Lettre ouverte à Harry Jean Philippe Boston, le 5 Juillet 2010 Mon cher Harry, Préoccupé par le travail dans mon blog, j'ai depuis un certain temps gardé un silence face au développement de l'actualité liée à la conjoncture socio-économique et politique en Haïti. Cependant, témoin de la dégradation de la situation de vie dans le pays, je pense ne pas écrire pour dénoncer la gestion de la crise « post-earthquake » par l'actuel gouvernement en place, c'est se faire complice par mon silence des autorités haïtiennes au pouvoir. En effet, le lourd bilan du tremblement de terre du 12 Janvier 2010 qui a fait plus de 300.000 morts et des millions de sinistrés a été enregistré parce que tout d'abord nos différents régimes en place depuis 1986, après la chute de Jean-Claude Duvalier, n'ont jamais soucié d'appliquer aucun plan en rapport avec la protection de l'environnement. Je dois reconnaitre que le gouvernement de Lesly Manigat en votant une loi sur l'environnement en 1988 a voulu faire un effort en ce sens, mais le peu de temps passé au pouvoir par ce régime n'avait pas permis à cette équipe de démontrer sa capacité à résoudre le problème environnemental qui représente le plus grand défi au développement infrastructurel d'Haïti. Aussi, fixer les responsabilités le gouvernement Préval/Bellerive est le premier responsable des désastres occasionnés dans le pays par le tremblement de terre du 12 janvier. Le manque de leadership de cette équipe au pouvoir non seulement est responsable de ce lourd bilan mais est encore à la base de cette gestion catastrophique en rapport à la reconstruction d'Haïti, un projet engageant le gouvernement haïtien et la communauté internationale au sein du CIRH. En effet, reconstruire Haïti sans un plan global de développement lié à une vision d'intégration de plus de 80% de la population haïtienne vivant en marginalité sans accès à des services primaires de base : écoles, hôpitaux, eau potable, électricité, routes, services état civil, services de justice, police, sécurité, jobs, magasins et pharmacies communautaires, banques agricoles, transportation publique, encadrement technique pour développer l'agriculture, l'artisanat etc. c'est persister dans le même schéma d'application d'une politique exclusive qui a conduit le pays là où il est aujourd'hui. À reconnaitre la vérité, cette tranche de la population exclue, pauvre, miséreuse, analphabète a toujours été la même frange victime de l'exploitation dans les zafras dominicains, les hôtels de Bahamas, et comme un peuple errant, elle est dispersée un peu partout: U.S.A., Canada, France, République Dominicaine etc. à la recherche d'un lendemain meilleur car forcée d'abandonner le pays pris en otage par des mercenaires, des corrompus, des anti-nationalistes, qui n'aspirent qu'à une seule chose: devenir de jour en jour plus riche pour assurer une retraite de luxe à l'étranger. Une stratégie qui fonctionne par la séquestration du pouvoir économique par une éllite rétrograde, anti-peuple, anti-taxe, contre la concurrence, pro-monopole, qui dirige à l'arrière-scène grace à la tolérance des hommes de doublure placés au pouvoir. Reconstruire Haïti sur la base de l'équité par l'intégration de tous les fils et filles de la nation, ce n'est pas un droit négociable, à laisser au bon vouloir du gouvernement haïtien et de la communauté internationale impliqués actuellement dans la tâche de reconstruire le pays. C'est d'abord une nécessité. C'est une revendication citoyenne qui s'est créée depuis le 7 février 1986, où à travers différents mouvements de protestations sociales, le peuple haïtien s'est toujours levé la voix pour dire non à l'exploitation aveugle et éhontée des richesses du pays par une minorité au détriment de la grande majorité croupie dans la grasse, le désespoir, la mendicité…Non à la corruption dans les administrations publiques, non aux abus de droits humains, non au mode de gestion socio-économique et politique du pays par différents régimes succédant au pouvoir soumis en majorité aux ordres de puissances impérialistes étrangères qui alimentent un seul but: Punir Haïti pour son geste héroïque de se déclarer indépendante en 1804 et renverser l'ordre colonial en place à l'époque. En même temps, le peuple a toujours dit oui à l'intégrité, oui à l'honnêteté, oui à l'éducation culturelle et à la refondation de la nation sur la base du partage des richesses et des possibilités. Oui à l'ordre démocratique à la base du respect de la Constitution. Reconstruire Haïti sur la base de l'équité par l'intégration de tous les fils et filles de la nation, c'est en même temps une démarche indispensable si l'on entend garder vivante dans notre mémoire de peuple le lourd bilan du séisme du 12 janvier 2010. Patriotiquement, Jean Sénat Fleury 72 Rangeley Rd Chesnut-Hill, MA 02467 617-487-5432 617-487-5220 www.jeansenatfleury.com |
lundi 5 juillet 2010
Lettre ouverte de Jean Senat Fleury à Harry Jean Philippe
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