Thèmes de l'Emission de la semaine Orlando le 27 août, 2010 Actualités Politiques : Grandes Lignes Ce qui clairement caractérise Préval, au cours de ses deux mandats, ce sont ses deux violons d'Ingres, la corruption et la manipulation. Avec Préval, pour s'imposer, il y a toujours un compromis corrupteur, ou une imposition intimidante de l'omnipotence de son pouvoir. Toutes les relations avec Préval s'établissent en ses termes et glissent inéluctablement sur la pente de la compromission.
On a commencé, dans ce dernier scénario, en acceptant d'aller aux élections avec un CEP totalement décrié, contrôlé manifestement par Préval. Puis on a accepté un accroc constitutionnel permettant au CEP de valider les décharges accordées aux comptables des deniers publics par la Cour des comptes. Le rationnel étant, l'impossibilité d'obtenir du comité bicaméral, la validation de ces décharges. Or, ces comptables de deniers publics, ne savaient-ils pas qu'ils allaient être candidats à la présidence en novembre 2010 ? Ne savaient-ils pas qu'il leur fallait obtenir la validation de leurs décharges avant le 14 septembre 2009, date de la dernière session ordinaire de la 48e législature ?
Les tractations pour le choix du candidat pour le parti au pouvoir, se sont terminées avec la désignation de Jude Célestin. Les autres prétendants déçus, ont rejoint d'autres mouvements et partis politiques. La candidature à la présidence d'un musicien, a eu l'effet d'un pavé jeté dans la mare. Les inscriptions ont eu lieu, et naturellement les contestations aussi.
Le Bureau du Contentieux Electoral Départemental de l'Ouest a affiché le dimanche 15 août 2010 les verdicts adoptés dans les différents cas de contestation de candidature à la présidence. Le même jour, la liste des candidats récupérés a été affichée par l'autorité électorale. On attendait, comme annoncé pour le mardi 17 août 2010, la publication de la liste des candidats autorisés à participer aux compétitions électorales. Le lundi 16 août, Préval a convoqué le CEP pour récuser ses verdicts et lui imposer une nouvelle liste de candidats qui seront désormais autorisés à participer aux élections présidentielles.
On ne s'attendait pas à l'entrée en trombe de la candidature de ce musicien qui est venue littéralement comme un cheveu sur la soupe. Son irruption à l'avant-scène politique, gêne et inquiète tous les compétiteurs et même les partis politiques qui ne participent pas aux élections. On s'inquiétait sérieusement de la probabilité que ce néophyte inexpérimenté, l'emporte dès le premier tour. Comment maîtriser la conjoncture et sortir de l'impasse ? Voilà ce qui a fatigué et tracassé intensément pendant plusieurs jours les méninges des décideurs de la République ! A la nonciature des ambassadeurs ont exigé et obtenu du musicien qu'il se soumette aux décisions de l'autorité électorale. Le jeudi 19 août, le tour est joué. Préval présente cérémonieusement au musicien la couleuvre édulcorée qu'il avale naïvement de toute sa longueur, sans grimacer. La classe politique, toutes tendances confondues, secteur privé, intellectuelles et élites, poussent un soupir de soulagement, quand ils ont appris qu'il est exclu. Est-il un feu-follet, comme on s'efforce à le faire croire. Si oui, pourquoi cette intervention diplomatique musclée, au son des cloches de bois, à la nonciature ? N'a-t-il pas par défaut rempli l'avant-scène politique, en un clin d'œil sans coup férir ? Est-ce dû seulement à l'ignorance et à la naïveté de la jeunesse et des masses ? Ou est-ce dû au vide que ceux qui sont sur la scène politique sont incapables de combler et que Préval exploite à fond ? On est réduit à un tel niveau de stérilité politique, qu'il ne s'agit plus dans cette conjoncture, ni de valeur, ni de compétence, ni d'idée, ni de vision, ni de légitimité, ni de crédibilité, ni de popularité du candidat, mais seulement et uniquement de l'importance de son financement, de l'autorité et de l'efficacité de la machine étatique qui le supporte.
Il n'y a pas que le musicien à avoir avalé cette couleuvre ! Cette manœuvre de Préval pour s'en débarrasser, a des conséquences graves, la violation d'un principe fondamental qui seul conditionne des élections vraiment démocratiques, la garantie de la possibilité d'alternance démocratique ! La continuité, voilà ce vers quoi on est en train de se mouvoir ! Ce n'est pas que je veuille faire croire ou préconiser que ce musicien soit l'incarnation de la meilleure alternative possible ou souhaitable, pour combler ce vide. Absolument pas. Il l'a comblé cependant par défaut ! Mais attention, je veux insister surtout sur le fait que cette manœuvre elle-même, utilisée pour s'en débarrasser et qui a soulagé toutes les inquiétudes, a en même temps créé les conditions qui détruisent toutes possibilités d'alternance démocratique.
Qu'est-ce qui conditionne cette garantie d'alternance démocratique ? C'est l'indépendance de l'autorité électorale du pouvoir exécutif. Quand l'autorité électorale, déjà soumise au pouvoir exécutif, comme nous le savons tous, a été forcée par-dessus de marché de désister ses verdicts affichés publiquement le dimanche 15 août ; Préval a voulu faire savoir et démontrer ostensiblement et sans équivoque à toute la nation et au monde entier, que c'est lui qui gère les élections, en maître et seigneur et personne d'autre. Croyez-vous que, dans cette atmosphère de tension politique et de compétition électorales, où la conquête du pouvoir est en jeu, que le BCED aurait pu oser afficher des verdicts contraires à la volonté de Préval, à son insu ? Cependant, il faut malheureusement constater que par myopie, ou par besoin de satisfaction d'intérêt immédiat, aucun parti concerné n'a osé défendre la notion d'indépendance de l'autorité électorale. Pire, même ceux qui ont bénéficié de ces verdicts affichés, n'ont pas osé. On a consenti collectivement à fermer les yeux sur cette violation grave, parce qu'elle était à point nommé, convenable pour satisfaire les besoins collectifs immédiats d'une classe politique prise de court.
Quand on se laisse glisser sur la pente du compromis, pour consentir et tolérer sans réserve la prépondérance d'un pouvoir présidentiel prédateur sur une institution qui est sensée théoriquement être indépendante du pouvoir exécutif, on s'expose à la répétition d'abus de pouvoir et de compromissions de toutes sortes. On s'expose à la récidive d'un président dont l'une des caractéristiques de son patrimoine est son expertise en matière de fraude et d'irrégularité électorales, pratiqué sans interruption au cours de ses deux mandats, d'avri1 1997 à juin 2009. Il devient de plus en plus évident que les résultats des prochaines élections sont déjà compromis ! Ils seront imposés par Préval, comme il vient de le faire en avril et juin de l'année dernière !
Du train que ça va, on aura des élections contestées. Les conditions d'instabilité postélectorale sont presque certaines. Le cadre politique, de même que la situation sociale, ont changé, après le cataclysme ! Malgré les efforts de Préval et de sa caste multi-classiste pour gérer la continuité et le maintien du statu quo, ils ne seront pas capables de contenir la contestation, ni de continuer à imposer leur volonté politique après 53 longues années de populisme. Va-t-on permettre à la 49e législature d'adopter les amendements constitutionnels, la clef de voûte de la stratégie de la présidence à vie de Préval ? Voilà le hic !
Vu l'urgence du moment. L'état de délabrement où se trouve le pays. Le potentiel de volatilité de la réaction d'un peuple about de souffle et aux abois, qui ne sait à quel saint se vouer. Le danger auquel la région est exposée, si on arrive à une explosion sociale. Si d'une part, la Minustah continue artificiellement à contenir le maintien de la souffrance, de la misère et de la pauvreté, en jouant au pompier, distribuant des pitances çà et là pour désamorcer et retarder l'explosion sociale. D'autre part, si malgré tout, le peuple haïtien victime de l'accumulation irréversible et continue des crises irrésolues, atteint finalement son seuil de tolérance. La Minustah pourra-t-elle assumer la responsabilité de commettre un massacre sur le peuple haïtien, au nom des pays de l'Amérique latine qui exercent le leadership de cette armée multinationale ? Quel est l'intérêt ?
Il y a-t-il une logique à la politique conservatrice de l'Internationale qui contribue manifestement au maintien du statu quo sans Préval, sous prétexte de prévenir le changement brusque de régime pour diminuer les risques de l'explosion sociale ? Alors que, c'est la présence au pouvoir depuis 53 ans, de ce régime populiste corrompu, l'accumulation irréversible et continue des crises irrésolues, qui créent et sous-tendent les conditions qui exposent au danger de l'explosion. C'est la possibilité d'alternance démocratique qui est de fait la soupape de sûreté ! Ce n'est pas un problème de personne, mais de régime ! Il faut cette fois-ci jeter à la fois, l'eau de bain et le bébé. Car ce bébé, qu'accoucheront ces élections, tel qu'elles seront organisées, sera un monstre ! |
vendredi 27 août 2010
Thèmes de l’Emission de la semaine
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