La mairie du Cap-Haïtien, un exemple macabre de destruction massive. (Un an après, la situation s'est emprirée) Un bâtiment de 6 étages au voisinage de la Mairie : Cette construction a été interdite par l'ISPAN. La propriétaire a été au bureau de l'ISPAN menacer l'inspecteur qui avait ordonné la fermeture du chantier. Selon les témoignages de M. Eddy Lubin, un cadre de l'ISPAN, il avait demandé à la justice de procéder à l'arrestation de la dame pour menace de mort sur un employé de l'ISPAN. A sa sortie du tribunal, elle avait déclaré à Monsieur Lubin que tout allait continuer. De fait, une somme a été versée à la mairie et les travaux ont continué sans difficulté. (Photo : Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE) Par : Cyrus Sibert, souvenirfm@yahoo.fr Le Ré.Cit.- Réseau Citadelle, Cap-Haïtien, Haïti. www.reseaucitadelle.blogspot.com
La semaine du 14 février 2010 est marquée par plusieurs cas de glissements de terrain, d'éboulements et détachements de grosses pierres au Cap-Haitien. Le lundi 15, quatre écoliers ont trouvé la mort à ''La petite école'' suite à un glissement de terrain sur le mur de leur salle de classe. Jeudi 18, dans les hauteurs de la rue 12, au flanc d'un morne surplombant l'ouest de la ville, à proximité du Collège Notre Dame, une grosse pierre menaça de se détacher et d'anéantir des dizaines de maisonnettes construites anarchiquement à sa base. Le vendredi 19 février 2010, sous la pression des terres érodées, un mur de clôture s'est effondré sur l'une des toilettes du Collège Notre Dame. L'environnement de la ville du Cap-Haitien ayant atteint un point culminant dans son processus de dégradation, devient menaçant, détruit des vies et des biens. Le laisser-aller a encouragé les constructions anarchiques, l'extraction des roches dans les mornes de la ville. Le jardinage de tubercules et d'autres plantes non recommandées sur les hauteurs a accéléré l'érosion, les mornes qui entourent la ville du Cap-Haitien sont devenus rochers et déserts.
(Photo by Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
(Photo : Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
Pourtant depuis des années la presse locale et des techniciens de l'environnement n'ont pas cessé de mettre en garde les autorités contre les conséquences de ces pratiques. Continuellement, on peut remarquer de gros boucans dans les mornes de la ville. Sur le flanc ouest, des jardiniers mettent le feu à leur terre pour détruire les mauvaises herbes avant une nouvelle culture ; au nord de la ville, soit à Morne Vigy, des particuliers utilisent du plastique et des pneus usagés pour chauffer de grosses roches, relâcher les sédiments qui les attachent et les extraire. Une vraie industrie d'exploitation de carrière de roches est ainsi instaurée à Morne Vigy au vu et su de tout le monde, particulièrement des autorités.
(Photo : Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
Conséquences, aujourd'hui la ville vient de connaitre en une semaine des éboulements et des glissements de terrains meurtriers. Les citoyens qui habitent des maisons construites au bas de ces mornes sont exposés.
Au lieu d'adopter les mesures qui s'imposent, c'est-à-dire arrêter définitivement les constructions anarchiques, les lotissements hors normes et l'extraction des roches dans les mornes, les maires adoptent une disposition démagogique. Ils arrêtent l'école. Ils s'appliquent à montrer du doigt des bouc-émissaires. « Les écoles sont fermées dans la ville du Cap-Haitien jusqu'à nouvel ordre ». L'inspection des bâtiments scolaires annoncée n'a jamais été réalisée. Le Maire principal de la ville est en voyage. En bon démagogue, la mairie ignore la cause des accidents à savoir l'éboulement de terre et détachement de roches venues des mornes déboisés et érodés. Elle priorise l'Etat des bâtiments scolaires. Le pire, elle est appuyée par des Sénateurs. Calculs politiques obligent, Céméphise Gilles et Kelly C. Bastien sont toujours présents pour encourager le désordre des élus locaux. On se souvient des violences devant le port de la ville orchestrées par le Maire Michel Saint-Croix en 2007 et appuyées par le Sénateur Kelly C. Bastien.
(Photo by Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
(Photo : Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
Pourtant, jusqu'à présent, aucun bâtiment scolaire ne s'est effondré. Les directeurs d'écoles se disent prêts à accepter l'inspection des bâtiments qui logent leur institution scolaire. Ils souhaitent que le service de génie scolaire du ministère réalise ce travail pour mettre fin à la démagogie qui entoure la gestion de ce dossier.
Alors, peut-on accepter que les maires puissent tirer avantage de leurs erreurs et complicité?
Le populisme En effet, les constructions qui menacent la ville du Cap-Haitien ont été autorisées par la Mairie. Si l'ISPAN (Institut de Sauvetage du Patrimoine National) est l'institution placée pour avaliser les constructions, la Mairie est l'institution municipale légalement compétente pour appliquer les recommandations de l'ISPAN et fermer les chantiers. Toutes les maisons qui aujourd'hui, dans les mornes comme dans le centre ville, représentent une menace pour la sécurité des citoyens ont été construites avec la complicité de la Mairie. En 20 ans de pouvoir Lavalas, la Mairie de la ville du Cap-Haitien a favorisé la construction des maisonnettes dans les mornes. Les maires ont accepté la destruction de l'environnement dans le but de recueillir le support du peuple. Les maires actuels Michel Saint-Croix, Philocles Saint-Fleur et Fritz Joseph sont des supporteurs de l'idée qu'il faut aider le peuple à avoir une maison - peu importe les conditions. Ils avaient répété ces bêtises sur les ondes des stations de Radio et en faisaient un discours mobilisateur en faveur de leur parti. « Ti pep la dwe gen kay. Vote lavalas pou yo pa kraze kay ou » (Le bas peuple a droit à une maison. Votez le parti Lavalas de Jean-Bertrand Aristide pour protéger votre maisonnette). Ce discours a encouragé la violation du droit de propriété.
(Photo by Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
(Photo : Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
Dans le Nord Moise Jean-Charles actuellement Sénateur et Hugues Célestin député de Limonade sont des ténors des opérations de « déchouquage » (spoliation) de terres. Ces deux leaders ont mené plusieurs opérations d'envahissement de terres. Aujourd'hui, ceux qui occupent le pouvoir dans le Nord sont des gens qui ont encouragé les constructions anarchiques au nom du « droit du petit peuple d'avoir une maison ». Au lieu d'utiliser le pouvoir qu'ils détiennent depuis 20 ans pour mettre en place des projets de logements sociaux, ils ont encouragé la construction anarchique dans les mornes et sur les cotes au mépris de tout principe d'urbanisation. Après la catastrophe du 12 janvier 2010, aucune interdiction de construire n'a été signifiée, pas même un simple communiqué n'a été émis par la mairie en vue de freiner cet élan vers la destruction totale de la capitale touristique d'Haïti.
(Photo by Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
(Photo : Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
Alors, doit-on laisser ces irresponsables tirer avantage de leurs débordements?
La drogue et les nouveaux riches. En plus du populisme, les désastres constatés dans le mode de construction des maisons en Haïti est une des conséquences du règne de la drogue en Haïti. Il faut quelqu'un pour le dire Haut et fort. Depuis la démocratisation du trafic illicite des stupéfiants en Haïti sous le leadership du colonel de Jean-Claude Paul, puis de Jean-Bertrand Aristide, les bénéficiaires de ce commerce illicite, utilisent la construction comme secteur de refuge pour leur argent sale. On construit des maisons pour blanchir les revenus de la drogue, on construit un commerce pour avoir sa patente commerciale et un compte en banque, on loue les maisons par appartement, on les transforme en Hôtel, finalement on cherche à les vendre pour déposer l'argent à la banque. En vue de garder toutes ces opérations secrètes, on utilise un contremaitre proche, on évite les ingénieurs trop intelligents et trop curieux, on ne se rend pas à leur bureau d'engineering. On se transforme en ingénieur, intimant au contremaitre les ordres de construction. On construit n'importe quoi, n'importe comment pourvu qu'on ait de l'argent.
Ces grands trafiquants de drogue sont ainsi très arrogants. Voyant dans la construction un refuge idéal, ils n'arrêtent pas de construire des appartements de plus de 4 étages. Avec leur contremaitre, ils mettent en danger la vie de tous ceux qui fréquenteront ces maisons : locataires, clients, voisins et passants sont exposés. Ils sont nombreux les appartements de ce genres qui se sont effondrés à Port-au-Prince avec des dizaines de familles. Dans un pays sans plan d'urbanisation et projet de construction de logements sociaux, ceux qui aspirent à un cadre de vie meilleur sont obligés de vivre dans ces appartements qui représentent un véritable danger pour la vie.
Malheureusement, les nouveaux riches de la diaspora et/ou de la corruption ne se démarquent pas de cette pratique. Au lieu de construire en respectant les normes, comme ils l'ont vu dans les pays où ils ont vécu, ils imitent le comportement ''faciliste'' des trafiquants de drogue. Evitant les ingénieurs, les architectes au profit de contremaitres douteux.
La démagogie des dirigeants. Les dirigeants haïtiens qui aujourd'hui utilisent toute sorte de phrases pour pleurer le ''massacre'' de plus 200,000 haïtiens sont en fait des complices. Dans leur stratégie populiste, ils ont accepté l'inacceptable livrant l'environnement à la destruction d'un peuple analphabète et sous-éduqué. Ils sont plus intéressés au vote au lieu de construire un pays et respecter la vie.
De plus, tous, ils ont été financés par des nouveaux riches de la drogue ou de la corruption administrative. Ils n'ont pas la capacité ni l'autorité morale d'imposer des réformes. Les maires de la ville du Cap-Haitien ont autorisé pour de fortes sommes d'argent des constructions interdites par l'ISPAN. Il suffit de se rendre à la Mairie avec des milliers de dollars pour être autorisé à ériger un bâtiment de 6 étages en face de l'Hôtel de ville. Sénateurs, députés et Maires sont tous des bénéficiaires de largesses des trafiquants de drogue.
En conséquence, aucun citoyen avisé ne prendra au sérieux un panel composé de Maires et de Parlementaires annonçant des mesures préventives pour la sécurité des citoyens. Ils peuvent utiliser la peur des parents pour fermer l'école, mais jamais ils n'effaceront dans la mémoire du peuple le fait qu'ils sont eux-mêmes les fossoyeurs de la patrie. Leur façon primaire de faire de la politique a fait d'eux les principaux responsables de la mort de paisibles citoyens.
C'est triste de constater que la ville est devenue un véritable cimetière. Nous avons construit avec la passivité des uns et l'incompétence des autres nos propres cercueils. En cas de séisme dans le Nord, la grande majorité des habitants de la ville périra. Ceux qui essayeront de fuir seront écrasés dans la rue pas l'effondrement des buildings de plusieurs étages. Car, avec les rues étroites de Cap-Haitien, il sera difficile de s'aventurer dans la rue à la recherche d'un espace dégagé.
Une autre Haïti n'est possible qu'avec l'effacement de ce funeste leadership. Il faut renvoyer ces corrompus qui ne se sont pas pliés aux règles de la bonne gouvernance et de la décence humaine. Ce comportement irresponsable des autorités en place qui savent bien que cette ville si chère à nous, construite dans une zone à haut risque sismique, détruite le 7 Mai 1842, est inacceptable. Les autorités ne peuvent pas continuer à se cacher derrière des explications mystiques et théologiques pour renvoyer aux calendres grecques des mesures fermes et appropriées dans le cadre de leurs attributions et compétences légales et constitutionnelles. Instrumentaliser les écoles à des fins politiciennes relève de l'irresponsabilité.
Arrêter des constructions qui menacent vie et biens c'est faire preuve de sagesse et de bon sens. Le géologue bien connu de l'Université de Colorado, Mr Roger Bilham n'a pas mâché ses mots face au danger qui nous guette. Dans un article paru dans le journal Nature en date du 22 Février 2010, il met tout le monde en garde contre des secousses probables et leurs conséquences fâcheuses. Plus particulièrement, il souligne que les codes parasismiques doivent être strictement respectés spécifiquement dans les milieux à forte densité démographique pour éviter le drame de Port-au-Prince où les constructions hors normes ont causé 90% des victimes. Pour cet homme de science nos constructions ne sont autres que des armes de destruction massive.
(Photo by Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
(Photo by Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
(Photo by Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE) (Photo by Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
(Photo by Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE)
(Photo by Cyrus Sibert, RESEAU CITADELLE) RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 22 février 2010, 11 hres 29. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire