Par Michel William
Wyclef est un aventurier capable de toutes les imprévisions en politique, une révélation de la diaspora politique et une déception pour la masse des jeunes haïtiens . C'est ce qui ressort de sa rencontre avec le président de la république á l'issue de laquelle son exclusion potentielle du processus n'a pas fini de soulever des interrogations. Les suspicions fusent en tout sens et vont de la fausseté á la traitrise en passant par la soif de l'argent á tout prix. Certains se réjouissent déjà du machiavélisme du président Préval qui élégamment a su trouver le moyen le plus odieux pour empêcher qu'un aventurier politique remplace un débonnaire á la présidence d'Haïti. Wyclef serait un faux pour lui-même et un faux pour la classe politique haïtienne parce qu'en posant sa candidature , il ne croyait pas en lui-même, il n'avait rien d'un homme politique et il n'avait aucun projet de société pour Haïti. Sinon, comment expliquer qu'un candidat ayant toute cette popularité potentielle immédiatement après avoir rencontré le président de la république seulement deux jours avant la proclamation de la liste des présidentiables ait pu accepter avec autant de facilité et de sourire son éviction de la course á la présidence ? Comment comprendre á la sortie de la réunion sa demande aux partisans chauffés á blanc de rester calme sous le fallacieux prétexte qu'il n'est connu encore de personne les candidats qui seront agréés ou exclus. Au demeurant si Mr Wyclef n'a rien laissé filtré de la rencontre, il y a au moins deux signes qui laissent croire qu'un deal a été trouvé entre Wyclef et le président. Le tout premier signe est l'intime poignée de main qui révèle le sceau d'un deal gagnant -gagnant pour les deux hommes suivi du comportement silencieux et serein du millionnaire qui contraste avec la réaction froide mais instantanée de l'homme politique qui crierait au scandale et qui demanderait á ses partisans de gagner les rues pour donner une fin de non recevoir á cette exclusion de dernière heure. Le second signe patent est lorsque l'agence Reuter de la bouche de son correspondant que tout le monde dit depuis longtemps proche du président a vendu la mèche en déclarant que de source proche d'un conseiller électoral, il a appris que Wyclef était déjà exclus du processus ? Pourquoi le correspondant de Reuter et pas un autre journaliste ? Pourquoi la primeur de la nouvelle á ce correspondant de Reuter qui dit ( nan Ranmase) qu'il est un fanatique de Wyclef ? Tout porte á croire que le jeu était déjà connu au moins de ces trois. Ailleurs la candidature de Wyclef pourrait bien avoir été un canular ou un deal conçu simplement pour dynamiser le processus électoral boudé par l'opposition .Cette thèse ne serait pas loin de celle qui voudrait que la présence de nombreux candidats du palais national dans cette course soit des figurines prêtes á déclarer éventuellement forfait les jours á venir tout en se préparant á renforcer la candidature de Jude Célestin de l'INITE. Ces différentes spéculations conduisent la classe politique á croire que Wyclef n'a pas l'étoffe d'un homme politique et confirment la préoccupation qu'il pourrait devenir l'aventurier le plus dangereux qui émergerait sur la scène politique après Aristide . Fort de de cela , un vaste complot serait ourdi pour faire comprendre á ce Monsieur qu'il ne serait pas l'homme du moment et qu'en n'acceptant pas le rejet de sa candidature , il s'exposerait indubitablement á des dérapages.
Wyclef est la révélation de la diaspora politique. Profitons de cette occasion pour faire le distinguo entre la diaspora haïtienne classique faite de rudes travailleurs pourvoyeuse d'argent á la population haïtienne et la diaspora politique , appendice de la clase politique haïtienne á l'étranger qui vit en parasite sur la diaspora classique( Sansarik) et qui a fait du mal á l'administration publique haïtienne dans tous les postes occupés á date. Par révélation il faudrait entendre que Wyclef en tant que réussite de la diaspora politique a une phobie bleue de l'argent pendant qu'il aime l'argent au point de jouer même son va tout pour l'avoir. Parallèlement Wyclef a appris aux dépens de l'establishment américain et de la diaspora lavalassienne que la meilleure façon de faire de l'argent rapide est d'entrer en politique. Certes il a fait un peu d'argent dans le HIP POP, mais il a gardé l'expérience et l'amertume d'un monsieur qui a travaillé dur dans les premiers jours á Brooklyn pour faire ses premiers dollars . N'eut été l'apport de la politique américaine pour promouvoir son style de rappeur bon enfant utilisé pour contrecarrer la montée du rap violent noir américain peut être que Wyclef n'aurait pas connu cette ascension fulgurante dans le monde des arts? En bénéficiant du support financier et politique de l'establishment américain, notre candidat aurait pris gout á l'argent facile .Il devient un amoureux de l'argent et est prêt á tout pour faire de l'argent. Sa candidature á la présidence d'Haïti pourrait avoir été motivée par l'ambition de l'argent d'autant plus qu'on parle de lui comme un mauvais gestionnaire qui aurait fait baisser le profit des entreprises possédées tant en Haïti qu'aux Etats-Unis. Sa soif de l'argent pourrait avoir inspiré au stratège Préval l'idée d'une rencontre pour fui faire une offre substantielle en échange d'un retrait de sa candidature sous la forme voilée d'un carnet du CEP. Dans ce sens, Wyclef ne serait pas différent de la majorité des déçus de la diaspora politique qui croient que la meilleure façon de faire de l'argent facile est de s'imbriquer dans la politique haïtienne ou d'occuper un poste qui faciliterait le drainage des deniers publics. En effet depuis la quarante cinquième législature qui comptaient 17 sénateurs étrangers jusqu'à l'administration publique infestée d'étrangers musiciens, de chauffeurs de taxi,de racketters et brasseurs dans les gouvernements d'Aristide et de Préval, la diaspora a donnée la preuve par mille qu'en Haïti elle a perdu sa vision et qu'elle n'aspire qu' á faire de l'argent facile en intégrant contre la constitution les institutions de l'Etat ( loterie nationale, les ministères , le parlement, la Primature, ) pour disparaitre aussitôt que leur job aura pris fin. Simeus a été jusqu'à corrompre la cour de cassation. A force d'intégrer les institutions haïtiennes au mépris de la loi et de la constitution , la diaspora politique facilitée dans son œuvre d'Harpagon par le régime lavalaso-prévalien vient de donner le ton á la politique du CEP qui croit cette fois qu'on n'a pas besoin d'amender la constitution pour faire les choses autrement. Il suffit qu'il ait l'accord tacite du président de la république protégé par la MINUSTHA pour mener le processus électoral á sa façon sans se soucier des pénalités de la justice. L'acceptation par le CEP des candidatures sans leur certificat de décharge et l'acceptation par Mr Wyclef du rejet de sa candidature pour violation de la notion de résidence sans protestation aucune, montre que l'on vit dans un pays sans repère et que le pire est toujours possible avec une diaspora politique aveugle, ambitieuse et incapable de se structurer pour offrir une alternative valable á Haïti. La diaspora doit commencer á établir son parti politique en Haïti pour commencer á faire l'éducation politique de la paysannerie d'où elle recrutera ses candidats au Casec, á la mairie, aux législatives et aux présidentielles parmi les jeunes qui attendent beaucoup d'elle.La diaspora n'a pas pu exploiter son envoi de deux milliards de dollars l'an et a joue le jeu politique traditionnel d'attendre les élections pour émerger. Malgré le savoir et sa force économique proverbiale la diaspora n'a pas eu d'alternative basée sur l'économie, le savoir et la démocratie.. Mr Wyclef de la diaspora, aurait il vendu sa potentialité de devenir président de la république d'Haïti pour un plat de lentille ? Sinon, quel serait le prix payé á Mr Wyclef pour accepter une défaite politique irréversible ? . Mr Wyclef est aussi une déception pour les jeunes d'Haïti proches de 53% de la population totale. Le rap en tant que musique d'expression du refoulement de la jeunesse et d'espoir qu'un jour Dieu pourrait lui donner une chance á la vie décente de la minorité , a fait de Wyclef un modèle de réussite. Le rap a connu un élan extraordinaire en Haïti. Il a été amplifié par des groupes locaux tant commerciaux que religieux. Le rap est sur toutes les lèvres de la jeunesse haïtienne. Wyclef parle le langage de la jeunesse délaissée d'Haïti. Il s'habille comme elle. Il chante les misères de cette jeunesse. Bref la jeunesse haïtienne s'identifie á lui. La candidature de Wyclef est venue redonner á la jeunesse l'espoir que les mouvements politiques Lavalas et LESPWA ont contribué á détruire après l'avoir éveillé. Il est devenu le nouveau sauveur de la jeunesse et de la paysannerie haïtienne. Ce n'est pas sans raison que aussitôt la nouvelle de sa candidature á la présidence d'Haïti annoncée elle a été répandue comme une trainée de poudre dans tout le pays. On parle tout de suite du phénomène Wyclef.. D'aucun commençait á comparer la candidature de Wyclef á celle d'Aristide de 1990. La dimension médiatique que le candidat s'apprêtait á donner á sa campagne en avait fait le reste. Wyclef était président avant les élections. C'est dans ce contexte de fièvre électorale et de candidature populairement acceptée que la rumeur de son éviction du processus commençait á circuler dans tous les coins du pays. On percevait déjà l'odeur d'une colère sismique qui envenimait l'atmosphère. On projetait déjà les impacts négatifs qu'aurait une telle bombe á retardement. Et puis vint la nouvelle de la rencontre avec le président de la république qui comme une baguette magique a changé du tout au tout. Notre Wyclef étranger au cirque d'animaux politiques feint d'ignorer le rejet de sa candidature , accuse cette rumeur de nouvelle non fondée. Comme pour refroidir l'ardeur de cette jeunesse prête á tout , l'icône et idole de la jeunesse haïtienne offre une poignée de main rassurante avec le président de la république et demande á ses partisans de garder leur calme , pour ne pas céder aux « Zen ». « Comme en Haïti « La fimen pa konn soti san dife » la nouvelle effectivement tomba fort tard dans la nuit du 20 Aout 2010. Notre Wyclef a reçu son carnet, il est ajourné pour les prochaines présidentielles de 2016. Il est calme et satisfait. Aucune réaction de la jeunesse ne s'en est suivie. La jeunesse a encaissé le coup et a classé Wyclef dans la même veine des politiciens haïtiens. Toute la classe politique traditionnelle d'Haïti a poussé un ouf de soulagement et a gagné la première manche. Une nouvelle fois la jeunesse a été déçue. L'histoire retiendra que Wyclef vient de perdre la chance de devenir président et qu' á partir d'aujourd'hui sa cote de popularité entame une chute verticale qu'il lui sera difficile d'arrêter
____________________ "La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles? Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation prend la forme de monopole au 21e Siècle. WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.) |
mardi 24 août 2010
Wyclef a la fois un aventurier, une revelation et une deception
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1 commentaire:
Very good.
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