisé par les cas de viols sur les enfants et les jeunes filles se multiplie et reste impuni.

Le Haut-Commandement de la Police agit-il suivant un agenda politique bien déterminé ? Est-il paralysé par les manœuvres politiciennes de la Présidence ? Le Premier Ministre, le Ministre de l’Intérieur, le Ministre de justice et son secrétaire d’Etat à la sécurité publique étant tous membres du Conseil Supérieur de la Police Nationale.

Pourquoi la MINUSTAH n’encourage-t-elle pas les dirigeants haïtiens à adopter les mesures appropriées ? La Mission des Nations Unies n’est-elle plus concernée par le renforcement de la Police Nationale d’Haïti ?

Comme un sage capois aime à le répéter : « Quand des dirigeants refusent d’adopter les mesures qui sautent aux yeux et pour lesquelles il y a un consensus tacite, il faut s’attendre à un plan macabre. »

Sans une prise en charge globale de la PNH, les forces étrangères risquent de se retrouver dans l’obligation de mener une mission de police. Pensez à ce que peut représenter une armée de 6,000 évadés de prison, opérationnels et déterminés, dans l’équation qui vise la STABILITE D’HAITI. Les autorités policières doivent-être proactives.

RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 19 Mars 2010, 13 hres 30.

1- Pour la ‘‘Défense et protection’’ de la Police Nationale d’Haïti. (Par Cyrus Sibert) http://reseaucitadelle.blogspot.com/2009/10/pour-la-defense-et-protection-de-la.html


Haïti/Insécurité : Des agents de la Police descendus par des bandits armés.

Posté le mercredi 17 mars 2010 à 07:49

Au moins trois policiers ont été assassines mardi soir dans la région métropolitaine de Port-au-Prince dans des attaques séparées perpétrées par des inconnus armés, avons-nous appris de sources policières.

Moïse François Jovenel, agent 1, a été abattu à la Croix-des-Bouquets par un évadé de prison connu sous le sobriquet de Shama.

Ce dernier a été tué par la suite dans des échanges de tirs avec la police, indique Marc André Cadostin, commissaire municipal de la Croix-des-Bouquets.

Deux autres agents de la PNH ont été retrouvés morts à La Saline. Il s'agit de Richardson Adam et Ernso Edouard. Ces policiers ont été descendus par des inconnus armés alors qu'ils se trouvaient dans leur voiture, selon une source policière.

Parallèlement, la police de Port-au-Prince annonce l'arrestation mardi soir d'une douzaine d'individus, parmi eux quatre (4) évadés de prison.

Ces actes seraient l'œuvre de près de 5000 de prisonniers qui s'étaient évadés du Pénitencier national lors de ce séisme qui a officiellement fait entre 200.000 et 300.000 morts.

Les bandits armés ont depuis plusieurs jours repris du service dans la capitale haïtienne, inquiétant les centaines de milliers de sinistrés du tremblement de terre du 12 janvier.

La semaine dernière, deux employées de l'organisation humanitaire Médecins Sans Frontières Suisse ont été libérées une semaine après leur enlèvement à Pétion-Ville.

Dans l'intervalle, quatre ressortissants américains ont été assassinés à Port-au-Prince depuis le séisme qui a ravagé Haïti le 12 janvier, selon le département d'État américain.

«Le département d'État exhorte fortement les citoyens à éviter de voyager en Haïti», est-il indiqué sur le site internet de la diplomatie américaine, insistant sur le «danger constant de crimes violents, comme les homicides et les enlèvements». [dol/rv2000]

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