mardi 4 août 2009

QUELLE SOLUTION CONCRÈTE POUR HAITI?

QUELLE SOLUTION CONCRÈTE
POUR HAITI?

par Gérard Bissainthe


Quelles sont les alternatives que je propose en remplacement de la solution actuelle de la Minustah et des plans autres projetés par l'ONU.

Tout d'abord le contenu des commentaires qui vont suivre n'a rien de nouveau. Depuis des années je publie des textes dans lesquels on retrouve en substance toutes les idées que je vais développer ici.

Par ailleurs ces commentaires sont purement factuels et ne sont entachés d'aucune émotivité. Si je  constate, par exemple, que les Etats-Unis en tant que superpuissance ont une influence déterminante sur Haïti, ce n'est pas une diatribe contre "l'impérialisme américain", c'est la reconnaissance d'un fait aussi évident que la présence du soleil, lorsqu'il fait jour.

Je dois dire aussi que mes analyses et mes conclusions sont basées sur une observation de la scène politique qui a commencé depuis plus d'un demi-siècle, sur des expériences vécues, sur des recoupements, des intuitions, parfois aussi sur des confidences. A aucun moment je n'ai eu accès à des documents secrets ou classifiés. Je ne suis pas arrivé à des certitudes absolues, mis seulement à des hypothèses de travail que je crois suffisantes pour l'action. De toutes façons personne n'a ces certitudes et c'est la raison pour laquelle la politique restera toujours un jeu d'échecs et une des meilleurs méthodes pour y atteindre ses objectifs est celle recommandée par l'Évangile: avoir la pureté de la colombe et la sagacité prudencielle du serpent.. Un idéal très difficile à réaliser et je connais une seule personne dans l'histoire qui l'a réalisé c'est le Mahatma Gandhi.

Tout d'abord ne vous attendez pas à ce que je vienne avec une solution miracle, comme par exemple, 200.000 (deux cent mille ) emplois que je vais créer dans le pays en un tournemain avec mon bâton magique.

Haiti est un pays gravement malade, même grabataire. Nous allons successivement
1.- Observer les symptômes de sa maladie
2.- Faire un diagnostic, identifier la nature de sa maladie
3.- Proposer un traitement de guérison.

1.- LES SYMPTOMES
de la maladie du pays qui s'appelle Haiti.
Les symptômes sont évidents, tout le monde les connait:
a.- le chômage: au moins un Haïtien sur trois, si ce n'est même sur deux n'a pas de travail.
b.- une misère affreuse; certains Haïtiens en arrivent aujourd'hui à manger des galettes de terre.
c.- l'insécurité: les vols, les assassinats, les kidnappings se multiplient.
d.- la dépendance, le parasitisme par rapport à des puissances étrangères, autrement dit le tutellisme

2.- LE DIAGNOSTIC
Voici mon diagnostic: le mal d'Haïti provient du fait que le pays ne vit pas sous le même système que l'on trouve dans les pays dits avancés et qui jouissent d'un minimum de justice et de bonheur, un système que l'on appelle le système démocratique. Haïti vit sous un système que l'on peut appeler "plouto-xénocratique ". En d'autres termes, dans les pays dits avancés c'est le peuple qui à travers ses représentants a le pouvoir, alors qu'en Haïti c'est une minorité de riches (en grec riche se dit "ploutos") joints à des étrangers (en grec étranger se dit "xénos") qui s'arrangent pour avoir le pouvoir. La différence entre les deux systèmes provient de la manière dont se font les élections. Voir plus loin.

3.- LE TRAITEMENT
que je propose
A.- Le Municipalisme
Appliquer sur le plan intérieur le "Municipalisme"
B.- L'Aphorizisme
Appliquer sur le plan extérieur l'Aphorizisme
C.- Mono-nationalité territoriale
Libérer les forces de la Diaspora en acceptant la mono-nationalité territoriale
E.- Forces Armées exclusivement indigènes
Avoir des forces armées qui soient exclusivement nationales, indigènes

LES EXPLICATIONS

Note A
Le système d'élections
Les élections sont le précédé utilisé dans les pays dits avancés aussi bien qu'en Haïti pour désigner ceux qui vont exercer le pouvoir au nom du peuple.
 Dans les pays dits avancés pour éviter que des forces extérieures n'influent sur les élections et ne les orientent dans un sens qui ne soit pas favorable aux intérêts de la nation, interdiction est faite aux instances étrangères d'intervenir dans les élections de la nation.
Ni les Etats-Unis,  ni la France, par exemple, n'accepteront
1.- Que la plus grande partie, si ce n'est même parfois la totalité du financement de leurs partis politiques proviennent d'instances étrangères.
2.- Que leurs élections nationales soient, pour quelque raison que ce soit, sous la coupe d'instances étrangères.
Or en Haïti
1.- les partis politiques sont quasiment tous dépendant d'un financement étranger. 
2.- les élections haïtiennes se font sous le contrôle d'instances étrangères, comme, par exemple, l'ONU et/ou l'OEA (1)
Les raisons données pour justifier ces anomalies en Haïti sont les suivantes:
a.- les partis politiques haïtiens n'ont pas d'argent, parce qu'ils ne peuvent compter sur les cotisations de leurs militants dont les revenus sont en général modiques ou même inexistants.
b..- les élections organisées par les Haïtiens donnent lieu à de trop nombreuses irrégularités.

Réponse:
Il ne faut pas vouloir organiser en Haïti des partis politiques "à l'occidentale" , c'est à dire qui soient dès le départ des partis nationaux. Il faut diviser la difficulté et partir de la base, des sections communales, comme nous le proposons dans le municipalisme. Une section communale peut très bien organiser ses propres Constitutions avec ses propres moyens sans recourir à des fonds étrangers.

A. LE MUNICIPALISME
Le municipalisme que je propose est en fait ce qui se passe aux Etats-Unis et en France et c'est ce qui explique que ces pays jouissent d'une démocratie authentique.
Le pouvoir aux Etats-Unis et en France va de la base vers le sommet. En Haïti il va du sommet vers la base. (2)
Voici comment on opère dans le système électoral municipaliste:

1.- Étape 1
Élection du Conseil de la Section Communale
Chaque section communale élit un Conseil de la Section Communale. Ce qui peut se faire avec les propres moyens de la Section Communale sans aide étrangère.  

2.- Étape 2
Constitution du Conseil Communal
Chaque Conseil de Section Communale choisit un certain nombre de représentants et ces représentants vont constituer un Conseil Communal. Ce qui peut se faire avec les propres moyens de la Commune sans aide étrangère.  

3.- Étape 3
Constitution du Conseil d'Arrondissement
Chaque Conseil Communal choisit un certain nombre de représentants. Ces réprésentants vont constituer un Conseil d'Arrondissement. Ce qui peut se faire avec les propres moyens de l'Arrondissement sans aide étrangère.

4.- Étape 4
Constitution du Conseil de Département 
Chaque Conseil d'Arrondissement choisit un certain nombre de représentants et ces réprésentants vont constituer un Conseil de Département. Ce qui peut se faire avec les propres moyens du Département sans aide étrangère.

5.- Étape 5
Constitution du Conseil National
Chaque Conseil de Departement choisit un certain nombre de représentants et ces représentants vont constituer un Conseil National Ce qui peut se faire avec les propres moyens de la nation, sans aide étrangère.
C'est le Conseil National qui va prendre les décisions pour la nation.

La première tâche du Conseil National issu ainsi d'un réel processus démocratique, exprimant ainsi la vraie volonté du peuple haïtien de la base, devra être
1.- de proclamer qu'il prend et désormais exerce le pouvoir en Haïti
2.- d'élaborer et de promulguer une nouvelle constitution pour la nation haïtienne qui devra surtout éviter toutes les graves erreurs de la constitution de 1987.

Comment arriver à implanter le municipalisme dans le pays?
Il existe deux manières d'instaurer le municipalisme dans le pays

A.- La manière pragmatique
Un organisation prend le pouvoir dans le système d'élection actuel. Une fois au pouvoir elle implémente le système municipaliste.
 
b.- La manière révolutionnaire dont voici les principaux paramètres:
1.- Chaque section communale s'autoproclame entité autonome et organise ses élections. Si le conseil existant de la section communale représente authentiquement la volonté de la section communale, il faut le laisser en place. Sinon il faut tout faire pour le remplacer par un autre Conseil de Section Communale réellement issu de la volonté populaire. Il ne faut pas oublier que dans le municipalisme la Section Communale, structure de base de la nation, est l'élément-clé, l'élément-moteur, la locomotive de la nation. Les conseils de sections communale doivent vraiment être les représentants réellement choisis par les habitants de la section. Si la "molécule de base" de la nation est défectueuse, toute la nation sera defectueuse.
2.- Pour aider chaque section communale à s'en tirer sur le plan économique, même déjà pour les élections, il sera impératif que chaque Haïtien de la Diaspora noue ou resserre les liens qu'il a avec "SA" section communale ou au moins "SA" commune. C'est un travail qui devrait être fait systématiquement. Il ne faut pas oublier que le but de l'opération est que chaque Section Communale finisse par acquérir une autonomie au moins relative, de manière a éviter la dépendance à l'égard des puissances étrangères. Il ne sera pas question d'interdire les investissements étrangers, aussi bien dans le domaine lucratif que dans le domaine non-lucratif,  car les deux sont utiles, voire même indispensables au pays. Il faudra seulement mettre fin à l'anarchie qui règne aujourd'hui dans ces deux domaines.

B.- L'APHORIZISME
Le mot "aphorizisme' est tiré d'un verbe grec "aphorizô" qui signifie "je trace une frontière précise". L'aphorizisme est simplement l'expression pratique du proverbe américain: "Good fences make good neighbors", les bonnes clôtures font les bons amis.
Il est un fait aujourd'hui que les relations entre Haiti et les puissances étrangères sont gérées trop souvent par l'arbitraire. Haiti est une nation souveraine comme les Etats-Unis, par exemple, ou comme la France. Or les Etats-Unis et la France notamment s'immiscent QUASI JOURNELLEMENT, OUVERTEMENT  dans les affaires internes d'Haïti, d'une manière que ni les Etats-Unis ni la France n'accepteraient de la part d'une nation étrangère, quelle qu'elle soit. Or il n'y a pas une souveraineté spéciale pour Haïti et souveraineté spéciale pour les Etats-Unis et la France. Toutes ces trois nations, Haiti, Etats-Unis, France sont censés avoir la même et identique souveraineté nationale. Les ingérences des Etats-Unis et de la France peuvent être désignés par des noms divers. Dans le langage de tous les jours on parle de tutelle, de proconsulat, de suzerainisme pour décrire un pouvoir de facto exercé par les grandes puissances sur les petits États comme Haiti. La Doctrine dite de Monroe avait quasiment officialisé de manière unilatérale ce système dit proconsulaire des Etats-Unis. Conscient de cette anomalie et surtout témoins de ses effets déplorables sur les relations entre les Etats-Unis et ses alliés interaméricains, le Président Obama a décidé solennellement à la dernière réunion de Bogota de mettre fin à ce système et de le remplacer par uns système de partenariat. Le système de partenariat c'est exactement l'essence de l'aphorizisme, car il veut dire que les Etats-Unis vont considérer les nations d'Amérique Latine, dont Haïti, comme des alliés et non comme des vassaux de facto, ce qui va impliquer la signature de nouveaux contrats de relations mutuelles sur un pied de stricte égalité (d'égal à égal", dit le discours du Président Obama). C'est donc en principe la fin de l'arbitraire des relations opaques, obscures, soient inavouables ou inavoués entre les Etats-Unis et ses alliés de l'Amérique Latine. Il faut maintenant autour d'une table ronde, sur un pied de stricte égalité "redéfinir les frontières"  diplomatiques et géopolitiques entre les Etats-Unis et ses alliés d'Amérique latine, dont Haïti. J'ai été visionnaire, puisque c'est ce que je préconise depuis très longtemps à cor et à cri, urbi et orbi pour en finir avec un système de dépendance, que j'ai appelé tutelle, d'Haïti en face des Etats-Unis. Un système dont les dégâts  sont dévastateurs en aval comme en amont. Établissons l'Aphorizisme et les Etats-Unis et Haiti vont pouvoir donner leur vraie mesure dans leurs relations réciproques.

C.- MONO-NATIONALITÉ TERRITORIALE
Libérer les forces de la Diaspora en acceptant la mono-nationalité territoriale
Plutôt que de parler de double nationalité, il vaut mieux parler de mono-nationalité territoriale, en ce sens que Pierre, par exemple, qui a la nationalité haïtienne et une nationalité étrangère, ne pourra sur le territoire haïtien, revendiquer que la seule nationalité haïtienne. Sur le territoire national d'Haïti, il est uniquement un mono-national haïtien, à moins qu'il ne renonce officiellement à sa nationalité haïtienne et dans ce cas en Haïti Pierre pourra revendiquer son unique nationalité étrangère. Avec la mono-nationalité territoriale tous les Haïtiens dits binationaux que l'on veut exclure de la communauté nationale seront pleinement intégrés dans la nation haïtienne.

E.- FORCES ARMÉES EXCLUSIVEMENT INDIGÈNES
Les seules forces armées qui pourront être admises sur le territoire nationale ne pourront que des forces armées indigènes, à l'exclusion de toute force armée étrangère. Ces forces devront être gérées par le principe strict de la soumission du pouvoir militaire au pouvoir civil. 

IMAGINONS MAINTENANT LE PAYS
APRES L'INSTAURATION
DU MUNICIPALISME ET DE L'APHORIZISME

1.- Le peuple dit de l'arrière-pays, étant majoritaire, va vraiment avoir la haute main sur les affaires du pays et non plus une oligarchie haïtiano-étrangè re (plouto-xénocratique )

2.- Le pouvoir ne sera plus concentré à Port-au-Prince mais diffusé à travers tout le pays. La décentralisation, sera automatique, parce qu'elle viendra au début et non à la fin. 

3..- Les Haïtiens de la Diaspora, sans même retourner physiquement en Haïti (pour le moment en tout cas ce ne sera pas surtout pas conseillé) pourront participer activement au développement du pays. La Diaspora organisée apportera au pays l'argent, le "nerf de la guerre". La liaison organique et systématiquement structurée entre le pays et sa diaspora permettra enfin au pays de profiter au maximum des ressources de la Diaspora et rendra inutile toute aide étrangère.

4.- 3.- Les représentants de toutes les instances étrangères n'interviendront plus dans les affaires internes d'Haïti et prendront dans le pays un profil bas. Les Etats-Unis pourront alléger considérablement leurs structures dans une Haïti devenue officiellement une associée, donc moins à surveiller. Les contrats entre Haiti et ses alliés, les Etats-Unis et la France notamment, pourront prévoir, par exemple, que des conseillers techniques américains pourront aider l'armée haïtienne en  Haïti et des conseillers techniques français pourront aider la police haïtienne. Comme tout sera clairement et nettement défini entre Haiti et ses alliés, comme le peuple aura son mot à dire en tout, les Etats-Unis et la France notamment échapperont aux reproches d'être de facto des puissances de l'ombre qui mettent Haiti sous tutelle.

5. Comme l'instabilité politique provient en général des actions et manœuvres de l'oligarchie haïtiano-étrangè re pour faire triompher ses intérêts, et pas du tout comme on s'acharne à le faire croire, des manœuvres d'une Armée qui n'a en général été qu'exécutante,  les forces armées haïtiennes sous le contrôle d'un pouvoir civil authentiquement issu de la volonté populaire et non plus de la volonté de l'oligarchie haïtiano-étrangè re, au lieu d'être un facteur de déstabilisation du pays, participeront activement à la marche du pays vers le progrès, en particulier en encadrant un "Service Civique Obligatoire" . 

6.- Des accords pourront être établis entre les institutions d'enseignement supérieur haïtiennes et des institutions d'enseignement supérieur étrangères sur des bases plus dynamiques, plus productives. Les universités américaines en particulier offrent d'excellentes opportunités jamais exploitées à fond par les institutions d'enseignement supérieur haïtiens qui n'ont jusqu'ici bénéficié que du bas de gamme et non du haut de gamme des institutions américaines. Haiti pourra devenir un "interface" entre les Etats-Unis et la France.

7.- Un système d'Affirmative Action sera lancé sur le plan de l'Éducation et sur le plan de l'Entreprenariat pour donner leur chances aux démunis et faire que pour eux aussi "le ciel soit la limite".. 

8.- Développement systématique de l'Internet.

9.- L'autonomie des sections communales rendra possible des précédés comme l'organisation systématique du troc, le développement de l'agriculture et de l'artisanat pour le profit prioritaire des masses.  

10.- Une seule année après, Haïti pourra faire des bonds de géant et reprendre sa place de leader du Monde Noir.

Gérard Bissainthe
gerarbis@orange. fr
2 août 2009
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(1.-) L'Organisation des Nations Unies (ONU) où les grandes puissances  détiennent un droit de véto, est par ce fait même une organisation où ces grandes puissances ont le haut du pavé et les petites nations y ont une statut forcément inférieur.
Quant à l'Organisation des États Américains (OEA) le poids économique, militaire et géopolitique des Etats-Unis font qu'en son sein la République Étoilée soit la puissance de facto dominante.

(2.-) A la vérité c'est le système suisse de démocratie rapprochée qui se rapproche le plus du municipalisme décrit ici.

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