Thèmes de l'Emission de la semaine
Orlando le 11 novembre, 2011
Actualités Politiques : Grandes Lignes
Force est de constater, qu'après des heures de déclarations pompeuses et une kyrielle de questions répétées ad nauseam, mettant surtout en exergue l'incapacité de certains sénateurs de pouvoir s'exprimer de manière cohérente même en créole, au cours de la session d'interpellation au Sénat, qu'on n'a pas seulement l'impression, mais la certitude que les attentes n'ont pas été satisfaites ! Prenant en considération le fait qu'il y ait eu au préalable un huis clos, l'ampleur et l'importance du litige, la violation de l'immunité parlementaire, l'émotion qu'elle a suscitée aux deux chambres du parlement, être incapable d'aboutir à une conclusion cohérente et encore moins à une résolution, mais pour aboutir plutôt à la formation de commission, la consécration officielle de l'atermoiement. Cette session n'a été, en d'autres termes, qu'une perte de temps, un exercice inutile, de bravade et de ventilation de frustration mal-articulée !
Cependant, le fait que la première session du Sénat concernant cette violation de l'immunité du député, a été d'abord tenue à huis clos, nous force à poser ces questions : Pourquoi au préalable l'impératif d'un huis clos ? Etait-ce pour forcer les sénateurs à prendre conscience du danger qu'un affrontement émotionnel et public, puisse représenter comme facteur de fragilisation pour la stabilité du pays ? Etait-ce pour faire comprendre aussi aux sénateurs, qu'il soit nécessaire pour eux de réduire leurs appétits pour l'imposition d'une prépondérance usurpée sur l'Exécutif ? Etait-ce pour les convaincre du besoin de rabattre leur ambition de superpouvoir qu'ils préconisent férocement depuis la ratification du premier ministre Jacques Edouard Alexis ? Que cette ambition soit de fait l'une des causes évidentes de l'ingouvernabilité du pays ? Et enfin, est-ce que le besoin de rétablir une atmosphère d'égalité entre des pouvoirs indépendants, n'est pas une obligation incontournable ?
Ce qui a brillé par son absence et qui se trouve au cœur du problème, au centre de la controverse et l'élément fondamental qui a provoqué l'arrestation et la violation de l'immunité parlementaire d'Arnel Bélizaire, le conflit et la contradiction manifeste entre, son long dossier judiciaire et l'obtention de son certificat de bonne vie et mœurs. Ce certificat lui a permis frauduleusement de devenir candidat à la députation dans un premier temps. Puis d'être élu député dans un deuxième temps, après avoir trompé à la fois, la bonne foi et la vigilance du CEP, de ses mandants, et de l'institution à laquelle il appartient aujourd'hui. Certes, Jocelerme Privert a effleuré précautionneusement et sur la pointe des pieds le sujet du certificat, mais sans égrener les éléments du dossier judiciaire d'Arnel Bélizaire. Il se trouve qu'il soit lui-même dans la même situation, à cause de son implication irréfutable au massacre de la Scierie en février 2004, libéré de prison par Préval. Moïse Jean-Charles, devenu sénateur grâce à Préval, a lui aussi un dossier judiciaire très chargé. Il continue à demander à cor et à cri la tête de Martelly. Ces deux ne sont pas les seuls à avoir des dossiers judiciaires, au parlement ! Se rallier autour de Bélizaire n'est pas seulement un besoin collectif pour le maintien du respect de la notion d'immunité parlementaire. Mais pour certains parlementaires, qui ont des dossiers judiciaires, un impératif individuel, incontournable et indispensable !
La majorité des déclarations a été sans exception pendant des heures des répétions de chantage rappelant aux représentants de l'Exécutif, le premier ministre et le ministre de l'intérieure, que leur pouvoir, ainsi que celui du président, relèvent du bon vouloir du pouvoir législatif par-devant qui le président a prêté serment. Que ce fait consacre par lui-même la prépondérance du pouvoir législatif sur l'Exécutif. Alors que ce n'est plus à démontrer, particulièrement à des membres du parlement, que ce soit un fait connu et admis partout où le choix des dirigeants se fait par voie électorale, que la légitimité présidentielle émanant des mêmes élections, soit l'équivalant de la légitimité collective du parlement ! Le danger est qu'à force de répéter à tue-tête des absurdités, on finit par y croire !
Ce qui, pendant quelques minutes, a tenu la session en allène, est la question de Benoît, que d'autres sénateurs ont réitérer. Après l'arrestation de Bélizaire, on aurait dû le conduire directement au Parquet, puisque le mandat pour son arrestation, est venu des bureaux du Commissaire du gouvernement. Le fait est que Bélizaire a été amené directement de l'aéroport au Pénitencier. La question était de savoir qui entre-temps avait donné le contrordre de l'amener au Pénitencier ? Le chef de police a répondu à la question en disant que l'auteur de ce contrordre était le ministre de la justice. Malheureusement, il n'était pas présent pour pouvoir confirmer ou infirmer l'accusation du chef de police. Finalement après des heures de palabre, les sénateurs ont enfin trouvé leur bouc-émissaire, le ministre de la justice.
Joseph Lambert a fait savoir, presqu'à la fin de la session, que ce n'était pas de ses intentions d'intervenir à ces débats. Mais qu'il saisit l'occasion en tant que leader de la majorité pour critiquer ceux qui ont proféré des propos désobligeants à l'endroit du grand corps. Il a profité du moment aussi pour rappeler à l'ordre certains de ses collègues maladroits qui ont déblatéré outre-mesure. Et surtout pour leur faire comprendre qu'ils appartiennent à la chambre des sages (Sic). Il était devenu alors clair qu'après ce discours de Lambert, que le but du huis clos a été de désamorcer la réaction émotive des sénateurs. Ce qui explique que la session d'interpellation en fin de compte n'a pas pu produire une résolution.
En résumé, le premier ministre n'a pu se tirer d'affaire qu'en convaincant l'assemblée qu'il n'était en aucune façon au courant d'aucun détail de l'incident. Qu'il soit incapable dans l'immédiat d'imputer aucune responsabilité à qui que ce soit. Et par voie de conséquence de promettre dans l'immédiat de prendre aucune mesure adéquat.
La première session ordinaire de la chambre des députés n'aura lieu qu'au deuxième lundi du mois de janvier 2012. Puisqu'il s'agit des intérêts d'un de leurs collègues, après ce lapse de temps et l'effet temporisateur du huis clos au Sénat, à quoi doit-on s'attendre, d'une part ? Mais d'autre part, puisqu'il y va du prestige et de la crédibilité de l'institution législative, est-ce que le problème de la présence évidente de repris de justice au sein du parlement, sera reconnu, pris en considération, sérieusement débattu, pour trouver aux deux chambres une solution définitive et adéquate ? Est-il de l'intérêt de la nation haïtienne de continuer à être gouvernée par des repris de justice connus ? La nation haïtienne, au nom de la décence et après 54 ans de déclin économique, physique et moral, irréfutable, dû au maintien de la corruption et à l'intégration manifeste de la criminalité aux plus hauts sommets des pouvoirs en Haïti, n'est-elle pas en droit d'exiger des parlementaires le nettoyage immédiat des écuries d'Augias ? L'atermoiement dans ce cas, sert les intérêts de qui ?
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