Haiti - Martelly - GPR : Quelle négociation possible avec LA RÉACTION NÉO FÉODALE sans abandonner les idées de changement radical ?
Par Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti. Radio Souvenir FM, 106.1 : souvenirfm@yahoo.fr Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) : www.reseaucitadelle.blogspot.com
Dans ce pays bizarre qu'on appelle Haïti, il n'y a aucune différence entre logique et illogique. Environ une semaine après le vote du parlement haïtien, des voix s'élèvent pour condamner le Chef d'État, Michel Martelly, faisant de lui le responsable du vote de rejet motivé par des intérêts de clans et suivant l'esprit de continuité prôné par le Parti INITE. Dans la presse internationale, l'échec de Daniel Rouzier est mis sous le compte du Parti INITE. Des membres du GPR, non-membres de l'INITE, peuvent expliquer une différence entre leur Groupe de parlementaires et le Parti INITE, cependant il reste évident que toute action du groupe servira à renforcer l'influence de la plate-forme du Président Préval au Parlement.
Sans démagogie, nous sommes obligés de poser les questions suivantes: Le Président Martelly doit-il abandonner ses promesses électorales et continuer dans les pratiques de corruption et de dilapidation des fonds de l'État?
Ceux qui font du Chef de l'État la personne responsable du comportement clanique des députés du peuple doivent avoir le courage de montrer la voie à suivre.
On demande au Président Martelly de négocier avec les parlementaires: Négocier quoi? Peut-on parler de changement en rééditant le CPP (Concertation des Parlementaires Progressistes) - le groupe des parlementaires dominant qui a cautionné le détournement des centaines de millions de dollars du Petrocaribe sous le régime de Préval dans l'espoir d'être réélus avec INITE? Daniel Rouzier avait négocié avec les organisations de femmes, le maintien du Ministre à la Condition Féminine et aux Droits de la femme. On ne peut pas dire que l'homme refusait tout esprit de discussion et de négociation, on ne saurait parler d'intransigeance.
On doit avoir le courage d'identifier le problème: LA RÉACTION NÉO FÉODALE s'organise pour faire échec à la volonté de changement du Chef de l'État. Les pratiques de dilapidation des caisses de l'État, institutionnalisées durant les 5 dernières années, créent des adeptes têtus du gain facile. Il existe une alliance entre ceux qui ont dilapidé les caisses de l'État, ceux qui sont élus grâce au financement des corrompus, les parlementaires qui espèrent utiliser le système en place pour faire fortune et des personnalités de l'entourage du Président qui souhaitent s'enrichir par les mêmes procédés, sans compter les politiciens et intellectuels qui ne souhaitent pas voir l'homme qu'ils avaient combattu et qualifié de nul, réussir.
Pas question pour ces gens de laisser agir un Président qui promet de juger les corrompus, d'utiliser les fonds de l'État au profit du peuple.
Alors quelle négociation possible avec LA RÉACTION NÉO FÉODALE sans abandonner les idées de changement radical ?
Nous avons entendu des politologues dire qu'en politique on n'avance pas en ligne droite, il faut savoir zigzaguer.
A ces gens, nous demandons : Est-il possible d'avoir un changement sans adopter avec fermeté et détermination une ligne droite ? Toussaint, Washington, Dessalines, Christophe, Castro, Mao, tous ont écrit l'histoire en adoptant une ligne--progressiste. Il suffit que le peuple soit prêt à mener le combat. Pour le moment, le peuple haïtien s'est montré courageux. Il prend acte et comprend les menées de LA RÉACTION NÉO FÉODALE. C'est l'essentiel!
Le Président doit avoir le courage de mener à terme ce combat pour le changement. Finis les marchandages et les actes de pillages des caisses de l'État. Le Chef de l'État ne doit négocier aucun poste avec les parlementaires qui finiront par payer les conséquences politiques de cette guerre d'usure engagée en défense du statu quo ante. Ne pas avoir de ligne fera de lui un Président de plus, mais pas le Leader du changement nécessaire pour sortir Haïti de la misère.
Le Président Martelly doit continuer à designer des Premiers Ministres aussi longtemps que ce sera nécessaire. Tout en adoptant des mesures constitutionnellement possibles pour agir et reprendre le contrôle de la situation. Il doit constituer une liste de noms à désigner.
LA RÉACTION NÉO FÉODALE doit comprendre que le changement est une obligation, Haïti doit sortir de la féodalité.
Comme le Roi de la Belgique ne se sent pas coupable du fait que le parlement Belge n'arrive pas à voter un Premier Ministre depuis plus d'un an, le Président Michel Martelly n'est en rien coupable de la perversion observée au parlement haïtien.
C'est triste de constater que ceux qui blâment le Chef de l'État oublient déjà l'ambiance qui régnait au Parlement le 9 mai dernier, à l'occasion de l'amendement de la Constitution de 1987. Ces parlementaires étaient plus obsédés par le prolongement de leur mandat que par le devoir d'harmoniser le fonctionnement des institutions étatiques. En conséquence, ils ont accouché d'une monstruosité, un texte falsifié qu'un Président d'Assemblée Nationale défend en racontant des bêtises sur les médias.
On oublie trop facilement cette perversion Parlementaire qui a accouché, la Loi d'urgence, les votes sans débat de conventions, d'Accords, les lois de prolongement de mandat, les lois autorisant les parlementaires à disposer de plusieurs millions du trésor public au nom du développement local sans compter les votes inconstitutionnels d'expulsion de parlementaires non partisans de Préval, les résolutions sur commande dans l'affaire de la faillite de la SOCABANK...
Le Président Martelly doit-il se rabaisser au niveau de ces pervers ou doit-il maintenir la barre à un niveau qui les obligera à se redresser?
Si pour l'amendement de la Loi Mère de la nation, ces hommes ont donné un tel spectacle, que feront-ils si on leur laisse la possibilité de choisir des ministres et de manipuler le gouvernement?
Le Président de la rupture ne peut pas descendre dans ce bas-fond. Au lieu de blâmer le Chef de l'État, la société civile et la presse doivent exercer des pressions sur les parlementaires qui depuis le CPP (Concertation des Parlementaires Progressistes) avilissent le Pouvoir Législatif, comme les officiers véreux et assoiffés de pouvoir avaient affaibli les Forces Armées d'Haïti (FAD'H) jusqu'à sa disparition.
Les leaders de la société civile haïtienne ne doivent pas se laisser complexer par l'échec de leurs candidats aux dernières élections au point de fermer les yeux sur les dérives de l'institution parlementaire, une institution rétablie dans ses fonctions après 3 décennies de dictature duvaliériste. Le parlement haïtien est un acquis démocratique que nous devons défendre en ayant la lucidité, le courage et la grandeur d'esprit de signaler les dérives. Blâmer le Chef de l'État dans le but d'atteindre des objectifs politiciens c'est donner un blanc seing à ce parlement qui continuera dans ses marchandages avilissants et pervertis. D'ailleurs, cette pratique de constitution d'un gouvernement pot-pourri résulte en une action gouvernementale incohérente. La dernière expérience en date sous le gouvernement de René Préval a entrainé un dysfonctionnement de l'État qui a fait l'affaire des groupes monopolistiques, des néo féodaux et des corrompus. RÉSEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 26 juin 2011, 17 heures 36. --------------- "Ne doutez jamais qu'un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde. En fait, cela se passe toujours ainsi" Margaret Mead (1901-1978) ____________________
"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles? Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation prend la forme de monopole au 21e Siècle. WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.) |
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