mardi 11 septembre 2012

Analyse de la frustration dans le Nord : Comment expliquer que le Sénateur Moise Jean-Charles, si acide envers le Président Michel Martelly, n'a jamais attaqué le représentant du Chef de l'Etat, le Délégué de son département? (Texte de Cyrus Sibert)

Le lundi 10 septembre 2012, à l'Emission avec L'Opinion sur Radio Kontak Inter, nous avions analysé la situation de frustration qui existe dans le Nord d'Haiti.

Une question a été posée: Comment expliquer que le Sénateur Moise Jean-Charles, si acide envers le Président Michel Martelly, n'a jamais attaqué le représentant du Président dans sa région, à savoir, le Délégué Départemental du Nord?

La réponse est la suivante: La Délégation travaille dans le sens de l'objectif visé par le Senateur Jean-Charles : porter le peuple à regretter son choix en faveur TET KALE.

Dans le Nord, la frustration est grande.
Le gouvernement en place a intérêt à enquêter sur la performance de la Délégation qui est devenue une vraie source de démobilisation, de frustration et de tension sociale.

On parle de corruption, de détournements de fonds, de mauvaise gestion et de dilapidation du peu de fonds alloués aux programmes d'apaisement social. Ce qui crée une grande frustration à l'approche des élections sénatoriales et des collectivités territoriales.

On est conscient du fait que la politique de centralisation de la République empêche aux villes de province d'être traitées correctement. Mais, le peu de fonds alloué devrait au moins atteindre les couches les plus défavorisées, permettre aux leaders de base de participer et d'être responsabilisés.

Il est unanime dans le Nord que la Délégation ne travaille pas dans la même direction que le Président Martelly. Elle est prise en otage par des hommes qui manipulent des membres influents du pouvoir central dans le seul objectif d'amasser de l'argent, d'humilier les militants de base du mouvement TET KALE et le peuple en général, plutôt qu'à travailler dans le sens des promesses de campagne du Président de la République.

La décision qui a aiguisé la frustration est l'évacuation des périmètres de la Place Notre Dame, lors du Conseil de Gouvernement. Les groupes organisés qui comptaient faire passer leur revendications ont été tenus à distance. A chaque visite du Chef de l'Etat ou d'autres officiels du gouvernement, le Délégué emploie un strategie visant a les empêcher de parler aux groupes de la société civile. Même la Chambre de commerce du Nord se sent frustrée par cette pratique des voir des autorités centrales visitées le Nord pour lui communiquer les décisions déjà arrêtées dans la capitale sans aucune discussion avec des habitants de la région. Parler au Délégué n'est pas discuter avec le Nord.

Qui pis est, des membres de cette Délégation utilisent leur badge pour exiger des pourcentages sur des contrats d'assainissement, des équipes de nettoyage, etc. Il n'y a aucune transparence sur les fonds reçus de l'Etat central.

Investiture, fête du drapeau, Commémoration de la bataille de Vertieres, Fête patronale, rien de sérieux n'a été organisé en référence aux fonds débloqués par l'Etat central.

Enfin...

Si l'on considère l'engagement social du Chef de l'Etat et de la Première Dame, le souci du Premier Ministre Laurent Lamothe de donner des résultats et de réformer l'Etat, on peut dire que la Délégation du Nord travaille contre le pouvoir central. Elle est plus au main du Sénateur Moise Jean-Charles, l'ennemi juré du Président de la République. Et quand on vous dit que le Délégué est un ami du Sénateur Moise Jean-Charles, qu'il avait ouvert sa campagne dans la commune de Saint-Raphael en 2009, on peut se faire une idée des objectifs de sa politique à la tête de la Délégation.

On raconte même que les adversaires du Président lui auraient fait croire qu'ils feraient de lui un Sénateur de la République, après la réélection du Dr Kelly C. Bastien, s'il reste tranquille et collabore.

Le pouvoir central doit se ressaisir. Il doit être plus présent dans le Nord. Il faut un changement de politique et si nécessaire d'homme, suivi d'un plan d'urgence. Les difficultés au niveau de la douane détruisent le port de la 2e ville. Ce qui aggrave la situation des couches les plus faibles et crée les conditions objectives d'un soulèvement.

Alors, que l'ennemi jugé du Président est très actif, cherchant à transformer sa région en rampe de lancement d'un mouvement de déstabilisation, le pouvoir en place ne doit pas abandonner la région au bon vouloir de dirigeants affairistes, sans conviction qui travaillent à renforcer la frustration sur le terrain.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
Envoyé par mon BlackBerry
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"Ne doutez jamais qu'un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde. En fait, cela se passe toujours ainsi" Margaret Mead (1901-1978)

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