mardi 11 janvier 2011

Les sinistrés pris aux pièges de l’assistanat des ONGs et de la mauvaise gouvernance. Par Cyrus Sibert

Les sinistrés pris aux pièges de l'assistanat des ONGs et de la mauvaise gouvernance.


Fania Siméon, 23 ans, au Cap-Haïtien. (Photo by Cyrus Sibert)


Par Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti.
Radio Souvenir FM, 106.1 :
souvenirfm@yahoo. fr

Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) : www.reseaucitadelle.blogspot.com

(Haïti-reconstruction : La solution passe par des réformes structurelles capables de créer les conditions permettant aux victimes de se mettre en valeur dans un environnement modernisé.)


Fania Siméon a 23 ans. Depuis le 12 janvier 2010, elle est orpheline de père et de mère. Sa mère Azilia Mesure a perdu la vie à la rue du Magasin de l'État lors du séisme. Les secousses du tremblement de terre meurtrier ont surpris Fania à l'IHECE (Institut de Haute Études Commerciales et Économiques). Elle était en 2e année dans un programme de Sciences Administratives. Le Doyen de l'Institut n'a pas eu la chance de survivre à la catastrophe.

Elle et sa sœur Shansa Siméon sont les seules à avoir survécu de toute la famille.

Fania s'est réfugiée au Cap-Haïtien où une amie étudiante l'a invitée provisoirement en attendant que l'État mette en place un programme de réhabilitation. Sa sœur elle, est restée aux Gonaïves chez des parents.

Depuis, son arrivée au Cap-Haïtien, elle a multiplié des démarches sur le web, à la radio, dans les bureaux publics, allant à téléphoner des officiels comme Moise Jean-Charles, Kelly C. Bastien, Michel Saint-Croix, etc. Ces démarches sont toujours restées sans succès.

Au mois d'août 2010, elle a renforcé ses recherches. Elle souhaitait reconstruire sa vie, reprendre ses études, nous dit-elle, "elle aime étudier". Sa douleur, est de voir sa sœur, si brillante, toujours lauréate de sa classe, traîner dans la rue. Leurs parents se sacrifiaient pour les envoyer chez les "Sœurs de Bourdon". Depuis le 12 janvier 2010, sa vie est un enfer.


Fania et son père Siméon Édouard (Photo courtoisie)

Au mois d'aout 2010, en tapant le nom de Moise Jean-Charles, elle est tombée sur RÉSEAU CITADELLE. Voyant nos coordonnées, elle nous a contacté, nous prenant pour une autorité ou une organisation capable de l'aider. Après ses déboires avec les autorités constituées sans compter les tentatives sans succès faites par des hommes primaires pour tirer des  avantages sexuels de sa situation de sinistrée abandonnée, elle a pris la décision de nous contacter.

Le récit du parcours de cette jeune demoiselle en lutte pour sa réhabilitation est dur à entendre. Elle ne cherche pas de l'argent, juste des opportunités d'étude d'abord pour sa petite sœur et ensuite pour elle.

Durant les grandes vacances de 2010, sa sœur a reçu la nouvelle d'un concours à l'Église catholique des
Gonaïves pour une bourse d'étude en Technique de protection de l'Environnement en Californie. Elle s'est inscrite sur la liste et est sortie parmi les 20 lauréats. Malgré tout, elle a failli perdre l'opportunité d'étudier aux États-Unis faute de réunir 2000 gourdes, "2000 gourdes" pour payer un voyage à Port-au-Prince en vue de passer un test d'anglais dans une agence américaine.

Les sinistrés ne sont pas encadrés dans leur effort de reconstruire leur vie.


Fania, petite, tenant la main protectrice de son père. (Photo Courtoisie)


La construction de Port-au-Prince a été l'œuvre de citoyens qui ont travaillé dur et permis à l'État de collecter des taxes et de construire des ouvrages. La démarche qui consiste à refaire les édifices en oubliant les citoyens qui ont tout perdu est mafieuse. Au lieu de réformer l'État pour créer les conditions favorables au développement d'entreprise, à la création d'emplois, à l'éducation et à la recherche, on s'intéresse au projet de construction de bâtiments publics pour récolter per diem et pots de vin.

On refuse de débloquer le pays en levant les barrières de l'administration publique, les barrières douanières, en renforçant les forces de sécurité, en réformant la justice, en respectant le droit de propriété, en instaurant une bonne gouvernance et un système politique basé sur des discussions franches, le respect de l'autre - même minoritaire, les compromis progressistes et la recherche de la paix.


Azilia Mesure Siméon, la mère de Fania (Photo courtoisie)


Pour Fania Siméon, 12 janvier 2010, représente un mauvais souvenir. Elle se dit incapable de rire. Elle est constamment angoissée. Depuis un an, des larmes n'arrêtent pas de couler de ses yeux. Sa vie est détruite. Aucune autorité, aucun programme n'est mis en place pour aider des gens qui se trouvent dans sa situation à se mettre debout dans la dignité. Au contraire, les dirigeants cherchent à les garder dans cette situation inhumaine pour mieux les utiliser à des fins politiques. Les ONG et les corrompus de l'État voient dans les camps un font de commerce, pour mieux justifier leurs demandes de fonds.

A Réseau Citadelle nous pensons que la solution au problème passe par des réformes capables de créer les conditions permettant aux individus victimes de se mettre en valeur, non dans l'assistanat gouvernemental ou non-gouvernemental. Il faut reconstruire la vie des personnes victimes. Cela ne se fera pas avec des fanfares, la visite de milliardaires, ni la tutelle internationale sous forme de Commission Intérimaire pour Reconstruction d'Haïti (C.I.R.H). Il faut une mobilisation nationale pour pour des réformes structurelles en profondeur et la modernisation de l'État. Il faut libérer les victimes qui sont depuis le 12 janvier 2010, otages des ONG et de l'État paternaliste
corrompu.


RÉSEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 11 janvier 2011, 12 heures 05.

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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation  prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

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