La crise qui sévit
actuellement au pays doit être placée dans un contexte mondial de faiblesse de
la démocratie. Depuis, la chute du mur de Berlin, plusieurs mouvements sociaux ont
accédé au pouvoir, par la voie des urnes, sous le couvert de la démocratie. Au
cours des années 90s, on a observé la percée électorale des égorgeurs du FIS
(Front Islamique du Salut) en Algérie, et celle du mouvement Lavalas en Haïti,
à la faveur des méthodes et pratiques peu démocratiques. Ce fut la belle époque
durant laquelle on encensait les meneurs de marées humaines. L’État de droit a
été relégué à l’arrière-plan. La journée électorale constituait l’unique
paramètre pour jauger le niveau démocratique d’un État. La tyrannie de la foule
éclipsait l’État de droit basé sur des institutions, des valeurs universelles,
et le respect des libertés de la personne humaine. On pouvait impunément
inciter le peuple à la violence, encourager le lynchage de ses opposants pour
récolter pas moins des applaudissements de la communauté internationale. Une
situation habilement décrite dans «La démocratie contre elle-même»
(Gauchet, 2002).
L’exemple récent de
cette mésinterprétation de la démocratie se manifeste au travers du printemps
arabe. Dans la foulée de cet évènement, le monde a observé l’arrivée au pouvoir
de groupes de fanatiques, extrémistes violents, intolérants, se lançant dans
des opérations de destruction des institutions Étatiques et/ou de non-instauration
d’institutions républicaines. A ce tournant, les occidentaux, promoteurs de la
« pseudo-démocratie au maquillage électoraliste », semblent
comprendre le danger qu’elle représente pour la sécurité internationale, la
stabilité et le développement économique de certains pays. En Egypte, par
exemple, ils ont accepté un coup d’État contre les « Frères Musulmans ».
Une intervention militaire pour contenir les anarcho-populistes. Une
intervention que le Général haïtien Raoul Cédras avait qualifié de « correction
démocratique », inacceptable en 1991, pour être aujourd’hui acceptée
vu le contexte mondial de lutte anti-terroriste.
En Haïti, il est
évident que ceux qui ont accédé au pouvoir à la faveur des élections n’avaient
rien fait pour consolider la démocratie institutionnelle ou instaurer l’État de
droit. Durant le passage du régime Lavalas au pouvoir, Haïti a connu une
décroissance accélérée des institutions démocratiques inversement
proportionnelle aux « phrases démocratiques ». Les institutions prévues
par la Constitution de 1987 n’ont pas été créées. Celles qui existaient,
sous certaine apparence, ont été noyautées et plongées en état de
dysfonctionnement. Ce n’est qu’avec l’arrivée du Président Michel Martelly
qu’Haïti a eu droit à une Cour de Cassation pleinement opérationnelle et à un
Conseil Supérieur du Pouvoir judiciaire (CSPJ). La police était faible et
constamment en crise. (1) Les autres institutions stratégiques, garant d’une
démocratie institutionnelle, telles que le Conseil Constitutionnel, le Conseil
Interdépartemental, le Conseil Electoral Permanent n’ont jamais vu le jour.
Ce n’est pas un
hasard de voir les anti-institutionnalistes du mouvement Lavalas des années 90s
qui ont tout œuvré pour obstruer une démocratie institutionnelle basée sur les
droits universels au pays, se mobilisent pour faire échec au pouvoir TET KALE qui
jette les bases institutionnelles. En effet, en moins de 3 ans, le Président
Martelly et le Premier Ministre Lamothe ont assez prouvé leur volonté
d’orienter le pays vers une démocratie institutionnelle basée sur le droit et
non sur la tyrannie des foules menaçantes.
Le combat contre la
démocratie institutionnelle a pris plusieurs formes :
Le CSPJ.-
Le CSPJ (Conseil
Supérieur du Pouvoir Judiciaire) qui a été instauré par le Président Martelly,
selon les prescrits de la Constitution de 1987, fait face à plusieurs
tentatives visant à le détourner à des fins politiciennes. Ces personnalités de
tendance anti-institutionnelle cherchent par tous les moyens à faire du CSPJ un
outil de lutte politique contrairement à l’esprit de la Constitution qui
voulait de cette entité, une institution capable de résoudre les graves
problèmes de justice que connaît le pays. Depuis sa création, le CSPJ fait face
à une lutte interminable lancée par des extrémistes anarcho-populistes de
gauche cherchant à faire de cet organe un instrument déstabilisateur de
l’exécutif. Aujourd’hui encore, on s’en sert pour infiltrer des agitateurs au
sein du Conseil Electoral Provisoire dans le but de provoquer son implosion et
de faire échouer les élections tant attendues par la population. (2)
Le Conseil
Electoral Permanent (CEP).-
Depuis son arrivée
au pouvoir, le Président Martelly s’évertue à mettre sur pied un Conseil Electoral
Permanent crédible. Le Chef de l’État a multiplié de multiples consultations
avec les autres pouvoirs de l’État conformément aux prescrits de la
Constitution en vigueur. Pour faire échouer cette démarche institutionnelle,
les anarchistes anti-institutionnalistes, partisans de la démocratie basée sur
la pression des foules et non sur les règles de droit universel, se sont
associés à une minorité au Sénat de la République, perpétuant une stratégie
d’atermoiements, frôlant l’indécence. Aujourd’hui, le Chef de l’État est contraint
de former un « nième » Conseil Electoral Provisoire dans le
cadre d’un accord entre tous les acteurs politiques. Malgré tout, les
anarchistes s’activent à bloquer le processus et cherchent à enfoncer le pays
dans le chaos. (3)
Elections.-
Ces anarchistes,
anti-institutionnalistes, ont fini par comprendre que participer aux Elections
implique le renforcement de la démocratie institutionnelle basée sur le droit.
Aussi, voient-ils dans l’échec du processus électoral une arme efficace pour
renverser le régime en place, c’est-à-dire, revenir avec une situation
chaotique avantageuse au retour de l’anarchie et/ou au règne de la démocratie
populacière, anti-institutionnelle. Ces gens n’ont même pas la décence de
cacher l’objectif malsain de leur stratégie. Dans une lettre adressée au
Président du Sénat Chilien, le Sénateur haïtien Dieuseul Simon Desras a annoncé
clairement le chaos en Haïti, tout en invitant les soldats chiliens stationnés
dans le pays, à intervenir, unilatéralement, en faveur de son clan anarchiste
et anti-institutionnel. (4)
C’est une évidence
qu’il y a dans ce pays des anarchistes, anti-institutionnalistes, qui refusent
l’instauration d’une démocratie institutionnelle de droit universel. Ces gens,
formés en majorité à l’école soviétique, ne croient pas en la démocratie
représentative, ni l’État de droit. Ce sont des gens bloqués, des prétendus
marxistes incapables d’interpréter la nouvelle réalité mondiale et de
comprendre le réel national pour construire de nouveaux projets politiques
capables de sortir le pays de sa réalité de pauvreté perpétuelle. Alors qu’en
Chine un Deng Xiaoping avait l’intelligence de dire au chinois
« enrichissez-vous », provoquant un changement radical qui propulsa
l’économie chinoise au sommet du monde avec les conséquences positives pour le
peuple chinois qui croupissait dans la misère, en Haïti les politiciens
traditionnels n’arrivent pas à dépasser l’âge médiéval. Leur stratégie
d’agitation permanente représente un handicap pour l’économie haïtienne.
Sachant qu’ils n’ont aucune force réelle pour récolter de fortunes électorales,
ils préfèrent des arrangements politiques et non des élections. Les
Conseil Electoraux Provisoires de neuf membres venus de secteurs choisis à
dessein leur offrent une opportunité de pré-négocier les résultats des
élections. (5) La majorité des parlementaires membres de cette stratégie
ont été imposés par le Président René Préval lors des législatives partielles
de 2009. La communauté internationale doit comprendre ce petit jeu et supporter
l’État de droit, la démocratie de type institutionnel. Il faut une levée de
bouclier pour faire comprendre à ces gens qu’en ce début du 21e siècle, le
monde a embrassé la démocratie institutionnelle, seule capable de créer le
cadre politique favorable aux investissements. La source de l’instabilité
politique étant la pauvreté et/ou le chômage, on ne doit pas cautionner ce
refus systématique d’un État de droit en Haïti.
Cyrus Sibert,
RéseauCitadelle
Cap-Haitien, Haïti
24 juin 2014
____________________________
1- Les anarchistes Lavalas risquent de
démobiliser les policiers de la PNH.-
2- Carole Jacob, la soeur de Lilianne Pierre-Paul et Belle-soeur de Antony
Barbier du MOPOD, une nouvelle source de controverse au CEP.-
3- Haïti : Des élections avec ou sans les
sénateurs ridicules.
4- La
correspondance du Sénateur Simon Dieuseul Desras, le Président du Sénat,
adressée au parlement du Chili, notamment au Sénateur Jorge Pizarro Soto, Président
du Sénat de ce pays :
a) Desras
présente ses objectifs :"...faire basculer le pays dans le chaos durant
les mois à venir."
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