vendredi 21 janvier 2011

Déclaration de Susan Rice au Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation à Haïti.


SUSAN RICE ; SÉISME HAÏTI ; NATIONS UNIES ; CONSEIL DE SÉCURITÉ DES NATIONS UNIES ; ÉLECTIONS HAÏTIENNES ; SÉCURITÉ ; RECONSTRUCTION ;

 

Texte - Déclaration de Susan Rice au Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation à Haïti

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(Début du texte)


Mission des États-Unis auprès des Nations unies Susan Rice, représentante permanente des États-Unis aux Nations unies New York


Le 20 janvier 2011

 

Déclaration de Mme Susan Rice, représentante permanente des États-Unis auprès des Nations unies, lors d'une présentation de la situation à Haïti au Conseil de sécurité

 

Merci, Monsieur le Président, et merci à vous aussi, Monsieur le Secrétaire général adjoint Alain Le Roy et Madame la Secrétaire générale adjointe Valérie Amos, ainsi qu'à notre collègue haïtien, pour vos exposés des plus utiles.

 

Nous voici réunis aujourd'hui à peine plus d'un an après qu'Haïti a été frappé par un séisme catastrophique, qui n'a duré que 47 secondes mais a tué plus de 220.000 personnes et en a laissé une quantité incalculable d'autres blessées et désemparées. Le coût humain et économique de ce désastre, nous le savons tous, a été effarant : c'est la pire catastrophe naturelle que le nouveau continent ait jamais connue. Je voudrais rappeler également les pertes terribles qu'a subies l'Organisation des Nations unies, qui a perdu 102 membres de son personnel et de ses casques bleus qui œuvraient avec le peuple haïtien en vue d'un avenir meilleur.

 

Un an plus tard, la voie du relèvement reste longue et difficile. Mais nous devons la parcourir ensemble. Nous devons réaffirmer notre partenariat à long terme avec le peuple haïtien afin d'aider une nation brisée à se reconstruire et à se renouveler, de consolider les institutions haïtiennes et d'en accroître la capacité pour qu'elles soient à même de panser les plaies du passé et de bâtir un avenir meilleur, plus sûr et plus prospère pour son peuple.

 

Monsieur le Président, Je voudrais centrer mon propos sur quatre sujets principaux : les élections, la sécurité, la situation humanitaire et la reconstruction.

 

Tout d'abord, les élections. Les États-Unis accueillent favorablement le rapport de la mission de vérification de l'OEA. Ses conclusions nous offrent une voie permettant d'améliorer la crédibilité et la confiance publique à l'égard du processus électoral présidentiel en Haïti. Nous invitons le Conseil électoral provisoire à examiner et à appliquer les recommandations contenues dans ce rapport. Le ferme appui de la communauté internationale, y compris des États-Unis, nécessite un processus crédible qui reflète la volonté du peuple haïtien telle qu'il l'a exprimée lors des élections.

 

Les États-Unis approuvent entièrement la déclaration du 8 décembre du secrétaire général exprimant l'attachement des Nations unies à des élections libres et honnêtes reflétant la volonté des Haïtiens. Nous exhortons les autorités haïtiennes à tracer une voie limpide qui aboutira rapidement à l'établissement d'un gouvernement légitime et démocratiquement élu. Cela implique nécessairement la publication en temps utile d'un calendrier électoral public. Celui-ci doit comprendre l'annonce des résultats du premier tour et la tenue du second tour selon des modalités qui cadrent avec les recommandations et les conclusions du rapport technique de l'OEA. Il doit en outre inclure des mesures d'application propres à renforcer la confiance du public dans les futurs processus électoraux.

 

Je souhaiterais également dire un mot au sujet du retour cette semaine de l'ancien président Jean-Claude Duvalier. Vu l'agitation incessante causée par l'élection de novembre 2010, les États-Unis s'inquiètent des effets imprévisibles que pourrait avoir le retour de M. Duvalier sur la situation politique en Haïti. Mon gouvernement sait quel est le bilan notoire de M. Duvalier en matière de droits de l'homme et de corruption. Il appartient maintenant aux Haïtiens de décider de la suite des événements. La situation sur le terrain est évidemment fluide, mais le gouvernement haïtien semble adopter des mesures initiales rendant M. Duvalier comptable de ses actes passés lors de sa présidence.

 

Deuxièmement, la sécurité. Mon gouvernement remercie une fois de plus les hommes et femmes dévoués de la MINUSTAH du travail exceptionnel qu'ils ont accompli en vue d'aider la police nationale haïtienne à maintenir la primauté du droit et d'une façon générale pour promouvoir la sécurité et la stabilité à Haïti.

 

Nous demandons que la MINUSTAH continue d'assurer un climat de sécurité durant cette période d'incertitude, alors même qu'elle prête son concours à l'instauration d'un processus électoral crédible. En Haïti, l'espoir est interdit en l'absence de sécurité. Sans elle, ce pays s'avérera impuissant à relever la plupart de ses défis les plus cruciaux, notamment à reconstruire les zones dévastées par le séisme et à protéger la population à risque contre la propagation du choléra. Au cours de ces jours difficiles et incertains, nous appelons toutes les parties prenantes à agir de manière calme et paisible, comprenant que la violence et l'agitation ne peuvent que contrecarrer la volonté du peuple haïtien au lieu de la laisser s'exprimer.

 

Troisièmement, Monsieur le Président, quelques mots sur la situation humanitaire.

 

Une passation crédible, ordonnée et en temps voulu du pouvoir en Haïti est essentielle à la lutte contre la crise du choléra. Malheureusement, le choléra sévira dans ce pays pendant des années encore. De concert avec les autorités haïtiennes, la communauté internationale doit continuer de répondre aux besoins immédiats tout en travaillant à atténuer les effets à long terme de cette maladie.

 

Les États-Unis se félicitent de la coordination et de l'action dirigeante qu'a exercées le ministère haïtien de la santé et de la population tout au long de la crise. Ils continueront à collaborer avec ce ministère ainsi qu'avec l'ONU, les ONG et d'autres partenaires à l'aide multilatérale visant à combler toutes les lacunes dans les programmes et dans le financement de la stratégie anti-choléra du gouvernement haïtien. Nous encourageons d'autres donateurs et partenaires à faire de même.

 

Nous continuons à observer des signes encourageants indiquant que les Haïtiens tiennent compte des messages diffusés par le ministère de la santé et de la population au sujet de la chloration de l'eau et d'autres pratiques d'hygiène. Cependant, ces progrès, comme nous venons de l'entendre, risquent facilement de s'évaporer sans efforts répétés. Par le biais de l'USAID et du Centre épidémiologique des États-Unis, nous appuyons les campagnes destinées à sensibiliser tous les Haïtiens.

 

Enfin, permettez-moi, Monsieur le Président, de passer à la reconstruction et au relèvement.

 

Haïti ne connaîtra pas de sécurité durable en s'appuyant uniquement sur les forces militaires et policières. Il lui faudra aussi des emplois et des débouchés économiques. Les perspectives de reconstruction d'Haïti dépendront du maintien d'un climat de sécurité et de la création d'emplois pour les Haïtiens.

 

La plupart des États représentés ici aujourd'hui ont annoncé des contributions en faveur d'Haïti lors de la conférence des donateurs de mars 2010. Nous devons tous demeurer attachés au relèvement d'Haïti, tenir nos engagements et œuvrer de manière coordonnée et stratégique au sein de la Commission intérimaire pour le relèvement d'Haïti. Les donateurs ont fait preuve d'une coopération bilatérale et multilatérale sans précédent. Mais nous devons tous approfondir notre détermination en faveur du progrès et du développement durable en Haïti, conduits au premier chef par son peuple. Les États-Unis ont jusqu'ici décaissé 332 millions de dollars en deux ans sur leur annonce de contribution de 1,15 milliard de dollars. Ces décaissements s'ajoutent aux plus de 1 milliard de dollars que les États-Unis ont déjà consacrés au titre de l'aide humanitaire postsismique, aux plus de 400 millions que nous avons réorientés vers l'aide au redressement, et aux plus de 40 millions que nous avons consacrés à la lutte contre le choléra. L'engagement collectif que nous avons pris en faveur du relèvement d'Haïti doit être soutenu. Pour leur part, les États-Unis continueront d'augmenter et non de réduire leurs dépenses dans le respect de leurs engagements.

 

En dépit de ces énormes défis, des progrès ont été accomplis depuis le séisme. Les travaux de relèvement dureront des années. Ils exigeront des partenariats. Ils réclameront des engagements. Mais le gouvernement d'Haïti et son peuple vigoureux et souple ont réalisé des progrès impressionnants dans la voie d'une stabilité et d'une prospérité plus grandes qu'avant la survenue de la catastrophe. Nous sommes déterminés à travailler avec eux et avec la communauté internationale dans le long terme afin que renaisse l'espoir au cours des années à venir.

 

Merci, Monsieur le Président.

 

(Fin du texte)

 

(Diffusé par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)

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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation  prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

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